dimanche, décembre 31, 2006

N°81 - journal de l'Afghanistan Special dossier - 31-12

Sommaire :
1 Médias
1-1 Silvia Cattori interviewe Daniele Ganser : La stratégie de la tension et l’Otan = Le mensonge comme instrument de manipulation politique.
2 Brèves
2-1 Ria Novosti : L'administration Bush testera en 2008 une nouvelle 'arme de frappe globale' antiterroriste.
3 Dossier & Point de vue
3-1 point de vue de Voltairenet : Odeurs de pétrole à la Maison-Blanche.
3-2 Point de vue de Ian Hamel : A deux reprises, l’administration US auraient empêché la capture d’Oussama Ben Laden en Afghanistan.
Sur les traces d’Al-Qaïda,
Eric de Lavarène et Emmanuel Razavi : « Ben Laden, les ratés d’une traque »
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
4-1 Un appel : Fermez Guantanamo Nord et Sud !
5-0 Annexes
5-1 Point de vue de Kjell Aleklett : Dick Cheney, le pic pétrolier et le compte à rebours final.
5-2 André Duchesne : L'armée canadienne accapare le quart du budget publicitaire du canada










1 Médias
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information .
Marc
1-1 Silvia Cattori interviewe Daniele Ganser : La stratégie de la tension et l’Otan = Le mensonge comme instrument de manipulation politique.
Daniele Ganser, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bâle et président de l’ASPO-Suisse, a publié un livre de référence sur « Les Armées secrètes de l’OTAN ».
Selon lui, les États-Unis ont organisé en Europe de l’Ouest pendant 50 ans des attentats qu’ils ont faussement attribué à la gauche et à l’extrême gauche pour les discréditer aux yeux des électeurs. Cette stratégie perdure aujourd’hui pour susciter la peur de l’islam et justifier des guerres pour le pétrole.
http://www.voltairenet.org:80/article144415.html

Silvia Cattori : Votre ouvrage consacré aux armées secrètes de l’Otan [1], s’attache à expliquer ce que la stratégie de la tension [2] et les False flag terrorism [3] comportent de grands dangers. Il nous enseigne comment l’Otan, durant la Guerre froide -en coordination avec les services de renseignement des pays ouest-européens et le Pentagone- s’est servi d’armées secrètes, a recruté des espions dans les milieux d’extrême droite, et a organisé des actes terroristes que l’on attribuait à l’extrême gauche. En apprenant cela, on peut s’interroger sur ce qui peut se passer aujourd’hui à notre insu.

Daniele Ganser : C’est très important de comprendre ce que la stratégie de la tension représente réellement et comment elle a fonctionné durant cette période. Cela peut nous aider à éclairer le présent et à mieux voir dans quelle mesure elle est toujours en action. Peu de gens savent ce que cette expression stratégie de la tension veut dire. C’est très important d’en parler, de l’expliquer. C’est une tactique qui consiste à commettre soi-même des attentats criminels et à les attribuer à quelqu’un d’autre. Par le terme tension on se réfère à la tension émotionnelle, à ce qui crée un sentiment de peur. Par le terme stratégie, on se réfère à ce qui alimente la peur des gens vis-à-vis d’un groupe déterminé. Ces structures secrètes de l’Otan avaient été équipées, financées et entraînées par la CIA, en coordination avec le MI6 (les services secrets britanniques), pour combattre les forces armées de l’Union Soviétique en cas de guerre, mais aussi, selon les informations dont nous disposons aujourd’hui, pour commettre des attentats terroristes dans divers pays [4]. C’est ainsi que, dès les années 70, les services secrets italiens ont utilisé ces armées secrètes pour fomenter des attentats terroristes dans le but de provoquer la peur au sein de la population et, ensuite, d’accuser les communistes d’en être les auteurs. C’était la période où le Parti communiste avait un pouvoir législatif important au Parlement. La stratégie de la tension devait servir à le discréditer, l’affaiblir, pour l’empêcher d’accéder à l’exécutif.

« Nato’s secret armies » de Daniele Ganser
Silvia Cattori : Apprendre ce que cela veut dire est une chose. Mais il reste difficile de croire que nos gouvernements aient pu ainsi laisser l’Otan, les services de renseignement ouest-européens et la CIA agir de façon à menacer la sécurité de leurs propres citoyens !

Daniele Ganser : L’Otan était au cœur de ce réseau clandestin lié à la terreur ; le Clandestine Planning Committee (CPC) et l’Allied Clandestine Committee (ACC) étaient des substructures clandestines de l’Alliance atlantique, qui sont clairement identifiées aujourd’hui. Mais, maintenant que cela est établi, il est toujours difficile de savoir qui faisait quoi. Il n’y a pas de documents pour prouver qui commandait, qui organisait la stratégie de la tension, comment l’Otan, les services de renseignement ouest-européens, la CIA, le MI6, et les terroristes recrutés dans les milieux d’extrême droite, se distribuaient les rôles. La seule certitude que nous avons est qu’il y avait, à l’intérieur de ces structures clandestines, des éléments qui ont utilisé la stratégie de la tension. Les terroristes d’extrême droite ont expliqué dans leurs dépositions que c’était les services secrets et l’Otan qui les avaient soutenus dans cette guerre clandestine. Mais quand on demande des explications à des membres de la CIA ou de l’Otan -ce que j’ai fait pendant plusieurs années- ils se limitent à dire qu’il a peut-être pu y avoir quelques éléments criminels qui ont échappé à leur contrôle.

Silvia Cattori : Ces armées secrètes étaient-elles actives dans tous les pays ouest-européens ?

Daniel Ganser : Par mes recherches, j’ai apporté la preuve que ces armées secrètes existaient, non seulement en Italie, mais dans toute l’Europe de l’Ouest : en France, en Belgique, en Hollande, en Norvège, au Danemark, en Suède, en Finlande, en Turquie, en Espagne, au Portugal, en Autriche, en Suisse, en Grèce, au Luxembourg, en Allemagne. On avait d’abord pensé qu’il y avait une structure de guérilla unique et que, par conséquent, ces armées secrètes avaient toutes participé à la stratégie de la tension, donc à des attentats terroristes. Or, il est important de savoir que ces armées secrètes n’ont pas toutes participé à des attentats. Et de comprendre ce qui les différenciait car elles avaient deux activités distinctes. Ce qui apparaît clairement aujourd’hui est que ces structures clandestines de l’Otan, communément appelées Stay behind [5], étaient conçues, au départ, pour agir comme une guérilla en cas d’occupation de l’Europe de l’Ouest par l’Union soviétique. Les États-Unis disaient que ces réseaux de guérilla étaient nécessaires pour surmonter l’impréparation dans laquelle les pays envahis par l’Allemagne s’étaient alors trouvés.

Nombre de pays qui ont connu l’occupation allemande, comme la Norvège, voulaient tirer les leçons de leur incapacité à résister à l’occupant et se sont dit, qu’en cas de nouvelle occupation, ils devaient être mieux préparés, disposer d’une autre option et pouvoir compter sur une armée secrète dans le cas où l’armée classique serait défaite. Il y avait, à l’intérieur de ces armées secrètes, d’honnêtes gens, des patriotes sincères, qui voulaient uniquement défendre leur pays en cas d’occupation.

Silvia Cattori : Si je comprends bien, ces Stay behind dont l’objectif initial était de se préparer pour le cas d’une invasion soviétique, ont été détournées de ce but pour combattre la gauche. Dès lors, on peine à comprendre pourquoi les partis de gauche n’ont pas enquêté, dénoncé ces dérives plus tôt ?

Daniele Ganser : Si on prend le cas de l’Italie, il apparaît que, chaque fois que le Parti communiste a interpellé le gouvernement pour obtenir des explications sur l’armée secrète qui opérait dans ce pays sous le nom de code Gladio [6], il n’y a jamais eu de réponse sous prétexte de secret d’Etat. Ce n’est qu’en 1990 que Giulio Andreotti [7] a reconnu l’existence de Gladio et ses liens directs avec l’Otan, la CIA et le MI6 [8]. C’est à cette époque aussi que le juge Felice Casson a pu prouver que le véritable auteur de l’attentat de Peteano en 1972, qui avait secoué alors l’Italie, et qui avait été attribué jusque là à des militants d’extrême gauche, était Vincenzo Vinciguerra, apparenté lui à Ordine Nuovo, un groupe d’extrême droite. Vinciguerra a avoué avoir commis l’attentat de Peteano avec l’aide des services secrets italiens. Vinciguerra a également parlé de l’existence de cette armée secrète Gladio. Et il a expliqué que, pendant la Guerre froide, ces attentats clandestins avaient causé la mort de femmes et d’enfants [9]. Il a également affirmé que cette armée secrète contrôlée par l’Otan, avait des ramifications partout en Europe. Quand cette information est sortie, il y a eu une crise politique en Italie, Et c’est grâce aux investigations du juge Felice Casson qu’on a eu connaissance des armées secrètes de l’Otan.

En l’Allemagne, quand les socialistes du SPD ont appris, en 1990, qu’il existait dans leur pays -comme dans tous les autres pays européens- une armée secrète, et que cette structure était liée aux services secrets allemands, ils ont crié au scandale et accusé le parti démocrate-chrétien (CDU). Ce parti a réagi en disant : si vous nous accusez, nous allons dire au public que, vous aussi, avec Willy Brandt, aviez trempé dans cette conspiration. Cela coïncidait avec les premières élections de l’Allemagne réunifiée, que le SPD espérait gagner. Les dirigeants du SPD ont compris que ce n’était pas un bon sujet électoral ; finalement ils ont laissé entendre que ces armées secrètes étaient justifiées.

Au Parlement européen, en novembre 1990, des voix se sont élevées pour dire que l’on ne pouvait pas tolérer l’existence d’armées clandestines, ni laisser sans explication des actes de terreur dont l’origine réelle n’était pas élucidée, qu’il fallait enquêter. Le Parlement européen a donc protesté par écrit auprès de l’Otan et du président George Bush senior. Mais rien n’a été fait.

Ce n’est qu’en Italie, en Suisse et en Belgique, que des enquêtes publiques ont été engagées. Ce sont du reste les trois seuls pays qui ont fait un peu d’ordre dans cette affaire et qui ont publié un rapport sur leurs armées secrètes.

