dimanche, janvier 28, 2007

n° 86 - journal de l'Afghanistan Special dossier- 28-01

Sommaire :

2 Brèves

2-1 L'Afghanistan à la même enseigne que l'Irak ?

2-2 L'OTAN restera au Tadjikistan jusqu'à la stabilisation de la situation en Afghanistan (diplomate)

3 Dossier & Point de vue

3-1 Point de Vue de Bernard Bridel : «L’OTAN est condamnée à rester en Afghanistan»

3-2 Point de vue Charles Côté : Le Canada va muscler sa présence en Afghanistan.

3-3 Dossier : Collectif Échec à la guerre : Le canada dans la guerre d’occupation en Afghanistan.

3-4 Conférence de Gilles Duceppe devant le Cerium : L’Afghanistan ne doit pas devenir un autre Irak.

4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net

4-1 Antonio Artuso : Chères et chers amis/ies traducteur et traductrices,

5-0 Annexes

5-1 Noam Chomsky : Le capitalisme et la démocratie sont, en dernier ressort, incompatibles.

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2 Les Brèves

Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

Marc

2-1 L'Afghanistan à la même enseigne que l'Irak ?

Appliquer la même recette en Afghanistan qu'en Irak. Autrement dit envoyer des renforts. Le nouveau secrétaire américain à la Défense Robert Gates y songe sérieusement. C'est en tous cas ce qu'il a fait savoir au cours de sa visite hier sur la base américaine de Bagram, au nord de Kaboul. "Je crois qu'il est important que nous ne laissions pas échapper le succès que nous avons rencontré ici en Afghanistan et que nous gardions l'initiative. Il n'y a pas de raison de faire une pause et de laisser les Taliban se regrouper et menacer les progrès qui ont été réalisés ici".
A ce jour 40.000 troupes étrangères combattent en Afghanistan sous la bannière de l'OTAN, dont 23.000 soldats américains. Les violences ne cessent pourtant de gagner en intensité. L'arrivée de l'hiver a entraîné une accalmie mais les responsables militaires s'attendent à une relance des affrontements au printemps.


http://www.euronews.net/create_html.php?page=detail_info&article=401648&lng=2



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2-2 L'OTAN restera au Tadjikistan jusqu'à la stabilisation de la situation en Afghanistan (diplomate)

Un contingent limité des troupes de l'OTAN restera au Tadjikistan jusqu'à la stabilisation de la situation en Afghanistan, a déclaré aux journalistes vendredi le premier vice-ministre tadjik des Affaires étrangères Saïmoumine Iatimov.

Il n'existe pas d'accord réglementant la présence des troupes otaniennes (les militaires français) à l'aéroport de Douchanbé, la durée de leur mission dépendant de la stabilisation de la situation en Afghanistan, a-t-il ajouté.

"Nous [le Tadjikistan] faisons partie de la Coalition antiterroriste, et la stabilisation en Afghanistan correspond aux intérêts de notre pays", a-t-il assuré.

S'agissant de l'aérodrome militaire d'Aïni (à 20 kilomètres à l'ouest de Douchanbé), le diplomate a fait savoir que son statut n'était pas encore déterminé. Pour le moment, il ne s'agit que de le reconstruire. Ce site est reconstruit avec l'aide de l'Inde et pourrait être par la suite exploité conjointement, selon la presse, par le Tadjikistan, l'Inde et la Russie.

Interrogé sur les prisonniers tadjiks à Guantanamo, M.Iatimov a indiqué que Douchanbé n'avait pas d'informations précises sur le nombre de Tadjiks, les Etats-Unis devant établir la nationalité des détenus et décider de leur extradition. Dix ressortissants tadjiks détenus sur cette base militaire américaine ont été rapatriés depuis 2003, selon lui.

DOUCHANBE, 19 janvier - RIA Novosti.

http://fr.rian.ru/world/20070119/59373499.html


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3 Dossiers

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

3-1 Point de Vue de Bernard Bridel : «L’OTAN est condamnée à rester en Afghanistan»
Stratègie
Moins médiatisée que celle qui ravage l’Irak, la guerre contre les talibans a des enjeux tout aussi importants. Décryptage.

Hier encore, le mollah Omar a fait parler de lui. Fugitif depuis le début de l'intervention américaine Enduring Freedom en Afghanistan en octobre 2001, le chef des talibans aurait été vu récemment à Quetta, au Pakistan voisin, en compagnie de membres des services pakistanais: une information «absurde» selon Islamabad. Il n'empêche, mollah Omar ou pas, la guerre qui oppose les talibans aux forces afghanes soutenues par plus de 40 000 soldats de l'OTAN est plus acharnée que jamais. Au point qu'un général britannique a affirmé que les «combats qui se déroulent actuellement dans le sud de l'Afghanistan sont les plus durs depuis la guerre de Corée», relève Joseph Henrotin. Pour ce chargé de recherches au Centre d'analyse et de prévision des risques internationaux, à Aix-en-Provence, «les Occidentaux sont en train de perdre l'initiative en Afghanistan».



