dimanche, décembre 31, 2006

N° 80 -journal de l'Afghanistan -30-12 :

Sommaire : :
1 Analyse
Des résistants
Des occupants
2 Occupation de l'Afghanistan
3 Politique
a) collaborateurs afghans
b) occupants
4 Lutte pour la libération du territoire
Détails.
L'Afghanistan en chiffre.
6 Brèves
6-1 Des commandants de la résistance échappent toujours aux forces internationales.
6-2 Un officier aurait été chassé pour avoir abandonné ses troupes.
7 Dossier & Point de vue
7-1 Point de vue de Mohammed Daud Miraki : Des armes US de destruction massive pour le génocide perpétré froidement contre les Afghans.
7-2 Point de vue de Roland Marounek : Afghanistan : Retour sur une supercherie.
8 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
8-1 Pierre Piérart : Halte aux armes à l’uranium appauvri !
8-2 Roland Marounek : Contre-Sommet de l'OTAN à Bruxelles.
9-0 Annexes
9-1 Guantanamo
9-2 Provinces Afghanes














Tiré à part :
28-12
Lorsqu'on leur demande l'homme le plus méchant (ndlr : synonyme de : abject, ignoble, odieux etc) de l'année, une majorité d'Américains du nord citent Bush loin devant Oussama ben Laden et Saddam Hussein, selon un sondage AP-AOL News.
AP
28-12
Le Département américain de la défense a rendu public jeudi le bilan de l’activité militaire aérienne pour la journée du mercredi 27 décembre.
33 sorties ariennes ont été enregistrées, dont certaines pour des missions d’appui au sol qui ont été concentrées dans la province méridionale de Helmand. Ainsi, des B-1 Lancers de l’US Air Force et des Harrier GR-7 britanniques ont bombardé des résistants qui étaient au contact de soldats de l’Isaf dans le district de Moussa Qala.
Un autre B-1 Lancer a fourni un appui dans le district de Naw Zad, dans la même province.
Enfin, des A-10 Thunderbolt et un B-1 Lancer sont venus en aide à des soldats de l’Isaf pris sous le feu da la résistance dans les environs de Lashkar Gah, chef-lieu de la province.
Bassirat.net avec Département américain de la défense
Marc
L'Afghanistan en chiffre du 22-12 au 30/12/06



tués
blessés



Usboys / Autres boys
4
3



Policiers, armée et collaborateurs
13
14



Peuple Afghan
21
13






1 La résistance contre l'agresseur
Occupation de l'Afghanistan
Belgique
28-12
Selon l’agence de presse privée afghane Pajhwok, la Belgique n'est pas en mesure d'envoyer des renforts en Afghanistan en raison des ressources limités du pays. L’annonce en a été faite lors de la visite du ministre de la Défense, André Flahaut, au contingent belge stationné à Koundouz, au nord-est de l’Afghanistan, dans le cadre de l’Isaf, dirigée par l’Otan. Les soldats belges sont chargés de ‘sécuriser’ l’aéroport de Kaboul et de ‘soutenir’ les équipes de reconstruction provinciales de Koundouz et de Mazâr-e Sharif (Nord).
Pajhwok
UK
27-12
Près de 5.600 soldats britanniques sont actuellement déployés dans le pays : 4.300 dans le sud et 1.300 à Kaboul.
L'Isaf a été confrontée cette année aux attaques les plus violentes depuis l'invasion de l'Afghanistan(fin 2001. ) notamment dans le sud et l'est du pays,
(afp- 11h30)
3) Politique
a) Les collaborateurs afghans
Les grandes manoeuvres
26-12
La présidence afghane s'est prononcée contre la construction d'une clôture et le minage sélectif de sa frontière avec le Pakistan pour empêcher les infiltrations, comme l'a officiellement annoncé Islamabad, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la présidence, Khaleeq Ahmad.
"La frontière n'est pas là où le problème réside", a-t-il ajouté, sans pouvoir dire dans l'immédiat si des mesures seraient prises par Kaboul pour tenter d'empêcher la mise en oeuvre du projet pakistanais.
(afp- 12h57)
b) Les occupants
5 Pakistan
26-12
Le Pakistan a officiellement annoncé qu'il allait ériger une clôture à sa frontière avec l'Afghanistan et installer des champs de mines afin d'empêcher les infiltrations des résistants dans ce pays.
Il compte également déployer des troupes supplémentaires sur cette frontière poreuse, a ajouté Riaz Mohammed Khan..
Riaz Mohammed Khan n'a pas fourni de précisions concrètes sur ces mesures, ni indiqué de date pour leur mise en oeuvre. Il a ajouté que des points de passage seraient installés.
Quant aux forces pakistanaises, elles comptent actuellement 80.000 hommes dans les régions bordant l'Afghanistan.
Ps : Cette annonce intervient alors que les critiques Us se multiplient, mettant en cause la bonne volonté du Pakistan face aux infiltrations (AP- afp- 12h57
4 Lutte pour la libération du territoire
Pertes des forces locales - Province non précisée
1-12
Deux interprètes afghans qui se trouvaient à bord d'un convoi militaire ont été tués par l'explosion d'un engin télécommandé dans le sud de l'Afghanistan, a-t-on appris auprès de l'Alliance.
Aucun militaire n'a(urait) été touché par l'explosion, selon la même source.
(ats 13:44)
Détails
Province du Badakhshan (septentrionale)
28-12
Des soldats allemands de l’Isaf, la Force internationale d’assistance à la sécurité dirigée par l’Otan, ont essuyé des tirs, a rapporté un porte-parole du ministère allemand de la Défense.
L’attaque s’est produite dans les environs de Fayzabad, chef-lieu de la province du Badakhshan,
Un civil (,) a été blessé.
Bassitat.net avec Deutsche Presse-Agentur
Province de Day Koundi
24-12
Selon l’agence de presse afghane Pajhwok, les résistants ont exécuté Malek Habib, chef du district de Gizab, dans la province de Day Koundi.
Bassitat.net avec Pajhwok
Province d'Helmand (sud de l'Afghanistan)
20-12
Un commandant des taliban a confirmé que le chef militaire du mouvement pour le sud de l'Afghanistan Akhtar Mohammad Osmani, avait été tué le 19 décembre au cours d'un raid de l'aviation américaine, ainsi que deux autres résistants.
Osmani était le chef des opérations militaires pour six provinces du sud de l'Afghanistan, région considérée comme leur fief. Ce secteur comprend les provinces de Helmand et de Kandahar où les troupes étrangères, notamment canadiennes et britanniques, ont essuyé de lourdes pertes en 2006.
Osmani contribuait également à la coordination entre leur hommes et d'autres groupes de résistance.
(Reuters & ATS)
27- 12
Selon l’agence de presse Bakhtar, la frappe aérienne qui a tué, le 19 décembre dernier, Akhtar Mohammad Osmani, membre du conseil de direction des taliban, a également été fatale a Hâdji Mashoq, et à un autre tâleb, Zahid.
Bassitat.net avec Bakhtar
27-12
Un soldat britannique a été tué et trois blessés(dont un blessé grave) dans une explosion dans le sud de l'Afghanistan, à annoncé l’Isaf) et le ministère britannique de la Défense.
Les britaniques effectuaient une mission de ‘reconnaissance’ autour de la ville de Garmsir, dans la province d'Helmand (sud), quand l'explosion, s'est produite, selon ces sources.
Un porte-parole des talibans, Mohammad Hanif, a affirmé que la résistance avait attaqué et tué quatre soldats de l'Isaf.
(ndlr : ce qui sera le chiffre correct)
(Bassitat.net avec afp- 11h30)
28-12
Deux policiers ont été tués jeudi dans l’attaque d’un check-point tenu par la police.
L’affrontement, qui s’est déroulé dans la région de Marja (district de Nad Ali), a duré une vingtaine de minutes, a affirmé Gholam Nabi Malakhel, chef de la police de la province.
(Bassitat.net avec AP et Pajhwok)
Province d'Herat (ouest de l'Afghanistan)
21-12.
Une bombe contrôlée à distance a explosé à proximité de l'aéroport de la ville au passage du convoi de Mohammad Ayoub, le commandant de la police des frontières. .
Quatre civils qui circulaient à vélo ont été tués et six personnes, Mohammad Ayoub et 5 de son escorte, ont été blessées.
(Bassitat.net avec AP et Pajhwok)
26-12
Mardi, des hommes armés non identifiés ont attaqué un convoi de la police entre les district d’Adraskan et de Farsi, tuant trois policiers et un collaborateurs civil qui voyageait dans une autre voiture.
Rappel : Il y a deux mois, le chef de la police d’Adraskan, Mohammad Siddiq, a été tué, avec cinq policiers, dans une embuscade similaire.
(Bassitat.net avec Pajhwok
Province de Kandahar (sud)
27-12
Un chauffeur (collaborateur) de camion pakistanais a été tué dans l’attaque d’un convoi composé de quatre camions-citernes, a annoncé un responsable afghan.
Le convoi devait ravitailler en carburant une base américaine établie dans le sud de l’Afghanistan.
Les trois autres chauffeurs ont été blessés.
(Bassitat.net avec The News)
27-12
Des soldats de l’Isaf, ont ouvert le feu sur un véhicule qui s’approchait de leur convoi, a rapporté un porte-parole de l’Isaf.
Un enfant a été tué par les tirs des soldats. La tuerie s’est produite à deux kilomètres de l’aéroport de Kandahâr qui ‘abrite’ de très nombreux soldats de l’Isaf.
(Bassitat.net avec Tolo TV)
Province de Khost (sud-est)
26-12
Au passage d'un convoi de la police afghane et de l'Isaf, une bombe a explosé, tuant au moins trois policiers et en blessant deux autres.
(Bassitat.net avec AP)
28-12
Jeudi soir, des résistants ont attaqué à la mitrailleuse lourde et au lance-roquettes un poste de police dans la province de Khôst, au sud-est de l’Afghanistan, a affirmé vendredi Mohammad Ayoub, chef de la police provinciale.
Appelé en renfort, un hélicoptère d’attaque de l’Isaf, la Force internationale d’assistance à la sécurité, a pilonné les positions des assaillants, tuant au moins 3 d’entre eux, a expliqué le chef de la police.
(Bassitat.net)
Khôst
28-12
Au moins sept résistants ( ?) qui été tués jeudi soir dans l’attaque du bazar de Khalbasat, dans le district de Bak, au sud-est de l’Afghanistan, a annoncé le gouverneur de la province.
Trois autres ont été blessés, a-t-il précisé.
Dans les combats, qui ont impliqué des soldats de l’Armée nationale afghane, de la coalition internationale et des policiers, six échoppes ont été brûlées et d’autres ont été pillées par la vingtaine d’assaillants, a affirmé le gouverneur.
Certains résistants ont réussi à regagner le Pakistan, a-t-il ajouté.
(Bassitat.net avec Pajhwok
30-12
L’explosion d’une bombe sur le bord d’une route des environs de la ville de Khôst a fait un mort, un mendiant âgé de onze ans, et quatre blessés, dont deux policiers.
L’incident s’est produit vendredi vers 11h00 heure locale.
(Bassitat.net avec AP, Pajhwok et Tolo TV)
Province d'Oruzgan (sud de l'Afghanistan)
22-12
Vendredi l'explosion d'une bombe au passage d'un véhicule de la police afghane a tué cinq policiers à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de Tarin Kôt, chef-lieu de la province d'Ourouzgân, au centre de l'Afghanistan.
(Bassitat.net avec AP)
Province de Paktikâ (sud-est)
25-12
Des combats opposant des résistants aux forces de police ont fait deux morts et sept blessés dans les rangs des iésistants, a annoncé gouverneur de la province Akram Khapalwak.
Les combats se sont déroulés dimanche soir dans les districts de Barmal et de Gomal, le long de la frontière avec le Pakistan, a-t-il précisé. Deux policiers( seulement ?) ont également été blessés lors de ces affrontements.
(Bassitat.net avec Xinhua
3-2 L'Afghanistan en chiffre : Guerre appelée "Enduring Freedom déclenchée en octobre 2001