Silvia Cattori : Qu’en est-il aujourd’hui ? Ces armées clandestines seraient-elles toujours actives ? Y aurait-il des structures nationales secrètes qui échappent au contrôle des États ?

Daniele Ganser : Pour un historien, il est difficile de répondre à cette question. On ne dispose pas d’un rapport officiel pays par pays. Dans mes ouvrages, j’analyse des faits que je peux prouver.

En ce qui concerne l’Italie, il y a un rapport qui dit que l’armée secrète Gladio a été supprimée. Sur l’existence de l’armée secrète P 26 en Suisse, il y a également eu un rapport du Parlement, en novembre 1990. Donc, ces armées clandestines, qui avaient stocké des explosifs dans des caches un partout à travers la Suisse, ont été dissoutes.

Mais, dans les autres pays, on n’a rien fait. En France, alors que le président François Mitterrand avait affirmé que tout cela appartenait au passé, on a appris par la suite que ces structures secrètes étaient toujours en place quand Giulio Andreotti a laissé entendre que le président français mentait : « Vous dites que les armées secrètes n’existent plus ; or, lors de la réunion secrète de l’automne 1990, vous aussi les Français étiez présents ; ne dites pas que cela n’existe plus ». Mitterrand fut assez fâché avec Andreotti car, après cette révélation, il dut rectifier sa déclaration. Plus tard l’ancien chef des services secrets français, l’amiral Pierre Lacoste, a confirmé que ces armées secrètes existaient aussi en France, et que la France avait eu elle aussi des implications dans des attentats terroristes [10].

Il est donc difficile de dire si tout cela est révolu. Et, même si les structures Gladio ont été dissoutes, on peut très bien en avoir créé de nouvelles tout en continuant de se servir de cette technique de la stratégie de la tension et des False flag.

Silvia Cattori : Peut-on penser que, après l’effondrement de l’URSS, les États-Unis et l’Otan ont continué de développer la stratégie de la tension et les False flag sur d’autres fronts ?

Daniele Ganser : Mes recherches se sont concentrées sur la période de la Guerre froide en Europe. Mais l’on sait qu’il y a eu ailleurs des False flag où la responsabilité des États a été prouvée. Exemple : les attentats, en 1953, en Iran, d’abord attribués à des communistes iraniens. Or, il s’est avéré que la CIA et le MI6 s’étaient servis d’agents provocateurs pour orchestrer le renversement du gouvernement Mohammed Mossadegh, ceci dans le cadre de la guerre pour le contrôle du pétrole. Autre exemple : les attentats, en 1954, en Égypte, que l’on avait d’abord attribués aux musulmans. Il a été prouvé par la suite que, dans ce que l’on a appelé l’affaire Lavon [11], ce sont les agents du Mossad qui en étaient les auteurs. Ici, il s’agissait pour Israël d’obtenir que les troupes britanniques ne quittent pas l’Égypte mais y demeurent, aussi pour assurer la protection d’Israël. Ainsi, nous avons des exemples historiques montrant que la stratégie de la tension et les false flag ont été utilisés par les USA, la Grande Bretagne et Israël. Il nous faut encore poursuivre les recherches dans ces domaines, car, dans leur histoire, d’autres pays ont également utilisé la même stratégie.

Silvia Cattori : Ces structures clandestines de l’Otan, créées après la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion des États-Unis, pour doter les pays européens d’une guérilla capable de résister à une invasion soviétique, n’ont finalement servi qu’à mener des opérations criminelles contre des citoyens européens ? Tout porte à penser que les États-Unis visaient eux tout autre chose !

Daniele Ganser : Vous avez raison de soulever cette question. Les États-Unis étaient intéressés par le contrôle politique. Ce contrôle politique est un élément essentiel de la stratégie de Washington et de Londres. Le général Geraldo Serravalle, chef du Gladio, le réseau italien Stay-behind, en donne un exemple dans son livre. Il raconte qu’il a compris que les États-Unis n’étaient pas intéressés par la préparation de cette guérilla en cas d’invasion soviétique, quand il a vu que, ce qui intéressait les agents de la CIA, qui assistaient aux exercices d’entraînement de l’armée secrète qu’il dirigeait, était de s’assurer que cette armée fonctionne de façon à contrôler les actions des militants communistes. Leur crainte était l’arrivée des communistes au pouvoir dans des pays comme la Grèce, l’Italie, la France. C’est donc à cela que devait servir la stratégie de la tension : à orienter et à influencer la politique de certains pays de l’Europe de l’Ouest.

Silvia Cattori : Vous avez parlé de l’élément émotionnel comme facteur important dans la stratégie de la tension. Donc, la terreur, dont l’origine reste floue, incertaine, la peur qu’elle provoque, sert à manipuler l’opinion. N’assiste-t-on pas aujourd’hui aux mêmes procédés ? Hier, on attisait la peur du communisme, aujourd’hui n’attise-t-on pas la peur de l’islam ?

Daniele Ganser : Oui, il y a un parallèle très net. Lors des préparatifs de guerre contre l’Irak, on a dit que Saddam Hussein possédait des armes biologiques, qu’il y avait un lien entre l’Irak et les attentats du 11 septembre, ou qu’il y avait un lien entre l’Irak et les terroristes d’Al Qaida. Mais tout cela n’était pas vrai. Par ces mensonges, on voulait faire croire au monde que les musulmans voulaient répandre le terrorisme partout, que cette guerre était nécessaire pour combattre la terreur. Or, la vraie raison de la guerre est le contrôle des ressources énergétiques. Du fait de la géologie, les richesses en gaz et en pétrole se concentrent dans les pays musulmans. Celui qui veut se les accaparer, doit se masquer derrière ce genre de manipulations.

On ne peut pas dire qu’il n’y a plus beaucoup de pétrole car le maximum de la production globale – le « peak oil » [12] – va survenir probablement avant 2020 et qu’il faut donc aller prendre le pétrole en Irak, parce que les gens diraient qu’il ne faut pas tuer des enfants pour le pétrole. Et ils ont raison. On ne peut pas leur dire non plus que, dans la Mer Caspienne, il y a des réserves énormes et qu’on veut créer un pipeline vers l’Océan indien mais que, comme on ne peut pas passer par l’Iran au sud, ni passer par la Russie au nord, il faut passer par l’est, le Turkménistan et l’Afghanistan, et donc, il faut contrôler ce pays. C’est pourquoi on qualifie les musulmans de « terroristes ». Ce sont de gros mensonges, mais si l’on répète mille fois que les musulmans sont des « terroristes », les gens finiront par le croire et par se dire que ces guerres antimusulmanes sont utiles ; et par oublier qu’il y a beaucoup de formes de terrorisme, que la violence n’est pas forcement une spécialité musulmane.

Silvia Cattori : En somme, ces structures clandestines ont pu être dissoutes, mais la stratégie de la tension a pu continuer ?

Daniele Ganser : C’est exact. On peut avoir dissout les structures, et en avoir formé de nouvelles. Il est important d’expliquer comment, dans la stratégie de la tension, la tactique et la manipulation fonctionnent. Tout cela n’est pas légal. Mais, pour les États, c’est plus facile de manipuler des gens que de leur dire que l’on cherche à mettre la main sur le pétrole d’autrui. Toutefois, tous les attentats ne découlent pas de la stratégie de la tension. Mais il est difficile de savoir quels sont les attentats manipulés. Même ceux qui savent que nombre d’attentats sont manipulés par des Etats pour discréditer un ennemi politique, peuvent se heurter à un obstacle psychologique. Après chaque attentat, les gens ont peur, sont confus. Il est très difficile de se faire à l’idée que la stratégie de la tension, la stratégie du False flag, est une réalité. Il est plus simple d’accepter la manipulation et de se dire : « Depuis trente ans je me tiens informé et je n’ai jamais entendu parler de ces armées criminelles. Les musulmans nous attaquent, c’est pour cela qu’on les combat ».

Silvia Cattori : Dès 2001, l’Union européenne a instauré des mesures anti-terroristes. Il est apparu ensuite que ces mesures ont permis à la CIA de kidnapper des gens, de les transporter dans des lieux secrets pour les torturer. Les États européens ne sont-ils pas devenus un peu otages de leur soumission aux États-Unis ?

Daniele Ganser : Les États européens ont eu une attitude assez faible à l’égard des États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Après avoir affirmé que les prisons secrètes étaient illégales, ils ont laissé faire. Même chose avec les prisonniers de Guantanamo. Des voix se sont élevées en Europe pour dire : « On ne peut pas priver les prisonniers de la défense d’un avocat ». Quand Madame Angela Merkel a évoqué cette question, les États-Unis ont clairement laissé entendre que l’Allemagne était un peu impliquée en Irak, que ses services secrets avaient contribué à préparer cette guerre, donc qu’ils devaient se taire.

Silvia Cattori : Dans ce contexte, où il y a encore beaucoup de zones d’ombre, quelle sécurité peut apporter l’Otan aux peuples qu’elle est censée protéger si elle permet à des services secrets de manipuler ?

Daniele Ganser : En ce qui concerne les attentats terroristes manipulés par les armées secrètes du réseau Gladio durant la Guerre froide, il est important de pouvoir déterminer avec clarté quelle est l’implication réelle de l’Otan là-dedans, de savoir ce qui s’est réellement passé. S’agissait-il d’actes isolés ou d’actes organisés secrètement par l’Otan ? Jusqu’à ce jour, l’Otan a refusé de parler de la stratégie de la tension et du terrorisme durant la Guerre froide, l’Otan refuse toute question concernant Gladio.

Aujourd’hui, on se sert de l’Otan comme d’une armée offensive, alors que cette organisation n’a pas été créée pour jouer ce rôle. On l’a activée dans ce sens, le 12 septembre 2001, immédiatement après les attentats de New York. Les dirigeants de l’Otan affirment que la raison de leur participation à la guerre contre les Afghans est de combattre le terrorisme. Or, l’Otan risque de perdre cette guerre. Il y aura, alors, une grande crise, des débats. Ce qui permettra alors de savoir si l’Otan mène, comme elle l’affirme, une guerre contre le terrorisme, ou si on se trouve dans une situation analogue à celle que l’on a connue durant la Guerre froide, avec l’armée secrète Gladio, où il y avait un lien avec la terreur. Les années à venir diront si l’Otan a agi en dehors de la mission pour laquelle elle a été fondée : défendre les pays européens et les États-Unis en cas d’invasion soviétique, évènement qui ne s’est jamais produit. L’Otan n’a pas été fondée pour s’emparer du pétrole ou du gaz des pays musulmans.