La situation militaire

Dans le sud du pays et le long de la frontière avec le Waziristan – véritable sanctuaire taliban au Pakistan – on a affaire à une vraie guerre depuis l'été dernier, quand les talibans ont augmenté la fréquence de leurs opérations. De 1558 en 2005, leurs attaques directes sont passées à 4542 en 2006, selon l'ISAF (la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN).

«Si dans le reste du pays, la situation est plus calme, souligne Joseph Henrotin, le danger serait que les Britanniques et les Canadiens qui combattent dans le sud ne parviennent plus à contenir les talibans.» Cela dit, si les islamistes se sont inspirés de la réalité irakienne pour lancer des attaques kamikazes et recourir aux attentats à la bombe dans les villes, la grande différence d'avec la guerre très mécanisée conduite en Irak tient au fait qu'en Afghanistan, il faut «aller chercher l'adversaire dans un immense territoire. Que les combats sont plutôt des combats d'infanterie légère et de montagne que de division blindée.»



Les défis de l'ISAF

Le premier des défis de l'ISAF, dont l'action a été avalisée par l'ONU, est un problème d'effectifs. Mais, si chacun est d'accord pour dire qu'il faut plus d'hommes pour garantir la sécurité et donc la reconstruction, nombre de pays renâclent, leurs opinions publiques ne voulant pas entendre parler de cette «guerre américaine». La plus grosse difficulté tient à l'ambiguïté de l'action des Etats-Unis, dont la moitié des quelque 24 000 hommes est intégrée à l'ISAF, l'autre étant engagée dans l'opération strictement américaine Enduring Freedom.

«On se retrouve souvent dans une situation où les uns ne savent pas ce que font les autres», souligne Joseph Henrotin, avec le risque de voir des troupes amies se tirer dessus. Ce serait une des raisons du récent retrait des forces spéciales françaises du théâtre d'opération.

L'incertitude pakistanaise Dans cette nouvelle guerre d'Afghanistan, qui a commencé peu après le 11 septembre 2001 et visait à détruire les bases d'Al Qaida au pays du mollah Omar, le rôle du Pakistan n'a jamais été clair. Le président Musharraf a toujours joué l'ambiguïté, donnant son appui à la lutte contre Al-Qaida, mais se gardant bien de s'en prendre aux talibans réfugiés sur son territoire. Jusqu'à quand cela durera-t-il?



L'enjeu

Le «grand jeu» qui se déroule dans cette région nous concerne tous, rappelle l'expert. «Car, si on se retire d'Afghanistan, on risque non seulement d'abandonner ce pays aux islamistes, mais aussi le Pakistan voisin, qui est une puissance nucléaire». Du coup, conclut Joseph Henrotin: «l'OTAN est condamnée à rester en Afghanistan, mais cela fera mal et demandera des choix politiques très clairs.»

Bernard Bridel
Publié le 19 janvier 2007

http://www.lapresse.ch/vqhome/le_journal/JANVIER_06/afghanistan_190107.edition=nv.html





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3-2 Point de vue Charles Côté : Le Canada va muscler sa présence en Afghanistan.

Les signes d'une escalade de l'implication du Canada dans la guerre en Afghanistan se multiplient. Après l'envoi de tanks cet automne, ce sont maintenant des avions canadiens qui pourraient aller appuyer l'offensive de l'OTAN contre les talibans.

Hier, le lieutenant général Michel Gauthier, qui dirige le Corps expéditionnaire canadien, a déclaré à Kandahar que l'envoi d'avions en Afghanistan était «possible», selon la Presse Canadienne.

Selon le lieutenant général Gauthier, les avions en question pourraient faire partie de ressources logistiques, comme des nouvelles pièces d'artillerie lourde, que le Canada pourrait ajouter à sa force de 2700 soldats. Mais il serait difficile selon lui de faire grossir l'infanterie canadienne sur le terrain. «Il n'y aura plus de troupes supplémentaires, a-t-il précisé. Nous sommes presque à la limite de ce que nous pouvons fournir à un moment précis.»

Reste à savoir quel type d'avion. Pour le vice-président du Comité parlementaire de la défense, le bloquiste Claude Bachand, tout porte à croire qu'il s'agit de chasseurs-bombardiers CF-18. Mais le ministre de la Défense Gordon O'Connor dit qu'il n'en est rien.