Civils tués : ? + 2.183
Civils blessés : ? + 1.446 (chiffres trop bas)

Résistances afghans tués : : ? + 1.482
Résistances afghans blessés : ? + 1385 (chiffres trop bas)
Résistances afghans arretés : : ? + 725
Militaires Occupant tués : 683
Militaires Occupant blessés : ? + 736 (chiffre invraisemblablement bas...)
Suicides : ? + 20
CIA tués : : 4

Soldats /policiers tués : ? + 2.596
Soldats gouvernementaux Blessés : ? + 3.030 (chiffres trop bas)
Collaborateurs tués + armée pakistanaise) : 602
Collaborateurs Blessés : ? + 350
Collaborateurs disparus : ? + 14

Les chiffres indiqués sont vérifiés par le recoupement des chiffres des pertes communiqués par la résistance & les médias occidentaux & Bassirat.net
6 Les Brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
6-1 Des commandants de la résistance échappent toujours aux forces internationales.
24-12
Après la mort de Akhtar Mohammad Osmani, trois commandants en chef, ainsi que leur responsable final Omar, échappent toujours aux ‘forces internationales’ et continuent de mener la résistance en Afghanistan.
a) Figure mythique de la lutte antisoviétique, Jalaluddine Haqqani est considéré comme le numéro deux après le mollah Omar.
Agé d'environ 57 ans, ce commandant originaire de la province de Paktia (sud-est), ancien ministre des Frontières et des Affaires tribales sous le régime des talibans, dirige les opérations dans la région orientale, frontalière avec le Pakistan.
b) Dadullah, gé d'une quarantaine d'années, a été nommé par la Choura Rabari à la tête des opérations militaires pour tout le sud du pays après la mort de son prédécesseur Hafez Abdour Rahim, tué fin 2003 dans un raid US
c) Obaidullah Akhund, ancien ministre de la Défense sous le régime des talibans, est présenté par les Usboys comme "très proche" d'Oussama ben Laden (originaire d'Arabie saoudite) et de Omar dont il serait "l'émissaire permanent". Il a dirigé de nombreuses batailles sur le front du nord à la fin des années 1990.
d) Enfin, allié de circonstance contre les "croisés", l'ancien Premier ministre (1993) Gulbuddine Hekmatyar joue un rôle important dans l'est du pays, où son mouvement, le Hezb-i islami, est bien implanté.
Ce Pachtoune originaire du nord du pays a été l'un des commandants importants de la lutte contre les Soviétiques (1979-1989), pour laquelle il avait reçu un soutien des Pakistanais, mais surtout des Américains.
(avec Sylvie BRIAND de l’Afp).
6-2 Un officier aurait été chassé pour avoir abandonné ses troupes.
Toronto
Un sous-officier d'une unité des Forces armées canadiennes basée en Afghanistan aurait été renvoyé au Canada après avoir été présumément impliqué dans un incident que certains de ses subalternes qualifient de désertion.Le Globe and Mail a interviewé quatre membres du Premier Bataillon du Régiment royal Charles Company qui se sont plaints d'avoir été abandonnés par leur sous-officier alors qu'ils étaient soumis à un intense bombardement de l'ennemi, le 3 septembre dernier, dans le district afghan de Panjwaii.
Quatre militaires canadiens avaient laissé leur vie lors de ces combats.L'un des militaires interrogés, le Caporal Ward Engley, affirme que le sous-officier l'a laissé en pature face à la mort, préférant se réfugier derrière un mur. Le Lieutenant Jeremy Hitz ajoute que le sous-officier a même quitté un site de combat alors que deux de ses soldats venaient de se faire tuer
Le journal n'identifie pas le sous-officier soupçonné et n'indique pas s'il a fait l'objet d'une enquête ou s'il a été accusé en cour martiale. Après son retour au Canada, il a quitté les Forces armées canadiennes, semble-t-il.L'opération militaire du 3 septembre avait été décrite par les autorités militaires comme ayant été l'une des plus intenses depuis le début de l'engagement des troupes canadiennes en Afghanistan en 2002.
En plus des quatre soldats qui ont péri, neuf autres (voir note de la redaction) ont été blessés pendant les affrontements.L'attaque canadienne avait débuté à l'aube avec un assaut lancé par des blindés légers dans ce qui est considéré comme un bastion de la résistance.
Les insurgés avaient contre attaqué avec des armes légères et des lance-grenades.L'opération Méduse, ainsi baptisée par les forces de l'OTAN, regroupait alors la plupart des quelque 2200 troupes canadiennes participant à la mission de l'OTAN dans la province de Kandahar.
vendredi 29 décembre 2006
Presse Canadienne
Ndlr ; dans le journal N° 62 nous notions :
03-09Quatre soldats canadiens ont été tués et 6 canadiens ont également été blessés, dimanche dans des combats.
"Et il y a des signes que les troupes de l'Isaf dans cette zone délogent les résistants avec plus de 20 tués", a dit le commandant au cours d'une conférence de presse.
(C'est le premier bilan donné par l'Isaf depuis le lancement de l'opération)
(AFP 10h02)
7 Dossiers
7-1 Point de vue de Mohammed Daud Miraki : Des armes US de destruction massive pour le génocide perpétré froidement contre les Afghans.