Silvia Cattori : On pourrait encore comprendre qu’Israël, qui a des intérêts à élargir les conflits dans les pays arabes et musulmans, encourage les États-Unis dans ce sens. Mais on ne voit pas quel peut être l’intérêt des États européens à engager des troupes dans des guerres décidées par le Pentagone, comme en Afghanistan ?

Daniele Ganser : Je pense que l’Europe est confuse. Les États-Unis sont dans une position de force, et les Européens ont tendance à penser que la meilleure chose est de collaborer avec le plus fort. Mais il faudrait réfléchir un peu plus. Les parlementaires européens cèdent facilement à la pression des États-Unis qui réclament toujours davantage de troupes sur tel ou tel front. Plus les pays européens cèdent, plus ils se soumettent, et plus ils vont se trouver confrontés à des problèmes toujours plus grands. En Afghanistan, les Allemands et les Britanniques sont sous le commandement de l’armée américaine. Stratégiquement, ce n’est pas une position intéressante pour ces pays. Maintenant, les États-Unis ont demandé aux Allemands d’engager leurs soldats également au sud de l’Afghanistan, dans les zones où la bataille est la plus rude. Si les Allemands acceptent, ils risquent de se faire massacrer par ces forces afghanes qui refusent la présence de tout occupant. L’Allemagne devrait sérieusement se demander si elle ne devrait pas retirer ses 3000 soldats d’Afghanistan. Mais, pour les Allemands, désobéir aux ordres des États-Unis, dont ils sont un peu les vassaux, c’est un pas difficile à faire.

Silvia Cattori :Que savent les autorités qui nous gouvernent aujourd’hui de la stratégie de la tension ? Peuvent-elles continuer comme cela à laisser des fauteurs de guerres fomenter des coups d’État, kidnapper et torturer des gens sans réagir ? Ont-elles encore les moyens d’empêcher ces activités criminelles ?

Daniele Ganser : Je ne sais pas. Comme historien, j’observe, je prends note. Comme conseiller politique, je dis toujours qu’il ne faut pas céder aux manipulations qui visent à susciter la peur et à faire croire que les « terroristes » sont toujours les musulmans ; je dis qu’il s’agit d’une lutte pour le contrôle des ressources énergétiques ; qu’il faut trouver des moyens pour survivre à la pénurie énergétique sans aller dans le sens de la militarisation. On ne peut pas résoudre les problèmes de cette façon ; on les aggrave.

Silvia Cattori : Quand on observe la diabolisation des Arabes et des musulmans à partir du conflit israélo-palestinien, on se dit que cela n’a rien à voir avec le pétrole.

Daniele Ganser : Oui, dans ce cas oui. Mais, dans la perspective des États-Unis, il s’agit bien d’une lutte pour prendre le contrôle des réserves énergétiques de ce bloc eurasiatique qui se situe dans cette « ellipse stratégique » qui va de l’Azerbaïdjan en passant par le Turkménistan et le Kazakhstan, jusqu’à l’Arabie Saoudite, l’Irak, le Koweït et le Golfe persique. C’est précisément là, dans cette région où se déroule cette prétendue guerre « contre le terrorisme », que se concentrent les plus importantes réserves en pétrole et en gaz. À mon avis, il ne s’agit pas d’autre chose que d’un enjeu géostratégique à l’intérieur duquel l’Union européenne ne peut qu’être perdante. Car, si les États-Unis prennent le contrôle de ces ressources, et que la crise énergétique s’aggrave, ils leur diront : « Vous voulez du gaz, vous voulez du pétrole, très bien, en échange nous on veut ceci et cela ». Les États-Unis ne vont pas donner gratuitement le pétrole et le gaz aux pays européens. Peu de gens savent que le « peak oil », le maximum de la production, a déjà été atteint dans la Mer du Nord et que, par conséquent, la production du pétrole en Europe - la production de la Norvège et de la Grande Bretagne - est en déclin.

Le jour où les gens réaliseront que ces guerres « contre le terrorisme » sont manipulées, et que ces accusations contre les musulmans sont, en partie, de la propagande, ils vont être surpris. Les États européens doivent se réveiller et comprendre enfin comment la stratégie de la tension fonctionne. Et ils doivent aussi apprendre à dire non aux États-Unis. En plus, aux États-Unis aussi, il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas de cette militarisation des relations internationales.

Silvia Cattori : Vous avez aussi fait des recherches sur les attentats du 11 septembre 2001 et vous avez cosigné un livre [13] avec d’autres intellectuels qui se préoccupent des incohérences et des contradictions dans la version officielle de ces évènements ainsi que dans les conclusions de la commission d’enquête mandatée par Monsieur Bush ? Ne craignez-vous pas d’être accusé de « théorie conspirationniste » ?

Daniele Ganser : Mes étudiants et d’autres gens m’ont toujours demandé : si cette « guerre contre le terrorisme » concerne vraiment le pétrole et le gaz, les attentats du 11 septembre n’ont-ils pas aussi été manipulés ? Ou est-ce une coïncidence, que les musulmans d‘Oussama ben Laden aient frappé exactement au moment où les pays occidentaux commençaient à comprendre qu’une crise du pétrole s’annonçait ? J’ai donc commencé à m’intéresser à ce qui avait été écrit sur le 11 septembre et à étudier également le rapport officiel qui a été présenté en juin 2004. Quand on se plonge dans ce sujet, on s’aperçoit d’emblée qu’il y a un grand débat planétaire autour de ce qui s’est réellement passé le 11 septembre 2001. L’information que nous avons n’est pas très précise. Ce qui pose question dans ce rapport de 600 pages est que la troisième tour qui s’est effondrée ce jour là, n’est même pas mentionnée. La commission ne parle que de l’effondrement de deux tours, les « Twin Towers ». Alors qu’il y a une troisième tour, haute de 170 mètres, qui s’est effondrée ; la tour appelée WTC 7. On parle d’un petit incendie dans son cas. J’ai parlé avec des professeurs qui connaissent bien la structure des bâtiments ; ils disent qu’un petit incendie ne peut pas détruire une structure d’une pareille dimension. L’histoire officielle sur le 11 septembre, les conclusions de la commission, ne sont pas crédibles. Cette absence de clarté met les chercheurs dans une situation très difficile. La confusion règne également sur ce qui s’est réellement passé au Pentagone. Sur les photos que nous avons c’est difficile de voir un avion. On ne voit pas comment un avion serait tombé là-dessus.

Silvia Cattori : Le Parlement du Venezuela a demandé aux Etats-Unis d’apporter davantage d’explications pour éclaircir l’origine de ces attentats. Cela ne devrait-il pas être l’exemple à suivre ?

Daniele Ganser : Il y a beaucoup d’incertitudes sur le 11 septembre. Les parlementaires, les universitaires, les citoyens peuvent demander des comptes sur ce qui s’est réellement passé. Je pense qu’il est important de continuer à s’interroger. C’est un évènement que personne ne peut oublier ; chacun se rappelle où il se trouvait à ce moment précis. C’est incroyable que, cinq années plus tard, on ne soit toujours pas arrivé à y voir clair.

Silvia Cattori : On dirait que tout se passe comme si tous les corps constitués ne veulent pas remettre en question la version officielle. Se seraient-ils laissé manipuler par la désinformation organisée par des stratèges de la tension et des False flag ?

Daniele Ganser : On est manipulable si on a peur ; peur de perdre son travail, peur de perdre le respect des gens que l’on aime. On ne peut pas sortir de cette spirale de violence et de terreur si on se laisse gagner par la peur. C’est normal d’avoir peur, mais il faut parler ouvertement de cette peur et des manipulations qui la génèrent. Nul ne peut échapper à leurs conséquences. Cela est d’autant plus grave que les responsables politiques agissent souvent sous l’effet de cette peur. Il faut trouver la force de dire : « Oui j’ai peur de savoir que ces mensonges font souffrir des gens ; oui j’ai peur de penser qu’il n’y a plus beaucoup de pétrole ; oui j’ai peur de penser que ce terrorisme dont on parle est la conséquence de manipulations, mais je ne vais pas me laisser intimider ».

Silvia Cattori : Jusqu’à quel point des pays comme la Suisse participent-ils, en ce moment, de cette stratégie de la tension ?

Daniele Ganser : Je pense qu’il n’y a pas de stratégie de la tension en Suisse. Ce pays ne connait pas d’attentats terroristes. Mais, ce qui est vrai, en Suisse comme ailleurs, est que les politiques qui craignent les États-Unis, leur position de force, ont tendance à se dire : ce sont de bons amis, nous n’avons pas intérêt à nous battre avec eux.

Silvia Cattori : Cette manière de penser et de couvrir les mensonges qui découlent de la stratégie de la tension, ne rend-elle pas tout un chacun complice des crimes qu’elle entraîne ? À commencer par les journalistes et les partis politiques ?

Daniele Ganser : Je pense, personnellement, que tout le monde - journalistes, universitaires, politiciens - doit réfléchir sur les implications de la stratégie de la tension et des False flag. Nous sommes là, il est vrai, en présence de phénomènes qui échappent à tout entendement. C’est pourquoi, chaque fois qu’il y a des attentats terroristes, il faut s’interroger et chercher à comprendre ce que cela recouvre. Ce n’est que le jour où l’on admettra officiellement que les False flag sont une réalité, que l’on pourra établir une liste des False flag qui ont eu lieu dans l’histoire et se mettre d’accord sur ce qu’il faudrait faire.

