mercredi, décembre 06, 2006

n°76 - journal de l'Afghanistan Special dossier Otan - 05-12.

Sommaire :
1 Brèves
1-1 L'Otan dit avoir tué 70 à 80 talibans.
2 Dossier & Point de vue
2-1 Point de vue de Jean-Luc Testault (AFP) : Le sommet de l'Otan, pour la 1ère fois à Riga dans l'ex-URSS.
2-2 Point de vue de Laurent Lozano (AFP) : Bush débute une tournée sous pression en Europe.
2-3 Point de vue de l’Associated Press : L'OTAN à la recherche d'une solution en Afghanistan.




1 Les Brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
2-1L'otan dit avoir tué 70 à 80 Talibans
L'Otan dit ce qu'elle veut et nous ne la croyons pas. Dans quelques heures, on apprendra que des civils ont encore été tués, comme d'habitude. Devant la tiédeur de la communauté internationale à engager ses troupes en Afghanistan, la manipulation et la désinformation vont opérer à grande échelle. Il va certainement y avoir de nombreux talibans qui vont tuer des soldats, par exemple... quand on sait le nombre de mercenaires qui opèrent en Irak, on se dit que le même schéma prévaut en Afghanistan. Il va leur falloir sacrifier beaucoup de vie pour que les pays envoient des hommes... on connait la façon d'opérer des infâmes...
Adriana Evangelizt
2 Dossiers
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
2-1 Point de vue de Jean-Luc Testault (AFP) : Le sommet de l'Otan, pour la 1ère fois à Riga dans l'ex-URSS .
Les dirigeants de l'Alliance atlantique se réunissent pour la première fois sur le territoire de leur ancien ennemi, l'URSS, pour un sommet à Riga mardi et mercredi où ils afficheront leur détermination à mener à bien leur difficile opération en Afghanistan.
Il y a quatre ans, ils avait déjà tenu un sommet dans l'ancien bloc communiste, à Prague, mais cette année, ils s'aventurent dans une ville qui faisait partie de l'Union soviétique, à quelque 200 kilomètres de la frontière de la Russie.
Depuis l'écroulement du communisme en Europe à partir de la fin 1989, l'Otan a intégré tous les anciens satellites de l'URSS, qui avaient appartenu pendant toute la guerre froide à l'alliance militaire du Pacte de Varsovie.
Avec les trois pays baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, l'Otan a même accordé sa garantie de sécurité à trois anciennes républiques soviétiques qui ont regagné leur indépendance en 1991, après une longue annexion de 46 ans.
"Il y a quelque temps, les chars soviétiques roulaient dans ces rues, nous tenons ce sommet pour que cela ne se reproduise jamais plus", a affirmé jeudi la présidente lettone Vaira Vike-Freiberga.
Si la Russie souligne qu'elle reconnaît la souveraineté des pays baltes, le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov n'a pu s'empêcher de montrer ses réticences. "Naturellement, une partie de la population russe voit d'un mauvais oeil qu'un sommet de l'Otan se déroule maintenant aux portes de Saint-Pétersbourg", a-t-il dit à l'hebdomadaire Der Spiegel paru lundi.
Mais les dirigeants des 26 pays de l'Otan auront surtout les yeux rivés sur l'Afghanistan, là où leur ancien ennemi s'est enlisé dans les années 80 contre la guérilla locale. Le pays connaît son année la plus sanglante depuis la chute du régime des talibans en novembre 2001.
Après un revers électoral lié aux déboires d'une intervention en Irak qui avait gravement divisé l'Otan, le président américain George W. Bush pourra au moins compter sur la cohésion retrouvée des alliés européens, tous d'accord sur la nécessité de stabiliser l'Afghanistan.
Au moment où les premiers responsables de l'Alliance arrivaient lundi à Riga, un nouvel attentat suicide est venu rappeler la lourdeur des tâches de l'Otan, qui mène là l'opération la plus difficile de son histoire. Deux soldats canadiens ont été tués dans cette attaque près de Kandahar, dans le sud du pays. Quelque 120 militaires de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan ont été tués cette année au combat ou dans des attentats suicide, une pratique qui était il y a peu encore inconnue en Afghanistan.
Pour contrer l'insurrection, le commandement de l'Otan réclame depuis des mois l'augmentation du nombre des soldats, qui sont actuellement 31.000, et la fin des restrictions empêchant les soldats basés dans des régions relativement calmes d'être envoyés en renfort dans les zones conflictuelles du sud et de l'est.
Mais des pays comme l'Allemagne, l'Espagne, la France ou l'Italie, dont les soldats sont stationnés à Kaboul, ou dans le nord et l'ouest afghans, estiment que la situation dans le sud n'exige pas de dégarnir les régions qui sont sous leurs propres responsabilités.
