lundi, octobre 09, 2006

n°66 - journal de l'Afghanistan Special dossier- 09-10

Sommaire :
1 Dossier & Point de vue
1-1 Discours de la députée Malalai Loya.
1-2 Point de vue de Emanuelle Giordana : Kaboul dans le miroir de l’OTAN.
1-3 Point de vue de Bill Van Auken : Clinton et Kerry établissent le programme pro-guerre des démocrates pour les élections de 2006.
1-4 Point de vue de Ann Jones: Le paradis des « aides fantômes »
2 Courrier des lecteurs & trouvé sur le ne
2-1 agircontrelaguerre : Afghanistan occupé, Irak occupé, Palestine écrasée, Liban détruit, Iran menacé
3 Annexes
3-1 Otan
1 Dominique Bari. L’Alliance atlantique accepte de redéployer immédiatement ses forces dans le sud du pays et d’augmenter ses effectifs pour contrer l’insurrection
2 Point de vue de Defensa : Cadeau US à l’OTAN : le piège afghan, avec mode d’emploi et kit au complet
3 Point de vue de de Defensa : Après le piège afghan, le piège américain.
3-2 Point de vue de Cédric Housez : Choc des civilisations : la vieille histoire du « nouveau totalitarisme ».
3-3 David Ray Griffin : 115 mensonges sur les attentats du 11 septembre

1 Dossiers
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
1-1 Discours de la députée Malalai Loya.

Source : Nouveau Parti démocratique
Au nom de la démocratie et de la paix, mes chers amis, j’aimerais vous transmettre les salutations les plus chaleureuses du peuple afghan. Avant de parler de la situation dans mon pays, je tiens à remercier, du fond de mon cœur, mes amis au Nouveau Parti démocratique, qui ont pensé à leurs sœurs afghanes et qui m’ont invitée à ce rassemblement.

Mes amis honorables, cinq ans après la chute du régime misogyne et anti-démocratique des Talibans, presque cinq ans après le début de l’attaque menée par les États-Unis contre l’Afghanistan, vous aimeriez sans doute que je vous parle du progrès et des résultats positifs en Afghanistan, mais j’ai le regret de vous informer que l’Afghanistan est encore une terre en proie à une incendie double.
Le gouvernement américain a effectivement renversé le régime des Talibans, avec son esprit médiéval et ses maîtres d’Al Quaeda. Mais, ils ont permis que l’Alliance du Nord accède à nouveau au pouvoir. Ce groupe ressemble aux Talibans sur le plan des croyances, et ils sont aussi brutaux et anti-démocratiques
que les Talibans. Parfois encore pires.

En décembre 2003, à titre de représentante à la grande assemblée, j’ai parlé de la criminalité de l’Alliance du Nord, et des dangers auxquels ils exposeraient l’Afghanistan. Mais aujourd’hui, même l’ONU accepte que l’Afghanistan devienne un narco-état sous leur régime.

Il faut que je vous dise que malheureusement, la situation désespérée du peuple afghan n’a pas changé. Lorsque le pays tout entier vit à l’ombre de l’arme à feu et des seigneurs de guerre, comment ses femmes peuvent-elles jouir des libertés les plus fondamentales? Contrairement à la propagande diffusée par certains médias dans l’Ouest, les hommes et les femmes en Afghanistan n’ont pas été « libérés » du tout.
J’aimerais vous décrire la réalité de mon pays en pleine crise, même s’il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg.

Selon les Nations Unies, c’est un pays qui fait face à une crise de santé qui est considérablement pire que celle occasionnée par le tsunami. Sept cents enfants et entre 50 et 70 femmes meurent chaque jour, faute de services de soins de santé. Le taux de mortalité des mères et des enfants est encore très élevé : entre 1600 et 1900 femmes sur 100 000 meurent en couches. L’espérance de vie est inférieure à 45 ans.

Chez les femmes afghanes, le taux de suicide est terriblement élevé. Selon un sondage récent effectué par UNIFEM, 65 % des 50 000 veuves à Kabul voient le suicide comme la seule issue pour s’échapper de la misère noire dans laquelle elles se trouvent. De plus, le sondage prouve que la majorité des femmes afghanes sont victimes de violence psychologique et sexuelle.

Dans un pays qui a besoin d’énormément d’efforts de reconstruction, 40 % de la main-d’œuvre est au chômage, et une vaste majorité vit au-dessous du seuil de la pauvreté. L’Afghanistan se classe 175e sur les 177 pays de l’indice du développent humain de l’ONU.

Il est ironique que cela se passe dans un pays qui a reçu 12 milliards de dollars, et qui s’est vu promettre encore 10 milliards de dollars au congrès à Londres l’année passée. Mais cet argent finira principalement dans les poches des seigneurs de guerre, pour qu’ils puissent mieux opprimer notre pays.

Les crimes et les actes de brutalité commis par les seigneurs de guerre extrémistes persistent, et ce, sous le nez des troupes américaines et de l’ISAF. Des bandits armés de l’Alliance du Nord ont violé Fatima, âgée de 14 ans, ainsi que sa mère. Ils ont violé Rahima, 11 ans, et sa grand-mère de 60 ans. C’est un pays où Amina, 30 ans, a été tuée par lapidation, où Nadia Anjuman est devenue la cible facile de la violence de son mari parce que celui-ci avait la certitude de bénéficie r de l’appui des seigneurs de guerre de l’Alliance du Nord misogyne.

Sous le régime des Talibans, le ministère du Vice et de la Vertu est devenu le symbole d’abus arbitraires, surtout aux dépens des femmes et des filles afghanes. Pourtant, aujourd’hui, le cabinet afghan a décidé encore une fois de rétablir ce ministère horrible plutôt que de se concentrer sur les besoins criants de la société afghane.

Dans une déclaration de l’année passée, le comité américain pour la protection des journalistes, (Committee to Protect Journalists), a dit : « Les journalistes afghans font face à des pressions sévères exercées par les autorités afghanes, y compris des menaces, l’intimidation, même l’incarcération et le meurtre. » Voici ce qui se passe pendant que M. Karzai et les médias de l’Ouest parlent de la liberté d’expression en Afghanistan.

Ceux qui défendent la justice sont menacés de mort. Le 7 mai, 2006, j’ai été agressée physiquement par deux députés au Parlement qui soutiennent les seigneurs de guerre et les drogues, parce que j’avais dit la vérité. J’avais parlé des crimes de l’Allaince du Nord. L’un d’entre eux a même crié : « Prostituée, prenez-la et voilez-la! »

Plutôt que de se fier aux gens pour traduire en justice ces seigneurs de guerre criminels, le président Hamid Karzai leur donne des postes supérieurs. Par exemple, cette année, il a nommé treize anciens commandants, avec des liens à la contrebande de drogues, au crime organisé et aux milices illégales, à des de postes de hauts dirigeants au sein de la police.
En raison de la situation tragique en Afghanistan, les 4 millions de refugiés afghans inscrits en Iran et au Pakistan, n’ont guère envie de retourner dans leur pays.

Mes chers amis, le gouvernement américain ne cesse de dire qu’il ne répétera pas les erreurs du passé en appuyant les extrémistes. Mais la vérité déchirante est que les États-Unis commettent exactement les mêmes erreurs. Ils appuient les extrémistes de façon généreuse, plus que jamais. Les États-Unis dépendent de l’Alliance du Nord, ceux-là mêmes qui ont transformé l’Afghanistan en enfer entre 1992 et 1996, et qui posent encore un danger énorme à la stabilité et à la paix dans mon pays.

Kathy Gannon, spécialiste en Afghanistan, dit avec raison que « les États-Unis ne s’intéressent pas à la paix en Afghanistan. Ceux qui ont tué des milliers de personnes, ceux qui ont appuyé l’industrie de la drogue, dirigent le pays. »

Les Afghans, les gens partout au monde qui croient à la justice, et des organismes internationaux en matière de droits de la personne, demandent d’une seule voix que les seigneurs de guerre et les anciens pantins pro-Moscou soient traduits en justice. Mais plutôt que d’être traduits en justice, ils se voient proposer des postes supérieures et des occasions de siéger au Parlement, avec l’appui des États-Unis et de ses alliés.

Le gouvernement américain inclut Gulbuddin Hekmatyar dans sa liste des terroristes les plus recherchés, mais 34 membres de son parti siègent au Parlement afghan. Les États-Unis travaillent avec des extrémistes pro-américains, et ils s’opposent uniquement aux extrémistes anti-américains. Voilà la raison pour laquelle les gens se moquent de la « guerre sur le terrorisme ».
L’élection parlementaire elle-même a fait la honte de la démocratie, même si les médias de l’Ouest l’ont appelée une grande réussite. Selon HRW, 70 % des membres du Parlement sont accusés de crimes de guerre, dont des membres de l’état fantoche russe, des trafiquants de drogues, des Talibans et des tueurs de l’Alliance du Nord.

Mes chers amis, les États-Unis ne se soucient pas de la racine du terrorisme en Afghanistan. Voilà pourquoi nous ne considérons pas les États-Unis comme le « libérateur » de notre pays.

J’espère que vous avez compris, à l’aide des petits exemples que je viens d’énumérer, que mon pays se trouve encore entre les griffes d’extrémistes et de terroristes meurtriers. La situation en Afghanistan, surtout celle des femmes afghanes vouées au malheur, ne changera jamais pour le mieux, tant et aussi longtemps que les seigneurs de guerre ne seront pas désarmés, et que la politique en Afghanistan ne sera pas délivrée des terroristes pro et anti-États-Unis.

Je pense qu’aucun pays ne peut donner la liberté à un autre pays. Seulement le peuple lui-même peut s’affranchir. Les événements actuels an Afghanistan et en Irak en sont la preuve
Je pense que si le Canada et d’autres gouvernements tiennent vraiment à aider le peuple afghan et à effectuer des changements positifs, il faudrait qu’ils agissent de façon autonome, plutôt que de devenir un outil avec lequel le gouvernement américain peut imposer ses mauvaises politiques. Il faut qu’ils s’alignent sur les besoins et les désirs du peuple afghan et qu’ils cessent d’aider les seigneurs de guerre et les éléments réactionnaires et ignorants au sein du système. C’est s eulement en adoptant une telle approche que les pays pourront gagner la confiance des gens et prouver leur amitié envers le peuple afghan.
Nous sommes profondément désolés pour la perte des soldats canadiens en Afghanistan. Si le gouvernement canadien ne peut pas agir de façon indépendante plutôt que de suivre le programme du Pentagone, nous craignons que les efforts des troupes canadiennes ne servent que le gouvernement américain avant tout, et non pas le peuple afghan.

Nous voulons que le gouvernement canadien exerce une pression pour que des criminels comme Sayyaf, Rabbani, Qanooni, Mohaqiq, Fahim, Mullah Rakiti, les Khalqi et les Parchami soient délogés du pouvoir et traduits en justice. Il faut que les décideurs canadiens sachent que les seigneurs de guerre de l’Alliance du Nord sont également responsables des circonstances désespérées du peuple afghan et du malheur qui sévit actuellement en Afghanistan.

Je suis consciente des difficultés et des défis, et du risque de mourir aux mains des forces anti-démocratiques. Mais je me fie à mon peuple. Un jour ils pourraient me tuer, puisqu’ils ont des armes à feu, ils détiennent le pouvoir et ils ont l’appui du gouvernement américain, mais ils ne pourront jamais me réduire au silence ni cacher la vérité.
Merci.
NPD du Canada
Source : BULLETIN DU COMITÉ DE SOLIDARITÉ/TROIS-RIVIÈRES
Le 6 octobre 2006
www.cs3r.org
http://cs3r.org/show.php?id=737
1-2 Point de vue de Emanuelle Giordana : Kaboul dans le miroir de l’OTAN.
Kaboul aussi est devenue une de ces villes où l’âme est en cage. Elle est le spectre de ce qu’elle a été jusqu’à il y a trente cinq ans, quand des bandes de jeunes va-nu-pieds la firent sortir du trou noir de l’histoire et de la géographie. Mais cet air vif des années 70, les files de petits hôtels le long des routes de poussière et la découverte d’une sorte de Moyen-Âge islamique qui faisait ses premiers pas dans la modernité, n’est plus qu’un souvenir terni. Le ciel aussi semble plus morne aujourd’hui à Kaboul et même le rare vol des cerfs-volants, tradition interdite par les talibans, ne parvient pas à le raviver. L’âme du visiteur reste emprisonnée dans les chambres d’hôtel, les bureaux, dans les résidences blindées louées par la communauté internationale et dans lesquelles le code de sécurité, mot clé dans cette ville, vous retient comme une prison sans barreaux, mais avec un verrou invisible qui vous interdit la rue. C’est la croix et la bannière pour arriver à convaincre Arif d’une promenade dans Ciken Street, la fameuse rue, à cette époque dont on se souvient ici comme de l’âge d’or de Kaboul. Mais ce charme subtil a évidemment disparu. Il n’y a pas de suisses aux cheveux longs ni de suédoises masculines et glaciales, fumant du haschich dans les caikana, où l’on se devait de mettre son morceau de sucre à la bouche avant de boire le thé dans les Duralex universels, symbole avant la lettre d’une globalisation annoncée même pour ce pays de chevaux, de bergers, de guerriers et d’arides montagnes.

A la place des chevaux, ceux de frise
Les chevaux arabes, remplacés par ceux de frise, ont disparu, et les suédoises androgynes avec. Les guerriers cependant pullulent. Du moins quand sonne l’heure de la permission. L’allemand, l’italien, l’américain. Ils viennent à Ciken Street acheter des tapis et de la pacotille à ramener chez eux (à l’époque déjà, les turquoises arrivaient d’Allemagne). Souvenirs de cette guerre qui est là mais ne se voit pas, qui se fait sans trop se dire. Qu’on perçoit, cependant. La tension est palpable quand on sort de chez soi dans la seule ville où Karzaï commande vraiment. Après elle s’évanouit, quand même, en promenant, parce que Kaboul n’est pas Bagdad même si sa « zone verte » fait tout pour lui ressembler.
Si les fastes de la saison hippy sont un souvenir, la nouvelle Kaboul est par contre le signe des profonds changements que 25 années de guerre (si l’on veut faire coïncider son début avec l’invasion russe) ont amené dans cette capitale d’une intense couleur ocre, comme la terre sur laquelle la ville largement étendue à l’horizontale s’est construite. Les statistiques sont approximatives mais, si en 79 il y avait 900 mille habitants, ils se comptent maintenant par millions. Electricité hoquetant, pas d’égouts ni d’eau dans les nouvelles installations, très souvent sans permis, mais une richesse surprenante, avec le goût un peu amer de l’opium et la saveur acide du fer des fusils, qui a fait son chemin dans cette ville où les points de relief se comptent sur les doigts d’une main : le palais du roi (aujourd’hui aussi résidence de Karzaï), la grande mosquée, la Poste, la Banque centrale, le Kaboul Hôtel, maintenant, paradoxalement, rebaptisé Kaboul Serena. Ces nouvelles maisons au style indéfinissable sont tout à fait semblables à leurs jumelles de Peshawar ou même de Belgrade, toutes proportions gardées, architecturalement et culturellement. L’idée de base est : je montre donc je suis. L’image qu’il faut donner : je peux, pas toi. Le message à transmettre : je suis un criminel, et alors ?