M. Bachand rappelle que l'OTAN a demandé au Canada de préparer six avions de chasse pour le combat. Le 30 octobre, le ministre O'Connor l'avait confirmé à la Chambre des communes. «Nous nous sommes engagés dernièrement à mettre à la disposition de l'OTAN six CF-18, si l'OTAN nous le demande», avait-il dit.

Le lendemain, toutefois, le ministre O'Connor avait précisé: «Nous n'avons absolument aucune intention d'envoyer des CF-18 en Afghanistan.» Hier, le bureau du ministre O'Connor a réitéré ces assurances. «Le ministère de la Défense n'est pas en train d'envoyer des CF-18 en Afghanistan et n'en enverra pas. Rien n'a changé depuis les commentaires du ministre en octobre», a affirmé dans un courriel la porte-parole de M. O'Connor, Linda Coleman.

Le bureau du premier ministre Stephen Harper a tourné au ridicule les affirmations du Bloc québécois. «Il n'est pas question d'envoyer les CF-18 en Afghanistan, mais on pourrait peut-être y envoyer le TGV de Gilles Duceppe», a déclaré une source au bureau du premier ministre, en faisant référence à l'idée du chef du Bloc de relier Montréal et Québec par un train à grand vitesse.

Selon le Toronto Star, il pourrait plutôt s'agir d'avions de reconnaissance Aurora CP-140, dont un certain nombre vient d'être équipé d'appareils permettant d'échapper à des tirs de missiles.

Si le Canada décidait d'envoyer des CF-18 en Afghanistan, ce serait «le signe d'une escalade» du conflit, selon Yves Bélanger, spécialiste des questions militaires à l'UQAM. «Les CF-18 sont rarement là pour faire strictement de la patrouille», dit-il.

Selon M. Bachand, une escalade militaire canadienne en Afghanistan irait à l'encontre des demandes du Bloc québécois, qui souhaite que l'accent soit mis sur la reconstruction et qui a menacé de faire tomber le gouvernement conservateur minoritaire sur cette question.

«Le Bloc québécois demande un changement du mandat de la mission depuis des mois, dit-il. Si on envoie des chars d'assaut, qu'on achète des pièces d'artillerie Howitzer plus modernes et qu'on envisage d'envoyer les CF-18, ça s'en va dans l'autre direction.»

L'envoi de CF-18 ferait grimper à nouveau le coût de la mission canadienne en Afghanistan, note M. Bélanger. «Si on veut entrer dans une autre phase et utiliser les F-18 dans des opérations d'attaque, ce qui est plus en lien avec la mission de ces avions-là, il faut inclure les munitions, les missiles et les coûts grimpent rapidement, dit-il. Il faut déplacer l'équipe de soutien, ça prend une base et des hangars, c'est toute une logistique.»

Charles Côté

La Presse - Montréal
http://www.cyberpresse.ca/article/20070120/CPACTUALITES/701200777/1019/CPACTUALITES



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3-3 Dossier : Collectif Échec à la guerre : Le canada dans la guerre d’occupation en Afghanistan.

Présentation
Ce document est le résultat de lectures, de réflexions et de discussions au sein du Collectif Échec à la guerre.

Suite à la rédaction d’une première ébauche, il a été enrichi par de nombreux apports individuels et par d’autres débats au sein d’organismes membres du Collectif. Dix-huit questions sont formulées, regroupées en 5 sections. L’ordre dans lequel ces questions sont abordées répond à une certaine logique; mais la plupart du temps les réponses formulées sont indépendantes les unes des autres, ce qui permet de les explorer selon les préoccupations et les priorités de chacunE. La table des matières donne un aperçu rapide de l’ensemble des questions et permet, en cliquant sur l’une ou l’autre question, de se rendre directement à la portion du texte qui y répond.



Avant d’aborder cet argumentaire détaillé, résumons la position générale du Collectif concernant la guerre en Afghanistan :

· La guerre en Afghanistan n’est pas une « guerre juste »; l’invasion de l’Afghanistan n’a jamais été pas autorisée par le Conseil de sécurité et ne peut se justifier par la légitime défense.

· La « reconstruction » et l’appui aux « efforts du peuple afghan vers la démocratie » ne sont, au pire, que propagande mensongère et, au mieux, que rationalisation de bonne conscience. Après 5 ans d’intervention étrangère en Afghanistan, la situation actuelle du pays est vraiment lamentable, totalement contraire aux belles intentions professées.