Après avoir dit «nous allons les enfumer», Bush junior a mis sa promesse à exécution en faisant de la vie des enfants non encore nés une réalité inatteignable et de celle des nouveaux-nés une réalité insupportable, ce qui revient à condamner le peuple afghan et ses générations futures à une mort programmée.

«Après que les Américains eurent détruit notre village et tué nombre d’entre nous, nous avons perdu aussi nos maisons et n’avons plus rien à manger. Nous aurions néanmoins supporté ces tourments et nous en serions même accommodés si les Américains ne nous avaient pas tous condamnés à mort. Mais voyant mon petit-fils défiguré, j’ai compris que mes espérances étaient perdues à jamais, contrairement au désespoir nourri sous le régime barbare russe, bien que j’y aie perdu mon fils aîné Shafiqullah. Maintenant, je sais que nous sommes part du génocide invisible auquel les Américains nous ont condamnés, d’une mort tranquille à laquelle je sais que nous n’échapperons pas.» (Jooma Khan de la province de Laghman, mars 2003)

Ainsi s’est exprimé un grand-père afghan en deuil au sujet de l’éradication de sa famille et d’autres familles par les Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés. Un autre Afghan qui voyait venir sa mort a dit:

«J’ai reconnu cette mort lente, mais inéluctable, en voyant du sang dans mon urine et en ressentant de fortes douleurs aux reins et des difficultés respiratoires inédites. Dans ma famille, beaucoup se sont plaints d’être perturbés et des femmes enceintes ont subi de fausses couches, alors que d’autres ont mis au monde des enfants handicapés.» (Akbar Khan de la province de Paktika, février 2003)

La mort silencieuse frappe dans les familles et parmi les amisChaque jour, la mort incessante poursuit son œuvre funeste en Afghanistan. Quotidiennement, chacun constate que la mort frappe silencieusement dans sa famille et parmi ses amis, envisage sans espoir et avec horreur le prochain enterrement. Ce meurtre perpétré sans distinctions contre le peuple afghan se poursuit tandis que ceux dont les impôts financent les armes monstrueuses et qui occasionnent donc ce génocide font comme si tout était en ordre. Les images insupportables des mourants – dont les corps ne correspondent pas à leur âge, car ils ont aspiré tant de poussière d’uranium que leur morphologie osseuse en a été affectée – restent dans la mémoire des survivants, qui attendent avec effroi que leur heure sonne. Les femmes enceintes appréhendent la naissance de leur enfant, craignant de voir un bébé non en bonne santé, mais victime de malformations. Ainsi, la «libération» proclamée par les Etats-Unis n’aboutit qu’au meurtre sans distinctions des faibles et des désarmés, incapables de se défendre. En fait, il n’est pas possible de se défendre contre ces armes de destruction massive, car les particules d’oxyde d’uranium (poussière engendrée par le choc d’uranium contre une cible) restent au sol et dans l’eau, recouvrant la surface de la végétation pendant de nombreuses générations.

Si une bombe des Etats-Unis ou d’un de leurs alliés est tombée sur une ville ou un village afghans, le pays et ses habitants sont devenus un héritage meurtrier. Cet arrêt de mort se distingue de tous les autres parce que la région et ses générations futures sont condamnées à un génocide inéluctable. La tragédie est accentuée par la menace imparable, invisible, qui pèse sur chacun sans distinctions. De plus, la menace se terre au centre de l’existence, contaminant l’eau, le pays et ses habitants.

Les bombardements continuent
Le temps indiquera l’ampleur effective de la catastrophe. En raison des révélations sur la quantité et les types d’armes utilisées en Afghanistan, le pire n’a pas encore été atteint. Les avions de combat américains AC-130, A-10 (avions de combat terrestre comme les A-130) et les bombardiers B-52 (employés également pour soutenir les combats au sol et pour bombarder avec précision) bombardent quotidiennement les villes et les vil-lages afghans dès qu’une unité américaine de combat se heurte à de la résistance. Non seulement la mort se poursuit continuellement, mais chaque cargaison d’uranium appauvri est un nouveau clou dans le cercueil du peuple afghan.

En 2002, la masse considérable des munitions et armes lancées par les avions des Etats-Unis a accru les problèmes de santé à un rythme vertigineux. La situation est complètement différente de celle que les Irakiens ont connue après la première guerre du Golfe: des années s’étaient alors écoulées jusqu’à ce que des accidents de naissance, des malformations et d’autres problèmes de santé se soient produits. Cela reflète le grand nombre d’armes à l’uranium utilisées en Afghanistan, ce que de nombreux chercheurs, tels Dai Williams en Angleterre, le docteur Durakovic du Centre de recherches médicales sur l’uranium (UMRC) au Canada et le docteur Marc Herald aux Etats-Unis, ont déjà dénoncé. En outre, divers médias de renommée internationale comme «Le Monde diplomatique», «The Guardian» [le quotidien pakistanais de langue anglaise], «Frontier Post», la BBC, CBC, «al-Jazzera» ont traité des types d’armes dirigées contre des buts afghans, que ce soient des villages, des villes ou des réseaux de cavernes. Selon la BBC du 10 avril 2002, plus de 6600 bombes JDAM [Joint Direct Attack Munition, bombes dirigées au laser] ont été larguées sur l’Afghanistan. En octobre 2002, le «Boston Globe» écrivait:

«Contrairement aux armes plus anciennes, la nouvelle génération de celles-ci se distingue par des nouveautés dans la fixation de la hauteur de l’objectif et dans le pilotage par satellite. Les bombes dirigées au laser ont déjà fait leurs preuves en Afghanistan. Jusqu’en février [2002], les commandeurs ont largué 6600 de ces bombes. Les stocks ont diminué au point d’obliger à accroître la production dans une fabrique du Missouri.»

Jusqu’en octobre 2002, après une année d’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, plus de 10 000 tonnes de bombes ont été larguées sur le sol afghan (Socialist Worker Online, 11 octobre 2002). Que l’on s’imagine le bain de sang et la contamination causés par cet acte barbare! Un autre article, rédigé par Kate Randal, estimait le nombre de bombes à 12 000: «Depuis que les Etats-Unis ont commencé leur guerre contre l’Afghanistan, le 7 octobre [2001], ils y ont largué plus de 12 000 bombes. Selon le Pentagone, 60% de ces bombes étaient pilotées avec précision au moyen de satellites ou de rayons laser. Néanmoins, nombre de ces bombes, larguées de B-52 et d’autres bombardiers à quelques milliers de mètres d’altitude, ont dérivé et frappé des objectifs civils (WSWS, 29 décembre 2001).

Un an après le 11 septembre, Matt Kelley de Associated Press a dressé une statistique des munitions américaines de la manière suivante: «Les avions des Etats-Unis et de leurs alliés ont effectué plus de 21 000 vols au-dessus de l’Afghanistan, larguant plus de 20 000 projectiles. Environ 60% de ceux-ci – soit la part la plus importante de toutes les guerres jusqu’à maintenant – étaient pilotés avec précision.»

Le 10 avril 2002, le «Guardian» s’est exprimé de la même manière: «Durant les six derniers mois, plus de 22 000 armes allant des missiles de croisière aux bombes aérosols lourdes ont été larguées sur le pays. […] Les pilotes américains ont lancé plus de 6600 bombes guidées par satellite ou par rayon laser. […] Une bombe ou fusée sur quatre que les Etats-Unis ont larguées sur l’Afghanistan devrait avoir manqué son objectif.»

Les nouvelles générations d’armes contre des objectifs durs dont les ogives sont faites de métal dense ont contribué fortement à la contamination du sol, de l’eau et de la population.