Scénario catastrophe et l’Otan rafle tout
Les « nouveaux riches » de la guerre - celle contre les russes, celle entre moudjahiddines, et celle d’aujourd’hui, toutes grassement financées - ne manquent pas ici non plus, comme partout où il y a de l’argent à faire avec les armes et les stupéfiants, dans le marasme d’un conflit. Rien à voir avec l’afghan noir, le haschich parfumé de la belle époque. Ici, c’est un pays où le commerce de l’opium se fait au vu et au su de tout le monde, avec la complicité de nombreux parlementaires, le plus souvent élus par force plus que par amour. Avec des exceptions bien sûr, mais corroborées par une désillusion générale dans une situation que l’ambassadeur allemand à Kaboul a défini, devant la commission des affaires étrangères de son parlement - d’après le quotidien Bild - comme étant au bord d’une catastrophe, avec un gouvernement qui pourrait en perdre le contrôle d’ici un an, un an et demi. La perception du diplomate doit aussi être partagée par les autres chancelleries, même si tout le monde préfère jeter de l’eau sur le feu, à commencer par les généraux, les véritables patrons en ville. Maintenant plus que jamais, puisque l’Otan a approuvé hier l’extension de la mission Isaf à tout l’Afghanistan, en y englobant aussi les 10 mille soldats américains (environ) de la désormais obsolète « Endurind freedom ». Du reste, dit la députée Fawza Kofi, vice-présidente de la Chambre basse, « la baby démocratie afghane mourrait » si l’Otan partait, et elle non plus ne sait pas quantifier le temps qu’il faudra pour permettre à l’armée nationale, 35 mille hommes, de devenir adulte. En attendant, cette guerre par procuration, dont les résultats sont assez discutables, a déjà coûté des milliers de victimes civiles afghanes, huit militaires à l’Italie et, pour rester dans les chiffres, 36 soldats et un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères du Canada. Contingent vers lequel, avec le notre, semblent se diriger les dernières actions de la guérilla, bien que le commandement italien de Herat ait défini l’attentat d’avant-hier comme « fortuit ». Mais plus rien, ici, n’est fortuit. Pas même une promenade à pied par les rues d’une ville qui a perdu l’envie de plaisanter. Et qui cache son âme sous un costume trop étroit fait sur mesure par le mauvais tailleur.
Emanuelle Giordana, Lettera22
1-3 Point de vue de Bill Van Auken : Clinton et Kerry établissent le programme pro-guerre des démocrates pour les élections de 2006
Dans deux interventions politiques importantes qui ont eu lieu coup sur coup plus tôt cette semaine, l’ancien président démocrate Bill Clinton et le candidat démocrate à la présidence lors des élections de 2004, John Kerry, ont clairement établi que le programme militaire pour les démocrates lors des élections de mi-mandat de novembre 2006.
Clinton a fait sa déclaration lors d’une entrevue animée dimanche par Chris Wallace de la chaîne de télévision de droite Fox News.
Pressé par Wallace d’expliquer pourquoi son administration n’avait fait pas plus pour contrer al-Qaïda et Oussama ben Laden, l’ancien président démocrate Clinton a répondu avec colère, accusant — avec une certaine justesse — Wallace de poser des questions en ligne avec la campagne concertée de la droite du Parti républicain pour falsifier l’histoire et pour détourner l’attention du public des échecs catastrophiques des politiques de l’administration Bush.
La contre-attaque de Clinton, toutefois, n’a pas été d’accuser l’administration Bush pour sa politique criminelle de guerre d’agression — en fait, il n’a pas eu un seul mot pour critiquer la débâcle actuelle en Irak —, mais plutôt de défendre ses états de service en tant qu’ardent défenseur de l’agression militaire.
La partie la plus extraordinaire de sa défense passionnée de ses états de service (et par extension de ceux du Parti démocrate) a été lorsqu’il a affirmé qu’il avait élaboré des plans pour conquérir et occuper l’Afghanistan, presque un an avant les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sur New York et Washington.
« Après le [l’attentat à la bombe du destroyer américain] Cole, a dit Clinton dans l’entrevue, j’ai planifié aller en Afghanistan, renverser les talibans et lancer une attaque à grande échelle pour trouver ben Laden. »
La seule chose qui l’a empêché de faire la guerre que Bush a commencée un an plus tard, a-t-il dit, c’est que l’armée américaine « avait besoin d’établir une base en Ouzbékistan », ce que ce pays n’a autorisé qu’après le 11-Septembre. Il y a aussi le temps qu’a mis la CIA et le FBI à certifier que c’était bien ben Laden qui était responsable de l’attentat du Cole, ce que les deux agences ont fait après que Bush ait été à la Maison-Blanche.
Clinton a continué en déclarant « Si j’étais toujours président, nous aurions plus que 20 000 soldats là-bas pour tuer » Oussama ben Laden.
Ce que cette déclaration de Clinton révèle, c’est que le programme de militarisme global lancé par l’administration Bush après le 11-Septembre faisait consensus au sein de l’élite dirigeante américaine et était soutenu par ses deux partis importants, les démocrates et les républicains.
En fait, il semble que la première guerre déclenchée par la Maison-Blanche de Bush, celle d’Afghanistan, l’ait été sur la base de plans dressés par l’administration Clinton.
Cette intervention pour évincer le régime taliban, comme la guerre non provoquée contre l’Irak, n’avait pas pour but d’écraser le terrorisme ou de venir en aide à une population vivant sous une dictature. Plutôt, ce fut la réalisation d’une ambition de longue date des Etats-Unis d’exercer leur hégémonie sur les régions riches en pétrole de l’Asie centrale et du Moyen-Orient. Les démocrates tout comme les républicains ont cherché à exploiter les attentats du 11-Septembre et à promouvoir la « guerre globale au terrorisme » comme prétexte pour réaliser ces objectifs impérialistes.
Clinton s’est plaint que les républicains avaient sali les démocrates en les décrivant comme étant « laxistes sur la question du terrorisme » lors des dernières élections de mi-mandat en 2002. « Notre parti les a soutenus lorsqu’il s’agit d’entreprendre les inspections des armes en Irak et était à cent pour cent pour les actions en Afghanistan et ils n’avaient rien pour nous faire paraître comme si nous ne nous préoccupions pas du terrorisme » a-t-il déclaré, accusant les stratégistes républicains d’avoir délibérément provoqué un conflit en introduisant « une pilule empoisonnée » dans la loi sur la sécurité de la patrie en proposant quelque 170 000 fonctionnaires fédéraux de leurs protections.
La réalité est que les démocrates ont donné à Bush le pouvoir sans précédent de lancer une guerre non provoquée comme partie d’une stratégie électorale cynique et couarde qui cherchait à mettre la question de l’Irak en arrière-plan en se concentrant seulement sur les questions économiques et sociales. Au cours des préparatifs ouverts pour la guerre, le Parti démocrate n’a offert aucune alternative à ceux qui s’opposaient à une telle agression. Au même moment, il ne pouvait mettre de l’avant une politique sérieuse sur les questions du chômage, du déclin du niveau de vie, de l’éducation et de la santé. En conséquence, une administration qui avait pris le pouvoir en volant l’élection et envers laquelle l’opposition était très grande a pu obtenir des gains importants dans les deux chambres du Congrès.
Comme le fait clairement remarquer Clinton, le leadership démocrate prévoit mener cette nouvelle élection législative en évitant encore une fois tout débat sérieux sur l'Irak. Toutefois, cette fois-ci, il prévoit présenter l'administration Bush comme étant « laxiste sur la question du terrorisme » et vendre le Parti démocrate comme le champion de l'intensification militaire en Afghanistan.
Clinton s'est également vanté que « le secrétaire à la Marine sous Reagan », James Webb, se présentait comme candidat démocrate au poste de sénateur en Virginie et qu'un « contre-amiral, qui faisait partie de mon Conseil de sécurité nationale et qui a aussi combattu le terrorisme », Joe Sestak, se présentait contre le candidat sortant républicain au Congrès en Pennsylvanie. « Notre campagne compte une très grande présence militaire », a déclaré Clinton. « Et nous ne pouvons laisser leur rhétorique nous catégoriser faussement. »
Dans un commentaire rédigé pour la page éditoriale du Wall Street Journal, le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry, candidat démocrate à la présidence en 2004, a exprimé les mêmes idées. Regrettant l'opposition grandissante à l'occupation américaine de l'Afghanistan, Kerry a déclaré : « Nous devons modifier notre trajectoire, en commençant par le déploiement immédiat d'au moins 5000 soldats américains de plus. »
Il poursuivit : « C'est-à-dire plus de forces spéciales pour vaincre les talibans, plus de troupes d'affaires civiles pour soutenir les prometteuses équipes de reconstruction provisoire, plus d'infanterie pour empêcher que les talibans ne s'infiltrent davantage au Pakistan, et plus d'unités de renseignements clandestines pour traquer al-Qaïda des deux côtés de la frontière. C'est-à-dire aussi plus de drones « Prédateur » pour fournir des renseignements en temps réel, plus d'hélicoptères et d'avions de transport pour permettre un déploiement rapide, et plus d'équipement de combat lourd pour dominer les forces ennemies. »
« Les États-Unis ne doivent pas laisser tomber le véritable front dans la guerre au terrorisme. Nous devons nous engager de nouveau à une victoire en Afghanistan », a conclu Kerry.
L'entrevue de Clinton et le commentaire de Kerry expriment clairement que le leadership démocrate désire avant tout ne pas permettre aux républicains d'attaquer le parti comme étant « laxiste sur la sécurité ou sur le terrorisme » juste avant l'élection de novembre.
Il est clair que ceci est une stratégie nationale coordonnée alors que le leadership démocrate est demeuré muet et les bras croisés pendant que l'administration Bush tentait de faire rapidement passer une loi lui donnant le droit de torture et le pouvoir de mettre sur pied des tribunaux militaires pour exécuter de présumés « combattants ennemis » et même pendant que l'administration Bush espionnait en masse le peuple américain. Le leadership démocrate n'a rien fait pendant qu'une poignée de législateurs républicains s'opposait aux projets de loi.
Pendant ce temps, le président du Comité national démocrate, Howard Dean, a louangé Clinton pour sa performance à Fox News. « Le président Clinton a répliqué aux tactiques trompeuses de la machine de propagande de droite, » a déclaré Dean. « Comme l'a montré aujourd'hui le rapport d'évaluation des renseignements nationaux, la guerre en Irak et les politiques ratées de l'administration Bush ont diminué notre capacité de remporter la guerre au terrorisme. Comme l'a dit le président Clinton, les démocrates représentent des politiques qui sont à la fois musclées et raisonnées et nous maintenons l'engagement de gagner la guerre au terrorisme. »
La sénatrice Hillary Clinton de New York a repris cette rhétorique, avec sa manière pénible et inarticulée. Dans une déclaration publiée sur son site Internet au Sénat américain, elle répond aux témoignages que trois commandants militaires récemment retirés ont donnés lundi devant un comité du Parti démocrate se penchant sur la guerre en Irak. Tout en critiquant le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, les officiers militaires appelaient pour une expansion de la guerre, pour l’augmentation du nombre des soldats envoyés là-bas et une présence militaire à plus long terme.
Le général-major Paul Eaton, dirigeant l’entraînement des militaires en Irak, a témoigné que quelque 60 000 soldats supplémentaires devraient être déployé en Irak. Le général-major Batiste, ancien commandant de la première division d’infanterie de l’armée en Irak, a déclaré : « Il n’y a pas de substitut à la victoire et je crois que nous devons finir ce que nous avons commencé en Irak et en Afghanistan. » Il a ajouté « Nous devons mobiliser notre pays pour un défi de longue durée. » Un troisième témoin, un colonel de la Marine, a dit que la guerre allait durer pour une autre décennie. »
Exprimant un accord général avec ces appels pour une escalade de la violence américaine en Irak, Hillary Clinton déclarait, « Notre problème avec l’administration est, comme nous l’avons dit, vous savez, leur rhétorique n’a pas été soutenue par l’allocation de ressources ou gérée comme il fallait qu’elle le soit et nous entendons donc constamment l’appel pour, vous savez, "Nous ne pas pouvons changer, nous devons faire ceci" comme on nous a dit de le faire. »
Ce que toute cette campagne rend absolument clair c’est qu’en 2006 — comme en 2002 et 2004 — le Parti démocrate va faire en sorte que les élections ne deviennent pas un référendum sur la décision de l’administration Bush de mener la guerre d’agression en Irak.
Plutôt, les démocrates sont déterminés à mener une bataille contre l’administration Bush basée sur la prémisse qu’il a gâché la guerre, qu’elle peut être menée plus efficacement, ce qui implique que Bush a détourné les ressources militaires requises en Afghanistan et pour de nouvelles guerres à venir.
Alors que les dirigeants démocrates offrent un élargissement de la guerre en Afghanistan et se solidarisent avec les officiers qui proposent une occupation plus importante et indéfinie de l’Irak, il n’y a aucune figure de premier plan au sein du parti qui mette de l’avant une proposition pour le retrait de toutes les troupes de l’Irak — une action qui a l’appui d’une majorité claire d’Américains comme l’indique une série de sondages. Une vaste section de la population, celle qui reconnaît que la guerre est la question la plus brûlante, est encore une fois effectivement abandonnée par le système des deux partis.
Une lutte véritable contre la guerre en Irak et la menace d’une guerre encore plus terrible d’agression ne peut être menée qu’en brisant le monopole politique exercé par les deux partis contrôlés par l’oligarchie financière américaine. Cela nécessite l’émergence d’un nouveau parti politique de masse indépendant de la classe ouvrière, basé sur un programme socialiste qui s’attaque aux racines de la guerre, le système de profit.
C’est ce pour quoi le Parti de l’égalité socialiste et ses candidats luttent dans les élections de 2006, avançant une alternative socialiste au programme bipartisan de guerre, d’attaques contre les droits démocratiques et de destruction du niveau de vie et des conditions sociales de la classe ouvrière américaine.
Bill Van Auken
candidat du Parti de l’égalité socialiste au Sénat américain dans l’Etat de New York
Sources :
WSWS
Posté par Adriana Evangelizt
1-4 Point de vue de Ann Jones: Le paradis des « aides fantômes »
La majorité des Afghans, après la dispersion des Talibans, était pleine d’espoir et de désir de se mettre au travail. Les bénéfices tangibles de la reconstruction (emplois, maisons, écoles, assistance sanitaire) auraient pu les pousser à soutenir le gouvernement et à transformer une démocratie illusoire en quelque chose de plus réel. Mais la reconstruction n’est pas arrivée. Quand les forces de l’Otan sont parties cet été dans la zone sud, pour « maintenir la paix et continuer le développement », le général David Richards, commandant britannique de l’opération, semble avoir été choqué de découvrir qu’aucun développement, ou très peu, n’avait commencé. De cet échec, les premiers responsables sont les Usa. Jusqu’à cette année, la coalition conduite par les américains a assumé à elle seule la tâche de rétablir les conditions de sécurité hors de Kaboul, mais, sur le terrain, elle n’y a pas consacré un seul homme.
Où a disparu l’argent ?
Un témoignage récent de l’Inspecteur général pour la reconstruction de l’Irak a révélé comment l’Agence étasunienne pour le développement international (Usaid) manipule ses propres comptes pour cacher les coûts gigantesques ajoutés aux projets d’aide par les problèmes de sécurité (on arrive à des majorations de 418%). On peut raisonnablement penser que si nous écoutions l’Inspecteur responsable pour l’Afghanistan, il nous raconterait les mêmes histoires : les entreprises sous contrat pour l’Usaid sont les mêmes. Sans la paix il n’y a pas de sécurité, et sans sécurité il n’y a pas de reconstruction. Mais ce n’est pas tout. Pour comprendre la faillite, et les fraudes, de tels projets de reconstruction, il faut jeter un coup d’œil au système par lequel les Etats-Unis fournissent une aide pour le développement au niveau international. Pendant ces cinq dernières années, les Usa et de nombreux autres donateurs ont envoyé des milliards de dollars en Afghanistan, et pourtant les Afghans continuent à demander : « Où est allé l’argent ? ». [
1]
Ceux qui payent leurs impôts, aux Etats-Unis, devraient se poser la même question. La réponse officielle est que les fonds envoyés par des donateurs se perdent dans la corruption afghane. Mais les Afghans un peu louches, habitués à des enveloppes de trois francs six sous, sont en train d’apprendre comment la corruption de haut niveau fonctionne à merveille pour les patrons de ce monde.
Un rapport de juin 2005, très circonstancié, de Action Aid (ONG, plutôt respectée, dont le siège central est à Johannesburg, en Afrique du Sud) nous aide à faire la lumière sur la façon dont ce petit monde fonctionne. Le rapport a étudié les aides au développement fournies par tous les pays sur le globe, et a découvert qu’une petite partie d’entre elles seulement (peut-être 40%) se concrétise.
Les 60% restants sont des « aides fantômes », ce qui signifie que l’argent n’arrivera jamais aux pays à qui il est destiné. Une partie de cet argent n’existe pas vraiment, si ce n’est comme ligne budgétaire, comme par exemple quand les pays comptabilisent l’effacement de la dette ou les coûts de construction d’une belle ambassade toute neuve dans la colonne des aides. Une grande partie de cet argent ne quittera jamais la maison : les mandats de paiement pour les « experts » étasuniens sous contrat de l’Usaid, par exemple, vont directement de l’agence aux banques étasuniennes, sans jamais passer par les « pays qui doivent être reconstruits ». Beaucoup d’argent aussi, conclut le rapport, est jeté en « assistance technique surpayée et inefficace ». Et une autre belle tranche des sous est liée à la nation donatrice, ce qui veut dire que celui qui la reçoit est obligé d’utiliser l’argent pour acheter des produits du pays donateur : surtout quand il pourrait trouver ces mêmes produits chez lui à des coûts passablement plus bas.
Les Usa sont aux plus hauts niveaux dans le classement des « donateurs fantômes », seule la France les dépasse parfois. Pour 47%, l’aide des Usa au développement va à l’ « assistance technique surpayée » ; contre 4% pour l’aide suédoise, et 2% pour l’aide luxembourgeoise ou irlandaise. Et en ce qui concerne l’obligation d’acheter des produits du pays donateur, ni la Suède, ni la Norvège, ni l’Irlande ou le Royaume Uni n’adoptent cette pratique. Et 70% de l’argent étasunien lié aux aides possède cette clause, de devoir y acheter de la marchandise made in Usa, surtout en systèmes d’armement. Si l’on considère ces pratiques, Action Aid calcule que 86 centimes par dollar sont des « aides fantômes ».

