mercredi, août 30, 2006

Journal n°60 du 17-08 au 24-08

Sommaire :
1 Afghanistan
Analyse
Des résistants
Des occupants
2 Occupation de l'Afghanistan
2-1 Sur le terran
2-2 Les forces en présence
2-3 Confection d'un gouvernement fantoche
3 Guantanamo
Au jour le jour
Prisons, exactions & torture
Brèves
Les dossiers
4 Lutte pour la libération du territoire
Détails
Décompte des pertes humaines
6 Brèves
6-1 Alain Gresh : La fin du droit international ?
7 Dossier & Point de vue.
7-1 Point de vue de Simon Jenkins : Afghanistan : Les ministres atteints du « syndrome de Beau Geste » ... à nos dépens
9-0 Annexes
9-1 Entretien avec Robert Delanne : Les origines et les enjeux de la prohibition des drogues.
9-2 Provinces Afghanes
Editorial :
Un petit édito pour un petit journal…
Une constatation qui me réjouit : Actuellement c’est l’Associated Press qui donnent les informations les plus critiques, tandis que le plus ‘servile’ reste l’Afp.
Vous avez un exemple du traitement de l’information en allant lire dans la Province de Kunar ou le 24-08
"Sept villageois ont été tués, parmi lesquelles des anciens du village.
Alors que le jour précédant, l’Afp présentait une version totalement différente des événements…
Je remarque par ailleurs que l’armée américaine assassine de plus en plus de civils.(3 cas cette semaine)
Mais cela n’est pas étonnant … cela provient qu’ils perdent (l’Isaf et les Usa) de plus en plus d’hommes : 64 tués et 60 blessés (Chiffres officiels) ceci depuis le début du mois…
L’Isaf et les Usa perdent également du terrain au profit de la résistance … – pour se faire une idée lisez : 1 La résistance contre l'agresseur Analyse & déclaration.
Bonne analyse
Marc
Décompte des pertes humaines du 17-08au 24/08/06

tués
blessés
Usboys/Autres boys
22
18
Policiers, armée et collaborateurs
49
X
Peuple Afghan
46
29

1 La résistance contre l'agresseur
Analyse & déclaration
17-08
# Le Sud de l'Afghanistan connaît depuis le début de l'année une vague d’attaques sans précédent depuis novembre 2001, à cause d'une résurgence du mouvement de résistance.
(AFP)
17-08
# Province de Kandahar : "C'est la plus forte concentration de talibans dans la région sud", a affirmé le commandant Innis, expliquant que les résistants tentent (avec succès) de couper la route principale qui mène de Herat - à la frontière iranienne - à Kandahar, afin d'isoler la principale ville du sud.
(AP & afp- 12h15)20-08# "Nous allons apporter la sécurité dans cet endroit. C'est une nécessité absolue", a promis le commandant Toby Jackman, porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), menée par l'Otan ". L'Isaf, qui dirige les opérations militaires internationales dans le sud depuis le 31 juillet, compte sur une stratégie mêlant opérations militaires et une aide ( ?) pour stabiliser progressivement des régions. (AP)
20-08
# Ce n'est pas comme s'ils montaient une offensive englobant tout le sud…
Ce sont des attaques très localisées qui donnent l'impression d'une offensive", affirme le colonel Tom Collins, porte-parole militaire de la coalition.
"Nous ne voyons pas de système de commandement et de contrôle dans les échelons supérieurs des résistants, qui suggèrerait qu'une campagne est en cours pour contrôler certaines zones", a-t-il souligné.
(afp)
20-08
Suivant l’Otan… L'insécurité a un effet désastreux sur la population, malgré que l'Otan et le gouvernement essayent de convaincre les habitants de la région qu'ils vont enfin pouvoir profiter de l'aide au développement dans un climat apaisé…
(AFP)
23-08
# Les attaques sont fréquentes à Kandahar, que les convois de l'Isaf sont forcés de traverser…
Et donc les résistants et les forces d’occupation se disputent âprement le contrôle de la principale route passant dans cette région, qui relie Herat, à la frontière iranienne, à Kandahar.
l'Isaf confirme, cette zone abrite le plus de résistants de toute le sud.
(afp- 10h17
24-08
# La province orientale de Kunar, frontalière du Pakistan est une région, très accidentée, elle est aux mains de la résistance et est propices aux discrets passages entre le Pakistan et l'Afghanistan, a assuré à l'AFP un haut responsable des services de renseignement.
(afp- 08h20)
Analyse du terrain des Occupants
USA & Coalition
20-08
Dans l'est, où la coalition militaire menée par les Etats-Unis concentre désormais ses efforts, les attaques restent également endémique.
(AFP)
Otan-Isaf
20-08
# Un porte-parole de l'ISAF a bien confirmé que les forces de l'OTAN étaient impliquées dans les affrontements aussi bien au sol qu'avec leurs moyens aériens.
(EuroNews)
Otan - Isaf
20-08
# Les forces de l'Otan ont pris la relève de l'armée américaine, pour la plus importante opération terrestre de l'histoire (ndlr : criminelle) de l'organisation.
(Reuters)
Allemagne
21-08
# Si 95% des attaques ont toujours lieu dans le sud de l'Afghanistan, "dans le nord également, dont les Allemands ont la responsabilité, les attaques sont devenus plus nombreux", a noté le ministre Steinmeier .
"Cela démontre l'importance des questions de sécurité(…) , et je me réjouis que l'Allemagne ait, dès le départ, et ce depuis plus de quatre ans, pu contribuer, à travers la formation de la police, à un peu plus de stabilité interne du pays ", a-t-il conclu.
(afp- 17h55)
21-08
Le ministre de la diplomatie allemande, qui est en Afghanistan pour trois jours, a reconnu que la situation dans le pays s'était fortement dégradée depuis un an.
(afp- 17h55)
Des compradores
21-08
# La police afghanese retrouve souvent en première ligne pour combattre la résistance, mais elle a aussi la réputation d'être très corrompue et de violer régulièrement les droits de l'Homme.
(Afp)
2 Occupation de l'Afghanistan
2-2 Les forces en présence
# La force dirigée par l'OTAN compte environ 20.000 soldats, en plus de 22.000 soldats américains.
USA & Coalition
20-08
Malgré la présence de plus de 10.000 soldats de l'Isaf dans le sud, pour l'essentiel canadiens, britanniques et néerlandais, les résistants semblent toujours avoir la capacité de mettre sur pied des groupes comptant des dizaines d'hommes en armes et attaquant l’isaf dès que possible (ndlr : et très régulièrement) .
(AFP)