· En réalité, cette guerre visait et vise toujours à installer dans ce pays un régime favorable aux intérêts des États-Unis et de leurs alliés. Elle s’inscrit dans l’offensive plus large – la soi-disant « guerre contre le terrorisme » – pour agrandir l’empire étasunien en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est.

· Le Canada y participe pour préserver et approfondir son partenariat stratégique avec les États-Unis, plusieurs grandes corporations canadiennes espérant ainsi y trouver leur profit.

· Pour toutes ces raisons, le Collectif appelle au retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan.

L’argumentaire qui suit n’a pas reçu l’assentiment des instances décisionnelles de tous les groupes membres du Collectif. Mais nous croyons qu’il représente une contribution utile à l’avancement du débat sur la présence des troupes canadiennes en Afghanistan et à la systématisation d’un point de vue cohérent d’opposition à la guerre d’occupation en Afghanistan.

Collectif Échec à la guerre
10 décembre 2006


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3-4 Conférence de Gilles Duceppe devant le CERIUM : L’Afghanistan ne doit pas devenir un autre Irak.

« Le gouvernement de Stephen Harper n’assurera pas la sécurité en Afghanistan uniquement par des moyens militaires. Pour mettre fin au terrorisme, il faut redonner l’espoir aux gens, et non les bombarder.

Dans cette perspective, l’Afghanistan ne doit pas devenir un autre Irak », a déclaré le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, à l’occasion d’une conférence prononcée devant les membres du CERIUM réunis à Montréal.

Le chef du Bloc Québécois a insisté sur la nécessité de rééquilibrer la mission canadienne en Afghanistan, conformément aux objectifs définis lors de la Conférence de Londres, au début de 2006 : la sécurité, la gouvernance et le développement économique et social.

« Pour atteindre ces objectifs, il faut gagner l’appui de la population afghane en améliorant les conditions de vie quotidiennes. Plus que tout, il faut éviter que les forces de l’OTAN soient perçues comme une armée d’occupation. Malheureusement, la logique guerrière des conservateurs contribue à l’enlisement du conflit. C’est pour cette raison que Stephen Harper doit prendre conscience que le Canada ne fait plus la guerre en Afghanistan en représailles aux attentats du 11 septembre et rééquilibrer la mission afghane », a précisé Gilles Duceppe.

De 2001 à mars 2006, l’effort militaire canadien s’est élevé à 1,8 milliard $, tandis que l’aide à la reconstruction atteignait moins de 300 millions $.


La situation qui se détériore

« Malgré des élections libres qui ont permis de jeter les bases d’un État de droit, malgré la construction d’écoles et de dispensaires et la remise en état d’infrastructures essentielles, il faut admettre que la situation en Afghanistan se détériore depuis le début de 2006 », a déploré Gilles Duceppe.

En octobre dernier, le chef des forces de l’OTAN, le général David Richards, affirmait qu’une amélioration des conditions de vie des Afghans dans les six mois à venir était nécessaire, faute de quoi 70 % d’entre eux changeront de camp et apporteront leur soutien aux talibans.

Accentuer l’aide à la reconstruction

« La première modification importante à apporter dans le dossier afghan, c’est de mettre clairement et concrètement l’aide au développement tout en haut des priorités. L’aide à la reconstruction doit être accentuée et mieux cordonnée. Actuellement, trop de ressources tombent entre les mains d’intermédiaires et trop d’engagements ne se concrétisent pas », a souligné Gilles Duceppe.

Pour parvenir à de meilleurs résultats, le chef du Bloc Québécois suggère la nomination d’un Haut représentant de l’ONU, comme ce fut le cas en Bosnie et au Kosovo, qui disposerait de l’autorité nécessaire pour coordonner l’ensemble des efforts en collaboration avec l’État afghan.


Modifier l’engagement de sécurité

Déplorant qu’une grande partie du contingent canadien consacre la majorité de ses efforts à pourchasser les Talibans, le chef du Bloc Québécois soutient que l’OTAN doit modifier la façon dont elle envisage le maintien de la sécurité dans le sud du pays.

« Les forces de l’OTAN et le gouvernement afghan doivent créer un contexte favorable à la reconstruction dans cette région. Si certaines solutions sont militaires, d’autres sont politiques. Le Canada doit ainsi appuyer les initiatives d’ouverture du gouvernement afghan visant à intégrer dans la société civile les talibans qui acceptent de déposer les armes. Cette stratégie politique permettrait également d’éviter les pertes civiles infligées par les force de l’OTAN », a affirmé Gilles Duceppe.