Le président français Jacques Chirac a cependant fait annoncer lundi qu'il proposerait à Riga de créer un "groupe de contact" sur l'Afghanistan pour accroître la coordination politique et orienter l'action des pays engagés.
Pour le reste, le sommet de Riga sera surtout un "sommet de transition", selon les diplomates. Aucun nouvel élargissement n'est prévu, les pays des Balkans candidats à l'adhésion - Croatie, Macédoine et Albanie - n'étant pas jugés prêts pour négocier leur adhésion.
Et, pour l'instant, le projet défendu par Washington de transformer l'Otan, créée durant la guerre froide comme une alliance entre l'Amérique du nord et l'Europe de l'ouest, en une organisation de sécurité collective des démocraties à travers la planète, a fait long feu face aux nettes réticences de plusieurs pays européens, dont la France.
Jean-Luc TESTAULT
mardi 28 novembre 2006, 8h45
2-2 Point de vue de Laurent Lozano (AFP) : Bush débute une tournée sous pression en Europe.
- Le président américain George W. Bush est arrivé lundi soir à Tallinn, première étape d'une tournée en Europe et au Proche-Orient placée sous le signe de l'urgence causée par la dégradation de la situation en Afghanistan et surtout le spectre de la guerre civile en Irak.
M. Bush est arrivé à l'aéroport Ulemiste pour la première visite en Estonie d'un président américain en exercice. M. Bush devait rencontrer mardi séparément le président et le Premier ministre estoniens Toomas Hendrik Ilves et Andrus Ansip, et s'envoler dans l'après-midi pour la Lettonie où il doit être reçu par la présidente Vaira Vike-Freiberga.
La Maison Blanche cite volontiers les deux anciennes Républiques soviétiques, qui ont fourni des troupes en Irak et en Afghanistan, en exemples de ce qu'elle considérait naguère comme la nouvelle Europe. Mais ces entretiens risquent fort d'être éclipsés par la détérioration de la situation précisément sur les fronts irakien et afghan.
Lors du sommet de l'Otan qui se tient mardi et mercredi à Riga et devant l'inquiétant regain des attaques des talibans contre l'Alliance, M. Bush devrait pousser certains alliés à lever les restrictions imposées à l'engagement de leurs soldats et à consacrer davantage d'argent aux dépenses militaires. Il devait aussi plaider pour la création de nouveaux partenariats entre l'Otan et la Corée du Sud, le Japon et l'Australie, malgré les réticences de la France, l'Espagne et l'Italie.
De Riga, M. Bush s'envolera directement mercredi pour la Jordanie et des discussions le jour même et jeudi avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, moins d'une semaine après un attentat antichiite ayant fait plus de 200 morts à Bagdad et qui a marqué une nouvelle escalade des violences confessionnelles. Ce voyage, ajouté au dernier moment à la tournée dans les Pays baltes, illustre la pression croissante pesant sur M. Bush pour un changement de sa politique irakienne.
Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a estimé que l'Irak risquait de se retrouver en proie à la guerre civile si rien n'était fait "de manière drastique et urgente", et qu'en fait "c'est déjà presque le cas". M. Bush sera accompagné en Jordanie de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, autre signe de la tentative américaine de reprendre l'initiative diplomatique.
A bord de l'avion qui l'emmenait en Estonie, M. Bush s'est entretenu par téléphone avec ses homologues français et égyptien Jacques Chirac et Hosni Moubarak de la situation au Proche-Orient. La persistance des assassinats et des attentats sur une vaste échelle et la victoire de ses adversaires démocrates aux élections parlementaires américaines du 7 novembre ont contraint M. Bush à ordonner un réexamen de la politique irakienne de son administration.
Pour compliquer la tâche de M. Bush, Londres a dit lundi espérer réduire de plusieurs milliers le nombre de ses soldats en Irak d'ici à fin 2007, et Varsovie a indiqué que le retrait de ses troupes interviendrait à peu près à cette date. Un groupe indépendant de personnalités se disposerait à préconiser une diplomatie plus active au Proche-Orient et des discussions directes avec l'Iran et la Syrie sur l'Irak, les deux bêtes noires des Etats-Unis dans la région, a indiqué le New York Times.
M. Bush ne veut pas entendre parler de telles discussions avec l'Iran et la Syrie jusqu'à présent. Le rapport de ce groupe indépendant, annoncé pour les prochaines semaines, est très attendu aux Etats-Unis.
Au moment où la durée de la guerre en Irak dépasse celle de la Seconde Guerre mondiale pour les Etats-Unis, la nouvelle majorité démocrate réclame un début de retrait des soldats américains, qui ont perdu plus de 100 des leurs en octobre, bien que généraux et experts mettent en garde contre les risques que l'Irak ne soit alors livré au chaos.