Troupes Afghane
21-08
Le ministre Steinmeier : L'Allemagne a pris un rôle de leader depuis plus de quatre ans dans la formation et la réforme de la police nationale afghane,(afp- 17h55)
Allemagne
21-08
L'Allemagne, l'un des principaux bailleurs de fonds de l'Afghanistan, a envoyé 2.850 soldats pour l’occupation de l’Afghanistan dans le cadre de l’Isaf, menée par l'Otan.
Elle en assure le commandement régional dans le nord du pays depuis juin.
(afp- 17h55
Canada
Province de Kandahar : Les troupes canadiennes, fortes d'environ 2.300 soldats, ont la charge d’occuper la province.(AP & afp- 12h15)
France
Pays-Bas
19-08
Dans la province d'Oruzgan, sont casernés notamment des troupes néerlandais et australiennes, a annoncé un porte-parole de l'Isaf, menée par l'Otan.
(afp- 16h37)
Pologne
UK
20-08
# Dans la province de Helmand, les forces britanniques sont en cours de redéploiement pour ne pas être usées trop rapidement par des attaques quotidiennes des résistants sur des bases avancées.(AFP
2-3 -Usa
Prisons, exactions & torture
22-08
Dans un communiqué, la coalition a précisé qu’un raid a été lancé sur un complexe du village de Paru Kheyl "pour capturer un complice d'Al-Qaïda".
On ignore si l'homme d'Al-Qaïda figure parmi les capturés...
AP
2-4 Les alliès
Allemagne
21-08
Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a réaffirmé l'engagement de l'Allemagne, mais aussi du reste de la communauté internationale, envers l'Afghanistan.
Le ministre s'est dit confiant que le parlement allemand allait prolonger le mandat des troupes allemandes en Afghanistan à l'automne, mais il a exclu que l'Allemagne envoie plus de troupes dans le pays.
"Je pense qu'il est important de montrer que notre engagement, l'engagement de l'Europe, de l'Allemagne et de la communauté internationale, n'est pas seulement passager mais qu'il est durable..", a déclaré le ministre.
Steinmeier a indiqué que l'Allemagne "n'a pas à rougir" de ce qu'elle fait déjà dans le pays en matière de reconstruction ( ?) et de lutte contre les résistants.
(afp- 17h55)
4 Lutte pour la libération du territoire
Pertes des forces locales - Province non précisée
19-08
L'ouest, beaucoup plus calme (..) n'est pas toujours épargné: six policiers afghans ont été tués samedi dans une attaque qui a aussi coûté la vie à 4 résistants.
(AFP)
Détails
Province d'Helmand (sud de l'Afghanistan)
22-08
Des parachutistes britanniques ont déjoué les tentatives de monter une embuscade dans la nuit de lundi à mardi, indique un communiqué de l'Isaf.
Les forces britanniques "ont lancé une riposte écrasante", selon le communiqué, précisant qu'aucun soldat ni civil n'a été blessé dans cette opération, qui s'est déroulé dans le district de Naw Zad,
Cependant, toujours suivant le communiqué, neuf "insurgés" ont été tués.
(AP & afp- 12h15)
Province de Kandahar (sud)
19-08
Quatre soldats Us et un membre du contingent de l'Otan (un britanique ?) ont trouvé la mort samedi dans deux affrontements distincts. (Reuters)
20-08
Dans la nuit de samedi à dimanche, une bataille de plusieurs heures s'est déroulée entre des dizaines de résistants et les forces de sécurité afghanes appuyées par des troupes de l'Otan (ou l’inverse) dans la province, a-t-on appris auprès des autorités de l'Otan.
Des combats se sont déroulés près d’un bazar(de la ville de Panjwayi, dans le district de Panjwai, qui se trouve à environ 35 kilomètres à l'ouest de Kandahar,( la principale ville du sud afghan) , a précisé Neyaz Mohammad Sarhadi, chef de la police du district.
Les résistants se sont montrés audacieux en attaquant de trois direction pour essayer de submerger les troupes présentes et malgré les renforts afghans et lOtan.
Un porte-parole de l’Isaf, menée par l'Otan, a confirmé que les forces de l'Otan ont été impliquées dans l'affrontement aussi bien au sol qu'avec leurs moyens aériens.
Qari Yousaf Ahmadi représentant la résistance et cité par l'Agence de presse afghane, établie au Pakistan(2), prècise que les combats ont fait 12 morts et huit blessés du côté des résistants et plus d’une trentaine parmi les forces gouvernementales et les troupes de l'Otan, et que dix de leurs véhicules avaient été endommagés et les bombardements aériens de l'Otan, ont, coûté la vie à de nombreux civils, ainsi que beaucoup de blessés.
(ndlr : Aucune autre information, sur les sites occidentaux, n'était disponible sur le nombre de tués
(2) : Cette source est souvent en contact avec les médias.
(Reuters & AP)
21-08
Un convoi canadien a été attaqué tard lundi dans le district de Panjwa , a indiqué à le commandant Quentin Innis, porte-parole de l'Isaf dans le sud.
Les soldats ont riposté et ont réussi à "s'extraire" de l'embuscade.
Deux soldats canadiens appartenant aux forces de l'Otan ont été blessés dans l’attaque, a précisé le commandant
(AP & afp- 12h15
AP
22-08 MEURTRE
Non loin de Kandahar, aux alentours de 22H30 locales mardi, un avion de l'Otan a largué une bombe sur un groupe (qui se préparaient à attaquer l'Isaf et l'armée nationale afghane), et qui s'était réfugié dans un groupe d'habitations entouré d'une muraille, a raconté le porte-parole de l'Isaf dans le sud, le commandant Scott Lundy, à l'AFP.
"Sur la base de nos informations 11 résistants ont été tués", a ajouté le commandant Lundy.
Cette version est contestée par les habitants du quartier de Zhari, dans l'ouest de Kandahar.
Ceux-ci affirment que les personnes tuées étaient des civils.