Les bonnes propositions de Laura Bush
Le président Bush se vante d’avoir envoyé des milliards de dollars en Afghanistan, mais on aurait de fait obtenu un meilleur résultat en faisant passer un chapeau pour la quête. L’administration étasunienne représente souvent délibérément de façon fausse son programme d’aides à l’usage des populations. L’année dernière, par exemple, pendant que Bush envoyait sa femme à Kaboul pour quelques heures, le temps de faire quelques photos, le New York Times rapportait que la mission de celle-ci était « la promesse d’un engagement à long terme pour l’éducation de femmes et d’enfants ». Dans son discours de Kaboul, Madame Bush déclara que les Usa allaient fournir 17,7 millions de dollars de plus pour aider l’instruction en Afghanistan.
Ce qui s’est passé c’est que les fonds en question ont été utilisés pour construire une université privée, l’Université américaine d’Afghanistan, destinées aux élites afghanes et étasuniennes, dont l’accès est payant : le fait qu’une université privée soit financée par les impôts publics et construite par le corps du Génie de l’armée étasunienne est une autre des particularités des aides dans le style Bush.
En principe, les Etats-Unis préfèrent canaliser l’argent des aides humanitaires vers des adjudicataires étasuniens. L’assistance humanitaire étasunienne est de plus en plus privatisée, et elle n’est désormais qu’un mécanisme pour transférer les dollars de ses impôts aux coffres-forts des entreprises étasuniennes sélectionnées, et aux poches de ceux qui ont déjà de l’argent. En 2001, Andrew Nastios, le directeur de l’époque de l’Usaid, parla des fonds pour l’assistance à l’étranger comme d’un « instrument politique clé », conçu pour aider les autres pays à « devenir de meilleurs marchés pour l’exportation étasunienne ». Pour garantir qu’une telle mission parvienne à bon port, le Département d’état a récemment pris la direction des agences humanitaires qui auparavant, formellement au moins, étaient semi autonomes.
Et puisque le but de l’aide étasunienne est de rendre le monde plus sûr pour les affaires étasuniennes, Usaid se sert d’une liste d’entreprises « favorites » (qui peut légèrement varier selon les résultats électoraux) à qui elle demande de soumettre leurs projets, et n’interpelle parfois qu’un seul adjudicataire ; la même procédure efficiente qui a rendu Halliburton si chanceuse en Irak. Les entreprises présélectionnées stipulent un contrat avec l’Usaid, dit Iqc (soit « pour quantité indéfinies »). Les entreprises présentent des informations vagues sur ce qu’elles pourraient faire dans des zones non mieux spécifiées, se réservant les définitions pour un contrat postérieur. L’entreprise choisie d’une fois sur l’autre sera invitée à matérialiser ses spéculations par l’intermédiaire d’un formulaire Rfp (soit « demande de propositions »), et sera ensuite envoyée dans un pays étranger pour chercher à rendre réel n’importe quel type de travail rêvé par des théoriciens de Washington, très peu écrasés de connaissances de première main sur le malheureux pays en question.

L’autoroute à péage
Les critères de choix des adjudicataires ont peu ou rien à voir avec les conditions du pays qui les reçoit, et ne sont pas exactement ce que vous appelleriez des modèles de transparence. Prenez le cas de la route Kaboul Kandahar, que le site de l’Usaid vante avec orgueil comme un succès. En cinq ans, c’est la seule route qui ait jamais été terminée, ce qui dépasse d’au moins un point le record de l’administration Bush dans la construction des systèmes d’approvisionnement en eau ou des égouts (aucun). En mars 2005, l’autoroute en question apparaît sur le journal Kabul Weekly sous le titre : « Des millions jetés par la fenêtre pour des routes de deuxième choix ». Le journaliste afghan Mirwais Harooni raconte que bien que des entreprises internationales se soient offertes pour la reconstruction de la route au tarif de 250 dollars au kilomètre, les étasuniens de Louis Berger Group avaient obtenu le travail au prix de 700 dollars au kilomètre (il y en a 389). Pourquoi ? La réponse standard étasunienne est que les étasuniens travaillent mieux, bien que ce ne soit pas le cas de l’entreprise Berger qui, à l’époque déjà, était en retard sur un contrat de 665 millions de dollars pour construire des écoles en Afghanistan. Berger Group sous-traita la construction de la petite route à deux voies, sans rambardes de sécurité, à des entreprises turques et indiennes, pour un coût final d’un million de dollars au mile ; et quiconque l’emprunte aujourd’hui peut constater qu’elle est déjà en train de partir en morceaux.
L’ancien ministre du plan, Ramazan Bashardost, fit remarquer qu’en matière de routes, les talibans avaient fait un meilleur travail, et posa lui aussi la question fatidique : « Où est allé l’argent ? ». Aujourd’hui, avec un coup qui va certainement provoquer l’effondrement de l’indice de popularité de Karzaï, et portera tort ensuite aux troupes Usa et Otan, l’administration Bush fait pression sur le gouvernement afghan afin que ce « don du peuple des Etats-Unis » (c’est ainsi que la route a été définie) soit transformé en une route à péage : 20 dollars par conducteur avec un droit de passage valable un mois. De cette façon, d’après les experts étasuniens fournisseurs d’assistance technique surpayée, l’Afghanistan pourrait réaliser une entrée annuelle de 30 millions de dollars grâce à la contribution de ses citoyens appauvris, et, en fin de compte, alléger le « poids » de l’aide qui pèse sur les Usa.
Ann Jones

Ann Jones, journaliste et photographe étasunienne, elle a récemment publié le livre Kaboul in winter : life without peace in Afghanistan. Une version plus longue de cet article se trouve sur le site
www.peacereporter.net
Traduction de l’anglais à l’italien par Maria G. Di Rienzo
Traduit de la version italienne par Marie-Ange Patrizio
Source : il manifesto
2 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
2 -1 agircontrelaguerre : Afghanistan occupé, Irak occupé, Palestine écrasée, Liban détruit, Iran menacé..5 ans ça suffit !Il y a cinq ans Bush lançait sa « guerre sans limite ». Tout le monde admet désormais que le monde est devenu plus dangereux. Des centaines de milliers de civils ont été tués en Afghanistan, en Irak, au Libanet en Palestine. L'assimilation de l'islam à la violence a été diffusée de manière plus ou moins subtile de Bush à Sarkozy en passant par le pape ouvrant grandes les vannes du racisme. Sous prétexte de lutte contre le terrorisme les Etats ont développé leurs politiques sécuritaires.Il faut relancer le mouvement antiguerreLa construction d'un mouvement antiguerre international de masse est le seul moyen de stopper cet engrenage. Ce mouvement a déjà obtenu des résultats. Il a réussi à unir dans des journées de manifestation des peuples du monde entier. Il a réuni dans chaque pays au delà des origines ou des religions.Les Etats-Unis sont embourbés en Irak et en Afghanistan. L'armée israélienne a reculé au Liban. Après Aznar en Espagne, c'est un autre fidèle allié de Bush, Tony Blair qui pourrait être vaincu en Grande-Bretagne.
Bush lui-même est menacé aux Etats-Unis.Alors que la France est en train de s'aligner sur la politique de l'administration américaine en Afghanistan et au Liban, il est urgent de relancer le mouvement antiguerre en France.

5-0 Annexe
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
5-1 Otan
(Ndlr : Suivent 3 articles qui sonnent comme si l'Otan (et les pays qui la composent ) est victime des Etats-Uniens...et ne cherchant pas dans cette guerre coloniale leur propres intérêt)
1 Dominique Bari : L’Alliance atlantique accepte de redéployer immédiatement ses forces dans le sud du pays et d’augmenter ses effectifs pour contrer l’insurrection
L’OTAN est prête à achever son déploiement en Afghanistan « pour sécuriser » l’ensemble du pays, y compris dans les zones tribales de l’Est, où les taliban se sont implantés en masse. Les ambassadeurs de l’Alliance atlantique, réunis à Bruxelles, ont pris hier cette décision de principe, à la demande du commandement militaire, quelques heures avant que les ministres de la Défense de l’OTAN, menés par l’Américain Donald Rumsfeld, ne l’entérinent dans la station balnéaire slovène de Portoroz, où se tient durant deux jours une conférence axée sur la question afghane.
les détachements de l’Alliance font face à une situation grave
Ce déploiement dans l’est du pays, le long de la frontière pakistanaise, aurait dû théoriquement intervenir à la fin de l’année. Il a été avancé en raison de la situation gravissime à laquelle les détachements de l’Alliance font face depuis qu’ils ont pris cet été la relève des forces américaines. La résurgence de la rebellion talibane fait rage, créant la surprise dans les rangs alliés. Il ne fait plus aucun doute que la mission équivoque de rétablissement de la paix confiée à l’OTAN, alliant militaire et humanitaire, a laissé la place à une seule mission de guerre.
« Nous pensions que c’était une mission de paix, pas la guerre : nous n’étions pas préparés à ces combats ! » confiait récemment un diplomate danois, suite à la recrudescence des violences, attentats et attaques organisés par les taliban et visant à la fois les soldats des forces étrangères et les civils afghans. La population, qui n’a pas vu sa situation matérielle s’améliorer contrairement aux promesses, est de moins en moins hostile aux milices qui luttent contre « une occupation étrangère » et l’Afghanistan est redevenu le plus grand producteur mondial de pavot, ce qu’il n’était plus avant 2001.
Prise au piège dans des conditions imprévues, l’OTAN utilise sa puissance de feu pour mater l’insurrection. Les communiqués militaires font état tous les jours de miliciens abattus. Ainsi, si l’on en croit le porte-parole de la coalition, plus de 300 rebelles ont été tués au cours de l’opération anti-taliban lancée dans l’est du pays le 16 septembre. Cette annonce a été faite seulement hier, sans doute pour encourager les alliés de l’OTAN à participer plus activement à la reconquête de l’Afghanistan. Depuis plusieurs semaines, le général James Johns (sic), chef militaire de l’Alliance, réclame un « bataillon » de réserve supplémentaire, soit 2 500 hommes environ. Jusqu’ici, son appel n’avait pas été suivi d’effets. La Grande-Bretagne, le Canada, les Pays-Bas et le Danemark, se plaignant du manque de solidarité alliée, exigeaient des hommes, des chars et des avions de combat. Jusqu’à mardi, seule la Pologne avait accepté d’envoyer un millier de soldats.
un jeu de vases communicants avec les forces américaines
C’était donc la tâche particulière de Rumsfeld de servir de sergent recruteur pour lever de nouvelles troupes de combat. L’acceptation de l’OTAN d’étendre immédiatement sa mission à l’est s’est accompagnée de la promesse de disposer également de plus de moyens aériens. Sur le papier, les deux opérations, l’américaine « Liberté immuable », qui se concentre sur la recherche des taliban dans les zones tribales frontalières, et l’atlantiste, resteront séparées. Sur le terrain, le redéploiement de l’OTAN s’effectue grâce à un jeu de vases communicants avec les forces de la coalition américaine, et les deux missions sur le plan militaire seront de plus en plus difficiles à distinguer. On est bien loin des efforts de reconstruction promis il y a cinq ans à la chute du régime du mollah Omar.
Quant aux exhortations de George Bush, mercredi soir au Pakistanais, Pervez Moucharraf et à l’Afghan Hamid Karzaï, qu’il recevait à la Maison-Blanche, les invitant à améliorer leur niveau de coopération dans la lutte contre le terrorisme, elles ne semblent pas avoir apaisé la tension entre les deux voisins. Islamabad et Kaboul s’accusent mutuellement de ne pas en faire suffisamment pour combattre le regain d’activisme des taliban.
Dominique Bari
L'Humanité du 29 septembre 2006.
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-09-29/2006-09-29-837582