Les systèmes d’armes suivants ont été utilisés pour bombarder le pays le plus pauvre de la planète, l’Afghanistan:

Les informations sur les brevets relatifs à nombre de ces armes révèlent l’emploi de métaux à forte densité, qu’il s’agisse d’uranium appauvri, non appauvri ou de tungstène. Ce dernier est moins probable, car il est plus cher et plus difficile à travailler. Le tungstène coûte davantage que l’uranium appauvri, pléthorique. L’industrie mondiale de l’uranium dispose de un million de tonnes d’uranium appauvri, qu’il y a lieu d’éliminer. Il est malaisé de travailler le tungstène, 1,75 fois plus dur que l’uranium et dont le point de fusion est de 3422°, alors que celui de l’uranium est de 1132°. De surcroît, l’uranium appauvri a un taux de combustion efficace, puisqu’il brûle fortement à l’air. Bombe incendiaire, il peut faire exploser la munition dans des chars d’assaut ou enflammer des dépôts souterrains d’armes et de carburants et détruire des gaz de combat chimiques ou biologiques. L’UMRC souligne ainsi les propriétés de l’uranium, appauvri ou non:

Comment les américains avouent eux-mêmes …
«Comme le DOD [ministère de la défense des Etats-Unis] le reconnaît lui-même, le métal qui répond le mieux à toutes ces exigences est l’uranium et les alliages d’uranium. En tant que premiers éléments d’alliages, le titan et le tungstène s’y prêtent moins bien. L’uranium appauvri et non appauvri a des caractéristiques structurelles uniques et ses propriétés chimiques permettent le mieux de détruire des objectifs enfouis profondément dans des abris bétonnés, d’atteindre des objectifs divers empêchant la pénétration de munition dans un secteur ou l’y maintenant et de percer des cibles protégées par une combinaison de céramique et de métaux.»

«L’uranium peut être travaillé pour s’affûter soi-même de manière à conserver sa pointe mais à livrer à la cible le matériau de l’ogive, ce que ni le titan ni le tungstène ne sont en mesure de faire. Grâce à la technologie de la métallurgie et à la nano-technologie, la structure du matériel de l’uranium peut être remodelée de façon à obtenir un certain choix de propriétés balistiques, tels des effets de métaux liquides, de haute pression, de température et de plasma cinétiques, thermiques et inflammatoires. L’uranium est un métal très simplement à disposition, bon marché à extraire et se trouvant en stocks surabondants des ministères de l’énergie et de la défense des Etats-Unis, ainsi que des entreprises d’armement.»

En raison de ces propriétés militaires avantageuses et de son coût peu élevé, l’uranium est préféré au tungstène. Si l’on en est conscient, les informations suivantes peuvent encore apporter quelque lumière sur la structure de ces armes axées sur l’UA. Compte tenu de la supériorité de l’uranium sur le tungstène, les explications du tableau des brevets américains (voir page de droite) devraient balayer tous les doutes à propos de la composition mortelle des armes qui ont fait de l’Afghanistan un pays inhabitable à l’abandon.

Dai Williams a dressé ce tableau, qui peut être consulté sur le site www.eoslifework.co.uk/u23.htm#USpatreport .

Comme le montre la citation suivante, les Etats-Unis ont modifié leurs munitions depuis 1997 en utilisant du métal à forte densité et en accroissant ainsi leur force de frappe: «Depuis 1997, les Etats-Unis ont modifié leurs obus et leurs bombes guidées par rayon laser et ont réarmé. En 1999, ils ont testé les prototypes de ces bombes dans les montagnes du Kosovo, mais en un volume beaucoup plus considérable en Afghanistan. Le réarmement consistait à remplacer les ogives conventionnelles par des ogives de métal lourd à forte densité. Calculant le volume et le poids de ce métal mystérieux, on aboutit à deux possibilités de conclusion: il s’agit soit de tungstène, soit d’uranium appauvri.» («Le Monde diplomatique», mars 2002)

«La charge explosive de l’UA contenu dans les systèmes de bombes déversés sur l’Afghanistan peut peser jusqu’à une tonne métrique et demie (comme dans les perce-abris de béton de Raytheon – GBU-28).» («Le Monde», mars 2002)

L’Uranium Medical Research Center (UMRC) a confirmé également l’utilisation d’armes de la nouvelle génération: «Des recherches indépendantes et des documents de programmes de développement d’armes de l’OTAN et des Etats-Unis auxquels le public a accès laissent entendre ou indiquent directement que des programmes de développement d’armes relatifs à des matériaux non fissibles (non thermonucléaires), UA compris, restent en cours. Les sources comprennent: les laboratoires de recherche militaire ainsi que les programmes de recherche & développement par sous-contrat; the US Science Based Stockpile Stewardship Program; the Federation of American Scientists; les rapports de soldats licenciés ainsi que les rapports annuels et la réclame d’entreprises d’armements indépendantes. Les avertissements sanitaires prodigués au personnel de l’opération Liberté immuable (OLI) par les forces armées américaines soulignent la présence de matières de contamination radioactives et recommandent aux troupes de prendre des mesures de protection. Dans le cadre de l’OLI, les unités de planification, les unités spéciales et les équipes chargées d’inspecter les places après leur bombardement ont reçu des instructions de protection contre l’irradiation, des détecteurs de rayons et des équipements de protection aussi bien avant que depuis l’occupation de l’Afghanistan.»

Le texte continue ainsi: «Le projet DBHT (Deeply Buried Hard Target – cible dure profondément enfouie) des Etats-Unis avait pour objectif de développer des armes permettant de détruire des stocks et des centres de fabrication d’armes biologiques, atomiques et chimiques d’Etats «filous»; selon l’US Strategic Military Plan et l’US Nuclear Posture Review, il entend utiliser de nouvelles catégories d’armes en Afghanistan et dans d’autres pays. Il était connu que les développements d’armes et les expériences de ce programme devaient être accélérés afin d’être à disposition pour une intervention éventuelle en Irak. La Maison blanche et le Pentagone ont souvent parlé du développement et de l’utilisation de fission nucléaire, de bombes sismiques détruisant des abris bétonnés et des cavernes, dotées d’un faible rayonnement et non axées sur la fission nucléaire. Dans leur construction, ces armes nécessitent des carcasses de fort lestage mais de faible diamètre pour pouvoir pénétrer profondément dans la terre et traverser des protections militaires renforcées, carcasses qui sont assez robustes pour supporter des accélérations considérables avant d’atteindre la profondeur où elles détoneront.»

L’UMRC souligne la différence entre ces armes et celles de la première guerre du Golfe: «Cette nouvelle génération d’armes et les objectifs pour lesquels elles sont conçues impliquent des caractéristiques et des fonctions particulières. Elles sont construites de manière à pouvoir se frayer elles-mêmes leur chemin et à traverser des objectifs particulièrement renforcés. Elles doivent aussi pouvoir détruire de 14 à 20 pieds [de 4 à 6 mètres] de béton massif. Contrairement aux corps de pénétration d’UA utilisés durant la première guerre du Golfe, qui devaient défaire des blindés, ces nouvelles ogives seraient utilisées avec une charge particulièrement explosive et/ou sous forte pression, avec charge creuse et détonation à retardement.»

L’aviation militaire des Etats-Unis recourt fortement, outre aux bombes et fusées, aux avions de combat AC-130 pourvus de canons 25 mm GAU-12 Gatling (1800 tirs par minute) à munition à l’UA, ce qui contribue à la contamination de l’environnement et à la misère des pauvres afghans. En outre, les troupes américaines au sol s’appuient fortement sur le «tueur de blindés» A-10, qui emploie des balles d’uranium appauvri de 30 mm. Ces deux systèmes contribuent quotidiennement à la misère des gens.

La catastrophe s’abattra sur de nombreuses générations d’enfants, de femmes et d’hommes habitant l’Afghanistan. Le docteur Michael H. Repacholi de l’Organisation mondiale de la santé écrit: «Les armes à feu répandent l’UA (uranium appauvri) en fines particules qui peuvent être aspirées, avalées avec la nourriture ou rester dans l’environnement.»

Il ajoute: «Les enfants risquent beaucoup plus que les adultes d’être contaminés par la nourriture et par l’eau s’ils reprennent leurs activités normales dans une région en guerre, car l’activité de la main à la bouche déployée lors de jeux empreints de curiosité aboutit à un prélèvement important d’UA à partir du sol contaminé». (The Laissez Faire City Times, vol. 5, n°44, 29 octobre 2001).

Lors d’une conférence de presse du ministère de la défense, le docteur Ross Anthony de la Rand Corporation s’est exprimé ainsi au sujet de l’UA: «Les reins sont la partie du corps la plus fortement en péril.» (The Laissez Faire City Times, vol. 5, n° 44, 29 octobre 2001).