D'après des témoins, il s'agissait de paysans qui travaillaient dans des champs.
(Ap-)
23-08
Un soldat canadien est décédé des suites de ses blessures, après une attaque kamikaze contre un convoi canadien passant dans Kandahar.
Trois autres ont également été touchés, selon un communiqué de l’Isaf.
(afp- 10h17)
23-08 MEURTRE
Quelques heures après cette attaque, une moto avec deux passagers a forcé un barrage de la police afghane.
Un soldat canadien a ouvert le feu, le porte-parole de l'Otan a confirmé qu'un adolescent avait été tué et un autre blessé par les tirs
Les deux adolescents circulaient à moto près du lieu de l'attaque et n'aurait pas obéi aux ordres des soldats de l'Otan leur intimant de s'arrêter....
(ap - afp- 10h17)
Province de Kunar (est de l'Afghanistan)
19-08
Une patrouille a été attaqué à la bombe, avant "les combats" avec "un groupe de résistants".
"Les combats ont été violents, mais il n'y a pas encore d'informations sur les pertes de l'ennemi." a rapporté le colonel Tom Collins, porte-parole des forces américaines.
Trois soldats américains ont été tués dans des combats dans la province, . Un nombre inconnu de soldats (Us) ont été blessés, a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Les soldats, ont été accrochés dans le district de Pech, précise ce porte-parole.
(afp- AP 16h23)
24-08 MEURTRE
"Sept personnes sont mortes, parmi lesquelles des anciens du village, et la coalition a procédé à des arrestations", a dit un responsable local.
Ces frappes ont eu lieu avant l'aube dans le district de Shegal, à l'est d'Asadabad, la capitale provinciale.
(ndlr : Combien de blessés ?
Un porte-parole de la coalition a dit ne pas être au courant de ce raid.
(Reuters)
Pour info : première communication(ou comment les Usa manipule...)
24-08
Des soldats de la coalition auraient tué jeudi 7 résistants présumés du réseau Al-Qaïda au cours d'un affrontement qui a aussi coûté la vie à un enfant, a indiqué à l'AFP Tom Collins, un porte-parole Us de la coalition.
Une femme a également été blessée au cours de l'échange de coups de feu qui s'est produit tôt jeudi dans la province orientale de Kunar, frontalière du Pakistan, a déclaré le colonel Tom Collins.
"Nos forces sont arrivées dans la zone et on a immédiatement fait feu sur elles", a expliqué le colonel.
"Nous avons riposté ", a-t-il indiqué, ajoutant que "diverses sources de renseignement nous font penser qu'il s'agit de combattants d'Al-Qaïda, ou de gens qui aident le réseau".
Concernant l'enfant tué qui, selon le colonel, avait entre 10 et 12 ans, et la femme blessée, "nous essayons de savoir qui ils sont et ce qu'ils faisaient là", a déclaré le colonel, ….
Il précise que quatre hommes, qui étaient présents dans le complexe d'habitations entouré d'un mur, ont été arrêtés, alors que d'autres combattants ont réussi à prendre la fuite…
(afp- 08h20)
Ps : j'avais déjà pris mes précations dans la présentation des événements
Province d'Oruzgan (sud de l'Afghanistan)
19-08
"Une patrouille de combat de l'armée nationale afghane, soutenue par des éléments américains, est tombée sur d'importantes forces ennemies, alors qu'elle opérait en soutien à la mission de l'Isaf" dans la région.
L'attaque a duré "près de quatre heures" et la patrouille a été soutenue par de l'artillerie et l'interventions de moyens aériens, précise le communiqué.
Un soldat américain, instructeur intégré à l'armée nationale afghane (ANA) a été tué dans cet affrontement ". Trois soldats américains, également des instructeurs de l'ANA,, ont été blessés.
Un soldat de l'Armée nationale afghane (ANA) a également été tué au cours de cet affrontement, qui s'est produit dans le district de Chorchino, selon ce communiqué de l’Isaf.
(Afp)
18-08
Un soldat de l'Otan a été tué vendredi dans la province,..
(afp- 16h37)
Province de Paktika (sud-est)
17-08
Une bombe larguée par un appareil militaire américain a tué 12 gardes frontaliers afghans, près de la frontière avec le Pakistan, a déclaré à Reuters le gouverneur local, Akram Ekhpul Wak.
(Reuters
Province de Zaboul (sud-est),
23-08
Des résistants ont attaqués un avant-poste de l'armée afghane mercredi avant l'aube à 70 kilomètres au nord de Qalat, la capitale provinciale, a déclaré le commandant en chef de l'armée afghane dans le sud, le général Rahmatulah Raufi.à l'AFP.
"Une bataille a éclaté au cours de laquelle un de nos soldats ont été tués", a assuré le général en précisant que trois soldats avaient été blessés et deux véhicules de l'armée détruits.
Le général a indiqué que "deux commandant régionaux avaient été tués dans l'attaque", qui a été repoussée.
(afp- AP-16h54)
Enlèvement
17-08
Les quinze membres afghans d'une équipe médicale, qui avaient été enlévés tôt jeudi matin alors qu'ils se rendaient dans un camp de réfugiés, ont été libéré dans la soirée sains et saufs.
"Les 15 employés sont retournés à Kandahar cet après-midi. Ils sont en bonne santé", a déclaré Agha Jan Nazari, un responsable du département des réfugiés de Kandahar, pour lequel ils travaillent.
L'équipe, composée principalement de médecins et d'infirmiers, était en route pour le district de Zairai de la province de Kandahar, quand des inconnus se sont emparés de leur bus et les ont enlevés tôt jeudi matin, avait indiqué M. Nazari jeudi matin.
(AFP)
3-2 Décompte : Pertes humaines (vérifiée par recoupement) depuis octobre 2001(guerre injustifiable appélée "Enduring Freedom ")