2 Point de vue de Defensa : Cadeau US à l’OTAN : le piège afghan, avec mode d’emploi et kit au complet
La situation étant de plus en plus grave en Afghanistan, l’OTAN s’y trouve de plus en plus impliquée dans des conditions de plus en plus délicates. La réunion des ministres de la défense de l’Organisation en Slovénie l’a confirmé, sous la forme d’une démonstration verbale d’une solidarité incertaine suivie de très peu d’effets, tandis que se referment sur l’OTAN les mâchoires du piège américain — pardon, du piège afghan.

Les ingrédients sont désormais en place pour faire de l’Afghanistan un vaste champ de bataille où l’Organisation devrait se trouver complètement prise au piège :
• un engagement politique de “solidarité forcée” (devoir d’alignement des membres européens sur les consignes atlantistes) sans forces armées significatives supplémentaires ;

• une extension géographique de la zone d’opération de l’OTAN avec l’Est du pays passant sous le commandement de l’ISAF (et les forces US qui s’y trouvent étant mises sous commandement OTAN — là est la beauté de la chose [voir plus loin]) ;

• une tactique catastrophique sur le terrain, toutes les forces, notamment européennes, opérant dans ce contexte étant “américanisées” par les procédures et les contraintes opérationnelles . (L’exemple le plus frappant concerne les forces britanniques, normalement d’un très bon niveau, sachant se battre selon les normes imaginatives des puissances européennes ; dans le contexte OTAN de l’Afghanistan, les forces britanniques sont devenues des forces “américanisées”, qui se battent selon les principes désormais connus : destructions maximales avec de fortes pertes chez les civils, par conséquent une aide substantielle apportée aux talibans qui peuvent compter sur un soutien populaire grandissant.)

Le Daily Telegraph note aujourd’hui (
http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2006/09/29/wafghan29.xml):
« Hier soir les ministres ont accepté une expansion majeure de la mission de l'OTAN dans la zone explosive de l'Est de l'Afghanistan - mais cet accord ne doit rien à la volonté européenne d'offrir d'avantage de troupes. Les ministres ont simplement accepté de placer quelques 12000 hommes principalement états-uniens, déjà sur place, sous commandement de l'OTAN.

»Cette manoeuvre placera les troupes US dans l'Est de l'Afghanistan sous le commandement d'un officier britannique, le Lt Gen David Richards; c'est le plus grand nombre de soldats US à être sous commandement étranger depuis la 2e guerre mondiale.

»En Allemagne, la chambre basse du parlement a voté à une large majorité d'étendre le mandat des 2.750 soldats allemands 'de maintien de la paix', servant dans le cadre de l'Otan, pour une année supplémentaire.

»Le ministre des affaires étrangères allemand a déclaré au Bundestag que l'OTAN n'avait pas d'autre choix que de rester. "L'Afghanistan est perdu seulement si nous l'abandonnons", a-t-il dit.

»Le secrétaire à la défense britannique, Des Browne, a félicité la Pologne pour avoir déployé sans attendre 900 hommes supplémentaires pour l'ISAF, mais il a dit qu'ils presserait les autres nations pour qu'ils pensent à faire d'avantage.

»'Les Alliés doivent augmenter leurs efforts pour respecter notre engagement collectif de supporter le gouvernement et le peuple de l'Afghanistan" a-t-il déclaré.

»Cependant, des responsables espagnols annonçaient à la presse madrilène que leur gouvernement, conjointement avec la France, l'Allemagne et la Belgique, avaient rejeté une requête du commandant militaire de l'OTAN, le général Jones, de mobiliser des forces venant de l'Eurocorps, une force de réaction rapide formée de troupes issues de différentes nations européennes.

»Des sources espagnoles ont déclaré au quotidien El Pais que les 4 nations européennes avaient dit au gén. Jones que la force de réaction rapide était destinées à des urgences imprévues, et non pour soutenir une mission existante.»
“Zapper” l'Afghanistan des écrans US

Du point de vue qui compte, de la politique et des émotions psychologiques, le point le plus important dans ces décisions est évidemment l’extension de la zone OTAN à l’Est de l’Afghanistan et, surtout, le passage sous le commandement OTAN des (presque) 12.000 soldats américains qui s’y trouvent. Les Britanniques, qui assurent ce commandement (général Richards), ne se tiennent plus d’une fierté à peine rentrée.

(Il suffit de sentir, ceci pour les nez fins, combien la plume du rédacteur du Telegraph est mouillée d’une humidité reconnaissante lorsqu’il écrit : «The move will place US troops in eastern Afghanistan under the command of a British officer, Lt Gen David Richards — the largest number to be under foreign command since the Second World War.» [Cette manoeuvre placera les troupes US dans l'Est de l'Afghanistan sous le commandement d'un officier britannique; c'est le plus grand nombre de soldats US à être sous commandement étranger depuis la 2e guerre mondiale])

Pour les Britanniques, qui n’en sont décidément plus à une sottise près, cette décision est une sorte de confirmation de la réciprocité des liens transatlantiques. Ainsi, écrira-t-on plus tard dans les livres d’histoire transatlantique, non seulement les Américains commandent à tous mais il peut arriver qu’ils acceptent d’être commandés.

Bien entendu, une autre lecture est nécessaire, les Américains restant par ailleurs ce qu’ils sont.

Les Américains ont l’Irak et c’est bien suffisant. Le naufrage sans fin du régime Bush et de l’establishment washingtonien dans la catastrophe irakienne impose que tout autre inconvénient de la réalité du monde soit écarté. Pour l’Afghanistan, il importe de “zaper” au plus vite. Assez curieusement, notre remarque accessoire et presque ironique concernant les couvertures de Newsweek concerne peut-être l’essentiel. (Notre F&C d’hier, avec cette remarque : «A la limite, on dirait, sans vraiment solliciter la caricature ou le sarcasme, que la manipulation des couvertures de Newsweek concerne aussi bien l’establishment de Washington que la population US elle-même — et peut-être la direction et la rédaction de Newsweek elles-mêmes, pourquoi pas?»)

Placer les forces US en Afghanistan sous commandement OTAN, c’est poursuivre et accentuer la “narrative” selon laquelle l’Afghanistan n’est plus un problème pour les USA depuis la tonitruante victoire de novembre 2001. On s’en tiendra donc là.

Cela écrit, si les Britanniques croient que le général Richards aura son mot à dire dans l’évolution et l’action des (presque) 12.000 soldats américains dans l’Est de l’Afghanistan, c’est qu’ils ont perdu leur sens proverbial de l’ironie. On dit le général Richards assez peu subtil, plutôt dans le genre culotte de cuir et beau parleur (un peu trop, parfois). Il sera d’autant plus aisé de lui faire comprendre que son commandement s’arrête aux déclarations à la presse. Le reste, qui est le détail du commandement, voilà l’essentiel (“Devil’s in the detail, old chap” - le Diable est dans les détail). Les Britanniques s’apercevront assez vite, s’ils ne le savent déjà, que leur autorité s’arrête à la couverture-OTAN mise sur les soldats US pour que, au moins jusqu’aux élections mid-term, on n’aille pas imaginer, dans le middle west profond, que l’Afghanistan existe encore.

Pour le reste, tous les éléments du paradigme de l’échec parfait se trouvent réunis pour l’OTAN en Afghanistan. Que faire d’autre qu’y aller, pour ceux qui y croient encore, les fidèles des fidèles de la mystique atlantiste, puisque le désordre est là, agencé avec soin par Rumsfeld & compagnie depuis trois ans? Effectivement, rien d’autre à faire. (Parole d’or du ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier : « l'OTAN n'a pas d'autre choix que de rester. L'Afghanistan est perdu seulement si nous l'abandonnons»)

Nous reparlerons donc de l’Afghanistan et des tourments intérieurs des nations otaniennes “bon chic bon genre” engagées dans l’aventure. En effet, les répercussions ne manqueront pas de se faire sentir lorsque les opinions publiques des pays en question s’apercevront qu’il se passe quelque chose. Premier rendez-vous : les prochaines (octobre) élections néerlandaises et la possible-probable nouvelle majorité de centre-gauche qui en sortira, — centre-gauche en général assez peu inspiré par les aventures extérieures arrangées par l’oncle Sam.
http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=3208
29 septembre 2006 —

3 Point de vue de Defensa : Après le piège afghan, le piège américain
Pouvait-on croire si bien dire, et si vite? Lorsqu’un lapsus habilement ménagé nous fait écrire : «Tandis que se referment sur l’OTAN les mâchoires du piège américain — pardon, du piège afghan»…
Le cas, la manoeuvre est simple, après tout — comment ne l’avions-nous pas devinée? (D’ailleurs, c’est aussi bien une évidence et une fatalité qu’une éventuelle manœuvre.)
Ceci, de nos sources internes :
« Un général 4 étoiles états-unien prendra en charge à la fois les forces US et celles de l'OTAN en Afghanistan en février, boostant la stature de la mission militaire dans ce pays divisé, et unifiant le commandement international pour lutter contre la résurgence de la milice talibane. Pourvu qu'il soit confirmé par le sénat US, le général US Dan K. McNeil prendra le commandement de l'ISAF, la mission de l'OTAN en Afghanistan, qui est actuellement dirigée par le 3 étoiles britannique, le Lt Gen. David Richard, a déclaré un porte-parole de l'ISAF ce jeudi 29.

McNeil, 60 ans, qui dirige actuellement le Commandement des Forces Armées US, basé à Atlanta, deviendra le commandant étranger le plus important en Afghanistan. Son arrivée unifiera les leaderships séparés des forces de la coalition US, dirigées par le Lt. Gen. Karl Eikenberry, et les troupes internationales opérant actuellement sous l'OTAN. La nomination de McNeil a été approuvée le 22 septembre après consultation avec le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer»
La manœuvre est simple, effectivement. Elle pourrait s’apparenter au recyclage, au blanchiment de l’argent sale ; ou comment faire en sorte de faire disparaître la présence US en Afghanistan, la faire remplacer par l’OTAN — pour la raison qu’on a vue exposée hier : ménager les nerfs fragiles des électeurs américanistes ; ensuite, récupérer le tout (le contingent OTAN) sous commandement américain, tout en restant OTAN, donc en ne troublant pas le sommeil de l’électeur US moyen.
Description du piège US

L’opération de l’OTAN en Afghanistan (sous le sigle ISAF pour International Security Assistance Force) a été engagée selon l’idée qu’il s’agissait d’une mission différente de celle que poursuivent les forces américaines depuis 2001. L’OTAN poursuivait la mission de l’Union européenne, engagée en Afghanistan pour une tâche de “reconstruction”, ce qu’on nomme en jargon internationaliste actuel du “peace making”. Dans un tel cadre, les engagements militaires, les affrontements, s’ils peuvent apparaître inévitables, ne sont que circonstanciels ; il faut y être prêts mais ils ne constituent évidemment pas l’essentiel de la mission.

La même “narrative” de l’intervention occidentale en Afghanistan impliquait que les forces US poursuivaient et achevaient de leur côté la tâche guerrière entreprise en novembre 2001, d’éradiquer complètement les forces adverses, aussi bien ce qu’il restait des talibans que des organisations terroristes. Il s’agissait d’une mission complètement différenciée de celle de l’UE reprise par l’OTAN. La différenciation entre forces US et forces occidentales non-US avait un sens autre que celui, polémique, qu’on constate habituellement (essentiellement, la volonté américaniste des USA de conserver leur autonomie à leurs forces ou bien la crainte de certains alliés de passer sous le contrôle des US). Elle correspondait réellement à une différence des missions.

Ce qui se passe actuellement est complètement différent, plus encore avec l’annonce qu’un général américain va reprendre le commandement de l’ISAF. Il s’agit d’une dénaturation complète de la mission de l’OTAN.

• La décision d’intégrer les forces US dans le contingent OTAN et de les faire passer sous commandement OTAN mélange en une seule mission les deux missions fondamentalement différente qu’on a rapidement décrites ci-dessus. L’une prendra le pas sur l’autre ; on devine laquelle puisque la mission de “peace-making”, sous la contrainte des événements imprévus, est devenue une mission de guerre.