Le problème de la culture du pavot

Alors que la principale source de financement des Talibans est le trafic de l’opium et que 80 % de la population afghane vit de l’agriculture, le chef du Bloc Québécois s’inquiète des effets néfastes de la politique américaine d’éradication des champs de pavot.

« L’éradication des champs de pavot doit aller de pair avec le développement d’alternatives agricoles pour les communautés qui vivent de cette culture. Autrement, on pousse les paysans afghans directement dans les bras des talibans et des trafiquants », a souligné Gilles Duceppe.

Il est ainsi possible d’intensifier la répression contre les trafiquants de drogue, de mettre en place des programmes de cultures alternatives et de financer la construction d’infrastructures permettant leur mise en marché et finalement d’acheter aux producteurs afghans une partie de la récolte pour permettre le décollage de ce marché.

« Enfin, pour une période transitoire, il faudrait acheter la récolte de pavot directement des paysans et l’utiliser à des fins médicales. Il serait possible de fabriquer de la codéine, de la morphine ou encore, comme le recommande l’Association médicale britannique, de la diamorphine », a ajouté Gilles Duceppe.


Le Pakistan

Le chef du Bloc Québécois a rappelé que les forces de l’OTAN dans le Sud de l’Afghanistan sont confrontées au fait que les Talibans disposent d’une base de repli au Pakistan. « Malheureusement, les pressions diplomatiques exercées sur le gouvernement pakistanais pour mettre fin à cette situation n’ont pas donné de résultats satisfaisants. Il faut donc accroître ces pressions et s’assurer que le Pakistan démontre une volonté ferme et réelle de couper l’accès de leur frontière aux insurgés », a expliqué Gilles Duceppe.

Des solutions à court terme

Le chef du Bloc Québécois a fait valoir que le gouvernement Harper doit profiter de la rencontre ministérielle de l’OTAN qui doit avoir lieu demain à Bruxelles pour faire avancer ces propositions.

« L’Afghanistan sera le principal sujet à l’ordre du jour. Le ministre des Affaires étrangères, Peter McKay, devrait donc entreprendre des démarches visant à modifier substantiellement les orientations de l’intervention internationale en Afghanistan. Il doit aborder chacun de ces sujets auprès de nos alliés, même de manière informelle », a souligné Gilles Duceppe.

Par ailleurs, ce sommet de l’OTAN ne suffit pas, affirme le chef du Bloc Québécois. L’Italie a réclamé la tenue d’une conférence internationale sur l’Afghanistan en novembre dernier et le gouvernement conservateur serait bien inspiré de se faire lui aussi le promoteur d’une telle conférence.

« En clair, le gouvernement conservateur doit modifier sa vision du conflit afghan et tout faire pour éviter que l’Afghanistan ne devienne un autre Irak. Si, par malheur, le pire devait se produire et que l’intervention internationale s’embourbait, je peux vous assurer que le Bloc Québécois ne sera pas complice d’une participation canadienne, et donc québécoise, à une escalade militaire », a conclu Gilles Duceppe.

Ottawa, le jeudi 25 janvier 2007 –

Renseignements : Karine Sauvé, attachée de presse du chef Cabinet du chef du Bloc Québécois

Tél. : (613) 947-2495

Cell. : (613) 296-1596

www.blocquebecois.org




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4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net

Ndlr :La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

4-1 Antonio Artuso : Chères et chers amis/ies traducteur et traductrices,

De temps en temps, fatigué de traduire, je me mets à approfondir les termes ou les expressions que nous devons utiliser à toute vitesse sur notre ligne de montage.

On me dit que certains/aines traducteurs/trices doivent maintenant accepter des contrats de 1 500, 2 000 et souvent plus de mots par jour. On n'arrête pas le progrès et surtout la compétition entre travailleurs/euses pour faire baisser le prix de la «force de travail» (expression marxiste, vous connaissez? Marx? Karl Marx? Il y a très longtemps? Oublié?).

Alors je prends une pause, un «break», une cassure.

Je viens de tomber sur l'expression «think tank». Alors j'ai décidé de prendre un café et de réfléchir un peu. Car les «think tank», qui ne sont pas des chars d'assaut, fonctionnent comme des rouleaux compresseurs pour écraser les masses et obtenir ce que Noam Chomsky appelle «Manufacturing Consent» (fabriquer le consentement du public en leur vendant n'importe quelle salade capitaliste)


Dans mon dictionnaire personnel, qui doit avoir au moins 12 000 pages de termes et d'expressions dans au moins 4 langues, j'ajoute, avec passion, rage, découragement, frustration, indignation, etc. la nouvelle terminologie de l'impérialisme, celle de notre malheureux 21ème siècle, qui vise à nous laver les cerveau. À quand la société sans classe?