Civils tués : ? + 1.952
Civils blessés : ? + 1.260 (chiffres trop bas)

Résistances afghans tués : :? + 1.019
Résistances afghans blessés : ? + 1309 (chiffres trop bas)
Résistances afghans arretés : : ? + 685
Militaires Occupant tués : 546
Militaires Occupant blessés : ?+ 576 (chiffre invraisemblablement bas...)
Suicides : + 20
CIA tués : : 4

Soldats /policiers tués : ? + 2.371
Soldats gouvernementaux Blessés : ? + 2.775 (chiffres trop bas)
Collaborateurs tués + armée pakistanaise) : 499
Collaborateurs Blessés : ? + 244
Collaborateurs disparus : ? + 14
Depuis le mois d'octobre 2001, plus de 12 avions /helicoptères de l’armée américaine se sont écrasés en Afghanistan sous des tirs hostiles ou de manière accidentelle...
6 Les Brèves
Ndlr : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage certaines analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
6-1 Alain Gresh : La fin du droit international ?On l’a souligné, depuis le 11-Septembre, un débat agite les responsables politiques : dans la guerre contre le terrorisme, dans l’affrontement entre "la civilisation" et "la barbarie", le droit international, le droit humanitaire, peuvent-ils s’appliquer ? Le président George W. Bush a instauré une nouvelle catégorie, celle d’"ennemis combattants?", qui ne sont pas justifiables des procédures légales, et que l’on peut enfermer à Guantanamo, voire torturer, au nom de la défense de "la civilisation". La sixième guerre israélo-arabe, qui se déroule au Liban, et qui est (provisoirement ?) suspendue, a fourni une nouvelle occasion aux partisans de ces théories de défendre leur point de vue.John Podhoretz, un des théoriciens néoconservateurs américains, s’interroge dans un article du New York Post du 25 juillet : "Est-ce que les démocraties libérales n’ont pas évolué à un point où elles ne peuvent plus mener de guerres efficaces à cause du niveau de leurs préoccupations humanitaires pour les autres... ?"
Jeudi 17 août Alain Gresh
7 Dossiers
Ndlr : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage certaines analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information
7-1 Point de vue de Simon Jenkins : Afghanistan : Les ministres atteints du « syndrome de Beau Geste » ... à nos dépensCe fiasco résulte d’une malhonnêteté et d’une bêtise incroyables, les ministres qui en sont responsables doivent faire l’objet de poursuites.
Il nous est impossible d’ignorer que l’aventure britannique en Afghanistan se solde par un échec retentissant : nos troupes sont en danger. Ce n’est pas ainsi que les choses étaient censées se passer et la présence de nos soldats dans ce pays ne contribue en rien à la sécurité de la Grande-Bretagne. Ils souffrent de la canicule et meurent au Helmand [1], non dans le but d’apporter un soutien au régime de Kaboul dans sa lutte contre les Talibans, tâche que leur faible nombre rend impossible, mais pour permettre à l’OTAN de perdurer en Europe - futile mission. . En termes d’efficacité, cette expédition afghane rappelle la funeste initiative de Gladstone lorsqu’il décida d’envoyer Gordon à Khartoum. [2]

Il faudrait que la Chambre des communes s’attelle sur l’heure à la rédaction de son rapport d’autopsie, dans l’espoir de hâter le retrait des forces britanniques de Kaboul. Les questions auxquelles elle devra répondre sont innombrables. Comment les Américains se sont-ils débrouillés pour amener l’OTAN à s’engager comme mercenaire aux ordres de Hamid Karzai ? Quels renseignements Washington a-t-il communiqués au conseil des ministres, alors que les responsables américains envisageaient ouvertement de refiler l’Afghanistan à l’OTAN, ce petit impertinent, pour lui faire les pieds après le désastre des Balkans ? Qui a créé la force de maintien de la paix qui opère aujourd’hui à Kaboul et à laquelle participent les armées de 36 nations, dont la plupart n’ont aucun rapport avec l’OTAN et pas la moindre intention de combattre ?

Le secrétaire d’État à la Défense Geoff Hoon a-t-il troqué l’envoi des troupes britanniques dans le sud hostile en 2004 contre le premier tour de commandement de l’OTAN ? Son successeur, John Reid, croyait-il vraiment que les forces des Talibans se résumaient à des « éléments résiduels » et qu’ils étaient « en perte de vitesse » ? Il faisait ces déclarations alors que, sur le terrain, des officiers britanniques le mettaient en garde : le sud, disaient-ils, n’était pas « le royaume des Land Rover mais celui des Guerriers... des casques en aluminium, des fusils et des armures corporelles », tandis que le 513ème bataillon américain d’infanterie déplorait 10 morts et des dizaines de blessés par mois. Ce qui n’empêcha pas Reid de déclarer que la Grande-Bretagne pouvait s’en sortir « sans avoir tirer le moindre coup de feu ».

Dès décembre dernier, il n’a plus fait l’ombre d’un doute que Helmand et les provinces de la frontière orientale n’étaient plus des territoires amis. Les travailleurs humanitaires rejoignaient Kaboul à la hâte. On entendait dire que des groupes d’insurgés, issus de toutes les tribus et de toutes les origines, étaient en train de se reconstituer au Pakistan et sur l’ensemble de la province pakistanaise du Balouchistan. Il devenait évident que les Américains en avaient assez de la région ; on assista à un renversement de tendance et les capitaux se mirent à affluer, provenant non seulement des ventes d’opium mais aussi des donations de magnats du pétrole du Golfe et d’Arabie Saoudite. Reid a-t-il été tenu dans l’ignorance de ces faits, ou sa détermination à écraser les Talibans l’a-t-il poussé à faire la sourde oreille ?

La Chambre des communes devrait demander pourquoi, tandis qu’en 2002 les Américains autorisaient les seigneurs de la guerre à reprendre la culture du pavot, le gouvernement britannique avait chargé Clare Short de l’ « éradication du pavot », ce qui eut comme résultat la plus abondante récolte de tous les temps en 2005 ? Si Reid considérait que l’éradication du pavot était « indubitablement liée » à la guerre, quelles conclusions tira-t-il d’un rapport de 2005 destiné à Condoleeza Rice et rendu public grâce à une fuite, dans lequel la Grande-Bretagne était accusée d’avoir « une grande part de responsabilité » dans le boom du pavot ?

Cette analyse peu réjouissante était partagée par nombre de membres des services de renseignement ; n’a-t-elle pas atteint le sommet de la hiérarchie ? D’anciens responsables de la défense, dont entre autres Lord Guthrie et Sir Peter Inge, ont été frappés au cours de leurs réunions avec John Scarlett des Services Secrets de Renseignements (SIS) [3] par le gouffre qui séparait la manière dont ce dernier analysait la situation et les rapports en provenance du front. On a l’impression que la dissonance cognitive (le fait de tenir secret ce que les ministres ne veulent pas entendre) est toujours à l’ordre du jour dans le gouvernement de Blair.

La Chambre des Députés devrait également demander qui a conçu l’organisation de la mission au Helmand et les buts que cette dernière est censée atteindre. De ces derniers, il a été dit qu’il fallait se débarrasser des Talibans, et aussi qu’il ne fallait pas s’en débarrasser, se livrer à des chasses à l’homme et ne pas s’y livrer, éradiquer le pavot et ne pas l’éradiquer. Après avoir gaspillé un milliard de livres (près d’un milliard et demi d’euros) d’aide à l’Afghanistan - argent qui s’est évaporé Dieu seul sait où sans laisser la moindre trace comptable - voilà que l’on dépense un autre milliard pour une base dans le désert au Helmand. Le ministre de la défense souffre d’une grave crise du syndrome de Beau Geste, au frais du contribuable britannique.