• Cette décision d’intégration US-ISAF est en soi rationnelle, mais d’une rationalité imposée par une situation dont les Occidentaux ont perdu le contrôle. Il va de soi que la mission de l’ISAF impliquait un certain degré d’apaisement de la situation sur le terrain, un degré certain d’avancement de l’éradication des forces hostiles n= écessaire au lancement de l’opération de “peace-making”. Les dernières semaines ont montré qu’il n’en était rien, que la situation aujourd’hui est pire qu’elle n’a jamais été pour les Occidentaux depuis le début de leur intervention (octobre 2001) en Afghanistan.

• Dans ce contexte, il n’y avait plus aucune raison de garder séparées les forces de l’ISAF et les forces US. La coordination et l’intégration s’imposaient. D’autre part, l’intégration d’un contingent si important des forces US (le contingent US devient le premier contingent national de l’ISAF dès lors qu’il y est intégré) conduisait naturellement à l’exigence US d’avoir le commandement de l’ISAF une fois terminée le temps de commandement de l’actuel commandant de l’ISAF, le général britannique Richards. Ce sera chose faite avec le général US McNeill.

• Le résultat est que nous n’aurons, à partir de février 2007, plus rien de la mission initiale de l’ISAF (mission UE devenue mission OTAN). Nous aurons de facto une de ces missions ad hoc, dite également coalition of the willings (selon le terme affectionné par Rumsfeld), organisée sous le contrôle et selon les objectifs des Américains, imposant aux autres leur contrôle et leurs objectifs.

• Les pays non-US de l’OTAN auront donc perdu le sens initial de la mission qu’ils avaient accepté de remplir. Ils sont désormais engagés dans une simple opération de guerre qui va très rapidement devenir complètement américaniste. Le schéma afghan est devenu entièrement conforme au schéma irakien. Plus rien ne l’en diffère. Est-ce ce qu’ils avaient prévu et accepté au départ ? Absolument pas. C’est là un gave motif de préoccupation pour l’avenir, notamment quant aux craintes des opinions publiques européennes par rapport aux engagements des pays qui participent à l’ISAF.

• Pour ce qui concerne les Etats-Unis, nous confirmons l’interprétation que nous en donnions hier. Avec cette évolution de la semaine qui vient de se dérouler, ils ont réussi à “otaniser” une mission US en Afghanistan qui était de plus en plus identifiée à la catastrophe militaire en cours en Afghanistan. La perspective d’ajouter la catastrophe militaire afghane à la catastrophe militaire irakienne était insupportable pour l’administration GW Bush et l’establishment US également aux abois sur ces questions. En “otanisant” le tout, y compris la mission US, l’image d’une guerre américaniste catastrophique de plus tend à disparaître de la rhétorique électoraliste simpliste qui gouverne la vie politique aux USA. La reprise en main de l’ISAF par le général de l’U.S. Army McNeill achève la substitution dans les meilleurs termes possibles pour les intérêts US. La remarque vaniteuse du Daily Telegraph d’hier («The move will place US troops in eastern Afghanistan under the command of a British officer, Lt Gen David Richards — the largest number to be under foreign command since the Second World War») apparaît donc pour ce qu’elle est : pure vanité, soulignant une sottise de plus dans une politique britannique aveugle et corrompue, avec les Britanniques en Afghanistan dans les mêmes pires conditions qu’ils connaissent en Irak (un fort contingent qui devient un instrument à disposition des Américains, les “supplétifs” à la disposition des US et rien d’autre). Le mot “cocu” a une fois de plus toute sa place.

Toute cette cuisine interne n’est encore rien. Nous allons avoir les événements sur le terrain, sous la direction calamiteuse des USA, accumulant erreurs et brutalités qui ne semblent que les seules caractéristiques possibles de leur “art militaire”. La situation va empirer. Cette fois, les Américains ont leur bouc-émissaire tout trouvé : ce n’est pas eux, c’est l’OTAN (l’ISAF), même s’ils la manipulent de fond en comble ; les coupables sont donc les autres puisque par définition ce ne peut être les USA ; les autres, les pays OTAN non-US engagés, qui vont être accusés, manipulés, etc., pour des intérêts US en général intérieurs, électoraux et correspondant aux différents pouvoirs qui se déchirent à Washington.

Cette fois, oui, l’OTAN est en première ligne. Elle court le risque considérable de dissensions entre alliés, sous la pression à la fois des événements et des pressions US, pouvant conduire à une gravissime mise en cause de l’unité de l’OTAN. Cette fois, sans aucun doute, l’OTAN est devant le risque suprême.
http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=3210
30 septembre 2006
3-2 Point de vue de Cédric Housez : Choc des civilisations : la vieille histoire du « nouveau totalitarisme » A l’occasion du 5ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, le président des États-Unis a confirmé à ses concitoyens que la guerre contre le « totalitarisme islamique » était engagée. Mais à y regarder de plus près, ce concept n’a aucune définition précise ce qui permet de cibler toutes sortes de groupes différents et de les diaboliser pour justifier a posteriori qu’on les attaque. Cédric Housez retrace ici l’usage que la propagande états-unienne a fait du terme « totalitarisme » de la Guerre froide à aujourd’hui. « fascislamisme », « fascisme islamique », « nouveau fascisme », « nouveau totalitarisme »… il semble que la dernière mode dans la « guerre au terrorisme » soit au renouveau de l’appellation « fasciste » et au retour de la rhétorique anti-totalitaire. Même si ce phénomène n’est pas vraiment récent [1], il trouve aujourd’hui un écho considérable, particulièrement marquant dans l’actualité médiatique française de l’année 2006.
En France, au mois de mars 2006, une nouvelle revue traitant de politique internationale a été lancée par les éditions Denoël : Le Meilleur des mondes. Elle « revendique l’héritage politique, intellectuel et moral du courant antitotalitaire » [2] et rassemble dans son comité éditorial un grand nombre de personnalités médiatiques américanistes [3]. Dans son éditorial, elle amalgame la lutte contre le communisme au temps de la Guerre froide et le combat actuel contre « l’islamisme », déplorant que la France ait montré ou montre de la complaisance pour chacun de ces mouvements.
À la même période, l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo [4] qui s’était illustré quelques semaines auparavant en reprenant les caricatures de Mahomet diffusées initialement dans le Jyllands Posten [5] publia un manifeste intitulé « Ensemble contre le nouveau totalitarisme » [6. Dans son introduction, on lit que : « Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme, et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : l’islamisme. ». Ce manifeste fut repris in extenso par l’hebdomadaire français L’Express, le mensuel français TOC et le quotidien suisse Le Temps et eut un certain écho international.?
Parmi les signataires de cet appel, on compte Bernard Henri Lévy et Caroline Fourest. Cette dernière est l’auteur d’un essai, récompensé, comme celui d’A. Adler, par le Prix du livre politique de l’Assemblée nationale en 2006, intitulé La Tentation obscurantiste [7]. Dans cet ouvrage, paru en même temps que d’autres avec une problématique équivalente, Melle Fourest oppose deux traditions de gauche : une « antitotalitaire » qui après avoir combattu le stalinisme s’attaquerait à l’islamisme, et une « tiers-mondiste », qui, par sentiment de culpabilité colonial, accepterait tout de la part des islamistes, sans discernement. Elle appelait bien sûr à la mobilisation de la première contre la seconde. Bernard Henri Lévy pour sa part, popularisa, au travers de ses éditoriaux dans l’hebdomadaire français Le Point et de ses nombreuses interventions médiatiques, le terme de « fascislamisme », contraction de fascisme et d’islamisme, et présente régulièrement « l’islamisme » comme le « troisième fascisme » auquel le « monde libre » devrait faire face [8]. Cette dénonciation a même pris une dimension centrale dans ses productions récentes puisque, cet été, à l’occasion de la guerre au Liban, la totalité de ses chroniques a traité de cette question d’une manière ou d’une autre. Ainsi, l’auteur dénonçait-il le « fascislamisme » du Hamas et du Hezbollah manipulé par Damas et Téhéran [9] présentait l’islamisme comme un nouveau danger totalitaire [10] et comparait la guerre du Liban à la Guerre d’Espagne en plaçant, sans rire, Israël dans le rôle des Républicains espagnols [11]. Prenant pour argent comptant les déclarations des autorités britanniques [12] et avant même tout procès, il désigna comme des « fascistes » les personnes accusées par la police britannique d’avoir préparé des attentats contre des avions de ligne de l’aéroport de Londres [13]. Et, enfin, par un de ses étranges amalgames dont il a le secret, il assimila l’aveu de Gunther Grass de son engagement passé dans les Waffen SS, « ses surenchères soviétophiles » et le développement du « fascislamisme » pour présenter ces éléments épars comme un tout cohérent. [14].
Ces exemples ne sont pas des exceptions mais illustrent une tendance générale dans la presse française et au-delà. Les éditorialistes néo-conservateurs états-uniens, tel le très influent William Kristol [15], présentent eux aussi l’islamisme comme un nouveau péril comparable au stalinisme et au nazisme et il ne faut pas chercher très loin les ressemblances entre le « fascislamiste » de Bernard Henri Lévy, le « nazislamiste » d’Yvan Rioufol du Figaro et l’« islamofascism » de Frank Gaffney. Cette assimilation ne touche pas que les éditorialistes puisque, à titre d’exemple, l’ancien ministre français de l’Éducation nationale, Luc Ferry compara le développement de l’islamisme à la montée du nazisme (estimant même que la première était peut-être pire que la seconde) [16], l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, qualifia le terrorisme « islamiste » de « nouveau totalitarisme » [17] et son homologue allemand Joschka Fischer multiplia les commentaires similaires aussi bien dans son discours à Princeton en novembre 2003 [18] que dans l’interview qu’il accorda au journal Handelsblatt quelques mois plus tard [19]. Récemment, le 10 août 2006, George W. Bush en personne a, lui aussi, qualifié les citoyens britanniques accusés d’avoir préparé un attentat contre l’aéroport de Londres de « fascistes islamiques » [20] et son secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a présenté le « terrorisme islamiste » comme « un nouveau type de fascisme » [21]. Mais, après tout, qui a-t-il d’erroné à cette présentation des mouvements musulmans armés ? En effet, l’extrémisme, de quelque idéologie ou religion qu’il se réclame, ne vise-t-il pas à régenter de façon totale la vie de l’individu ? Un système politique fondée sur une application stricte des dogmes religieux ne viserait-il pas à régenter l’intégralité des domaines de la vie des individus, exerçant donc un contrôle total sur son existence ? Et l’immersion de l’État dans la totalité des domaines de la vie d’un individu, y compris le domaine privé, n’est il pas l’essence même d’un système totalitaire ? En se basant sur ce raisonnement, on devrait donc pouvoir affirmer que les mouvements musulmans armés sont des partis totalitaires et que les combattre revient à combattre le totalitarisme. CQFD !
Ce n’est toutefois pas si simple.
D’abord parce que le mot « totalitarisme » n’a jamais été un terme politiquement neutre se bornant à désigner des régimes oppresseurs, mais un slogan pour mobiliser l’Alliance atlantique contre le Pacte de Varsovie sur la base d’un amalgame entre communisme et nazisme. Nous y reviendrons. Ensuite parce que le mot « islamisme », lorsqu’il désigne des mouvements musulmans armés n’a pas plus de cohérence : qu’il y a-t-il de commun entre les révolutionnaires iraniens renversant la dictature sanglante du Shah, les salafistes algériens tentant d’imposer le retour d’un modèle révolu de société, le Hamas luttant contre l’apartheid en Palestine, le Hezbollah résistant à l’invasion du Liban par Israël, et les auteurs présumés des projets présumés d’attentat à Londres ? Rien, hormis leur religion et le préjugé selon lequel elle serait, elle, intrinsèquement violente. Et si l’on doit utiliser cette catégorie, pourquoi n’y place t-on pas les mercenaires de Ben Laden luttant contre les Soviétiques en Afghanistan, le Mouvement de libération du Kosovo organisant des attentats à la bombe au centre de Pristina, le gouvernement tchétchène en exil à Washington commanditant des attentats en Russie, etc ? C’est que le mot « islamisme » lui même n’a aucune base claire et n’est pas un terme académique mais un mot médiatique qui a connu des fortunes diverses et qui s’est imposé progressivement pour faire formellement la distinction entre le « bon » islam et le « mauvais » islam. A propos de la popularisation du mot « islamisme » dans les médias, et notamment à la télévision, le journaliste Thomas Deltombe précise : « A vouloir absolument maintenir une vision morale et binaire qui distingue le « bon » du « mauvais » islam, le journalisme télévisé - mais il n’est pas le seul - se retrouve dans une situation ambiguë. Il a certes commencé à réformer, oralement et formellement, la vision occidentale séculaire d’un islam intrinsèquement nuisible et étranger, mais il continue, dans le même temps, à relayer, implicitement et sur le fond, une vision toujours négative d’un phénomène religieux qu’il perçoit comme suspect et extérieur. ». [22]. Les mouvements musulmans armés servant les intérêts occidentaux doivent nécessairement faire partie du « bon » islam et ne peuvent donc pas être aggloméré dans le « mauvais » islam qu’est l’islamisme.