La recherche de la paix est le thème qui m’intéresse. Il est important d’ouvrir le débat sur la stratégie de la tension et de prendre acte qu’il s’agit d’un phénomène bien réel. Car, aussi longtemps que l’on n’a pas accepté de reconnaître son existence, on ne peut pas agir. C’est pour cela qu’il est important d’expliquer ce que la stratégie de la tension signifie réellement. Et, une fois que l’on a compris, de ne pas se laisser gagner par la peur et la haine contre un groupe. Il faut se dire que ce n’est pas uniquement un pays qui est impliqué là-dedans ; que ce ne sont pas seulement les États-Unis, l’Italie, Israël ou les Iraniens, mais que cela se produit partout, même si certains pays y participent de manière plus intense que d’autres. Il faut comprendre, sans accuser tel pays ou telle personne. La peur et la haine n’aident pas à avancer mais paralysent le débat. Je vois beaucoup d’accusations contre les États-Unis, contre Israël, contre la Grande Bretagne, ou alternativement, contre l’Iran, la Syrie. Mais la recherche sur la paix nous enseigne qu’il ne faut pas se livrer à des accusations basées sur le nationalisme, et qu’il ne faut ni haine ni peur ; que le plus important est d’expliquer. Et cette compréhension sera bénéfique pour nous tous.

Silvia Cattori : Pourquoi votre livre consacré aux armées secrètes de l’Otan, publié en anglais, traduit en italien, en turc, en slovène et bientôt en grec n’est-il pas publié en français ?

Daniele Ganser : Je n’ai pas encore trouvé d’éditeur en France. Si un éditeur est intéressé à publier mon livre c’est bien volontiers que je le verrais traduit en français.
Silvia CattoriJournaliste suisse.
29 décembre 2006
Depuis Zurich (Suisse)
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[1] Nato’s secret Armies : Terrorism in Western Europe par Daniele Gabnser, préface de John Prados. Frank Cass éd., 2005. ISBN 07146850032005
[2] C’est après l’attentat de Piazza Fontana à Milan en 1969 que l’expression stratégie de la tension a été entendue pour la première fois.
[3] False flag operations (opérations faux drapeaux) est l’expression utilisée pour désigner des actions terroristes, menées secrètement par des gouvernements ou des organisations, et que l’on fait apparaître comme ayant été menées par d’autres.
[4] « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains » par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001.
[5] Stay behind (qui veut dire : rester derrière en cas d’invasion soviétique) est le nom donné aux structures clandestines entraînées pour mener une guerre de partisans.
[6] Gladio désigne l’ensemble des armées secrètes européennes qui étaient sous la direction de la CIA.
[7] Président du Conseil des ministres, membre de la démocratie chrétienne.
[8] « Rapport Andreotti sur l’Opération Gladio » document du 26 février 1991, Bibliothèque du Réseau Voltaire.
[9] « 1980 : carnage à Bologne, 85 morts », Réseau Voltaire, 12 mars 2004.
[10] « La France autorise l’action des services US sur son territoire » par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 mars 2004.
[11] Affaire Lavon, du nom du ministre de la Défense israélien qui a dû démissionner quand le Mossad a été démasqué comme ayant trempé dans ces actes criminels
[12] Voir : « Odeurs de pétrole à la Maison-Blanche », Réseau Voltaire, 14 décembre 2001. « Les ombres du rapport Cheney » par Arthur Lepic, 30 mars 2004. « Le déplacement du pouvoir pétrolier » par Arthur Lepic, 10 mai 2004. « Dick Cheney, le pic pétrolier et le compte à rebours final » par Kjell Aleklett, 9 mars 2005.« L’adaptation économique à la raréfaction du pétrole » par Thierry Meyssan, 9 juin 2005.
[13] 9/11 American Empire : Intellectual speaks out, sous la direction de David Ray Griffin, Olive Branch Press, 2006