Reid a déclaré qu’il y aurait une « différence fondamentale » entre sa gestion du maintien de la paix et le blitzkrieg aérien des Américains. Mais qui, parmi ses subordonnés, a été pêcher cette estimation farfelue qui voudrait que « 80% des électeurs du sud afghan soient indécis » et, par voie de conséquence, potentiellement anti-Talibans ? Tous, sans exception, soutiendraient quiconque leur apporterait une sécurité durable et protégerait leurs champs de pavot. La Grande-Bretagne ne peut faire ni l’un ni l’autre, surtout pas avec seulement 3 300 soldats.

La Chambre des Députés devrait consacrer à cette force armée une enquête spécifique. Qui (encore Reid ?) a décidé d’envoyer un nombre aussi réduit de soldats peu armés, avec un front de seulement 900 fantassins, équipés de véhicules fragiles et une pitoyable défense anti-aérienne ? Que faisaient donc les généraux qui auraient dû contester un tel ordre ? Ils disposaient des mêmes informations que les Américains. Cette semaine, le cabinet de Des Browne a battu tous les records de mauvaise foi : les Talibans auraient réagi à l’arrivée des Britanniques de manière « inattendue ». Tout le monde avait prévu cette réaction.

Enfin, si l’opération « les coeurs et les esprits » est censée symboliser la bonne disposition de l’OTAN envers les Afghans, qui a donné l’ordre aux troupes britanniques de se joindre aux Américains pour l’opération Mountain Thrust, cette représentation macho d’adieu qu’ils donnent aujourd’hui ? Elle aurait, dit-on, causé la mort de plus de 500 Talibans, les frappes principalement aériennes tuant n’importe qui sans distinction. Cette opération n’a pas été conçue de manière à établir les zones sécuritaires dont le général britannique de l’OTAN David Richards a défendu la nécessité. Elle se contente de tuer de jeunes Afghans, dont les proches se rallient à la cause des Talibans, ce qui, paraît-il, rend Karzai furieux. Il sait qu’il va devoir négocier bientôt avec les Talibans s’il ne veut pas mourir.

Toutes les estimations dont j’ai eu connaissance suggèrent que le type de campagne que le gouvernement britannique envisage pour le sud de l’Afghanistan nécessiterait non pas 3 000, ni même 10 000 soldats, mais plus de 100 000. Même un tel nombre s’est avéré insuffisant en Irak, et les Afghans n’ont rien à envier aux Irakiens en matière d’insurgés fanatiques. Quant à l’opium, si l’Occident veut que les pauvres fassent pousser des plantes alimentaires au lieu de pavot pourquoi refuse-t-il de réduire sa consommation d’héroïne et se débarrasse-t-il de ses céréales excédentaires sur le marché afghan ? Les choix politiques de la Grande-Bretagne sont d’une incohérence et d’une bêtise incroyables. Néanmoins, d’intelligents diplomates, travailleurs humanitaires et militaires sont obligés de les faire leurs, parce que c’est ce que désirent les ministres. On ne devrait pas permettre à ces ministres de s’en tirer indemnes.

La semaine dernière, une compagnie du 3ème bataillon, le Régiment de Parachutistes, s’est rendue à Zumbelay, un village du Helmand, pour un petit exercice matinal de « conquête des coeurs et des esprits » Christina Lamb du Sunday Times a décrit le résultat de cette expédition dans un article haut en couleur. Des espions à leurs basques, les soldats, faisant leur entrée au vu de tous sans casques protecteurs, sans protection anti-aérienne, essayèrent de persuader les anciens du village de déserter le camp des Talibans en leur faisant miroiter des projets de développement. Ils étaient tombés dans une embuscade. Ils eurent de la chance de ne pas se faire massacrer lors des échanges de tirs qui suivirent. Leurs renseignements ne valaient manifestement rien. Ceux que reçoivent Browne et le SIS sont-ils du même acabit ? Tout de même, s’il s’avère trop dangereux de tenter ce type d’opération simple, que fichent les soldats britanniques dans le Sud de l’Afghanistan ? Nul ne peut fournir de réponse honnête à cette question.
Simon Jenkins [1] Province du sud-ouest de l’Afghanistan [2] La défaite subie par le général Gordon à Khartoum (capitale du Soudan) en 1885 attira au premier ministre britannique Gladstone de violentes critiques ; on l’accusa de ne pas avoir réagi assez vite pour venir en aide au général assiégé. Celui qui était jusqu’alors surnomme le GOM (Grand Old Man, le « noble vieil homme ») devint aux yeux de beaucoup le MOG (Murderer Of Gordon, l’« assassin de Gordon »). [3] SIS signifie Secret Intelligence Service, synonyme MI6. Services Secrets de Renseignements [www.sis.gov.uk/output/Page312.html.