Il va sans dire, mais il va mieux en le disant, que dénoncer les concepts flous de totalitarisme ou d’islamisme ne vise pas à nier que des communistes ou des musulmans aient développé des formes intolérantes, obscurantistes et criminelles de leur idéal ou de leur foi. Pas plus que rappeler ces dénaturations au sein du communisme ou de l’islam ne vise à nier que des phénomènes similaires se produisent à l’intérieur d’autres mouvements idéologiques ou religieux.
Refuser l’emploi de la rhétorique du « totalitarisme islamique » ou en voir ses limites évidentes ne signifie pas abandonner la laïcité, mais au contraire la défendre en s’affranchissant du discours dogmatique des pontifes du néo-conservatisme.
Pour bien comprendre cette rhétorique, il est important de revenir sur les origines de l’emploi du mot « totalitarisme » et sur son passage du statut de concept au service de l’analyse politique à celui de qualificatif moral servant à stigmatiser l’adversaire. L’histoire de ce terme a d’autant plus d’importance qu’il a changé de sens et a évolué au fil du temps.
De l’outil d’analyse à l’arme de la Guerre froide
On trouve la première utilisation du terme dans un discours de G. Amendola, un opposant italien aux fascistes, prononcé le 22 mai 1923 et dénonçant leur mainmise sur les différentes institutions italiennes. Bien que péjoratif, Mussolini va cependant reprendre ce terme à son compte et le revendiquer dans un discours prononcé le 22 juin 1925 avant que Gentile, théoricien fasciste, ne le développe dans son ouvrage La Doctrine fasciste, en 1932. Parallèlement, le concept de régime totalitaire va gagner en popularité dans les années 30 mais à l’époque, il ne désignera que les régimes fascistes et nazis. C’est en 1939, avec la signature du pacte germano-soviétique, que le concept de « régimes totalitaires » va être étendu au régime stalinien dans les pays à forte tradition anti-marxiste et dans l’establishment européen. Toutefois, à partir de 1941 et de l’attaque du Reich contre l’URSS, cette dénomination globalisante va être mise, temporairement, en sommeil.
Après la Seconde Guerre mondiale, les historiens et politologues vont se pencher sur le nazisme pour tenter d’expliquer le phénomène. Mais très vite, la Guerre froide se développant, on va assister à une cristallisation des modèles explicatifs à l’Est et à l’Ouest autour de deux approches concurrentes. A l’Est, dans le bloc communiste, c’est, évidemment, une approche marxiste qui sera privilégiée. La théorie du Komintern définit le fascisme comme une réaction de la bourgeoisie face à l’effondrement du capitalisme. Par conséquent, les régimes fascistes et nazis ont une plus grande proximité avec le bloc occidental qu’avec l’URSS puisque le fascisme est une évolution probable des régimes des pays adverses.
A l’opposé, le bloc occidental va retrouver le concept de « régime totalitaire » et va lui donner un nouveau souffle. Se concentrant sur les points de similarités entre les régimes nazis, fascistes et soviétiques, le modèle totalitaire va permettre politiquement de présenter le régime stalinien comme le reflet du régime hitlérien et de faire de la démocratie libérale leur contre-modèle absolu.
Ce point de vue va très vite l’emporter dans l’establishment occidental. C’est en Allemagne, enjeu majeur de la Guerre froide, que la grille d’analyse totalitaire va être la plus développée. Ainsi, cette logique se retrouvera dans la loi fondamentale adoptée en 1949 en République fédérale d’Allemagne (RFA). Cette constitution vise explicitement à empêcher un retour du régime nazi mais également à ce que jamais le communisme ne puisse se développer en RFA. Ce sont également deux Allemands exilés aux États-Unis, Hannah Arendt et Carl Friedrich, qui vont être les principaux concepteurs de la définition universitaire du totalitarisme.
Hannah Arendt publiera The origins of Totalitarianism en 1951. Elle se livre à une analyse passionnée de la montée du nazisme, de sa radicalisation inéluctable et de sa nature intrinsèquement destructrice. Toutefois, l’analyse du stalinisme est bien moins convaincante et sera largement critiquée par les analyses postérieures (notamment sa perception d’un remplacement d’une société de classe par une « société de masse » ou bien son absence d’analyse historique de l’émergence du nazisme [23]). Carl Friedrich pour sa part va développer son analyse dans un article intitulé « The Unique Character of Totalitarian Society », dans l’ouvrage collectif Totalitarianism paru en 1954. Il y développe un modèle en cinq points censés définir les caractéristiques du totalitarisme. Pour Friedrich, le régime totalitaire se définit par : une idéologie millénariste officielle ; un parti unique de masse ; le monopole des moyens de combat ; le monopole des moyens de communication ; un contrôle policier terroriste, qui définit lui-même arbitrairement ses adversaires. Friedrich critiquera les analystes qui confondent totalement le régime nazi et le régime stalinien mais conclura cependant que les similitudes entre nazisme et communisme l’emportent sur leurs différences.
En 1956, avec la déstalinisation, ce modèle semble perdre de sa pertinence. Zbigniew Brzezinski, futur conseiller de sécurité nationale du président démocrate Jimmy Carter, adaptera la grille d’analyse totalitaire à cet événement. Dans son article « Totalitarianism and Rationality » publié dans l’American Political Science Review, il estime que les techniques de manipulations et d’encadrements, étudiées par ses prédécesseurs, fonctionnent au service d’un objectif révolutionnaire, qui ne consiste ni à geler la société ni à changer de classes dominantes, mais à remplacer le pluralisme par l’uniformité. Or la « rationalité » des techniques d’encadrement peut entrer en conflit avec le dynamisme sans frein des objectifs, ce qui donne à l’histoire de ces régimes une allure heurtée. Ainsi, la déstalinisation ne serait qu’une péripétie dans un régime demeurant totalitaire. La même année, Carl Friedrich et Brzezinski vont s’associer pour rédiger la première édition de Totalitarian Dictatorship and Autocracy. Dans ce livre, Friedrich amende son modèle en cinq points et lui en ajoute un sixième : le contrôle de l’économie par l’État.
S’inspirant des travaux de Friedrich, Raymond Aron estimera en 1958, dans Démocratie et totalitarisme, que le totalitarisme a cinq caractéristiques : un parti disposant du monopole de l’activité politique ; une idéologie officielle d’État ; le monopole du contrôle « des moyens de force et celui des moyens de communication » ; un contrôle de l’économie par l’État et la mise en place d’une terreur policière et idéologique [24]. La gauche européenne refusera la confusion entre nazisme et communisme qui découle de ces théories et, dès les années 60, les milieux universitaires vont également se détourner de ces analyses qu’ils jugeront rapidement obsolètes. En effet, à vouloir se concentrer sur les similarités, la grille d’analyse totalitaire ignore ce qui fait la différence entre les régimes fascistes et les régimes communistes aussi bien au niveau de l’organisation, que de l’idéologie ou des méthodes de prise de pouvoir. Ainsi, en se plaçant dans un modèle unique le nazisme et le communisme, les analystes perdent de vue l’opposition entre l’élitisme fasciste et l’égalitarisme communiste ou le poids de la bourgeoisie dans l’émergence du fascisme. Il n’y a également rien de comparable du point de vue de l’organisation, entre la système mis en place en Allemagne par Hitler et l’URSS de Staline.
Mais l’analyse totalitaire garde tout son attrait pour les milieux conservateurs et chez les intellectuels atlantistes rassemblés et stipendiés par la CIA au sein du Congrès pour la liberté de la culture [25]. Ainsi, si les débats universitaires s’éloignent de ces théories, la grille d’analyse totalitaire continuera d’être enseignée et soutenue auprès du grand public. Ainsi, le 5 juillet 1962, en RFA, ,la conférence des ministres de l’Éducation des Länders déclare : « Les professeurs de toutes disciplines ont le devoir d’initier les élèves aux caractéristiques du totalitarisme et aux aspects principaux du bolchévisme et du national-socialisme, qui sont les deux systèmes totalitaires les plus importants du XXième siècle » [26]. La presse dominante ne tient pas non plus compte de la remise en cause de ce modèle d’analyse. Dans son étude de la question nazie dans la presse ouest-allemande en 1963-1964, Das 3. Reich in der presse des Bundesrepublik, R. Kühnl, observe que la comparaison entre le succès des SA chez les classes populaires dans les années 30 en Allemagne et les succès communistes sont fréquents, de même que les mises en convergence entre l’Allemagne nazie et l’URSS alors que la complicité de la grande bourgeoisie avec Hitler est minimisée.
La notion de « totalitarisme », pas plus que celle de « fascisme » n’est une notion purement objective. Dès lors que l’analyse scientifique du totalitarisme perd de son intérêt, ses promoteurs vont de plus en plus insister sur la dimension politique et morale du concept. Ainsi, le totalitarisme va cesser d’être le sujet d’étude de politologues et d’historiens pour devenir le cœur du discours des intellectuels atlantistes. En France, le phénomène médiatique que représentera « les nouveaux philosophes » pose la question totalitaire au cœur de son analyse. Et les intellectuels médiatiques issus de ce mouvement, tel André Glucksman ou Bernard Henri Lévy, l’utiliseront très fréquemment pour stigmatiser d’abord tout régime communiste, puis tout adversaire désigné de « l’Occident » associé abusivement à la démocratie libérale. Dans leurs travaux, le « totalitarisme » va donc devenir l’ennemi absolu et, par retournement de perspective, chaque ennemi sera dépeint comme une nouvelle émanation d’un totalitarisme décidément protéiforme.
La question du totalitarisme va également servir d’argument politique et de guide officiel de certaines politiques. Ainsi, quand, à la fin des années 70, Jimmy Carter et son conseiller Zbigniew Brzezinski remettent en cause les alliances kissingeriennes avec les dictatures militaires sud-américaines, Jeane Kirkpatrick critiquera leurs renversements d’alliance dans la revue Commentary au nom de la lutte antitotalitaire. Dans son article de 1978, « Dictatorships and Double Standards », celle qui deviendra l’ambassadrice à l’ONU de Ronald Reagan, affirme que les États-Unis ont raison de soutenir les dictatures militaires en Amérique du Sud. Ces régimes ne seraient en effet que des régimes autoritaires laissant davantage de liberté à leurs concitoyens que les régimes totalitaires que sont les régimes communistes. Par conséquent, les États-Unis doivent apprendre à faire la distinction entre ces régimes et, au moins temporairement, apporter leur soutien à des dictatures combattant les mouvements « totalitaires » et assurant ainsi la promotion des intérêts états-uniens. L’article fit d’autant plus de bruits qu’il émanait d’une Démocrate (Mme Kirkpatrick n’adhèrera formellement au parti Républicain qu’en 1985) et qu’il attaquait la politique étrangère conçue par Zbigniew Brzezinski sur son propre terrain de recherche et d’étude. L’argumentaire de Mme Kirkpatrick servira de base théorique à la politique étrangère de Ronald Reagan.
Proposant un cadre permettant de justifier la politique étrangère du bloc occidental, de stigmatiser les ennemis sur un registre politique et moral et créant un repoussoir absolu présenté comme l’antithèse de la démocratie, le « totalitarisme » va passer en un demi-siècle d’un concept servant d’explication au fascisme à un mot du langage commun permettant de diaboliser tout adversaire. N’ayant plus de réelles prétentions scientifiques, ce concept sera souvent utilisé comme synonyme de « fascisme » et, par le biais de l’assimilation entre communisme et nazisme qu’offre le totalitarisme, les communistes deviendront parfois les « fascistes rouges » sous la plume de certains auteurs atlantistes. L’« antitotalitarisme » deviendra le socle idéologique officiel de la gauche atlantiste européenne et l’un des aspects de ce qu’en France on qualifia de « pensée unique » [27].