Par Laurent LOZANO mardi 28 novembre 2006, 7h25
2-3 Point de vue de l’Associated Press : L'OTAN à la recherche d'une solution en Afghanistan
La situation en Afghanistan doit dominer le sommet de l'OTAN qui s'ouvre mardi à Riga, alors que l'Alliance peine à faire face à une flambée de violences qui menace de transformer son principal théâtre d'opération en bourbier.
Vingt-six chefs d'Etat et de gouvernement ont rendez-vous dans la capitale lettone pour évoquer les opérations en cours de l'OTAN, mais aussi l'avenir de l'organisation, lancée depuis la fin de la guerre froide dans une vaste "transformation".
Pas moins de 32.800 hommes sont engagés dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS/ISAF) en Afghanistan, dont 1.100 français, responsables du secteur de Kaboul.
Bien que déployée en force, l'Organisation du traité de l'Atlantique-nord n'est pas parvenue ces derniers mois à enrayer la montée des violences et le retour des Talibans, dans le sud et l'est du pays. Les pertes sont particulièrement lourdes pour les contingents américain, canadien, néerlandais et britannique, en première ligne face aux Talibans: 41 soldats britanniques et 34 canadiens sont morts en 2006. Ces pays réclament donc des renforts aux troupes engagées dans des zones plus calmes, notamment françaises, italiennes, espagnoles ou allemandes.
Jusque-là, la France avait toujours refusé de s'engager hors de Kaboul. Selon un haut diplomate français qui a requis l'anonymat, elle devrait néanmoins faire un "petit geste" en acceptant d'intervenir hors de sa zone, mais uniquement pour répondre à des "demandes ponctuelles", et "au cas par cas". En tout état de cause, la décision sera toujours prise au niveau national et pas au sein de l'OTAN, a-t-il précisé.
Paris, qui exclut d'augmenter son contingent en Afghanistan, doit retirer progressivement dans les prochains mois les 200 soldats des forces spéciales françaises déployés dans le cadre de l'opération "Enduring Freedom" (liberté immuable). Cette réorganisation ne préfigure en rien un retrait de la France d'Afghanistan, assure-t-on à Paris.
Jacques Chirac devrait proposer à Riga la création d'un "groupe de contact" sur l'Afghanistan, associant les pays contributeurs à la FIAS, les pays voisins, et des organisations internationales comme la Banque mondiale, les Nations unies ou l'Union européenne. Paris estime en effet que la solution ne passe pas par l'envoi de davantage de troupes, mais par un renforcement du gouvernement afghan d'Hamid Karzaï.
"Une mission militaire seule ne réussira pas", a également estimé récemment l'ambassadrice américaine auprès de l'OTAN Victoria Nuland. "Il faut allier à la sécurité la bonne gouvernance et le développement, et cela suppose que l'Union européenne, les Nations unies et l'OTAN travaillent en harmonie avec les Afghans". Ce soutien au gouvernement afghan passerait aussi bien par la construction de routes et d'écoles que par la formation de la police et de l'armée, ou la lutte contre le trafic de drogue.
Les Etats-Unis devraient par ailleurs mettre sur la table à Riga la question du "partenariat global" qu'ils souhaitent développer entre l'OTAN et des pays qui ne sont pas membres de l'Alliance mais envoient régulièrement des troupes sur des théâtres d'opération, tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande mais aussi le Japon ou la Corée du sud.
Une idée que la France accueille froidement. Paris redoute en effet une "dilution" de l'OTAN et notamment un affaiblissement en son sein des pays européens membres au profit de ces nouveaux contributeurs. La France souhaite en rester à la conception initiale de l'organisation, celle d'une alliance militaire entre pays européens et nord-américains, et refuse de voir l'OTAN se transformer en gendarme occidental du monde ou en lieu de dialogue politique, tâche dévolue selon elle aux Nations unies.
En revanche, Paris et Washington devraient tomber d'accord pour réclamer aux autres Etats-membres un effort accru en terme de dépenses militaires. Les Etats-Unis consacrent 3,7% de leur PIB à la Défense, la France 2,5%, la Grande-Bretagne 2,4%, contre 1,4% pour l'Allemagne ou 1,1% pour le Canada.
A Riga, l'OTAN doit aussi évoquer son éventuel élargissement, alors que l'Albanie, la Croatie et la Macédoine sont candidates. L'organisation devrait se garder de prendre toute décision concernant l'Ukraine et la Georgie, de crainte d'irriter leur grand voisin russe.
AP
lundi 27 novembre 2006, 14h06