2 Les Brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
2-1 Ria Novosti : L'administration Bush testera en 2008 une nouvelle 'arme de frappe globale' antiterroriste.
L'administration Bush a programmé pour 2008 des tests d'une nouvelle "arme de frappe globale", le missile de croisière hypersonique X-51 WaveRider, a annoncé dans son numéro de janvier la revue Popular Mechanics. "Le nouveau missile sera sept fois plus rapide que le Tomahawk", affirme le constructeur de la nouvelle arme, Mark J. Lewis, dans une interview accordée au périodique. Réalisé en alliage de nickel et mesurant 3,5 mètres de long, dimension standard pour un missile air-sol, le X-51 serait capable d'évoluer à une vitesse de 6.000 km/h. En cas de succès du projet, les Etats-Unis comptent se doter d'une arme permettant de porter des frappes rapides (en 60 minutes au maximum) et ponctuelles en tout endroit de la planète, ce qui est nécessaire à l'efficacité de la lutte contre le terrorisme. Le périodique rappelle que le 20 août 1998, sur l'ordre du président Bill Clinton, un groupe de navires de l'US Navy qui naviguait alors en mer d'Oman avait tiré plusieurs Tomahawk sur un camp d'Al-Qaida, en Afghanistan, où se trouvait à ce moment Oussama ben Laden. A une vitesse de 880 km/h, les missiles avaient mis deux heures environ pour franchir les 1.760 km qui les séparaient de la cible. Lorsque les Tomahawk avaient atteint le camp terroriste, ben Laden n'y était plus depuis déjà une heure, a expliqué à Popular Mechanics l'ancien coordinateur de la lutte antiterroriste Richard Clark. En cas de succès des tests, le X-51 WaveRider hypersonique serait capable d'atteindre le même objectif dans une situation analogue vingt minutes après le tir, affirme le périodique. 21 décembre 2006.
par Ria Novosti
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=NOV20061223&articleId=4249
3 Dossiers
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
3-1 point de vue de Voltairenet : Odeurs de pétrole à la Maison-Blanche.
Le gouvernement Bush est composé de personnalités issues du monde économique, et singulièrement des multinationales du pétrole. Dick Cheney, l’homme qui planifia la guerre du Golfe et dirigea le premier équipementier pétrolier mondial, préside à la Maison-Blanche un groupe de travail qui a fait de l’approvisionnement énergétique la priorité absolue de la politique extérieure des USA. Qualifié de "société secrète" par le Washington Post, ce groupe a hissé la construction d’un gazoduc reliant le Turkménistan à l’océan Indien au rang d’objectif stratégique justifiant le renversement du régime taliban.
Dès les premiers jours de son arrivée à la Maison-Blanche, George W. Bush a lancé des programmes et procédé à des nominations pour marquer une rupture avec la parenthèse Clinton et une continuité avec son père et prédécesseur, George Bush. En matière de politique intérieure, Petit Bush [1] a lancé son " initiative basée sur la foi " [2]. Pour la politique étrangère, le vice-président, Richard Cheney a mis en place le Groupe de développement de la politique énergétique nationale (NEPD). Sa création a été annoncée le 29 janvier 2001, soit une semaine après l’investiture du nouveau président. En mai, il a rendu un rapport intitulé Une énergie fiable, peu coûteuse et respectueuse de l’environnement pour l’Amérique du futur [3]. Mais les activités exactes de ce groupe restent mystérieuses. Ses réunions sont ultra-sécurisées et aucune minute des débats n’est fixée par écrit, de sorte que le Washington Post a pu le décrire comme " une sorte de société secrète " [4].
D’une manière générale, le gouvernement Bush est l’émanation d’un groupe de multinationales, dont chaque ministre important est issu. Plus précisément, ce gouvernement reflète prioritairement les intérêts particuliers du lobby pétrolier. Le président Bush lui-même a fait fortune en obtenant l’exclusivité de l’exploitation du pétrole du Bahrein pour la compagnie Harken Energy Corporation qu’il dirigeait, et dont Khaled Ben Mahfouz et Salem Ben Laden étaient les principaux actionnaires [5]. Robert Cheney est l’ancien patron d’Halliburton [6], le principal équipementier pétrolier au monde. Condoleezza Rice [7], la conseillère nationale de sécurité, est une ex responsable de Chevron-Texaco [8]. Gale Norton [9], la secrétaire à l’Intérieur, représente les intérêts du pétrolier BP-Amoco [10]. Etc.
La principale recommandation du NEPD est de faire de la sécurité de l’approvisionnement en énergie la priorité absolue de la politique étrangère et commerciale américaine. Il n’est donc plus possible aujourd’hui d’analyser la politique extérieure des États-Unis sans l’interpréter en fonction de cet impératif. Or, le nouvel Eldorado de l’or noir, ce sont les gisements de la mer Caspienne. Pour les exploiter en contournant à la fois l’Iran et la Russie, l’administration Bush a décidé prioritairement de conduire à son terme la construction du pipe-line BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), qui relie la Caspienne à la Méditerranée, en traversant l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. En marge de cette stratégie, Chevron-Texaco a achevé le 27 novembre 2001 la construction du pipe-line Tengiz-Novorossisysk, qui permet d’acheminer le pétrole du Kazakhstan vers la mer Noire, malheureusement en traversant la Russie.
L’étape suivante consistera à acheminer le gaz du Turkmenistan vers l’océan Indien en traversant l’Afghanistan et le Pakistan. Il serait fort intéressant de connaître les travaux du NEPD à ce sujet. Mais le vice-président Cheney refuse obstinément de les transmettre au General Accounting Office (GAO), l’organisme qui recherche la documentation et conduit les enquêtes pour le compte du Congrès. Suite aux événements du 11 septembre, le GAO a provisoirement renoncé à se les procurer : toute vérité n’est pas bonne à dire [11].
[1] Les États-Uniens distinguent Little Bush (petit Bush) et Bush the elder (Bush l’aîné). L’usage du qualificatif junior est réservé aux fils portant les mêmes prénoms que leur père, ce qui n’est pas le cas d’espèce.
[2] Cf. Pour George W. Bush, la foi tient lieu de politique, in Note d’information du Réseau Voltaire n° 227-228.
[3] Reliable, Affordable and Environmental Sound Energy for America’s Future, report of the National Energy Policy Development Group http://www.whitehouse.gov/energy/Na... (Pdf : 3000 Ko).
[4] Energy Task Force Works in Secret by Dana Milbank et Eric Pianin, in Washington Post du 16 avril 2001.
[5] Cf. À qui profite le crime ? Les liens financiers occultes des Bush et des Ben Laden, in Note d’information du Réseau Voltaire n° 237.
[6] http://www.halliburton.com Avec 12,5 milliards d’euros de CA, Halliburton est le premier équipementier pétrolier mondial devant Schlumberger (10 milliards d’euros de CA).
[7] Cf. Critics Knock Naming Oil Tanker Condoleezza, by Carla Marinucci, in San Francisco Chronicle du 5 avril 2001.
[8] Mme Rice était administratice et actionnaire de Chevron jusqu’à sa nomination au Conseil national de sécurité. Chevron est la nouvelle dénomination de la firme fondée par John D. Rockefeller, Standard Oil of California dite Esso Standard. Chevron et Texaco ont fusionné, le 9 octobre 2001, http://www.ChevronTexaco.com . Avec 124 milliards d’euros de CA, la nouvelle société est la seconde multinationale US derrière Exxon-Mobil (242 milliards d’euros de CA).
[9] Gale Norton a également représenté les intérêts de Delta Oil lorsque la firme était engagée avec Unocal pour construire un pipe-line à travers l’Afghanistan.
[10] BP (British Petroleum)-Amoco est le troisième groupe pétrolier mondial avec un CA de 157 milliards d’euros http://www.bp.com . BP-Amoco a fusionné certains de ses services en Europe avec Mobil.
[11] Cf. Communiqué du 28 septembre 2001
http://www.gao.gov/press/92801stmt.pdf
3-2 Point de vue de Ian Hamel : A deux reprises, l’administration US auraient empêché la capture d’Oussama Ben Laden en Afghanistan.
Ils racontent qu’à deux reprises, en 2003 et 2004, des soldats français en poste en Afghanistan ont eu la possibilité d’intercepter le chef d’Al-Qaïda, et même de l’abattre. Chaque fois, les Américains les en ont empêché. Ces révélations rejoignent celles de deux Américains membres des Forces spéciales, dont l’ouvrage en français, Sur les traces d’Al-Qaïda, paru fin 2004, est curieusement passé inaperçu.
Sur les traces d’Al-Qaïda,
Fin 2003, dans le Sud de l’Afghanistan, près de la frontière pakistanaise, des soldats français du Commandement des opérations spéciales (COS) repèrent un petit groupe de combattants ennemis grâce à leurs jumelles de visée nocturne. Et parmi eux, Oussama Ben Laden. L’homme le plus recherché de la planète est à moins de 400 mètres. Il ne se doute de rien, c’est la nuit, le commando tricolore est enterré.
Un soldat tient le géant saoudien (il mesure plus d’1,90 m) dans son viseur. «J’ai Ben Laden», lâche même le militaire. Seulement voilà, en Afghanistan, les Français sont sous les ordres des Etats-Unis. Depuis l’état-major américain de Bagrham, le COS reçoit, au bout d’un très long moment, l’ordre de laisser partir le fondateur d’Al-Qaïda…
Quelques mois plus tard en 2004, le même scénario se reproduit. Y a-t-il eu par deux fois des ratés dans la chaîne de commandement ? Ou faut-il émettre une hypothèse plus invraisemblable : malgré toutes les déclarations de Georges Bush depuis le 11 septembre 2001, l’Amérique ne souhaite pas capturer l’ennemi public numéro 1.
«Les militaires français ont eu 9 morts en Afghanistan. Profondément choqués par l’attitude des Américains, ils ont commencé à nous parler. Nous avons enregistré leurs déclarations», raconte Emmanuel Razavi, de l’agence Hamsa Press, installée à Dijon, l’un des auteurs du reportage télévisé.
Avec Eric de Lavarène, correspondant de plusieurs médias francophones en Afghanistan et au Pakistan (Libération, France Info), ils ont réalisé un reportage de 52 minutes, intitulé «Ben Laden, les ratés d’une traque», qui sera diffusé en janvier prochain sur une chaîne francophone, peut-être Arte. La télévision suisse est également intéressée. Le film ne spécule pas sur les motifs de l’état-major américain, il ne se livre pas à de la politique-fiction. Non, il se contente de raconter, de tendre le micro à de nombreux acteurs en Afghanistan et au Pakistan.
Les multiples révélations, que ce soit du représentant de la Banque mondiale à Kaboul, d’un conseiller du président Hamid Karzaï, ou de Haji Zaher, général de la police afghane, laissent pour le moins songeur.
On y apprend qu’à Tora Bora, loin de vouloir capturer Oussama Ben Laden, on lui aurait tranquillement permis de s’enfuir … avec 70 de ses hommes. «On lui a laissé la voie libre», raconte l’un des trois commandants afghans présents à Tora Bora. Aujourd’hui, lorsque les Américains livrent des armes à l’armée nationale afghane, dans le même temps, ils offrent la même quantité de munitions aux… Talibans.
«L’administration américaine ne souhaite pas arrêter Ben Laden», déclare distinctement un proche du Président afghan. A quel incroyable jeu de dupes assistons-nous ? «Non seulement les Talibans peuvent à présent compter sur 15 à 20 000 combattants, et contrôlent, de fait, plusieurs provinces, mais Al-Qaïda est revenu en Afghanistan. C’est cette organisation terroriste qui se livre à des attentats-suicides. Attentats qui n’existaient pas jusqu’alors dans ce pays», constate Emmanuel Razavi. Ben Laden, les ratés d’une traque corrobore parfaitement le livre écrit par deux militaires américains membres des Forces spéciales, Alan H. et Adam R. «Alors que la CIA avait un satellite positionné au-dessus de la tête du mollah Omar et des bidules qui permettaient de mesurer le moindre poil de sa barbe, aucune des armées de la coalition ne voulait lui courir après, c’était incroyable», racontent-ils dans le livre Sur les traces d’Al-Qaïda, paru fin 2004 en France.
Les deux soldats, qui n’ont pu dénicher d’éditeurs aux Etats-Unis, racontent avec force et détails les invraisemblables «cafouillages» de l’armée américaine. Ainsi, lorsque les Forces spéciales parviennent à capturer le numéro 1 militaire des Talibans, Mullah Akhtar Osmani, quinze jours plus tard, le prisonnier réussit à s’enfuir.
Quand ces militaires d’élite découvrent où se terre le mollah Omar, leurs supérieurs répondent que ce n’est pas le moment, qu’il n’y a pas d’hélicoptère disponible, ou pas de carburant… «Pénurie d’hélicoptères», me répondit-on. Or la base aérienne était couverte d’hélicoptères Chinook CH-47, MH-53J Pave Low III dernier cri, et autres. «Les équipages d’hélicoptères avec lesquels je discutai me confirmèrent que leurs engins fonctionnaient bien, et qu’eux aussi attendaient qu’il y ait un peu d’action», raconte l’un des membres des Forces spéciales américaines en Afghanistan. Le livre se termine ainsi : «Nous sommes tous coupables, nous qui restons avachis devant la télé à gober les sornettes que nous racontent nos dirigeants.» Sources La Nouvelle République

Des soldats français ont eu Ben Laden en ligne de mire : J'ai eu Ben Laden dans mon viseur
# Un documentaire réalisé par deux Français affirme que les troupes spéciales françaises auraient pu tuer le chef d'al-Qaïda en Afghanistan. # Elles en auraient été empêchées par le commandement américain.

Eric de Lavarène et Emmanuel Razavi : « Ben Laden, les ratés d’une traque »
« Ben Laden, les ratés d’une traque » : le documentaire d’Eric de Lavarène et Emmanuel Razavi devrait être visible prochainement sur la télévision française. En attendant sa diffusion, il fait déjà scandale… En effet il affirme que quatre soldats français membres des forces spéciales dépêchées en Afghanistan et mises sous les ordres de l’armée américaine auraient tenu en joue le leader charismatique d’Al Qaïda, Oussama Ben Laden. Ces militaires témoignent de manière anonyme dans le reportage, et précisent avoir été deux fois en position d’abattre le terroriste, d’abord dans le Sud du pays en 2003, puis à l’Est en 2004. Ils disent avoir informé leurs supérieurs américains de leur situation ; ceux-ci ne leur auraient pas donné l’ordre de tirer, malgré la volonté du président Bush affichée dans les médias de supprimer la tête d’Al Qaïda. L’armée française nie cette histoire selon elle inventée de toutes pièces : ses troupes auraient été capables de localiser Ben Laden, mais bien loin d’être en mesure de l’appréhender.
Le ministère de la Défense dément.
Le documentaire n'a été vu que lors de projections limitées. Ses auteurs restent discrets sur la chaîne qui devrait bientôt le diffuser : ils évoquent simplement une "chaîne généraliste", le service de presse des armées citant pour sa part M6. Mais "Ben Laden, les ratés d'une traque" suscite déjà des remous. A tel point que le ministère français de la Défense a pris la peine d'apporter un démenti formel.
Les auteurs du documentaire, Eric de Lavarène et Emmanuel Razavi, affirment que des soldats français ont tenu en joue, sans tirer, le chef d'al-Qaïda par deux fois, en 2003 et 2004 en Afghanistan. La France avait en effet déployé, à partir de juillet 2003, 220 membres de ses Forces spéciales dans ce pays, d'abord dans le sud, puis l'est. Ces forces doivent se retirer courant janvier dans le cadre d'une "réorganisation générale" du dispositif militaire français dans ce pays.
"De la pure affabulation"
Eric de Lavarène et Emmanuel Razavi assurent aussi que si les soldats français n'ont pas abattu le chef d'al-Qaïda, c'est parce qu'aucun ordre de le tuer n'est venu de leurs supérieurs américains les supervisant. Affirmations qui s'appuient sur les témoignages de quatre membres des forces spéciales françaises. La voix racontant comment Ben Laden s'était retrouvé dans leur viseur deux fois à six mois d'intervalle est modifiée pour des raisons d'anonymat.
Le ministère de la Défense proteste vivement. "Quand j'entends les réalisateurs dire que les soldats français ont eu dans leur viseur Ben Laden, c'est de la pure affabulation", affirme-t-il. "Il n'y a aucun fondement de vérité à ce qui est dit". "L'idée que dans une situation de proximité avec l'ennemi les forces spéciales demandent une instruction à la chaîne de commandement qui leur répond non ne correspond pas du tout à la réalité du terrain en Afghanistan", insiste notamment le commandant Christophe Prazuck, de l'état-major des armées.
"Localiser n'est pas arrêter"
Le ministère souligne également qu'à l'époque, il avait été fait état "d'informations permettant de faire des hypothèses de localisation" de Ben Laden. Et rappelle que chef d'état-major de l'époque, le général Henri Bentégeat, avait déclaré en juin 2004, à propos de ces informations, qu'entre "localiser une personne et procéder à l'arrestation d'une personne il y a toujours une marge".
Enfin, une autre question peut se poser : si les Américains avaient donné le feu vert aux soldats français pour tuer Ben Laden, la polémique se serait alors sûrement nouée dans le sens inverse. On aurait en effet sans doute reproché à la France d'être à la botte américaine et d'avoir de fait exécuté le terroriste sans procès.
Sources LCI
Sources Grioo com
Posté par Adriana Evangelizt
4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
Ndlr :La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
4-1 Un appel de :
Campagne pour la fin des procès secrets au Canada,
le Comité Justice pour Mohamed Harkat et la
Coalition Justice pour Adil Charkaoui. : Fermez Guantanamo Nord et Sud !