Steve Fetter et Frank von Hippel ont écrit dans le Bulletin of the Atomic Scientists (1999): «Les doses de radiation à l’uranium appauvri auxquelles sont exposées les soldats ayant absorbé de cette substance peuvent être pénibles […]. La terre sur laquelle passent les particules d’uranium appauvri serait couverte d’une mince couche de poussière d’UA. Le vent et l’activité humaine feraient s’élever ultérieurement une partie de cette poussière en tourbillons. […] Sous la forme d’une couche de poussière d’UA, les munitions pourraient se déposer sur les céréales, être mangées par les hommes ou par les animaux mangés plus tard par les hommes. […] Toutefois, des estimations grossières incitent à penser que le risque de cancer causé par la consommation de produits contaminés serait moins grand que celui dû à l’aspiration.»

Ce qui se traduit par davantage de malformations, de maladies et de morts parmi les pauvres Afghans. Comme je l’ai indiqué dans l’un de mes rapports antérieurs (www.rense.com/general35/perp.htm), s’il a fallu cinq ans en moyenne pour que diverses malformations apparaissent après la première guerre du golfe, les Afghans ont commencé à se plaindre de différentes maladies quelques semaines déjà après le premier bombardement. La seule conclusion qui s’impose est que l’ampleur des armes basées sur l’uranium utilisées en Afghanistan est beaucoup plus considérable que celle enregistrée en Irak pendant la première guerre du golfe. Ce fait est confirmé par les nouvelles selon lesquelles, durant les cinq premiers mois du bombardement, 6600 bombes guidées par rayon laser ont été larguées sur l’Afghanistan, ce qui rend l’ampleur de la contamination par uranium beaucoup plus considérable que celle de l’Irak pendant la première guerre du Golfe.

L’apparition de problèmes sanitaires importants a suscité le désir d’en savoir plus parmi les scientifiques du monde entier et accru leurs soucis à propos de l’emploi d’uranium appauvri. Le Centre médical de recherches sur l’uranium (UMRC) a été le premier à entreprendre un travail scientifique consistant en deux voyages à Dschalalabad et à Kaboul. Voici les résultats provisoires de cet examen:

- La mesure de la concentration d’uranium dans les prélèvements d’urine de civils afghans relève un degré inhabituellement haut d’uranium non appauvri. Elle traduit une concentration d’uranium atteignant de 4 à 20 fois celle d’une population normale, ce qui dépasse de 400 à 2000% celle des études de contrôle et des données de base d’une population normale à propos de la concentration de nanogrammes d’uranium par litre d’urine dans un prélèvement de 24 heures.»

- «Les taux isotopiques de l’uranium contaminant mesurés dans la population civile de l’Afghanistan montrent qu’il ne s’agit pas d’uranium appauvri. Les isotopes d’uranium trouvés dans l’urine de la population civile afghane sont de l’uranium non appauvri.»

- «L’UMRC a examiné l’origine possible de cet empoisonnement. Les résultats de l’analyse radiologique de l’urine sont confirmés par des mesures radiologiques dans les ruines et fragments d’armes des lieux cibles et des cratères provoqués par les bombes de l’OEF (opération Liberté immuable).»

- «L’équipe de l’UMRC qui a mené l’enquête sur le terrain a rencontré plusieurs centaines de civils présentant des symptômes aigus et des symptômes considérés comme s’accentuant, chroniques, de contamination interne par l’uranium, y compris les problèmes congénitaux de nouveaux-nés. Il est dit à propos de chacun que ses symptômes coïncident avec la date du bombardement et qu’ils ne s’étaient pas manifestés avant le bombardement.»

- «Suivant la pratique habituelle, les mesures radiologiques de tous les spécimens d’urine indiquent l’ampleur de chacun des trois isotopes de l’uranium apparaissant naturellement (U-234, U-235 et U-238). Ces quantités sont mesurées comme une fraction de l’uranium qui se trouve dans un prélèvement d’urine de 24 heures. Les taux isotopiques de l’uranium contenu dans l’urine prélevée en Afghanistan correspondent, à l’évidence, à de l’uranium non appauvri (UNA).» (UMRC Preliminary Findings from Afghanistan & Operation Enduring Freedom, www.umrc.net/AfghanistanOEF.asp)

Les collaborateurs de l’UMRC communiquent ce qui suit à propos de l’UNA: «Il est vrai qu’il s’agit d’uranium pur, extrait des montagnes dans la phase qui précède la production de barres de combustible ou d’armes, et qu’il est bien meilleur marché que l’UA. La diffusion du gaz et le processus centrifuge qui aboutissent à l’enrichissement de l’uranium nécessitent tant d’énergie électrique qu’il faut recourir à certaines sources de production d’énergie – certains réacteurs n’ont été construits que pour mettre en marche le processus d’enrichissement. Ce sont également des technologies chères sur le plan de l’exploitation et de la capitalisation. Produit accessoire du processus d’enrichissement, l’UA est donc, par définition, beaucoup plus cher par tonne, puisqu’il doit être produit en phase d’enrichissement.»

Après avoir procédé à des prélèvements d’urine et de sol dans des lieux avoisinant Kaboul et Dschalalabad ainsi que dans d’autres endroits, l’UMRC a effectué des analyses scientifiques détaillées de ces prélèvements et a publié ses résultats le 21 mai 2003 sur le site www.umrc.net/AfghanistanOEF.asp:

- Les résultats de l’UMRC publiés en mai 2003 révèlent une assez large expansion de la contamination de l’homme et de son environnement dans la population civile afghane et confirment les résultats auxquels l’équipe avait abouti en novembre 2002 à Dschalalabad.

- Dans la région de Dschalalabad: de nouvelles valeurs de référence fondées sur des prélèvements et contrôles effectués récemment ont corrigé vers le haut les valeurs d’uranium, qui correspondent à 45 fois les valeurs normales.

- De nouvelles études reposant sur des examens biologiques ont révélé que, dans la région de Spin Gar (Tora Bora) et à Kaboul, l’empoisonnement par l’uranium avait atteint une ampleur se montant jusqu’à 200 fois la valeur de référence de la population non exposée.

- La surface de l’eau, les champs de riz et les bassins de canalisation touchant aux domaines bombardés et les entourant ont des valeurs élevées d’uranium qui atteignent jusqu’à 27 fois la valeur normale.

- Dans quelques prélèvements d’urine, le laboratoire a identifié des valeurs d’uranium 236 faibles, mais encore peu probantes; un nouvel examen est en cours, qui doit déterminer l’origine métallurgique de l’uranium, compte tenu de «l’uranium naturel commercial» contenant des barres de combustible recyclées qui proviennent de réacteurs.

- Les analyses de prélèvements du sol et de ruines prélevés dans des cratères creusés par des bombes lors de l’OLI ainsi que dans des lieux pris comme objectifs aboutissent à des valeurs d’uranium de 3 à 6 fois plus fortes que la normale.

- Les valeurs mesurées sur les surfaces du sol dans le voisinage des secteurs bombardés et dans la direction du vent de l’épicentre sont presque 3 fois plus élevées que les valeurs de référence.

- Les données prélevées sur place et celles de laboratoires prouvent que des échantillons contenant une part accrue d’uranium, des problèmes sanitaires de la population et le moment auquel celle-ci était exposée aux armes coïncident dans l’espace et dans le temps avec l’opération Liberté immuable.

Quand, me conformant aux découvertes de l’UMRC, j’ai chargé deux groupes d’observateurs sur le terrain de passer au peigne fin l’Afghanistan de l’Est et du Sud-est ainsi que Kaboul pour constater les effets de l’uranium sur la population, ils ont observé une situation effroyable. Ils ont examiné des secteurs étendus de tout l’Afghanistan. La contamination principale se trouve dans les régions de l’Est, du Sud-est, du Sud et du Sud-ouest, qui sont dominées par les Pashtouns. Les Etats-Unis et leurs alliés ont recouru à plus de 1000 tonnes d’uranium non appauvri et appauvri (la plupart proviennent de canons A-10 et AC-130 Gatling) contre le peuple afghan sans défense.

D’après les observateurs sur le terrain, le centre de la contamination est Tora Bora, la ligne de front de Bagram au nord de Kaboul, Shaikoot, Paktia, Mazar-i-Sharif et la ligne de front de Kundoz.

Données enregistrées par des observateurs sur le terrain
En raison de la contamination, des bébés naissent avec des malformations ou sont handicapés mentalement. De tels cas ont été observés dans les localités de Paktia, Nangarhar et Bagram, ainsi que dans le Mazar-i-Sharif et dans le Kundoz. Comme indiqué déjà dans mon dernier rapport, l’équipe d’observateurs a constaté de nouveau que, lors des bombardements effectués à Tora Bora, à Shaikoot et sur la ligne de front de Bagram, un grand nombre d’armes de protection anti-aériennes et de mitrailleuses avaient fondu.