L’adaptation à l’après Guerre froide
Toutefois, avec la fin de la Guerre froide, la notion d’antitotalitarisme perdra de sa vigueur. Sa rhétorique demeurera dans les attaques contre Cuba, la Corée du Nord, l’Irak de Saddam Hussein ou l’ex-Yougoslavie de Milosevic, mais son usage sera moins fréquent. En France, la recherche sur le communisme de la fin des années 90 sera cependant marquée par une résurgence de la comparaison communisme-nazisme avec la très médiatique publication du Passé d’une illusion de François Furet [28] et surtout la sortie du Livre Noir du communisme [29]. Cet ouvrage collectif qui devait être préfacé par F. Furet (mort la même année) fut finalement préfacé par Stéphane Courtois. C’est l’introduction de ce dernier, multipliant les associations entre communisme et nazisme qui fit scandale, allant jusqu’à provoquer un débat à l’Assemblée nationale française du fait de la présence de ministres communistes au sein du gouvernement de Lionel Jospin.
Aujourd’hui, avec la « guerre au terrorisme », on assiste à une résurgence de la rhétorique antitotalitaire. Et à nouveau, cette rhétorique est employée pour construire une assimilation entre différents régimes ou mouvements n’ayant finalement que peu de liens. D’ailleurs, cet usage de la classification « totalitaire » dans la « guerre au terrorisme » ne se fonde plus que sur l’usage politique ou moral de l’épithète. On parle de « nouveau totalitarisme » pour désigner l’islamisme ou le terrorisme islamiste mais en quoi l’islamisme entre-t-il dans la définition du totalitarisme de Arendt, Aaron, Friedrich ou Brzezinski ? D’ailleurs, ce dernier a réfuté la comparaison, la jugeant aussi inopportune que néfaste à long terme pour la politique états-unienne en la ridiculisant [30].
Mais quoi qu’en dise Zbigniew Brzezinski, cette rhétorique présente en tout cas des avantages à court terme. On en compte quatre principaux.
Tout d’abord, présenter l’islamisme comme un nouveau totalitarisme comparable au nazisme et au communisme participe d’une dramatisation. En assimilant l’islamisme à un système politique comparable au nazisme ou au communisme (ce qui est l’une des thèses centrales de l’orientaliste Bernard Lewis [31]), on peut inventer la menace et justifier ainsi des dépenses militaires considérables. La multiplication de parallèles entre le 11 septembre et Pearl Harbour et le lieu commun des éditorialistes néo-conservateurs ou américanistes sur la dangerosité supérieure du monde d’aujourd’hui par rapport à la Guerre froide soutiennent également ce point de vue. Si l’islamisme est comparable au nazisme, il convient d’être prêt à l’affronter et de disposer de forces militaires adaptées au conflit à venir. Si l’islamisme rend le monde plus dangereux que pendant la Guerre froide, il convient d’avoir un budget militaire supérieur à celui de la Guerre froide.
Par ailleurs, assimiler islamisme, nazisme et communisme permet de présenter les mouvements musulmans armés comme unifiés ou œuvrant au même but. Or, rien, dans les faits, ne permet d’affirmer que les mouvements qualifiés d’islamistes collaborent entre eux. Mais, par cet amalgame dans un mouvement « totalitaire » ou « fasciste » musulman, les experts médiatiques traitent de l’islamisme comme un tout. C’est ce qui leur a permis, au moment des cinquièmes commémorations des attentats du 11 septembre 2001, de parler en même temps des attentats imputés à Al Qaïda, de la violence « islamiste » en Irak, du Hezbollah « islamiste » et de la bombe nucléaire « islamiste » iranienne. En un mot du « complot » islamiste contre « la » civilisation.
De plus, présenter le conflit comme une nouvelle confrontation opposant le monde démocratique à un danger totalitaire au nouveau visage permet de justifier l’existence d’une alliance « naturelle » du bloc occidental, assimilé au monde démocratique. Et en maniant les parallèles historiques plus ou moins hasardeux, de faire des États-Unis le dirigeant « naturel » d’un « monde libre » devant organiser sa légitime défense. Ce discours repose sur une présentation des États-Unis comme grand vainqueur de la Seconde Guerre mondiale (et donc à une minoration du rôle de l’URSS dans ce conflit) et de la Guerre froide.
Enfin, assimiler l’islamisme à un totalitarisme a aussi un intérêt pour délégitimer le discours de ceux qui remettent en cause la vulgate de la « guerre au terrorisme ». Si l’islamisme est bien un totalitarisme, ceux qui refusent de le combattre ou de voir en lui le plus grand péril de notre temps sont nécessairement des complices du totalitarisme, donc des adversaires de la démocratie, voire des criminels en puissance. Ainsi, en faisant le parallèle avec le stalinisme, Caroline Fourest a qualifié ceux qui, en France, à gauche, refusaient les simplifications et les amalgames autour de l’islam et du terrorisme d’« idiots utiles » ou de « compagnons de routes » de l’islamisme [32]. De son côté, Donald Rumsfeld a comparé le 29 août 2006, les adversaires à sa politique à ceux qui avant la Seconde Guerre mondiale prônait l’apaisement avec le nazisme [33]. Ni Melle Fourest, ni M. Rumsfeld ne sont les seuls à pratiquer ces comparaisons.
Alors, il ne faudrait plus employer le terme « totalitarisme » ? Toute velléité d’utiliser ce terme serait condamnée à servir la propagande américaniste ? Bien sûr que non. Toutefois, comme bien des concepts, et sans doute bien plus que beaucoup d’autres, la notion de totalitarisme est à manier avec précaution. Il convient d’en connaître les limites et de ne pas se laisser enfermer dans la rhétorique de ceux qui en font une arme politique pour stigmatiser leurs adversaires ou justifier des politiques coloniales.
Un grand merci à Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris VII. La partie historique de cet article sur la naissance du concept de « Totalitarisme » et les limites de cette approche lui doit beaucoup. Cédric Houssez est spécialiste français en communication politique, rédacteur en chef de la rubrique « Tribunes et décryptages » du Réseau Voltaire.
Sources :
Global Research
3-3 David Ray Griffin : 115 mensonges sur les attentats du 11 septembre .
Pour chaque mensonge, on se référera aux analyses du professeur David Ray Griffin dans son ouvrage Omissions et manipulations de la Commission d’enquête. Les chiffres entre parenthèse renvoient aux pages du livre dans son édition originale états-unienne.
1. L’omission de la preuve qu’au moins six des pirates de l’air présumés (dont Waleed al- Shehri, que la Commission accuse d’avoir poignardé une hôtesse de l’air du vol UA11 avant que celui-ci s’écrase sur la tour Nord du World Trade Center) sont toujours vivants (19-20).
2. L’omission des preuves concernant Mohamed Atta (comme son penchant signalé pour l’alcool, le porc et les danses érotiques privées – lap dances – ) sont en contradiction avec les affirmations de la Commission selon lesquelles il était devenu un fanatique religieux (20-21).
3. La confusion volontairement créée autour des preuves que Hani Hanjour était un pilote trop incompétent pour amener un avion de ligne à s’écraser sur le Pentagone (21-22).
4. L’omission du fait que les listes des passagers (flight manifests) rendues publiques ne contenaient aucun nom d’Arabe (23).
5. L’omission du fait qu’un incendie n’a jamais causé l’effondrement total d’un bâtiment à structure d’acier, ni avant ni après le 11 Septembre (25).
6. L’omission du fait que les incendies des Tours Jumelles n’étaient ni extrêmement étendus, ni particulièrement intenses, ni même très longs en comparaison avec d’autres incendies dans des gratte-ciels (de structures) similaires, qui eux ne se sont jamais écroulés (25-26).
7. L’omission du fait qu’étant donné l’hypothèse que les effondrements aurait été provoqués par l’incendie, la Tour Sud, touchée plus tard que la Tour Nord et en proie à des flammes de moindre intensité, n’aurait pas dû s’effondrer la première (26).
8. L’omission du fait que le bâtiment n°7 du WTC (qui n’a pas été touché par un avion et qui ne fut le théâtre que de petits incendies localisés) s’est aussi écroulé, un événement que l’Agence Fédérale pour le Traitement des Situations d’Urgence (FEMA) a reconnu ne pouvoir expliquer (26).
9. L’omission du fait que l’effondrement des Tours Jumelles (et du bâtiment n°7) présente au moins 10 caractéristiques d’une démolition contrôlée (26-27). 10. L’assertion que le coeur de la structure de chacune des Tours Jumelles était « un puits d’acier vide », une affirmation qui nie la présence de 47 massives colonnes d’acier qui constituaient en réalité le coeur de chaque tour et qui, selon la théorie de « l’empilement des étages » (the « pancake theory ») explicative des effondrements, aurait dû restées dressées vers le ciel sur de nombreuses dizaines de mètres (27-28).
11. L’omission de la déclaration de Larry Silverstein [le propriétaire du WTC] selon laquelle il décida, en accord avec les pompiers, de « démolir » (to « pull », argot technique) le bâtiment n°7 (28).
12. L’omission du fait que l’acier des bâtiments du WTC fut rapidement déblayé de la scène du crime et embarqué sur des navires à destination de l’étranger AVANT qu’il puisse être analysé pour y déceler des traces d’explosifs (30).
13. L’omission du fait que le bâtiment n°7 ayant été évacué avant son effondrement, la raison officielle invoquée pour le déblaiement rapide de l’acier [sur ce site] (que certaines personnes puissent être encore vivantes sous les décombres) ne faisait aucun sens dans ce cas précis (30).
14. L’omission de la déclaration du maire R. Giuliani selon laquelle il avait été prévenu que le WTC allait s’effondrer (30-31).
15. L’omission du fait que Marvin Bush, le frère du Président, et son cousin Wirt Walker III étaient tous les deux directeurs de la société chargée de la sécurité du WTC (31-32).
16. L’omission du fait que l’aile Ouest du Pentagone [celle effectivement touchée] était la moins susceptible d’être prise pour cible par des terroristes de al-Qaida, pour plusieurs raisons (33- 34).
17. L’omission de toute discussion pour établir si les dommages sur le Pentagone étaient compatibles avec l’impact d’un Boeing 757 se déplaçant à plusieurs centaines de kilomètres/heure (34).
18. L’omission du fait qu’il existe des photos montrant que la façade de l’aile Ouest ne s’est effondrée que 30 minutes après la frappe, et aussi que le trou d’entrée apparaît bien trop petit pour un Boeing 757 (34).
19. L’omission de tout témoignage contradictoire au sujet de la présence ou de l’absence de débris visibles d’un Boeing 757 que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du Pentagone (34-36).
20. L’absence de toute discussion pour établir si le Pentagone disposait d’un système de défense anti-missile capable d’abattre un avion de ligne commercial, bien que la Commission suggéra que les terroristes d’al-Qaida n’attaquèrent pas une centrale nucléaire parce qu’ils assumaient qu’elle serait ainsi défendue (36).
21. L’omission du fait que les images de différentes caméras de surveillance (y compris celles de la station service en face du Pentagone, dont le film fut confisqué par le FBI immédiatement après la frappe) pourraient sans doute donner une réponse à ce qui a réellement percuté le Pentagone (37-38).
22. L’omission de la référence du Ministre de la Défense D. Rumsfeld à « un missile [utilisé] pour endommager [le Pentagone] » (39).
23. L’approbation apparente de la réponse totalement insatisfaisante à la question de savoir pourquoi les agents des Services Secrets permirent au Président Bush de rester dans l’école de Sarasota à un moment où, selon la version officielle, ils auraient dû assumer qu’un avion détourné aurait pu prendre l’école pour cible (41-44).
24. L’échec à expliciter pourquoi les Services Secrets n’ont pas demandé la protection de chasseurs pour [l’avion présidentiel] Air Force One (43-46).
25. Les affirmations selon lesquelles lorsque le cortège présidentiel arriva à l’école [de Sarasota], personne dans l’assistance ne savait que plusieurs avions avaient été détournés (47-48).
26. L’omission du rapport selon lequel le Ministre de la Justice John Ashcroft fut averti d’arrêter de prendre des lignes aériennes commerciales avant le 11 Septembre (50).
27. L’omission de l’affirmation de David Schippers qu’il avait, sur la base d’informations fournies par des agents du FBI à propos d’attaques prévues dans le Sud de Manhattan, tenté en vain de transmettre cette information au Ministre de la Justice John Ashcroft pendant les 6 semaines précédant le 11 Septembre (51).
28. L’omission de toute mention que des agents du FBI auraient affirmé avoir eu connaissance des cibles et des dates des attaques [terroristes] longtemps à l’avance (51-52).
29. L’affirmation, par une réfutation circulaire qui présume la question résolue, que le volume inhabituel des achats d’options à la baisse avant le 11 Septembre n’impliquait pas que les acheteurs savaient à l’avance que les attaques se produiraient. (52-57)
30. L’omission des rapports selon lesquels le maire [de San Francisco] Willie Brown et certains responsables du Pentagone reçurent des mises en garde sur le fait de prendre l’avion le 11 Septembre (57).
31. L’omission du rapport selon lequel Oussama ben Laden, qui était déjà le criminel le plus recherché des États-Unis, fut traité en juillet 2001 par un docteur américain à l’hôpital américain de Dubai et y reçu la visite de l’agent local de la CIA (59).
32. L’omission des articles suggérant qu’après le 11 Septembre, l’armée américaine laissa délibérément Oussama ben Laden s’échapper (60).
33. L’omission de rapports, incluant celui sur la visite par le chef des services de renseignements saoudiens à Oussama ben Laden à l’hôpital de Dubai, qui sont en contradiction avec la version officielle selon laquelle Oussama fut renié par sa famille et son pays (60-61).
34. L’omission du compte-rendu de Gerald Posner sur le témoignage de Abu Zubaydah, selon lequel trois membres de la famille royale saoudienne (qui périrent tous mystérieusement à huit jours d’intervalle) finançaient al-Qaida et avaient une connaissance anticipée des attaques du 11 Septembre (61-65).
35. Le démenti par la Commission d’avoir trouvé une preuve du financement d’al-Qaida par les Saoudiens (65-68).
36. Le démenti par la Commission d’avoir trouvé une preuve que de l’argent de la femme du Prince Bandar, la Princesse Haifa, alla à des agents d’al-Qaida (69-70).
37. Le démenti, en ignorant tout simplement la distinction entre vols privés et vols commerciaux, que le vol privé transportant des Saoudiens de Tampa à Lexington le 13 Septembre violait les règlements de l’espace aérien en vigueur à cette date (71-76).
38. Le démenti que des Saoudiens furent autorisés à quitter le territoire des États-Unis peu de temps après le 11 Septembre sans avoir été l’objet d’une enquête appropriée (76-82).
39. L’omission de la preuve que le Prince Bandar obtint une autorisation spéciale de la Maison-Blanche pour les vols des Saoudiens (82-86).
40. L’omission de l’affirmation de Coleen Rowley que des responsables au Q.-G. du FBI avait vu le mémo de Phoenix de l’agent Kenneth Williams (89-90).
41. L’omission du fait que l’agent du FBI à Chicago Robert Wright affirme que le Q.-G. du FBI referma son enquête sur une cellule terroriste, puis tenta de l’intimider pour l’empêcher de publier un livre relatant expériences (91).
42. L’omission de la preuve que le Q.-G. du FBI sabota la tentative de Coleen Rowley et d’autres agents [du FBI] de Minneapolis pour obtenir un mandat pour rechercher l’ordinateur de Zacarias Moussaoui (91-94).
43. L’omission des trois heures trente de déposition devant la Commission par Sibel Edmonds, ancienne traductrice au FBI, déposition qui selon une lettre rendue publique par elle et adressée au Président [de la Commission] Kean, révélait de sérieuses dissimulations de la part de responsables du FBI, en relation avec le 11 Septembre, et ce au Quartier Général même du FBI (94-101).
44. L’omission du fait que le Général Mahmoud Ahmad, le Chef de l’ISI [les Services de Renseignement Pakistanais], se trouvait à Washington une semaine avant le 11 Septembre, et rencontra le Directeur de la CIA George Tenet ainsi que d’autres haut-responsables étasuniens (103-04).
45. L’omission de la preuve que Ahmad, le Chef de l’ISI [les Services de Renseignement Pakistanais] avait ordonné l’envoi de $100,000 à Mohamed Atta avant le 11 Septembre (104- 07).
46. L’affirmation de la Commission qu’elle ne trouva aucune preuve qu’un seul gouvernement étranger, y compris le Pakistan, avait financé des agents d’al-Qaida (106).