Arrêtez la détention indéfinie et la déportation vers la torture, du Canada à Cuba.
Appel pour des actions pancanadiennes du 11 au 15 janvier 2007
Le 11 janvier marque les cinq ans d'ouverture officielle de Guantanamo Bay, un centre de détention et de torture dirigé par les États-Unis à Cuba, véritable trou noir légal pour un nombre infini de personnes happées par la «guerre au terrorisme».
Alors que plusieurs ont été libérés (après y avoir passé jusqu'à quatre ans ou plus sans accusations ou sans subir de procès), des centaines d'autres croupissent en détention illégale dans des conditions inhumaines, complètement coupés du monde extérieur.

Le Canada possède son propre Guantanamo Bay, situé au pénitencier de Millhaven, à Kingston.
Ici, trois victimes des certificats de sécurité sont détenues, dont une depuis sept ans, en vertu de preuves secrètes, sans accusations, sous la menace constante d'une déportation vers la torture. Ces trois prisonniers font présentement une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention, dont le fait de se voir refuser l'accès à des traitements médicaux.
Deux autres hommes, également détenus pendant une période de deux à quatre ans, sont «libre» avec des restrictions parmi les sévères que le Canada ait connues pour des cas de liberté conditionnelle.
Ces restrictions limitent la liberté de leur famille tout entière, qui vivent elles aussi sous la menace d'une déportation vers la torture.

Des groupes de défense des droits humains aux États-Unis lancent un appel international à l'action le 11 janvier afin d'exiger la fermeture de l'infâme prison Guantanamo Bay à Cuba.
Nous nous joignons à cet appel, ajoutant notre propre revendication pour la fermeture de Guantanamo Nord, ici même au Canada.
Le 15 janvier correspond à la Journée Martin Luther King, une opportunité de se rappeler l'esprit radical du mouvement pour les droits civiques qui demandaient le respect des droits humains pour tous et toutes.
Nous demandons aux groupes à travers le Canada de choisir la date qui leur convient le mieux entre le 11 et le 15 janvier 2007 afin d'organiser une vigile ou tout autre événement public en appui à la fermeture des Guantanamo Nord et Sud.
Les bureaux de députés, les édifices du gouvernement fédéral, les bureaux du SCRS ou de la GRC ou de l'Agence des services frontaliers du Canada sont tous d'excellents lieux d'expression publique!

Joignez-vous à nous pour exiger que le gouvernement canadien :
1. Ferme immédiatement son «Centre de surveillance de l'immigration de Kingston» (Guantanamo Nord);
2. Relâche immédiatement les détenus des certificats de sécurité ou qu'il leur donne droit à un procès juste et équitable;
3. Arrête toutes les procédures de déportation contre les «cinq procès secrets» (Mahmoud Jaballah, Mohammad Mahjoub, Hassan Almrei, Mohamed Harkat, Adil Charkaoui);
4. Abolisse les certificats de sécurité et les déportations vers la torture; et
5. Condamne immédiatement la prison illégale Guantanamo Bay à Cuba.

Si vous désirez partager vos idées ou aider à préparer un tract, contactez la Campagne pour la fin des procès secrets au Canada au tasc@web.ca ou (416) 651-5800.
Tenez-nous au courant de ce que vous préparer pour que nous puissions coordonner un communiqué de presse national.

5-0 Annexe
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
5-1 Point de vue de Kjell Aleklett : Dick Cheney, le pic pétrolier et le compte à rebours final.
Dans un discours prononcé en qualité de PDG de l’équipementier pétrolier Halliburton, deux ans avant d’accéder à la vice-présidence des Etats-Unis, Dick Cheney révélait le fond de sa pensée en matière de politique énergétique. Selon lui, malgré la découverte de nouveaux gisements et de nouvelles techniques d’exploitation, la production mondiale de pétrole est sur le point de devenir inférieure à la demande. Dès lors, la conquête des régions pétrolifères du Golfe arabo-persique devient un objectif stratégique des États-Unis. Analysant ces propos, le professeur Kjell Aleklett, de l’université d’Uppsala, précise l’ampleur de la crise énergétique.
Dans l’édition d’avril 2004 du magazine The Middle East j’ai trouvé une déclaration du vice-président Dick Cheney extraite d’un discours au repas d’automne du London Institute of Petroleum en 1999, alors qu’il était président de la société Halliburton. Un passage essentiel de son allocution était « Cela signifie qu’à l’horizon 2010 nous aurons besoin de quelque chose de l’ordre de cinquante millions de barils par jour supplémentaires. »
Cela suggérait qu’il était parfaitement au courant du problème du pic mondial de la production pétrolière. Une transcription complète de la discussion avait été publiée sur le site Internet de l’Institute of Petroleum, mais a depuis été retirée (www.petroleum.co.uk/speeches.htm). Néanmoins, des recherches plus poussées ont permis de retrouver une version imprimée, datée du 24 août 2000, comme suit :
Dick Cheney : « Manifestement, en ce qui concerne l’industrie pétrolière - et je parlerai un peu plus tard du gaz - depuis plus d’une centaine d’années, en tant qu’industrie, nous avons dû nous préoccuper de l’épineux problème du fait que lorsqu’on trouve du pétrole et qu’on l’extrait du sol il faut sans cesse bouger et en trouver davantage, sans quoi on met la clé sous la porte. Produire du pétrole est sans aucun doute une activité qui se vide de son contenu. Chaque année il faut trouver et développer des réserves égales à votre production simplement pour rester à flot, pour rester à l’équilibre. Cela se vérifie autant pour les compagnies que, dans un sens plus large économiquement, pour le monde. Une compagnie nouvellement fusionnée comme Exxon-Mobil devra sécuriser plus d’un milliard et demi de barils de réserves d’équivalent pétrole chaque année, simplement pour remplacer la production existante. C’est comme faire 100 % de profit ; découvrir un autre gisement important de quelques cinq cent millions de barils équivalent de réserves tous les quatre mois ou trouver deux Hibernias [Ndt. Il s’agit d’un gisement d’une capacité d’environ sept cent millions de barils] chaque année. Pour le monde dans son ensemble, les compagnies pétrolières doivent théoriquement continuer à découvrir et développer suffisamment de pétrole pour compenser nos plus de soixante et onze millions de barils quotidiens de diminution de réserves, mais aussi pour répondre à la demande supplémentaire [1]. D’après certaines estimations nous connaîtrons une augmentation moyenne annuelle de 2% de la demande globale dans les années à venir, parallèlement aux 3% de déclin de la production des réserves existantes, selon des chiffres optimistes. Cela signifie qu’en 2010, il nous faudra quelque chose de l’ordre de cinquante millions de barils supplémentaires par jour. Alors d’où viendra ce pétrole ? Les gouvernements et compagnies pétrolières nationales contrôlent visiblement environ 90% des biens. Le pétrole reste fondamentalement une affaire de gouvernement. Si de nombreuses régions du monde offrent des opportunités exceptionnelles dans le domaine du pétrole, le Proche-Orient, avec deux tiers des réserves mondiales de pétrole et des coûts moindres, est l’endroit où à terme se trouve le gros lot, et même si les compagnies sont pressées d’avoir un meilleur accès à la région, les progrès demeurent faibles. [Passages mis en gras par l’auteur] ».
Pour comprendre l’ampleur du problème que Dick Cheney met en lumière, nous pouvons comparer les « cinquante millions de barils par jour » avec la production totale en provenance des six pays bordant le Golfe arabo-persique (Arabie saoudite, Iran, Irak, Émirats arabes unis, Koweït et Qatar), qui en 2001 ont produit 22,4 millions de barils par jour (selon l’Energy Information Administration).
Harry J. Longwell, directeur et vice-président exécutif d’Exxon-Mobil, a ultérieurement confirmé ce chiffre (World Energy, Vol 5, N°3, 2002) : « Le hic, c’est que pendant que la demande augmente, la production existante décline. Pour donner un chiffre, nous estimons qu’environ la moitié du volume quotidien nécessaire pour répondre à la demande projetée n’est pas en production aujourd’hui - voilà le défi auquel sont confrontés les producteurs. »
Jon Thompson, président de la branche exploration d’Exxon-Mobil, a également confirmé le fait que le monde a besoin de ce pétrole supplémentaire. En 2003, il a déclaré aux actionnaires qu’« en d’autres termes, à l’horizon 2015, nous devrons trouver, développer et produire un volume supplémentaire de pétrole et de gaz équivalent à huit barils sur les dix barils produits aujourd’hui. » En 2001, la consommation était de 77,1 millions de barils par jour (Energy Information Administration) ; 80% de cela représente donc plus de 60 millions de barils par jour.
La question suivante consiste à se demander où l’industrie pétrolière peut trouver cette énorme quantité de pétrole supplémentaire. Revenons au discours de Dick Cheney : « Il est vrai que la technologie, la privatisation et l’ouverture de nombreux pays ont suscité beaucoup de nouvelles opportunités dans différentes régions du monde pour les différentes compagnies pétrolières, mais si l’on regarde le début des années 90, on s’attendait à ce qu’une partie significative des nouvelles ressources mondiales provienne de régions comme l’ancienne Union soviétique et la Chine. Bien entendu cela ne s’est pas vraiment concrétisé comme on s’y attendait. »
Puisque la demande en provenance de Chine est décrite comme l’une des raisons de l’augmentation du prix du pétrole brut, le Uppsala Hydrocarbon Depletion Study Group (UHDSG) modélise la production de la Chine comme montré dans le graphique ci-dessous. Malgré les rapports contradictoires, nous pensons que le meilleur chiffre pour les réserves restantes en 2003 était 25,7 milliards de barils [Ndt. Il faut environ 11 jours pour que le monde consomme un milliard de barils.]. Le pic de découvertes se situe en 1960 et 73 % du pétrole découvert était en gisement géant. Les faits suggèrent que la production de la Chine a atteint son pic l’année passée et que son taux de diminution est de 3,7% par an. Avec une demande domestique qui explose, Cheney a raison de ne pas attendre d’exportations en provenance de Chine.
Il n’y a aucun doute sur l’endroit où Dick Cheney pense que le pétrole peut être trouvé : « Si de nombreuses régions du monde offrent des opportunités exceptionnelles dans le domaine du pétrole, le Proche-Orient, avec deux tiers des réserves mondiales de pétrole et des coûts moindres, est l’endroit où à terme se trouve le gros lot… ».
À ce moment Dick Cheney n’avait pas chiffré les attentes concernant la région. Il fut ultérieurement nommé directeur du National Energy Policy Development Group, et un premier chiffre fut donné. Le rapport fut remis au président Bush en mai 2001 et inclut la déclaration suivante de Dick Cheney : « Comme vous nous en avez donné l’instruction lors de l’installation de cette administration, nous avons élaboré une politique énergétique nationale destinée à rassembler les entreprises, le gouvernement, les collectivités locales et les citoyens pour promouvoir une énergie pour l’avenir qui soit fiable, abordable et respectueuse de l’environnement. »
Dans le chapitre 8 du rapport National Energy Policy, un indice est donné sur les véritables chiffres de production attendue en provenance du Proche-Orient :« En 2020, nous projetons que les producteurs du Golfe fourniront entre 54 et 67% du pétrole mondial. Ainsi, l’économie mondiale continuera presque certainement à dépendre de l’approvisionnement des pays membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole), particulièrement ceux du Golfe. Cette région demeurera vitale pour les intérêts U.S.. ».
En 2001, les pays du Golfe ont produit 29 % du pétrole mondial, et l’Energy Information Administration a désormais établi des projections jusqu’en 2025. La somme des estimations en Figure 2 pour les producteurs du Golfe est de 45 Mb/j (Millions de barils par jour), ce qui implique une augmentation de 100 %. Mahmoud M. Abdul Baqi et Nansen G. Saleri de Saudi Aramco ont donné un séminaire du CSIS, à Washington en février 2004. Ils ont discuté de la capacité de production future de Saudi Aramco et ont indiqué que l’objectif est d’atteindre une capacité de production future de 10 Mb/j. Ils ont ajouté qu’il sera peut-être possible de l’augmenter à 12 millions de barils par jour pour répondre à une augmentation de la demande mondiale, mais cela reste très en-deçà des 22 Mb/j escomptés par Cheney. Même en assumant que le pays a la capacité physique de la faire, il est difficile d’envisager pourquoi Saudi Aramco augmenterait sa production pour atteindre 22 Mb/j et accélérer ainsi l’épuisement de la seule ressource dont dispose le pays.
La figure 4 provient de « Pic et déclin de la production mondiale de pétrole et de gaz », par Aleklett et Campbell dans Minerals & Energy (2003 ; 18 : 5-20). Comme il est montré dans le graphique, nous estimons que le pic de la production de pétrole interviendra aux environs de l’année 2010. L’une des raisons est que nous ne croyons pas que la production des États du Golfe puisse atteindre 45 Mb/j.