Pendant le bombardement de Tora-Bora, de la ligne de front de Bagram, de Kundoz et de Mazar-i-Sharif, on a remarqué de nombreux soldats Talibans dont le sang coulait de la bouche, du nez et des oreilles. D’autres Talibans, déjà rentrés dans leur village, ont vomi du sang et avaient du sang dans leurs selles. Par la suite, nombre d’entre eux sont décédés.

A la suite du bombardement du village de Kuram, dans le district de Surkhraod, Nangarhar, ce village a été complètement détruit et nombre d’êtres humains sont morts sans blessures visibles. Après le bombardement de Khost, les secouristes ont observé des blessures de la peau. Ceux qui en souffraient ont vu leur état empirer, puis sont décédés.

Dans le district du Pachir Wa Agam, près du domaine cible de Tora-Bora, des femmes ont été frappées d’une maladie mortelle. Quelques mois après le bombardement, il a été constaté que des femmes de cette région s’excitaient à propos d’un rien, que cette excitation s’accélérait et aboutissait finalement à un effondrement mortel (observateurs sur le terrain de l’Afghan DU & Recovery Fund).

Mon équipe a signalé également que de nombreux enfants sont nés privés de certains membres, de leurs yeux, ou victimes de tumeurs venant de la bouche et des yeux. Si les déclarations de témoins et photos suivantes ont été recueillies en Irak, elles reflètent aussi l’état analogue de victimes afghanes. Elles montrent la situation effroyable dont souffre des enfants en Afghanistan comme en Irak.

Le père d’un des enfants de Paktia disait au sujet de son fils: «Voyant mon petit garçon avec ses effroyables tumeurs rouges, je me suis dit: Pourquoi les Américains comprennent-ils si difficilement qu’ils sont haïs dans notre pays? Si je faisais la même chose à un enfant d’une famille américaine, celle-ci aurait le droit de m’arracher les yeux. J’aimerais dire aux Américains qu’ils vivent leur vie de luxe au prix de la destruction de notre peuple.» (Assadullah, février 2003)

Le père d’une des victimes à Kundoz, dont la femme avait mis au monde un bébé victime de fortes malformations et qui ne ressemblait guère à un enfant, a dit à notre équipe de recherche, à Kaboul:

«Ma femme était enceinte, et nous nous réjouissions de la naissance de notre deuxième enfant. Le jour de l’accouchement, ma femme se sentait mal et disait qu’elle éprouvait des douleurs dans le bas ventre. Quand le bébé vint au monde, on pouvait à peine le considérer comme un être humain. C’était comme si quelqu’un l’avait battu, puis avait recouvert son corps de farine. Mon pauvre enfant semblait avoir été roulé dans une corbeille de farine. Lorsque ma femme vit le bébé, elle subit un choc. Cinq heures plus, elle était morte.» (Zar Ghoon, décembre 2002)

En parlant à l’un des chercheurs sur le terrain, un homme de Tora Bora perdit la maîtrise de soi, cria et demanda: «Que veulent encore les Américains? Ils nous ont tués, ils ont transformé nos nouveaux-nés en êtres déformés, ils ont fait de nos champs des cimetières et détruit nos maisons. Pour couronner le tout, leurs avions volent au-dessus de nos têtes et font pleuvoir des balles. Nous n’avons rien à perdre, nous les combattrons comme nous avons combattu le monstre précédent [l’ancienne Union soviétique].» (Sa’yed Gharib, avril 2003)

La plupart des êtres humains frappés de divers problèmes de santé sont morts; d’autres souffrent d’une maladie ou d’un non fonctionnement des reins, de confusion mentale, d’affaiblissement du système immunitaire et de douleurs aux articulations.