simon.jenkins@guardian.co.uk...
The Guardian 5 juillet 2006
Source : The Guardian http://www.guardian.co.uk/
Traduction C.F.Karaguézian http://www.egueule.com/ pour Le Grand Soir. traduit sur http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=3873
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9-0 Annexe9-1 Entretien avec Robert Delanne : Les origines et les enjeux de la prohibition des drogues .
par Georges Apap, ancien procureur -
Loin de s'opposer, prohibition et trafic de drogues s'entretiennent réciproquement. Ils relèvent du système économique dominant. Première partie d'un entretien avec Robert Delanne, aventurier, navigateur et ancien contrebandier dont l'ancien procureur Georges Apap souligne à juste titre l'esprit rebelle.
Quelle est l'origine de l'idéologie de la prohibition et quelle est son histoire, en remontant au lancement de cette politique - et au plan international ?D'abord, je ne crois pas que la prohibition des drogues soit une idéologie : c'est un outil au service d'une idéologie, d'un pouvoir. Un peu d'histoire va nous aider à mieux comprendre. Nous savons, les fouilles archéologiques l'ont prouvé, que depuis des millénaires (11 000 ans pour l'opium et pour le cannabis) l'homme a vécu en bonne intelligence avec les drogues. Pour l'essentiel, elles jouaient un rôle de cohésion sociale au cours de cérémonies religieuses, de rites sacrés, sous le contrôle des dominants de l'époque, ou de leurs représentants religieux, politiques ou militaires.
En outre, leurs nombreuses vertus médicinales en faisaient des produits très prisés qui se vendaient un bon prix, régulé par l'offre et la demande. Cet équilibre millénaire entre les hommes et les drogues a été rompu au cours du XVIIème siècle, à la suite de ce que Colin Ronan, dans son Histoire mondiale des sciences, n'hésite pas à désigner comme la plus grande révolution scientifique de notre histoire. Jusque-là l'histoire se répétait un peu à l'identique. Une ou plusieurs civilisations émergeaient, dominaient un coin de la planète connu, puis déclinaient et disparaissaient, et une ou plusieurs autres civilisations prenaient le relais, ajoutant chaque fois un plus à la vie.
Soudain il se passe quelque chose de beaucoup plus fort. Entre le XVème et le XVIème siècle, une conjonction d'événements scientifiques, politiques et culturels accélère l'histoire : c'est ce qu'on a appelé la Renaissance.
Et, de toutes les sciences et techniques, celle qui bénéficia le plus de cette révolution fut la science de la navigation qui commença une évolution aux conséquences immenses.
En quelques décennies, le gouvernail d'étambot, de nouveaux gréements, la boussole, l'astrolabe (ancêtre du sextant), les lochs pour mesurer les distances parcourues, les premières lunettes, les premières cartes marines fiables - les portulans - et enfin les caravelles rendirent possible la navigation hauturière, et en à peine plus de trente ans (de 1492 à 1526) le monde antique explose : l'homme découvre sa planète, l'Antarctique et l'Arctique, sous l'impulsion de cinq nations gagnées par les idées nouvelles qui, après s'être débarrassées de leurs divers envahisseurs, font leurs unités et trouvent leurs frontières quasi définitives : l'Espagne et le Portugal, un temps dynastiquement liées, la France, les Pays-Bas, et en tout dernier l'Angleterre, en 1603.
L'Espagne et le Portugal installent d'importantes colonies dans les deux Amériques et le Portugal, seul, a dès 1498 le monopole du commerce des Indes jusqu'aux Moluques.
Un siècle plus tard, en 1595 à Amsterdam, naît la VOC, Verenigde Oostindische Compagnie, première compagnie des Indes orientales, qui va déposséder le Portugal de son monopole et déclencher, sans l'avoir prémédité, le processus qui allait faire de l'opium d'abord, puis de toutes les drogues, un élément majeur de l'économie mondiale.
La VOC est une grande première dans l'histoire : financée par actions cotées en bourse, avec la charte du 20 mars 1602, elle pouvait signer des traités, lever des armées, construire des forteresses, déclarer des guerres et signer des paix, exercer la justice, battre monnaie, lever des impôts. Tenue par ses actionnaires, elle n'avait qu'un seul but : le profit.
La VOC est l'ancêtre des grandes multinationales prédatrices d'aujourd'hui. Mais c'est aussi beaucoup plus que cela : la quasi-totalité de ses actionnaires étant des commerçants, la VOC est la première manifestation structurée d'une bourgeoisie marchande se libérant des privilèges féodaux.
Deux siècles avant la prise de la Bastille une nouvelle race de dominants était en train de naître : les capitalistes.
Outre les épices, les tissus, les parfums, la VOC expédie en Europe du tabac, du riz, du thé, du sucre, mais aussi du fer, de l'étain et de l'acier. Elle obtient le monopole sur l'opium récolté en Inde et finance ses envois vers l'Europe en important en Chine de telles quantités d'opium que l'empereur mandchou, voyant s'effondrer sa balance commerciale décrète, en 1729, l'interdiction de l'opium sur son territoire. Trop tard. En quelques décennies, les quantités d'opium importées, entre 300 et 400 tonnes par an, ont déjà répandu l'opiomanie dans la population chinoise. Pour satisfaire la demande, une contrebande s'organise. Les risques courus font monter les prix. Et pour la première fois dans l'histoire, le grand commerce européen découvre que l'opium est beaucoup plus qu'un médicament : il crée une dépendance et son commerce, dopé par la prohibition, peut être la source d'immenses profits.
Consacrée première puissance maritime mondiale par le traité d'Utrecht en 1713, l'Angleterre chasse peu à peu la VOC jusqu'aux Moluques, crée l'EIC (East Indian Company) qui prend le relais des hollandais et, en 1758, détient le commerce de l'opium indien.
De 1729 à 1836, l'Empire de Chine édictera près de quarante décrets prohibitionnistes. En vain. Malgré une répression parfois féroce, la contrebande se fait sur une grande échelle, avec la complicité quasi générale de l'administration chinoise corrompue. Les prix explosent et le tonnage livré à la Chine passe de 240 tonnes avant la prohibition à 6500 tonnes en 1884. Deux guerres, dites guerres de l'opium, mettent la Chine à genoux, et en 1858 le traité de Tientsin légalise l'importation d'opium en Chine.
L'opium représentait alors plus de 41% des profits coloniaux de la couronne d'Angleterre. C'est ainsi que la Chine décida de développer la culture de son propre pavot dont la production atteignit, en 1896, 12 000 tonnes, éliminant ainsi pratiquement la totalité des importations anglaises. Et sa gracieuse majesté Victoria perdant ainsi une importante source de profits, la Chambre des Communes déclare le commerce de l'opium immoral. Sans doute pour gêner les Chinois dans la commercialisation de leur opium, alors que l'Angleterre continue à alimenter en opium l'Europe d'abord, les USA ensuite.