Le fameux « Pic de Hubbert » mondial, tel que modélisé par l’ASPO selon la technique d’estimation développée par le géologue Marion King Hubbert dans les années 50. En ce qui concerne le pétrole conventionnel (limite supérieure de la partie orangée), nous sommes actuellement sur un plateau, qui se manifeste par une importante fluctuation des prix liée à l’incertitude de l’offre à venir face à la demande toujours croissante.
En résumé, ces trois étapes, en commençant par le discours de Dick Cheney, nous amènent au pic pétrolier. Dick Cheney : « La fin de l’ère du pétrole n’est pas encore arrivée, mais les changements sont imminents et l’industrie doit être prête à s’adapter au nouveau siècle et aux transformations qui nous attendent. ». L’année 2010 se rapproche et nous y serons bientôt. C’est le compte à rebours final jusqu’au pic pétrolier.
Le pétrole et la guerre
Dick Cheney à Londres en 1999 : « Le pétrole est unique en ce qu’il est tellement stratégique par sa nature même. Il ne s’agit pas ici de savon ou de vêtements de loisir. L’énergie est réellement fondamentale pour l’économie mondiale. La Guerre du Golfe était un reflet de cette réalité. »
Qu’en est-il de la guerre d’Irak ?
Autres déclarations de Dick Cheney lors de son discours à l’Institut du pétrole
Le discours de Dick Cheney est également intéressant par d’autres aspects. D’abord nous y trouvons sa propre opinion sur lui-même : « On me demande souvent pourquoi j’ai quitté la politique et rejoint Halliburton, alors j’explique que j’ai atteint un point où j’étais dans un état d’esprit agressif, irritable et intolérant vis-à-vis de ceux qui n’étaient pas d’accord avec moi, alors ils me disent " Punaise, tu ferais un très bon PDG " ».
Beaucoup sont choqués par le fait que Shell avait manipulé ses chiffres de réserves, mais Cheney comprenait la pression endurée par Shell : « (…) bouger et en trouver davantage ou mettre la clé sous la porte. », ce qui laisse entrevoir l’importance des réserves. Un an avant l’élection présidentielle aux États-Unis, Dick Cheney estimait que l’industrie pétrolière devait avoir davantage de pouvoir à Washington. Aujourd’hui nous connaissons le résultat : « Le pétrole est la seule industrie dont la pouvoir d’action n’a pas été si efficace dans la sphère politique. Le textile, l’électronique et l’agriculture semblent souvent avoir plus d’influence. Nos rangs ne sont pas uniquement constitués de pétroliers de Louisiane ou du Texas, mais aussi de développeurs de logiciels du Massachusetts et particulièrement de producteurs d’acier en Pennsylvanie. Je suis frappé par le fait que cette industrie est si forte techniquement et financièrement, mais pas aussi efficace ou influente politiquement par rapport à des industries souvent plus petites. Nous devons gagner en crédibilité pour faire entendre nos vues. »
BP a connu des difficultés pour remplacer sa production avec de nouvelles réserves, alors à la place elle a acheté des réserves russes. Cheney a également discuté cette approche : « Les compagnies qui éprouvent des difficultés à créer des secteurs fondamentaux par l’exploration se tournent vers des contrats de production par lesquels ils exploitent des réserves déjà connues, mais là où le pays n’a pas le capital ni la technologie pour les développer. Dans les contrats de production, il y a moins de risque, mais avoir affaire aux risques politiques à ciel ouvert, ainsi que les risques commerciaux et environnementaux est un défi de plus en plus important. Ces risques incluent les soulèvements populaires, les voies de transport, les problèmes de syndicalisme, les cadres fiscaux et parfois même les sanctions économiques imposées par les États-Unis. ».
À la fin de ce paragraphe il se plaint de l’existence de « sanctions imposées par les États-Unis ». Est-ce une surprise que les sanctions contre la Lybie aient été levées ?
Le texte complet du discours de Dick Cheney à l’Institute of Petroleum Autumn lunch, en 1999, est un document très important et j’espère que l’Institut du Pétrole le mettra de nouveau à la disposition de tous ceux qui souhaitent le lire. En attendant, une copie est disponible sur demande : aleklett@tsl.uu.se.
Kjell AleklettPrésident de l’Association pour l’étude du pic mondial de la production pétrolière (ASPO, Association for the Study of Peak Oil, http://www.peakoil.net) et professeur de physique nucléaire à l’université d’Uppsala (Suède)
5-2 André Duchesne : L'armée canadienne accapare le quart du budget publicitaire du canada.
Le budget publicitaire de l’armée canadienne pour le recrutement de 15,5 millions cette année constituerait un sommet, après celui de 12 millions de 2001-2002.Au cours des six premiers mois de la présente année financière, Ottawa a consacré le quart de son budget publicitaire à la campagne de recrutement des Forces canadiennes.Du 1er avril au 30 septembre 2006, le Conseil du Trésor a autorisé des dépenses de 61,1 millions pour des campagnes orchestrées par différents ministères et agences; 15,5 millions sont allés aux publicités de recrutement.Ces chiffres démontrent l’importance accordée par Ottawa au renforcement des rangs de l’armée, très engagée dans le conflit afghan. Or, ils font contraste avec un sondage SOM/La Presse/Le Soleil indiquant que 66,3 % des Québécois souhaitent un retrait.
Si la Défense est la grande gagnante du plan de publicité 2006-2007, il y a évidemment des perdants. Ainsi, seulement 2,35 millions ont été consacrés au ministère de l’Environnement (programme d’encouragement à utiliser les transports en commun) et 2 millions ont été accordés pour une campagne de l’Agence canadienne d’inspection des aliments pour la sensibilisation des voyageurs à la biodiversité.En 2005-2006, Ottawa avait versé tout près de 6 millions au ministère des Ressources naturelles pour deux campagnes publicitaires : le Défi une tonne et le Projet vert pour contrer les changements climatiques. Une campagne publicitaire de 6 millions, orchestrée par les Ressources naturelles et portant sur les améliorations en efficacité énergétique, avait aussi été autorisée.Au cours des troisième et quatrième trimestres de 2004-2005, les ministères de l’Environnement, des Ressources naturelles et des Transports avaient reçu 11,5 millions pour la campagne Défi d’une tonne, mise sur pied par l’ancien gouvernement libéral.Doit-on voir là un virage imputable au changement de gouvernement? Le député libéral d’Honoré-Mercier, Pablo Rodriguez, croit que oui. «Les conservateurs ont éliminé les programmes faisant appel à la mobilisation des gens, dit le député, qui est membre du comité de la Chambre des communes sur l’environnement. Par conséquent, ils ont supprimé les publicités associées à ces programmes.»Selon lui, c’est une autre démonstration du peu de sensibilisation des conservateurs à la chose environnementale. «Ils ont aussi fermé des sites Internet et retiré des références à Kyoto», dit M. Rodriguez.Chez les conservateurs, on réplique qu’on préfère les actions aux messages publicitaires. «En environnement, nous préférons agir que parler, réplique Mike Van Soelen, du bureau du Conseil du Trésor. Nous avons récemment annoncé 300 millions pour lutter contre les produits chimiques toxiques et 345 millions en faveur des biocarburants.»En 2004-2005 et 2005-2006, le ministère de la Défense avait reçu 7,7 et 10,1 millions pour le recrutement dans la force régulière et la réserve. Hier, le quotidien Le Droit d’Ottawa rapportait que l’offensive de recrutement de la Défense se poursuivra au cours des prochaines années. Ce ministère devrait consacrer 60 millions sur trois ans à des campagnes de recrutement. Le but est d’enrôler 23 000 nouveaux militaires, soit 13 000 dans la force régulière et 10 000 dans la réserve.Le budget de 15,5 millions de cette année constituerait un sommet, après celui de 12 millions de 2001-2002.
André Duchesne