Je désire terminer ce rapport en citant une victime des bombardements américains: «Dites aux Américains que nous ne sommes pas des idiots. Vos mots et actions sont ceux du Méchant. Nous n’avons pas d’avions comme vous, mais nous avons ce que vous n’avez pas, à savoir des principes et une éthique. Nous ne ferons jamais aux enfants américains ce qui ressemblerait peu ou prou à ce que les Américains ont fait à nos enfants et à nos familles. Vous gagnerez peut-être quelques combats, mais nous l’avons déjà emporté dans le grand combat, celui du droit moral.» (Nurullah Omar-Khail, mars 2003) •
Mohammed Daud Miraki
Source: Mdmiraki@ameritech.net, (Traduction Horizons et débats)
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=DAU20061114&articleId=3857
7-2 Point de vue de Roland Marounek : Afghanistan : Retour sur une supercherie.
L'OTAN est en passe de réussir une remarquable reconversion médiatique, en se présentant comme "force de paix", force dévouée au service de la liberté, des droits de l'homme et de la démocratie, les trois mots-fétiches de notre temps. Une offensive médiatique insistante impose l'image d'une OTAN humanitaire, venant interrompre un génocide imaginaire au Kosovo, rétablissant la paix entre les communautés bosniaques qui avaient été armées par les membres mêmes de l'OTAN : en quelque sorte on présente à l'opinion l'image d'une OTAN remplaçant la force des Nations Unies, mais en mieux, plus efficace, mieux équipée, avec plus de moyens et d'unité de décision. Pas un machin trop multilatéral impuissant, rien que des démocraties agissant pour le bien.
A cet égard, l'implication de l'OTAN en Afghanistan est un cas d'école, tant pour la façon dont elle s'est déroulée, la rhétorique humanitaire avec laquelle on nous fait avaler cet embourbement militaire, que pour ce que cela nous peut apprendre des missions 'de paix' meurtrières à venir (Irak, Liban, Soudan…).
Le projet états-unien en Afghanistan
Peu de monde au sein du mouvement pour la paix n'a protesté lorsque les USA ont attaqué et envahi l'Afghanistan en 2001. Vu la réputation déplorable des Taliban et l'émotion soulevée par les attentats de 2001, il semblait très difficile de les défendre.
Les raisons d'envahir l'Afghanistan ont été présentées en gros de la façon suivante :
Pour réagir aux attaques contre le World Trade Center et le Pentagone du 11 septembre 2001, le gouvernement US devait, en état de légitime défense, attaquer les Taliban.
L'Afghanistan était le centre du terrorisme mondial et hébergeait son chef absolu. Il fallait que l’Occident fasse bloc contre la menace terroriste islamique, qui avait ses racines en Afghanistan.
Seule la stupéfaction provoquée par le nouveau Pearl Harbour - comme disait anticipativement Dick Cheney - peut peut-être expliquer pourquoi tant de monde a accepté aussi docilement cette vision des choses, en refusant de noter de simples évidences.
D'une part, et c’est le moins que l'on puisse dire, la version officielle du 11 septembre manque de consistance, les preuves de l'implications de Ben Laden et de l'hypothétique Al-Qaida se font attendre; on voit encore moins le lien avec les Taliban. D'autre part, la vision d'une structure maléfique unique, coordonnant tout le terrorisme dans le monde, avec à sa tête un personnage démoniaque, sort droit des comics et des films US. Que tant de gens 'sérieux' cautionnent de bonne foi cette fantaisie est déroutant. Enfin, il est certain que l'invasion de l'Afghanistan était préparée depuis des mois. « Au cours des 18 derniers mois, la CIA a travaillé avec les tribus et les seigneurs de la guerre au sud de l'Afghanistan, et des unités de la Special Activities Division ont contribué à créer un vaste nouveau réseau dans le bastion des Taliban », écrivait le Washington Post en novembre 2001, en même temps que des rapports étaient publiés, montrant que des menaces de guerre contre l’Afghanistan avaient été proférées dès juillet 20011.
Dans les faits, le terrorisme ne s’est évidemment pas arrêté avec l'invasion, au contraire. Plus personne ne parle de la capture de Ben Laden. Les histoires de laboratoires souterrains hyper-sophistiqués d'armes chimiques et biologiques dissimulées au fond des grottes afghanes étaient complètement bidon. Vous souvenez-vous des schémas présentés très sérieusement à la télévision ? L'Afghanistan était, et reste, un des pays les plus pauvres de la planète.
En septembre 2000, un an avant les tours, le groupe composant le Project For A New American Century (PNAC) sortait un rapport où on peut notamment lire :
Les États-Unis sont l'unique superpuissance. (…). La stratégie fondamentale a pour but de préserver et d'étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans l'avenir…. [La tâche de l'armée est] de prévenir la montée d'une nouvelle puissance rivale, de défendre les régions clés de l'Europe, de l'Asie de l'Est et du Moyen-Orient…. Il faut prévoir que l'Asie de l'Est deviendra une région d'importance croissante.… Le renforcement militaire US en Asie est la clé pour parer à la montée de la Chine.2
Quelques mois plus tard, les membres du PNAC se retrouvaient au pouvoir, et l'Asie Centrale subissait une invasion en règle. Cela n'a rien à voir ni avec 'Al Qaida', ni avec les Taliban, ni avec une prétendue lutte contre le terrorisme, qui serait bien curieusement inefficace. Cela a très précisément à voir avec ce qui est écrit noir sur blanc : la préservation de la puissance US et le contrôle des ressources énergétiques.
Le résultat concret de l'invasion, ce n'est pas la capture de Ben Laden, ou la fin du terrorisme, mais quatre bases permanentes à proximité de l’Iran, de la Chine et en direction de l’Asie Centrale, sans compter les installations secrètes et les zones interdites d’accès, et les bases US à l'intérieur même de l'ex-URSS
Quelle que soit la rhétorique dans laquelle on l'enveloppe, le rôle de l'OTAN en Afghanistan ne pourrait fondamentalement n’être rien d’autre que subordonné à l'objectif global états-unien.
Images d'Epinal
« Les Américains ont chassé les Mauvais qui opprimaient le peuple et singulièrement les femmes, et ont mis les Bons au pouvoir. L'Occident doit à présent protéger l'Afghanistan du retour des Mauvais, sans quoi ce pays retomberait dans le chaos et la misère. »
Une partie de l'histoire récente de l'Afghanistan est curieusement déformée. Au mieux, certains militants anti-guerre pensent qu'après que les USA aient aidé les Taliban contre les Soviétiques, les Taliban se sont retournés contre leur protecteur. En quelque sorte, 'les USA ont joué avec le feu, et ont malheureusement nourri les terroristes qui allaient les frapper’.
Cette théorie cautionne en passant la sincérité de la lutte actuelle des USA contre le terrorisme. Mais elle comporte une erreur factuelle importante.
Les USA ont dès 1979, avant l'intervention soviétique, financé, armé et entraîné les éléments les plus rétrogrades de la société afghane, les chefs religieux, des chefs de tribus inquiets de leurs privilèges, de manière à faire capoter l'expérience socialiste. Brzezinski l'a reconnu tout à fait ouvertement dans une interview en 19983. Les autorités afghanes et leur soutien soviétique se sont retrouvés confrontés à des milices islamistes rétrogrades, mais puissamment armées et équipées. Les hélicoptères soviétiques tombaient sous les fameux Stingers. Les efforts de développement et d'émancipation ont été effectivement brisés.
On peut mesurer à quel point l'Occident est préoccupé du sort du peuple afghan à cette réponse de Brzezinski : Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ?
Parmi les ‘combattants de la liberté’, Burhanuddin Rabbani, qui allait être le président de l'Afghanistan à la chute du pouvoir socialiste en 1992, et qui est aujourd'hui membre du parlement. Il s’agit d’un religieux originaire du Nord-Est, docteur en loi islamique, fondateur de l’Islamic Society of Afghanistan, l'une des multiples factions de la 'résistance' au pouvoir socialiste. Le commandant Ahmed Massoud était responsable de la branche militaire de ce parti.
En 1992, les fondamentalistes prennent le pouvoir. Le nouvel Etat islamique afghan rétablit la Charia. Parmi les membres du premier gouvernement en tant que ministre adjoint des Affaires Extérieures, il y a un certain Hamid Karzaï, financier depuis 1979 de la rébellion islamique.
De 1992 à 1996, c'est une succession de guerres atroces entre chefs de guerre rivaux, de luttes ethniques et de massacres de populations. Des bombardements aveugles sur des zones habitées par des civils font de nombreuses victimes et causent d'importantes destructions. Comme les enquêtes conduites par Human Rights Watch l'ont montré, plusieurs factions qui composeront plus tard l'Alliance du Nord se rendent coupables de nombreux viols lors des combats dans les quartiers de Kaboul. En février 1993, environ 500 Hazaras, essentiellement des femmes et des enfants, furent méthodiquement massacrés dans le quartier Ashraf Mina de Kaboul par les troupes de Sayyaf et Massoud4.
Les Taliban (‘étudiants en religion’), en tant que force organisée, n'existent absolument pas en ce moment. Ils n'apparaissent qu'en 1994, et reçoivent alors un soutien certain de la population lasse des massacres et de la corruption. La plupart des autres factions islamiques se regroupent alors dans la fameuse Alliance du Nord.
En mars 1995, les forces de la faction opérant sous les ordres du Commandant Massoud se livrent à des viols et des pillages, après avoir pris le quartier Karte Seh de Kaboul, à majorité Hazara, à d'autres factions. Selon un rapport du Département d'État états-unien publié en 1996 à propos des droits de l'homme pendant l'année 1995, les troupes de Massoud ont systématiquement pillé toutes les maisons et violé des femmes. Voilà pour les exploits du chéri des médias européens.
Quelques jours avant l'invasion de l'Afghanistan, le 6 octobre 2001, Human Right Watch lance l'avertissement suivant : « Les USA et leurs alliés devraient s'abstenir de coopérer avec ces chefs dont les brutalités remettent en question leur légitimité en Afghanistan. (…) Les divers partis composant l ’Alliance du Nord ont un triste bilan d'attaques de civils, entre la chute du régime de Najibullah en 1992 et la conquête de Kaboul par les taliban en 1996 »5.
Les anciens chefs de guerre fondamentalistes qui ont mis le pays à feu et à sang sont ceux-là même qui se retrouvent aujourd'hui ministres, députés, sénateurs, gouverneurs, sous la protection otanienne. Les déclarations vertueuses de l'OTAN sur son engagement en faveur de la liberté et contre le fondamentalisme prennent une curieuse allure une fois qu'on réalise cela. Le développement, l'émancipation des femmes, la sécularisation de la société dans la nouvelle République Islamique d'Afghanistan, non seulement n’ont pas grand-chose à envier à l’ère des Taliban, mais semblent représenter un objectif peu crédible étant donné le profil des personnes maintenues au pouvoir par l'OTAN. La seule amélioration tangible, c'est qu'on n'en parle plus trop dans nos médias. Maintenant il faut ‘sauver le Soudan’.