Voici donc une première expression à mettre dans votre dictionnaire personnel (Commencez-en un. Pour le mien, j'ai utilisé du simple traitement de texte WordPerfect. Commencez avec un logiciel de base de données. Pour moi il est trop tard.)



Alors première expression :


1) nouvelle terminologie de l'impérialisme :

- terminologie, néolibérale ou néoconservatrice (c'est la même chose)

- protofasciste ou fasciste (c'est la même chose)

- en fait esclavage antique, colonialisme, capitalisme, impérialisme stade suprême du capitalisme utilisent toujours les mêmes atrocités

- terminologie toujours politiquement correcte, c'est-à-dire qui vante la «pensée unique» (bravo Ignacio Ramonet du Monde diplomatique).



2) politiquement correct/ecte :

activité, ouvrage, idée dépourvus d'irritants. (Voir : irritant)



3) irritant :

substantif masculin - tout ce qui irrite les capitalistes, tout ce qui les met mal à l'aise, tout ce qui donne une explication claire à ce qu'ils veulent taire ou laisser dans l'ombre, dans le mystère.

Et finalement le terme «Think Tank». Je fais appel à mes amies/is traducteurs/trices pour cette recherche terminologique.

Selon mon Harrap's électronique (un peu vieux), «Think Tank» veut dire [Politique} comité m ou groupe m d'experts.


Puis j'ai ajouté à «comité d’experts» et à «groupe d’experts» l'expression «groupe de réflexion».



Et puis j'ai trouvé ce texte magnifique de Robert Fisk :


«Et pendant tout ce temps, la fabrication de légendes se poursuit. L’Irak va mieux, c’est un pays plus sûr, plus démocratique. Tout est mensonge. Cependant les néo-conservateurs à Washington suivent les conneries débitées par le Wall Street Journal en février dernier : "la voie vers un Moyen-Orient plus calme ne passe pas par Jérusalem mais par Bagdad". À l’American Enterprise Institute, l’un des plus dangereux "tink tank" - ainsi que j’aime à les appeler [NdT : jeu de mot entre "tink tank", groupe de bricolage et "think tank", groupe de réflexion] - où crèchent les néo-conservateurs, un ancien agent secret de la CIA, Reuel Marc, a pu déclarer en février dernier que "plus Sharon devient coriace, plus forte sera notre image au Moyen-Orient."» [Robert Fisk]


Et j'ai pensé à nos "think tanks" québécois : CÉRIUM, Institut de recherche en politiques publiques, etc., qui se préparent à nous vendre :

- la guerre en Afghanistan,

- le démantèlement de notre système de santé;

- l'introduire au Québec le conservatisme social US, le fondamentalisme chrétien de la droite US, l'évangélisme;

avec le brave Jean-François Lisée (directeur exécutif du CÉRIUM), le sénateur conservateur Hugh Segal, etc.




À son sujet du CÉRIUM voir l’invitation du « Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix » (http://www.operationspaix.net) et du « Centre d’études et de recherches internationale de l’Université de Montréal » (http://www.cerium.ca)



J'avais écrit à une amie :

Le Cerium est l'un des «think tank» les plus à droite qui soit. Au sein du Cerium travaille tout ce qu'il y a de plus anti-démocratique, pro-impérialiste, pro-sionistes, anti-chavistes, etc. À leur solde, ils ont des hommes et des femmes politiques, des militaires, des agents des services de renseignements, des journalistes, des universitaires, etc. Je me sentirais plus en sécurité dans les bureaux de la CIA, du Pentagone ou de l'administration Bush. Au moins ces agents-là montrent clairement leur vrai visage.

Alors, finalement, voici ma traduction en français de «think tank», un peu longue mais plus juste :



4) think tank :

intitut de recherche, d’information et de diffusion d’idées en général financés par de grandes entreprises, des gouvernements, des groupe capitalistes, servant à communiquer des idées aux médias, pour qu'ils fassent à échelle industrielle, du lavage de cerveaux impérialiste. On pourrait faire plusieurs jeux de mots avec «think tank» (voir ma définition ci-dessous) : «tink tank» (groupe de bricolage) our «Think “Tank”» (Pensez «Char d'assaut», pensez à doter le Canada de canon et à envoyer de la chair à canon en Afghanistant).



D'autre termes de nouvelle terminologie de l'impérialisme :

5) société civile :

expression à utiliser obligatoirement si vous êtes une ONG et que vous voulez soumettre un projet proposé par l'ACDI (Agence canadienne de développement internationl) et recevoir de l'argent pour votre ONG ou pour vous acheter une collection de tableaux de grands peintes.