Un premier constat s'impose : les Anglais ont fait de l'opium une arme de conquête qui relève du commerce prédateur, tout en favorisant son extension en Europe et en Amérique. Deuxième constat : les prohibitions décrétées par la Chine, loin d'obtenir les résultats escomptés (rééquilibrage de la balance commerciale et protection de la population contre la drogue) ont, au contraire, dynamisé le trafic, mis la Chine à genoux et provoqué la toxicomanie de trente à quarante millions de Chinois.
Entre-temps, l'Angleterre est devenue, dès le début du XIXème, la première puissance mondiale grâce à son empire colonial et à la révolution industrielle qu'elle fut la première à accomplir. Son industrie avance à pas de géant, mais dans les fabriques, les conditions de travail sont particulièrement dures et la Grande-Bretagne inaugure, dans les corons et dans les cités ouvrières, un mode de consommation des drogues qui gagnera bientôt toute l'Europe et les USA.
La chimie découvre la morphine en 1803, la cocaïne en 1860, et l'héroïne en 1874. Et, dès le début des années soixante, les médicaments opiacés sont en vente libre dans toutes les pharmacies européennes et les drugstores anglo-saxons.
L'opium et ses dérivés sont la panacée : tablettes de morphines, bonbons à la codéine, élixirs, philtres, baumes, etc. L'industrie pharmaceutique prospère sur fond d'exploitation des propriétés de l'opium, médicament et drogue.
Bref, l'opium est devenu un élément essentiel de l'économie mondiale à l'apogée de la période coloniale. Le XIXème siècle se termine.
L'Angleterre domine le monde. Le commerce de l'opium est entre ses mains. Les plus grands laboratoires pharmaceutiques sont en Europe. Ils fabriquent la morphine, l'héroïne et la cocaïne par centaines de tonnes qui alimentent aussi bien les besoins médicaux que le marché de la consommation clandestine. Les USA sont exclus de ce marché juteux. Or, depuis leur indépendance, et malgré plusieurs guerres qui les ont laissés exsangues et divisés, ils se sont rapidement développés. De 1870 à 1906, leur PIB a quadruplé, et leur population a doublé. Ils ont conquis quelques colonies : Porto Rico, les Philippines, l'Ile de Guam, Hawaï, Cuba, et ils contrôlent Panama. Ils veulent entrer dans la cour des grands, toujours dominée par la Grande-Bretagne et son empire colonial qui a démontré l'importance politique et économique des drogues et en tire d'importants profits.
Sur l'insistance des USA se tient à Shanghai, en 1909, la première conférence internationale pour une prohibition générale de l'opium pour tout usage non médical.
Au nom de la morale ? Soyons sérieux ! Nous avons vu le rôle de la morale américaine dans la guerre du Nord libéral contre le Sud esclavagiste. Guerre qui visait moins à libérer les Noirs de l'esclavage qu'à récupérer une main d'œuvre bon marché pour l'industrie nordiste. Nous avons vu le rôle de la morale dans l'anéantissement du peuple indien. Pour préserver le peuple américain des drogues ? Peu plausible, les Américains s'adonnant plus volontiers aux alcools forts.
Alors, pourquoi les Américains insistent-ils tellement pour une interdiction mondiale de l'opium alors qu'ils se contenteront d'une déclaration d'intention sans qu'aucun organisme de contrôle soit mis en place ? En fait, les USA, grâce à leurs bases coloniales dans le Pacifique, se sont assurés la maîtrise de cette zone jusque-là contrôlée par la Grande-Bretagne. Et la nouvelle croisade anti-opium va leur permettre de saper l'emprise commerciale anglaise en Asie, en arraisonnant légalement les navires anglais transportant l'opium.
La deuxième conférence, à La Haye, en 1912, toujours à leur demande, étend l'interdiction à la cocaïne et au cannabis. Seront ainsi retirés des pharmacies et des drugstores la quasi-totalité des gadgets opiacés et cocaïnés dont les industries pharmaceutiques européennes tirent d'immenses profits.
Enfin, toujours convoquée à la demande des USA, la conférence de Genève, en 1925, prévoit, avec l'interdiction de toutes les drogues pour un usage non médical, un contrôle sévère du comité central permanent de la Société des Nations. À partir de là, le commerce des drogues, qui était un commerce lucratif, considéré comme immoral mais légal, devient alors un délit passible de lourdes peines. Et les sanctions prévues dopent les prix, pénalisant ainsi les laboratoires européens. Et cette prohibition générale des drogues dynamise un trafic contrebandier international, multiplie les réseaux clandestins incontrôlables, sauf par les mafias américaines nées de la prohibition de l'alcool (de 1919 à 1931) qui, sous l'impulsion de Lucky Luciano, s'emparent du marché et utilisent les mêmes filières mises en place pour la contrebande des alcools.
Une conclusion s'impose : les prohibitions n'ont rien eu d'idéologique. Tous les discours au nom de la morale et de la protection des peuples n'ont servi qu'à couvrir des buts économiques, géopolitiques ou de conquête.
Aux yeux du peuple américain et aux yeux du monde, les USA veulent apparaître comme les chevaliers blancs de la guerre sainte contre la drogue. En réalité, ils cherchent à défendre leurs intérêts économiques y compris ceux qui sont liés aux trafics internationaux. Pouvez-vous nous donner des exemples de ce que vous appelez la duplicité américaine ? Dans quelles grandes opérations la CIA a-t-elle été impliquée ?
Pour comprendre le double jeu américain, il faut revisiter un peu l'histoire de l'après-guerre. Dès 1946, malgré les dévastations de la seconde guerre mondiale, l'URSS voit son influence étendue à plus du tiers de la planète. Ce qui réduit d'autant le marché capitaliste mondial. Plus de la moitié de l'Europe est passée au socialisme, et dans l'autre moitié les Partis communistes rassemblent des millions d'électeurs.
En Asie, l'indépendance de l'Inde, la naissance de la Chine communiste, ont suscité de nombreux mouvements d'indépendance soutenus par l'URSS, puis par la Chine.
En Amérique centrale et en Amérique du Sud, le Chili, la Bolivie, le Costa Rica, le Guatemala, ont des gouvernements de gauche. L'agitation sociale gagne la Colombie, le Mexique, Panama. De nombreux maquis anti-USA naissent un peu partout. Aux USA mêmes, la reconversion en économie de paix se fait mal. Le plan Marshall perd peu à peu son efficacité.
Le leadership américain est menacé et la grande priorité est maintenant la lutte contre le communisme. C'est le début de la Guerre Froide et, dans ce contexte, les drogues vont jouer un rôle capital.
Or, le fascisme et la guerre ont démantelé le grand trafic en Europe. La Chine, l'indépendance des Indes l'ont bouleversé en Asie.
Les USA, grâce à leur puissante CIA, s'inspirant des leçons de la couronne d'Angleterre, et avec la complicité des services secrets français en Indochine, vont se servir de l'opium pour leur stratégie anti-communiste dans tout l'Est asiatique.
Ils se font des alliés des populations qui vivent de l'opium, encouragent le trafic, et trouvent à bon compte les mercenaires dont ils ont besoin contre les communistes. Les principaux réseaux connus pour avoir bénéficié de la protection et de l'assistance logistique de la CIA sont les suivants : En 1949, les troupes vaincues du Kuomintang (KMT) se réorganisent avec l'aide de la CIA sous le nom de "Chinese independance force". Le KMT fait passer sa production d'opium de 40 tonnes en 1949 à 340 tonnes en 1960.