L'OTAN comme force armée des Nations Unies ?
Après l'invasion de l'Afghanistan, et la mise au pouvoir par les USA des leaders de l'Alliance du Nord, les Nations Unies adoptent en décembre 2001 la résolution 1386 établissant une force internationale pour "appuyer la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan en créant un environnement sécuritaire à Kaboul et ses environs", la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF).
Cinq ans plus tard, cette force est devenue une force de l'OTAN complètement engagée dans la guerre US dite "Liberté Immuable". En mars 2007, un dernier pas devrait être franchi avec la mise sous commandement unique de l'ISAF et des forces états-uniennes.
Comment a-t-on pu laisser sans broncher s'opérer ce glissement d'une force de maintien de la paix de l'ONU, en force d'occupation et de combat de l'OTAN ?
L'OTAN est une force de pays occidentaux, pays qui ont des intérêts bien particuliers dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne sont pas nécessairement convergents avec ceux du reste du monde. En aucun cas, il n'aurait dû être question de confier à l'OTAN une mission des Nations Unies. L'exemple afghan, et précédemment celui de la Yougoslavie sont des pas essentiels vers le démantèlement des principes des Nations Unies et du droit international. Du système multilatéral instauré à la fin de la Seconde guerre mondiale, on régresse vers l'acceptation formelle du droit du plus fort.
Ce premier pas annonce les suivants, la ‘Communauté Internationale’ déjà synonyme médiatique de ‘Union Européenne + USA’, le devenant de fait 'officiellement' avec son bras armé otanien chargé de faire respecter l'ordre partout dans le monde au profit des intérêts des multinationales occidentales.
« La sécurité énergétique, la libre circulation des produits énergétiques et la protection des voies de transport sont une partie du concept de l'Otan », déclare Jaap de Hoop Scheffer, le Secrétaire général de l’Alliance6. Peut-on en effet imaginer le système impérialiste actuel sans ce flux de ressources énergétiques et de matières premières en direction et au profit des pays occidentaux ?
Le masque humanitaire de l'OTAN
C'est au prix d'une argumentation spécieuse que l'Alliance atlantique prétend inscrire sa guerre afghane dans sa justification officielle, à savoir la protection des pays de l'Atlantique Nord. En bref : "le Terrorisme est la principale menace contre l'Europe, l'Afghanistan risque de redevenir la source du Terrorisme si les Taliban reviennent au pouvoir, donc lutter contre les ‘Taliban', c'est protéger l'Europe".
En réalité, les médias s'embarrassent assez peu de cette justification. Il suffit de présenter la mission de l'OTAN comme une œuvre de bienfaisance, de reconstruction et de développement. Dans la plus pure tradition coloniale finalement.
Et pourtant depuis plusieurs années, les travailleurs humanitaires dénoncent les activités militaro-humanitaires de l'OTAN comme dramatiquement contre-productives : « Les gens ne font plus la différence entre humanitaires et militaires, et cela remet en cause notre neutralité et indépendance », vient encore de déclarer le chef de la mission afghane de l'ONG française Action contre la Faim7. Comment espérer en effet que la résistance à l'occupation ne fasse la distinction entre 'vrai' humanitaire et force d’occupation portant le masque humanitaire ?
Evidemment, les patrons de l'OTAN et nos propres gouvernants en sont parfaitement conscients : cette supercherie humanitaire n’est qu’une couverture, au même titre que l'œuvre civilisatrice de la colonisation, ou en d'autres temps le sauvetage des âmes des Amérindiens.
L'occupant qui s'appuie sur des chefs de guerre dociles et corrompus s'aliène inexorablement une partie de plus en plus large de la population qui ne voit nullement son sort s'améliorer. Les émeutes de mai dernier à Kaboul, lorsque les Etats-uniens ont tiré dans le tas, ont révélé au monde l'ampleur du ressentiment de la population.
L'OTAN et les USA s’attaquent à la résistance - à laquelle ils accolent systématiquement l'étiquette 'Taliban' - avec les seules armes qu'ils maîtrisent parfaitement, les bombardements massifs. L'étendue des ‘dégâts collatéraux’ est maquillée par l'affirmation que tous les morts seraient des Taliban.
En septembre dernier, pendant que des représentants de l'OTAN claironnaient qu'elle avait tué entre 500 et 1500 Taliban dans son offensive, un vieux paysan déclarait à une agence de presse canadienne que 26 membres de sa famille, hommes, femmes et enfants, étaient morts au cours des bombardements. L'OTAN avait émis des avis d'évacuation à la population dans les jours précédant le début de l'offensive, tout ce qui restait pouvait donc être massacré à l'aise. Le gouvernement avait averti que "quiconque errait hors de la route principale pouvait être abattu comme suspect d'être Taliban"8.
Lutte contre le terrorisme ? Bombe après bombe, la terreur occidentale est en train de produire consciencieusement le terrorisme à venir. Les exactions des forces occupantes, le fait que l'Afghanistan sous supervision occidentale s'enfonce dans la misère, n’auront à terme d'autre effet que de gonfler les rangs des prétendus 'terroristes'. La poudre aux yeux de ‘l'humanitaire’ et de ‘la démocratie’ ne changeront rien à cette réalité : l'intervention occidentale est une partie du désastre en Afghanistan.
Roland Marounek
1. http://www.wsws.org/francais/News/2001/decembre01/20nov01_guerreafghan.shtml2. "Rebuilding America's Defenses, Strategy, Forces and Resources for a New Century", A Report of The Project for the New American Century, September 20003. Le Nouvel Observateur , 20 janvier 19984. en.wikipedia.org5. http://www.rawa.org/na_fr.htm6. AFP, 1/11/20067. AFP, 3/11/20068. http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=3165
8 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
8-1 Pierre Piérart : Halte aux armes à l’uranium appauvri !
Pour rappel l'uranium appauvri est produit au cours de l'enrichissement de l'uranium naturel qui contient à peu près 99,28 % de l'isotope 238 et 0,72 % de l'isotope fissile 235. Au cours de l'enrichissement de l'uranium en isotope 235 on obtient une fraction importante d'uranium appauvri qui ne compte plus que 0,2 % de l'uranium fissile et donc 99,8 % d'uranium 238.
Les effets biologiques de l'uranium appauvri sont minimes quand il est sous forme d'objet utilisé dans le civil ou sous forme de perforateur dans les obus. Il devient extrêmement dangereux quand, après l'explosion, il est pulvérisé en très fines particules ou nanoparticules inférieures à 10 mµ.
Lors de la guerre de l'Irak en 1991, 940 mille obus et 14 mille bombes, représentant 400 tonnes ont été utilisés ; en Bosnie 11 mille obus, représentant 3,3 tonnes ; en Serbie 31 mille obus, représentant 9 tonnes ; en Afghanistan, dans les années 2001- 2002, entre 800 et 1000 tonnes; en Irak, dans les années 2003- 2004, entre 1800 et 2800 tonnes. Ces fines particules sont extrêmement toxiques car elles pénètrent dans les poumons sous forme insoluble où elles émettent un rayonnement alpha extrêmement cancérigène. La partie soluble assez rapidement éliminée par le rein est également toxique pour cet organe.
L'impact de ces armes a pu être évalué après 1991 dans la région de Basrah. Les résultats, basés sur un registre local, sont les suivants : en 1988 on comptait, pour 100 mille habitants, 11 cancers ; en 1998 on en comptait 75 ; en 2001 - 116 et en 2002 - 123 toujours pour 100 mille habitants (données du Dr. Jawad Al- Ali).
On estime que le stock de fluorure d'uranium appauvri dans le monde est d'environ 1 million de tonnes. Actuellement 740 mille tonnes de ce type d'uranium sont stockées dans trois sites américains : à Paduca dans le Kentucky, à Portsmuth dans le Ohio et à Oak Ridge dans le Tennessee.
Pierre Piérart
N.B. Pour une information plus détaillée, voir : « Toxicité et écotoxicité de l'uranium appauvri » par Valery S. Petrosian - INES - Newsletter n° 54 décembre 2006.Voir également la Coalition Belge : Halte aux armes à l’uranium – dont le CSO fait partie. Sites http://www.motherearth.org/ et www.icbuw.org/en
8-2 Roland Marounek : Contre-Sommet de l'OTAN à Bruxelles.
Ce 25 novembre, à quelques jours du Sommet de l'OTAN à Riga, une soixantaine de personnes se sont réunies à Bruxelles pour participer à un "contre-sommet" organisé par le Forum Voor Vredesactie et Bombspotting. Au programme notamment, la mise en lumière des glissements progressifs de l'OTAN vers une puissance militaire globale, et l'instrumentalisation de l'humanitaire, la confusion des genres, catastrophique sur le terrain, dans le but de poursuivre cet objectif. Comme l'a rappelé remarquablement le représentant de Forum Voor Vredesactie, la mondialisation possède un volet militaire, et l'OTAN est l'un des bras armés de cette mondialisation au profit de l'Occident.
De façon significative, les représentants officiels contactés par les organisateurs ont tous décliné l'invitation. Le but des organisateurs (et des participants) était de mettre en lumière ce qui est caché, de ne pas laisser la politique de l'OTAN être déterminée au dessus de nos têtes. Sommes-nous bien en démocratie ?
Dans l'après-midi, des activistes de Suède, Grande-Bretagne, Pays-Bas, France, Espagne et Belgique ont présentés les actions concrètes qu'ils menaient dans leur pays contre le transport des armes US vers l'Irak et Israël, les bases militaires, ou les armes nucléaires, et ont appelé à se coordonner, à créer un réseau. "Nous devons nous préparer ensemble pour empêcher la prochaine guerre".
Roland Marounek
9-0 Guantanamo
Au jour le jour
23-12
Mubarak Hussain Bin Abul Hashem, 32 ans et Bangladais qui à été rapatrié il y a une semaine après avoir passé cinq ans en prison dans la base américaine de Guantanamo, a été emprisonné à son retour chez lui, a indiqué une source policière.
Il a été placé vendredi en état d'arrestation pour un mois pour "activités contre l'Etat",. Il doit rester en détention pendant un mois, a indiqué une source policière sous couvert de l'anonymat.
Son père, Abul Hashem, un important dignitaire, a assuré de l'innocence de son fils, déclarant que sa vie avait été "détruite" par cinq ans de vie en prison.
Un autre Bangladais reste détenu à Guantanamo.
(ats / 23 décembre 2006 10:28)
9-2 Provinces Afghanes
Carte cliquer dans l'image : http://en.wikipedia.org/wiki/Image:AfghanistanNumbered.png
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