«Société civile» et une expression qui doit absolument remplacer le mot «peuple». Ce dernier, qui date de la Révolution française, implique qu'il y a le peuple (c'est-à-dire la majorité) et les «ennemis du peuple» (la classe dominante du moment - aujourd'hui après les rois féodaux et la noblesse c'est la bourgeoisie, les capitalistes, qui exploitent les travailleurs et oppriment le peuple).

L'expression «société civile» élimine la lutte de classe en mettant dans le même sac les travailleurs et les capitalistes dans une stratégie «win-win» (Voir le terme «win-win»).



6) peuple :

Ce mot n'existe plus.



7) la stratégie «win-win» :

collaboration de classe proposée par tous les partis politiques excepté le Parti communiste.

L'idée c'est que si les travailleurs collaborent avec leurs patrons, tout le monde gagne : les salaires baissent de plus en plus, les patrons font plus de profits et peuvent créer quelques jobs pour vos enfants un jour peut-être.



8) communauté internationale :

groupe de représentants impérialistes (les États-Unis, le Royaume Uni, les Nations Unies, les grandes intitutions financières, les banques, l'Organisation mondiale du commerce, etc.) de la bourgeoisie impérialiste de quelques rares pays qui dominent tout. Croire que l'expression «communauté internationale» veut dire «les peuples de la terre» est un contre-sens à éviter formellement.

Une dernière remarque avant de retourner à mes traductions.

Nous avons un rôle fantastique, magnifique à jouer, nous, l'intelligentsia de notre époque (de notre «Bloc historique» comme le disait Antonio Gramsci) : c'est-à-dire nous les militants communistes, progressistes, intellectuels, ouvriers, cultivateurs, soldats (qui un jour tourneront leurs armes contre leurs propres généraux, comme le dit l'Internationale).

Nous avons un rôle formidable de diffuser les idées.

Car la bourgeoisie et leurs valets, les éditorialistes, hommes et des femmes politiques, militaires haut gradés, agents des services de renseignements, journalistes à plat ventre, universitaires, n'ont plus rien à dire.

Ils viennent de mousser le racisme, par un "sondage" pour que finalement ma voisine me dise qu'au fond elle est raciste, oui, et qu'elle a raison d'être raciste parce que les étrangers viennent nous imposer leurs valeurs.

Avec l'encyclopédie Wikipedia et dans toutes les autres merveilles que l'on inventera, un jour même chaque citoyen et chaque citoyenne pourra lire sa biographie, le plus humble des citoyens, le plus salaud et le plus héroïque (Mandela ou l'obscur militant qui distribue des tracts aux manifestations).

Vous serez un jour sur Internet. Et tout ce que vous avez fait sera enregistré dans Wikipedia, par vos amis et par vos ennemis.

Et avant de mourir, chacun de nous peut déjà être fier de savoir qu'il ou elle sera un jour dans Wikipedia et que l'on saura ce qu'il aura fait.

Ouf! Que ça fait du bien de se défouler!

Salutations solidaires et révolutionnaires, chers/chères traducteurs/trices.

Envoyez-moi le fruit de vos recherches dans le domaine de la nouvelle terminologie de l'impérialisme.

Antonio Artuso - Montréal, le jeudi 25 janvier 2007 - pueblo@sympatico.ca



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5-0 Annexe

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

5-1 Noam Chomsky : Le capitalisme et la démocratie sont, en dernier ressort, incompatibles.

Noam Chomsky, une des principales voix de la gauche aux États-Unis, a donné en 1970 la conférence "Le gouvernement dans l’avenir", que publient maintenant, dans son intégralité, les éditions Anagrama. Dans cette conférence, donnée à New York, Chomsky s’interroge sur la possibilité de transformer la société face à ce qu’il a appelé "la barbarie contemporaine". Avec l’autorisation de l’éditeur, nous offrons à nos lecteurs une copie de ce texte en avant-première.



Pour terminer, permettez-moi de considérer les troisième et quatrième points de référence que j’ai mentionné au début : le bolchevisme - ou socialisme d’État - et le capitalisme d’État. Comme j’ai voulu le suggérer, ils ont des points communs et, par certains aspects très intéressants, ils diffèrent de l’idéal libéral classique et de son évolution ultérieure jusqu’à sa transformation en socialisme libertaire. Étant donné que je m’occupe de notre société, permettez-moi de faire quelques observations, assez élémentaires, au sujet du rôle de l’État, de son évolution probable et des suppositions idéologiques qui accompagnent ces phénomènes et, parfois, les dissimulent.

Pour commencer, nous pouvons distinguer deux systèmes de pouvoir : le politique et l’économique.