En 1950, en Thaïlande, le chef de la police, le général Phao Sriyanonda, avec l'appui de la CIA, s'associe avec les triades chinoises de Bangkok pour expédier la drogue vers l'Europe et les USA. En 1954, la CIA constitue à la frontière du Vietnam, avec l'aide des services secrets et de l'état-major français, sous la direction du général Salan, une armée de mercenaires qui comptera 35.000 hommes en 1965, et organise le transport de l'opium vers les raffineries. De là les compagnies charter de la CIA, Air America et Continental Air Service convoient la morphine base et l'héroïne du KMT.
En 1958, au Laos, la CIA "démissionne" le gouvernement de gauche et le remplace par le général Phoumi qui travaille pour le KMT. Plus à l'ouest, plus récemment, pendant la guerre entre l'URSS et l'Afghanistan, de nombreux témoignages ont dénoncé les livraisons d'armes par les USA aux rebelles contre de la morphine base. Plus tard encore, à trois reprises, les USA se sont surpassés. En 1979, au grand dam des USA qui craignent un deuxième Cuba, les sandinistes ont pris le pouvoir au Nicaragua. Les anti-sandinistes (les contras) se réfugient au Costa Rica. Les USA décident de les aider dans leur combat contre les sandinistes. Le ravitaillement en armes des contras est dirigé depuis la Maison Blanche par le colonel North. Les avions américains livrent les armes, repartent à vide vers la Colombie, et reviennent chargés de cocaïne qu'ils débarquent au nord du Costa Rica, dans le ranch d'un américain, John Hull, qui travaille pour la CIA. La cocaïne est ensuite écoulée sur le marché américain et l'argent récolté servira à acheter les armes en Europe de l'Est par des trafiquants dirigés par une équipe israélo-américano-panaméenne. La CIA se surpassait. Entendez par "la CIA" le colonel North, son directeur Casey, et le vice-président Bush qui plus tard demandera au sénateur Kerry, par qui l'affaire est connue, de cesser de dévoiler des informations "préjudiciables à la bonne image des États-Unis" (sic).
Dans le même temps, le président Reagan accusait publiquement les sandinistes d'empoisonner la jeunesse américaine.
Il y eut aussi l'opération "fulminante", en Colombie, qui succéda de peu à la solennelle déclaration de guerre à la drogue de Bush père, en 1981, qui marquera non une simple aggravation de la prohibition mais un véritable changement qualitatif dans la méthode.
À partir de 1981, les USA auront tous les droits et les moyens de les imposer, dès l'instant qu'il s'agira de la juste lutte contre les drogues. Sous la menace de couper tous les crédits à la Colombie, les USA, avec l'aide de techniciens israéliens, lancent l'opération "fulminante" pour éradiquer la marijuana colombienne.
La flore et la faune sont détruites sur des milliers d'hectares, les troupeaux décimés, les paysans atteints de maladies mystérieuses… Les observateurs étrangers parlent d'un véritable désastre écologique. La presse française célèbre le succès des USA contre la drogue.
Mais... la vérité est dans les chiffres : avant "fulminante" la Colombie livrait 80% de la marijuana consommée par les 20 millions de fumeurs américains. Après "fulminante", les États-Unis deviennent les premiers producteurs mondiaux de marijuana (34,4% : chiffre donné par l'ONU), et récupèrent la totalité du marché américain.
Non seulement ils ont privé la Colombie de 8% de son PIB, mais ils ont détruit des milliers et des milliers d'hectares de cultures vivrières, mettant la Colombie à la merci d'une aide financière que les USA voudront bien lui accorder selon son degré de soumission. Cependant, le summum de ce qu'on peut appeler la criminalisation de la politique anti-drogue des USA est atteint lors de leur agression contre le petit Panama.
Plus de 10 000 civils y ont été assassinés (selon Amnesty International), sous prétexte de capturer le général Noriega, qui avait cessé de plaire à la CIA après vingt ans de bons et loyaux services. À l'époque, Mitterrand avait même déclaré, sans rire : "L'état de guerre avait été déclaré contre les États-Unis" (sic).
Vingt-quatre mille marines, un porte-avion, des chasseurs bombardiers, des hélicoptères de combat sont mobilisés pour capturer un homme ne bénéficiant que d'une garde prétorienne. Énorme impact médiatique, magnifique victoire américaine contre le trafic de drogue. Mais...
Début 1989, une dépêche AFP explique qu'"un rapporteur au Congrès déclare : nous blanchissons aujourd'hui 30% de l'argent de la drogue". À la même époque, Arias Calderon, chef du Parti social-démocrate panaméen, déclare : "Nous avons la dette du Tiers Monde la plus élevée rapportée au nombre d'habitants, la seule solution pour tenir est d'accroître le blanchiment ".
Fin 89, les USA attaquent le Panama. Et moins d'un an plus tard, le rapporteur des banques auprès du Sénat américain déclare : "Nous blanchissons actuellement 80% de l'argent de la drogue." Et on apprenait quelques années plus tard que les nouveaux patrons des banques panaméennes, mis en place par Bush, sont ceux qui géraient les finances du cartel de Medellin
Robert Delanne
Robert Delanne est largement septuagénaire. Ancien résistant, acteur de théâtre, navigateur, boxeur, contrebandier, explorateur, écrivain, militant anti-prohibitionniste, tels sont quelques-uns des avatars d'une personnalité aux multiples facettes qui le situe d'emblée de part et d'autre de la règle commune, comme si l'inconstance des lois dans l'espace et dans le temps lui avait donné le sentiment de leur relativité.
"Antigone est ma sainte ", disait Cocteau qui s'y connaissait en transgression. Robert Delanne sait lui aussi d'instinct se rebeller contre des lois ineptes et franchir leurs frontières dès qu'il se sait porteur d'une vérité supérieure. Car c'est une loi inepte que celle qui punit le consommateur de substances arbitrairement "classées", et c'est une vérité supérieure que celle qui proclame la liberté de choix de vie qui ne porte aucun tort à autrui.
Antigone mettait sa vie en jeu. Robert Delanne, lui, ne fut qu'incarcéré. Après cette riposte des pouvoirs établis, il fut fondé à penser qu'ayant subi sa peine, il était quitte envers ses censeurs. Mais il était désormais fiché, répertorié, casier-judiciarisé.
Georges Apap
Extrait de la préface de Georges Apap à La croisière impossible, de Robert Delanne (Editions du Lézard, 1999, 172 pages).
Sources : Wotrace
Posté par Adriana Evangelizt
9-2 Provinces Afghanes

L'Afghanistan est divisée en 32 provinces, ou velayat:
1 Badakhshan
2 Badghis
3 Baghlan
4 Balkh
5 Bamiyan
Daikondi
6 Farah
7 Faryab
8 Ghazni
9 Ghowr
10 Helmand
11 Herat
12 Jowzjan
13 Kaboul
14 Kandahar
15 Kapisa
16 Khost
17 Konar
18 Kondoz
19 Laghman
20 Lowgar
21 Nangarhar
22 Nimruz
23 Nurestan
24 Oruzgan
25 Paktia
26 Paktika
Panjshir
27 Parvan
28 Samangan
29 Sar-e Pul
30 Takhar
31 Vardak
32 Zabol


issue de en:wikipedia : Carte montrant les provinces de l'Afghanistan