47. L’omission du rapport selon lequel l’Administration Bush fit pression sur le Pakistan pour limoger Ahmad de son poste de Chef de l’ISI après la divulgation de l’information selon laquelle il avait ordonné l’envoi d’argent de l’ISI à Mohamed Atta (107-09).
48. L’omission de la preuve que l’ISI (et pas seulement al-Qaida) était derrière l’assassinat de Ahmad Shah Massoud (le commandant de l’Alliance du Nord en Afghanistan), qui se produisit juste après une rencontre qui dura une semaine entre des responsables de la CIA et de l’ISI (110-112).
49. L’omission de la preuve que l’ISI est impliqué dans l’enlèvement et le meurtre de Daniel Pearl, journaliste au Wall Street Journal (113).
50. L’omission du rapport de Gerald Posner selon lequel Abu Zubaydah affirma qu’un officier militaire pakistanais, Mushaf Ali Mir, ayant des liens étroits avec l’ISI et al-Qaida avait une connaissance anticipée des attaques du 11 Septembre (114).
51. L’omission de la prédiction faite en 1999 par Rajaa Gulum Abbas, un agent de l’ISI, que les Tours Jumelles « s’effondreraient » (114).
52. L’omission du fait que le Président Bush et d’autres membres de son Administration évoquèrent à plusieurs reprises les attaques du 11 Septembre comme des « opportunités » (116-17).
53. L’omission du fait que le Projet pour le Nouveau Siècle Américain (« The Project for the New American Century »), dont de nombreux membres devinrent des figures clés de l’Administration Bush, publia un document en 2000 disant qu’un « nouveau Pearl Harbour » aiderait à l’obtention de fonds pour une transformation technologique rapide de l’appareil militaire américain (117-18).
54. L’omission du fait que Donald Rumsfeld, qui était le président de la commission de l’US Space Command et avait recommandé l’accroissement du budget alloué, utilisa les attaques du 11 Septembre le soir même pour s’assurer de tels crédits (119-22).
55. Le fait de ne pas mentionner que les trois hommes responsables de l’échec à prévenir les attaques du 11 Septembre (le Ministre Rumsfeld, le Général Richard Myers, et le Général Ralph Eberhart) étaient également les trois principaux promoteurs de l’US Space Command (122).
56. L’omission du fait que Unocal avait déclaré que les Talibans ne pouvaient pas garantir une sécurité adéquate pour commencer la construction de ses pipelines (de pétrole et de gaz) depuis le bassin Caspien au travers de l’Afghanistan et du Pakistan (122-25).
57. L’omission du rapport selon lequel des représentants des États-Unis dirent à l’occasion d’une rencontre en juillet 2001 que, parce que les Talibans refusaient leur proposition de développer la construction d’un oléoduc, une guerre contre eux commenceraient en octobre (125-26).
58. L’omission du fait que dans son livre publié en 1997 Zbigniew Brzezinski avait écrit que pour que les États-Unis maintiennent leur primauté globale, ils avaient besoin du contrôle de l’Asie Centrale, avec ses vastes réserves de pétrole, et qu’un nouveau Pearl Harbour serait utile pour obtenir l’adhésion de l’opinion publique américaine à ces visées impériales (127-28).
59. L’omission du fait que des membres clés de l’Administration Bush, dont Donald Rumsfeld et son délégué Paul Wolfowitz, s’étaient démenés en faveur d’une nouvelle guerre contre l’Irak pendant de nombreuses années (129-33).
60. L’omission des notes des conversations de Donald Rumsfeld le 11 Septembre qui montrent qu’il était déterminé à utiliser les attaques comme un prétexte pour une guerre contre l’Irak (131-32).
61. L’omission de la déclaration contenue dans le Projet pour un Nouveau Siècle Américain que « le besoin pour une présence américaine forte dans le Golfe dépasse le sujet du régime de Saddam Hussein » (133-34).
62. L’affirmation que le protocole de la FAA (Federal Aviation Agency) au sujet du 11 Septembre requérait le long processus de passer par plusieurs étapes dans la chaîne de commandement, même si le Rapport Officiel [de la Commission] cite des preuves du contraire (158).
63. L’affirmation que ces jours-là, seules deux bases de l’US Air Force dans le secteur Nord- Est du NORAD (North American Aerospace Defense Command pour Centre de Commandement de la Défense de l’Aérospatial de l’Amérique du Nord) conservaient des chasseurs en alerte et qu’en particulier il n’y avait pas d’avions de combat en alerte à McGuire ou à Andrews (159-162).
64. L’omission du fait que la base Andrews de l’US Air Force convervait plusieurs avions de chasse en alerte de façon permanente (162-64).
65. L’acceptation de la double affirmation que le Colonel Marr du NEADS (North East Air Defense Sector) devait téléphoner à un supérieur pour obtenir la permission d’envoyer des chasseurs depuis [la base] d’Otis et que cet appel nécessita huit minutes (165-66).
66. L’approbation de l’affirmation que la perte du signal du transpondeur d’un avion rend virtuellement impossible sa localisation par for par les radars de l’armée américaine (166- 67).
67. L’affirmation que l’interception de Stewart Payne n’a pas montré que le temps de réponse du NORAD au vol AA11 fut extraordinairement lent (167-69).
68. L’affirmation que les chasseurs de la base d’Otis restèrent cloués au sol sept minutes après qu’ils en eurent reçu l’ordre parce qu’ils ne savaient pas où aller (174-75).
69. L’affirmation que l’armée américaine n’était pas informée du détournement du vol UA175 avant 9h03, moment exact où il percutait la tour Sud du WTC (181-82).
70. L’omission de toute explication sur (a) la raison pour laquelle un rapport antérieur du NORAD, selon lequel la FAA avait notifiée les militaires du détournement du vol UA175 à 8h43, était maintenant considéré comme faux et (b) comment ce rapport, s’il était faux, a pu être publié et ensuite laissé non corrigé pendant près de trois ans (182).
71. L’affirmation que la FAA n’a installé de téléconférence qu’à partir de 9h20 ce matin-là (183).
72. L’omission du fait qu’un mémo de Laura Brown de la FAA affirme que la téléconférence fut établie à environ 8h50 et qu’elle porta notamment sur le détournement du vol UA175 (183-84, 186).
73. L’affirmation que la téléconférence de la NMCC, (le Centre National de Commandement Militaire ou National Military Command Center) ne débuta pas avant 9h29 (186-88).
74. L’omission, dans l’affirmation de la Commission que le vol AA77 n’a pas dévié de sa course avant 8h54, du fait que des rapports précédents avaient annoncé 8h46 (189-90). 75. L’échec à mentionner que l’annonce du crash d’un jet dans le Kentucky, à peu près au moment où le vol AA77 disparaissait du radar de la FAA, fut prise suffisamment au sérieux par les responsables de la FAA et de l’unité du contre-terrorisme du FBI pour être relayée à la Maison-Blanche (190).
76. L’affirmation que le vol AA77 vola près de 40 minutes dans l’espace aérien américain en direction de Washington sans être détecté par les radars des militaires (191-92).
77. L’échec à expliquer, si le précédent rapport du NORAD selon lequel il fut notifié du vol AA77 à 9h24 était « incorrect », comment ce rapport erroné a pu voir le jour, c’est-à-dire, de savoir si les responsables du NORAD ont menti ou furent « embrouillés » pendant près de trois ans (192-93).
78. L’affirmation que les avions de combats de Langley, dont le NORAD avait tout d’abord dit qu’ils furent dépêchés pour intercepter le vol AA77, furent réellement déployés en réponse à un rapport erroné de la part d’un contrôleur (non-identifié) de la FAA à 9h21 que le vol AA11 était toujours en l’air et se dirigeait vers Washington (193-99).
79. L’affirmation que les militaires ne furent pas contactés par la FAA à propos du probable détournement du vol AA77 avant que le Pentagone soit touché (204-12).
80. L’affirmation que Jane Garvey ne s’est pas jointe à la vidéoconférence de Richard Clarke avant 9h40, c’est-à-dire après que le Pentagone soit percuté (210).
81. L’affirmation qu’aucune des téléconférences ne parvint à coordonner la FAA et les réponses des militaires aux détournements parce « qu’aucune [d’elles] incluait les bons responsables au sein de la FAA et du Ministère de la Défense », bien que Richard Clarke dise que sa vidéoconférence incluait la Directrice de la FAA Jane Garvey comme le Ministre de la Défense Rumsfeld et le Général Richard Myers, le Chef des Forces Armées par intérim (211).
82. L’affirmation de la Commission qu’elle ne savait pas qui, au sein du Ministère de la Défense, participa à la vidéoconférence avec Richard Clarke alors que Clarke affirme dans son livre qu’il s’agissait de Donald Rumsfeld et du Général Myers (211-212). 83. L’approbation de l’affirmation du Général Myers qu’il se trouvait sur Capitol Hill pendant les attaques, sans mentionner le compte-rendu contradictoire de Richard Clarke, selon lequel Myers était au Pentagone et participait à la vidéoconférence avec Clarke (213-17).
84. L’échec à mentionner la contradiction entre le témoignage de Clarke au sujet de l’emploi du temps de Rumsfeld ce matin-là et les propres déclarations de Rumsfeld (217-19).
85. L’omission du témoignage du Ministre des Transports Norman Mineta, donné à la Commission elle-même, que le Vice-Président Cheney et les autres [personnes présentes] dans l’abri souterrain étaient avertis à 9h26 qu’un avion s’approchait du Pentagone (220).
86. L’affirmation que les responsables du Pentagone ne savaient rien d’un avion s’approchant d’eux avant 9h32, 9h34, ou 9h36, et dans tous les cas seulement quelques minutes avant que le bâtiment soit touché (223).
87. L’acceptation de deux versions contradictoires au sujet de l’appareil qui percuta le Pentagone : une qui relate l’exécution d’une spirale à 330 degrés vers le bas (un « piqué à grande vitesse ») et une autre dans laquelle il n’est pas fait mention de cette manoeuvre (222-23).
88. L’affirmation que les avions de chasse de Langley, qui reçurent soit-disant l’ordre de décoller rapidement pour protéger Washington contre le « vol fantôme AA11 » n’étaient nulle part près de Washington parce qu’ils furent envoyés vers l’océan par erreur (223-24).
89. L’omission de toutes les preuves suggérant que ce qui frappa le Pentagone n’était pas le vol AA77 (224-25).
90. L’affirmation que les militaires ne furent pas informés par la FAA du détournement du vol UA93 avant qu’il ne s’écrase (227-29, 232, 253).
91. La double affirmation que le NMCC n’a pas contrôlé la conférence initiée par la FAA et donc fut incapable de connecter la FAA à la téléconférence initiée par le NMCC (230-31).
92. L’omission du fait que les Services Secrets sont capables de savoir tout ce que sait la FAA (233).
93. L’omission de toute enquête sur les raisons pour lesquelles le NMCC lança sa propre téléconférence, si, comme Laura Brown de la FAA l’a dit, cela n’est pas le protocole standard (234).
94. L’omission de toute enquête sur les raisons pour lesquelles le Général Montague Winfield fut non seulement remplacé par un « bleu » (a rookie), le Capitaine Leidig, en tant que Directeur des Opérations du NMCC mais encore l’a laissé au commandement quand il fut clair que le Pentagone était confronté à une crise sans précédent (235-36).
95. L’affirmation que la FAA notifia (de façon erronée) les Services Secrets entre 10h10 et 10h15 que le vol UA93 était encore dans le ciel et se dirigeait vers Washington (237).
96. L’affirmation que le Vice-Président Cheney ne donna l’autorisation de tir qu’après 10h10 (plusieurs minutes après que le vol UA93 se fut écrasé) et que cette autorisation ne fut pas transmise à l’armée US avant 10h31 (237-41).
97. L’omission de toutes les preuves indiquant que le vol UA93 fut abattu par un avion militaire (238-39, 252-53).
98. L’affirmation que [le Tsar du Contre-Terrorisme] Richard Clarke ne reçut la demande d’autorisation de tir qu’à 10h25 (240).
99. L’omission du propre témoignage de Clarke, qui suggère qu’il reçut cette demande d’autorisation de tir vers 9h50 (240).
100. L’affirmation que Cheney ne gagna l’abri souterrain du PEOC [ou CPOU pour Centre Présidentiel d’Opérations d’Urgence]) qu’à 9h58 (241-44).
101. L’omission de multiples témoignages, dont celui de Norman Mineta [le Ministre des Transports] à la Commission elle-même, que [le Vice-Président] Cheney se trouvait dans le CPOU avant 9h20 (241-44).
102. L’affirmation que l’autorisation d’abattre un avion civil devait être donnée par le Président (245).
103. L’omission de rapports que le Colonel Marr donna l’ordre d’abattre le vol UA93 et que le Général Winfield indiqua que lui et d’autres [officiers] au NMCC s’attendaient à ce qu’un chasseur atteigne le vol UA93 (252).
104. L’omission de rapports indiquant qu’il y avait deux avions de chasse dans le ciel à quelques kilomètres de New York et trois à seulement 320 kilomètres de Washington (251).
105. L’omission du fait qu’il existait au moins six bases militaires avec des chasseurs en état d’alerte dans la région Nord-Est des États-Unis (257-58).
106. L’approbation de l’affirmation du Général Myers que le NORAD avait défini sa mission en termes de défense seulement contre des menaces dirigées [vers les Etats-Unis] depuis l’étranger (258-62).
107. L’approbation de l’affirmation du Général Myers que le NORAD n’avait pas envisagé la possibilité que des terroristes pourraient utiliser des avions de ligne détournés comme des missiles (262-63).
108. L’échec de mettre en perspective la signification du fait, présenté dans le Rapport lui-même, ou de mentionner d’autres faits prouvant que le NORAD avait effectivement envisagé la menace posée par des avions de ligne détournés d’être utilisés comme des missiles (264- 67).
109. L’échec de sonder les implications de la question de savoir comment les manoeuvres militaires (« war games ») programmées ce jour-là purent influer sur l’échec des militaires à intercepter les avions de ligne détournés (268-69).
110. L’échec de discuter la pertinence possible de l’Opération Northwoods avec les attaques du 11 Septembre (269-71).
111. L’affirmation (présentée pour expliquer pourquoi les militaires n’obtinrent pas l’information au sujet des avions détournés à temps pour les intercepter) que le personnel de la FAA inexplicablement faillit à suivre les procédures standards quelques 16 fois (155-56, 157, 179, 180, 181, 190, 191, 193, 194, 200, 202-03, 227, 237, 272-75).
112. L’échec de mentionner que l’indépendance proclamée de la Commission fut fatalement compromise par le fait que Philip Zelikow, son directeur exécutif, était virtuellement un membre de l’Administration Bush (7-9, 11-12, 282-84). (ndt : un proche collaborateur de Mme. Condoleeza Rice)
113. L’échec de mentionner que la Maison-Blanche chercha d’abord à empêcher la création de la Commission [Officielle d’Enquête sur les Attaques Terroristes du 11 Septembre], puis plaça de nombreux obstacles sur sa route, comme le fait de lui accorder un budget extrêmement restreint (283-85). (ndt : estimé à environ 15 millions de dollars, quand le film de fiction « Vol 93 » de Paul Greengrass en a coûté 18, et « World Trade Centre » d’Oliver Stone 4 FOIS PLUS soit 60 millions de dollars ; concernant le premier point, il a fallu attendre 441 jours pour que cette Commission soit créée et M. Bush proposa que M. Kissinger en soit le président…avant de se rétracter sous les critiques virulentes de l’opinion publique.)
114. L’échec de mentionner que le Président de la Commission, la plupart des autres Commissionnaires, et qu’au moins la moitié du personnel avait de sérieux conflits d’intérêt (285-90, 292-95).
115. L’échec de la Commission, qui se vantait que la présentation de son rapport final s’était faite « sans dissension », de mentionner que cela n’avait été possible que parce que Max Cleland, le Commissionnaire le plus critique à l’encontre de la Maison-Blanche qui jura « qu’il ne serait pas complice d’un traitement partial des informations » dut démissionner pour accepter un poste à la Banque Export-Import, et que la Maison-Blanche transmit sa nomination seulement après qu’il soit devenu très direct dans ses critiques (290-291).
Je terminerai en précisant que j’ai conclu mon étude de ce que je suis venu à appeler « le rapport de Kean-Zelikow » en écrivant ceci : Au final, le Rapport de la Commission d’enquête sur le 11 septembre, loin de chasser mes soupçons sur une complicité officielle ne servit qu’à les confirmer. Pourquoi les responsables chargés de la rédaction de ce rapport final s’engageraient dans une telle entreprise de supercherie, si ce n’était pour tenter de couvrir de très grands crimes ? (291).
David Ray GriffinAncien professeur de logique et de théologie à l’université de Claremont
Source : Réseau Voltaire
http://www.voltairenet.org/article143694.html#article143694