Le premier est constitué, en principe, par des représentants que le peuple élit pour qu’ils décident de la politique publique ; le second, en principe également, est un système de pouvoirs privés - un système d’empires privés - qui échappent au contrôle du peuple, excepté dans leurs aspects lointains et indirects dans lesquels même une noblesse féodale ou une dictature totalitaire doivent répondre à la volonté populaire.
Cette organisation de la société a diverses conséquences immédiates. La première est que, d’une manière très subtile, elle pousse une grande partie de la population, soumise à des décisions arbitraires venant d’en haut, à accepter l’autoritarisme. Et, à mon avis, cela a une effet très profond sur le caractère général de notre culture, qui se manifeste dans la croyance qu’il faut obéir aux ordres arbitraires et se plier aux décisions de l’autorité. Et, à mon avis également, un des faits les plus remarquables et passionnants de ces dernières années a été l’apparition de mouvements de jeunesse qui s’opposent à ces règles de conduite autoritaire et commencent même à les lézarder.

La seconde conséquence importante de cette organisation de la société est que le champ d’application des décisions soumises, en théorie du moins, au contrôle démocratique populaire est très réduit. Par exemple, en principe, en sont légalement exclues les institutions fondamentales de toute société industrielle évoluée, c’est-à-dire, les systèmes commercial, industriel et financier dans leur totalité.

Et la troisième conséquence importante est que, même au sein du domaine réduit des questions qui font, en principe, l’objet de décisions prises démocratiquement, les centres privés de pouvoir peuvent exercer, comme nous le savons bien, une influence démesurée en utilisant des méthodes aussi évidentes que le contrôle des moyens de communication ou des organisations politiques, ou, d’une manière plus simple et directe, par le simple fait que, habituellement, les personnalités les plus fortes du système parlementaire en viennent. L’étude récemment menée par Richard Barnet au sujet des quatre cents personnes qui ont décidé des politiques du système national de sécurité des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale démontre que la majeure partie d’entre elles "viennent des bureaux des hauts dirigeants ou des cabinets d’avocats situés dans quinze bâtiments - si proches les uns des autres que ces personnes auraient pu s’appeler en criant - répartis entre New York, Washington, Detroit, Chicago et Boston". Et toutes les autres études à ce sujet arrivent aux mêmes conclusions.

En résumé, dans le meilleur des cas, le système démocratique jouit d’un domaine d’action très réduit dans la démocratie capitaliste, et dans ce domaine si réduit, son fonctionnement se voit même terriblement gêné par les concentrations de pouvoir privé et par les modes de penser autoritaires et passifs que poussent à adopter les institutions autocratiques, comme les industries. Bien que ce soit un truisme, il faut souligner constamment que le capitalisme et la démocratie sont, en dernier ressort, incompatibles.

Je crois qu’une étude minutieuse de la question renforcera encore davantage cette conclusion. Tant dans le système politique que dans le système industriel, on observe des processus de centralisation du contrôle. Pour ce qui est du système politique, dans tous les régimes parlementaires, et le nôtre n’y fait pas exception, le rôle des chambres dans la prise des décisions politiques a diminué depuis la Seconde Guerre mondiale. En d’autres termes, l’importance du pouvoir exécutif a augmenté parallèlement à celle des fonctions de planification de l’État. Il y a quelques années, le Comité des Forces armées de la Chambre des Représentants a décrit le rôle du Parlement des États-Unis comme celui d’un "oncle parfois grognon, bien que dans le fond gentil, qui se plaint tout en tirant furieusement sur sa pipe, mais qui, pour finir, comme tout le monde l’attendait, cédera (...) et donnera l’argent qu’on lui demande".

Une étude attentive des décisions civiles et militaires prises depuis la Seconde Guerre mondiale montre que cette description est, fondamentalement, correcte.

Il y a vingt ans, le sénateur Vandenberg a exprimé sa préoccupation devant la possibilité que le président des États-Unis puisse devenir "le principal seigneur de la guerre du monde". C’est déjà le cas, comme le montre la décision de lancer l’escalade militaire au Vietnam, prise en février 1965 et qui faisait cyniquement fi de la volonté exprimée par l’électorat. Cet incident fait apparaître en toute clarté le rôle du peuple dans la prise de décisions relatives à la guerre et la paix, ainsi qu’aux grandes lignes de la politique générale ; il met aussi en évidence l’insignifiance de la politique électorale au moment de la prise de décisions de politique nationale.

Noam Chomsky

23 janvier 2007

Source : La Jornada www.jornada.unam.mx

Traduction : ARLAC

Source : ARLAC www.arlac.be