N° 80 -journal de l'Afghanistan -30-12 :

Sommaire : :
1 Analyse
Des résistants
Des occupants
2 Occupation de l'Afghanistan
3 Politique
a) collaborateurs afghans
b) occupants
4 Lutte pour la libération du territoire
Détails.
L'Afghanistan en chiffre.
6 Brèves
6-1 Des commandants de la résistance échappent toujours aux forces internationales.
6-2 Un officier aurait été chassé pour avoir abandonné ses troupes.
7 Dossier & Point de vue
7-1 Point de vue de Mohammed Daud Miraki : Des armes US de destruction massive pour le génocide perpétré froidement contre les Afghans.
7-2 Point de vue de Roland Marounek : Afghanistan : Retour sur une supercherie.
8 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
8-1 Pierre Piérart : Halte aux armes à l’uranium appauvri !
8-2 Roland Marounek : Contre-Sommet de l'OTAN à Bruxelles.
9-0 Annexes
9-1 Guantanamo
9-2 Provinces Afghanes














Tiré à part :
28-12
Lorsqu'on leur demande l'homme le plus méchant (ndlr : synonyme de : abject, ignoble, odieux etc) de l'année, une majorité d'Américains du nord citent Bush loin devant Oussama ben Laden et Saddam Hussein, selon un sondage AP-AOL News.
AP
28-12
Le Département américain de la défense a rendu public jeudi le bilan de l’activité militaire aérienne pour la journée du mercredi 27 décembre.
33 sorties ariennes ont été enregistrées, dont certaines pour des missions d’appui au sol qui ont été concentrées dans la province méridionale de Helmand. Ainsi, des B-1 Lancers de l’US Air Force et des Harrier GR-7 britanniques ont bombardé des résistants qui étaient au contact de soldats de l’Isaf dans le district de Moussa Qala.
Un autre B-1 Lancer a fourni un appui dans le district de Naw Zad, dans la même province.
Enfin, des A-10 Thunderbolt et un B-1 Lancer sont venus en aide à des soldats de l’Isaf pris sous le feu da la résistance dans les environs de Lashkar Gah, chef-lieu de la province.
Bassirat.net avec Département américain de la défense
Marc
L'Afghanistan en chiffre du 22-12 au 30/12/06



tués
blessés



Usboys / Autres boys
4
3



Policiers, armée et collaborateurs
13
14



Peuple Afghan
21
13






1 La résistance contre l'agresseur
Occupation de l'Afghanistan
Belgique
28-12
Selon l’agence de presse privée afghane Pajhwok, la Belgique n'est pas en mesure d'envoyer des renforts en Afghanistan en raison des ressources limités du pays. L’annonce en a été faite lors de la visite du ministre de la Défense, André Flahaut, au contingent belge stationné à Koundouz, au nord-est de l’Afghanistan, dans le cadre de l’Isaf, dirigée par l’Otan. Les soldats belges sont chargés de ‘sécuriser’ l’aéroport de Kaboul et de ‘soutenir’ les équipes de reconstruction provinciales de Koundouz et de Mazâr-e Sharif (Nord).
Pajhwok
UK
27-12
Près de 5.600 soldats britanniques sont actuellement déployés dans le pays : 4.300 dans le sud et 1.300 à Kaboul.
L'Isaf a été confrontée cette année aux attaques les plus violentes depuis l'invasion de l'Afghanistan(fin 2001. ) notamment dans le sud et l'est du pays,
(afp- 11h30)
3) Politique
a) Les collaborateurs afghans
Les grandes manoeuvres
26-12
La présidence afghane s'est prononcée contre la construction d'une clôture et le minage sélectif de sa frontière avec le Pakistan pour empêcher les infiltrations, comme l'a officiellement annoncé Islamabad, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la présidence, Khaleeq Ahmad.
"La frontière n'est pas là où le problème réside", a-t-il ajouté, sans pouvoir dire dans l'immédiat si des mesures seraient prises par Kaboul pour tenter d'empêcher la mise en oeuvre du projet pakistanais.
(afp- 12h57)
b) Les occupants
5 Pakistan
26-12
Le Pakistan a officiellement annoncé qu'il allait ériger une clôture à sa frontière avec l'Afghanistan et installer des champs de mines afin d'empêcher les infiltrations des résistants dans ce pays.
Il compte également déployer des troupes supplémentaires sur cette frontière poreuse, a ajouté Riaz Mohammed Khan..
Riaz Mohammed Khan n'a pas fourni de précisions concrètes sur ces mesures, ni indiqué de date pour leur mise en oeuvre. Il a ajouté que des points de passage seraient installés.
Quant aux forces pakistanaises, elles comptent actuellement 80.000 hommes dans les régions bordant l'Afghanistan.
Ps : Cette annonce intervient alors que les critiques Us se multiplient, mettant en cause la bonne volonté du Pakistan face aux infiltrations (AP- afp- 12h57
4 Lutte pour la libération du territoire
Pertes des forces locales - Province non précisée
1-12
Deux interprètes afghans qui se trouvaient à bord d'un convoi militaire ont été tués par l'explosion d'un engin télécommandé dans le sud de l'Afghanistan, a-t-on appris auprès de l'Alliance.
Aucun militaire n'a(urait) été touché par l'explosion, selon la même source.
(ats 13:44)
Détails
Province du Badakhshan (septentrionale)
28-12
Des soldats allemands de l’Isaf, la Force internationale d’assistance à la sécurité dirigée par l’Otan, ont essuyé des tirs, a rapporté un porte-parole du ministère allemand de la Défense.
L’attaque s’est produite dans les environs de Fayzabad, chef-lieu de la province du Badakhshan,
Un civil (,) a été blessé.
Bassitat.net avec Deutsche Presse-Agentur
Province de Day Koundi
24-12
Selon l’agence de presse afghane Pajhwok, les résistants ont exécuté Malek Habib, chef du district de Gizab, dans la province de Day Koundi.
Bassitat.net avec Pajhwok
Province d'Helmand (sud de l'Afghanistan)
20-12
Un commandant des taliban a confirmé que le chef militaire du mouvement pour le sud de l'Afghanistan Akhtar Mohammad Osmani, avait été tué le 19 décembre au cours d'un raid de l'aviation américaine, ainsi que deux autres résistants.
Osmani était le chef des opérations militaires pour six provinces du sud de l'Afghanistan, région considérée comme leur fief. Ce secteur comprend les provinces de Helmand et de Kandahar où les troupes étrangères, notamment canadiennes et britanniques, ont essuyé de lourdes pertes en 2006.
Osmani contribuait également à la coordination entre leur hommes et d'autres groupes de résistance.
(Reuters & ATS)
27- 12
Selon l’agence de presse Bakhtar, la frappe aérienne qui a tué, le 19 décembre dernier, Akhtar Mohammad Osmani, membre du conseil de direction des taliban, a également été fatale a Hâdji Mashoq, et à un autre tâleb, Zahid.
Bassitat.net avec Bakhtar
27-12
Un soldat britannique a été tué et trois blessés(dont un blessé grave) dans une explosion dans le sud de l'Afghanistan, à annoncé l’Isaf) et le ministère britannique de la Défense.
Les britaniques effectuaient une mission de ‘reconnaissance’ autour de la ville de Garmsir, dans la province d'Helmand (sud), quand l'explosion, s'est produite, selon ces sources.
Un porte-parole des talibans, Mohammad Hanif, a affirmé que la résistance avait attaqué et tué quatre soldats de l'Isaf.
(ndlr : ce qui sera le chiffre correct)
(Bassitat.net avec afp- 11h30)
28-12
Deux policiers ont été tués jeudi dans l’attaque d’un check-point tenu par la police.
L’affrontement, qui s’est déroulé dans la région de Marja (district de Nad Ali), a duré une vingtaine de minutes, a affirmé Gholam Nabi Malakhel, chef de la police de la province.
(Bassitat.net avec AP et Pajhwok)
Province d'Herat (ouest de l'Afghanistan)
21-12.
Une bombe contrôlée à distance a explosé à proximité de l'aéroport de la ville au passage du convoi de Mohammad Ayoub, le commandant de la police des frontières. .
Quatre civils qui circulaient à vélo ont été tués et six personnes, Mohammad Ayoub et 5 de son escorte, ont été blessées.
(Bassitat.net avec AP et Pajhwok)
26-12
Mardi, des hommes armés non identifiés ont attaqué un convoi de la police entre les district d’Adraskan et de Farsi, tuant trois policiers et un collaborateurs civil qui voyageait dans une autre voiture.
Rappel : Il y a deux mois, le chef de la police d’Adraskan, Mohammad Siddiq, a été tué, avec cinq policiers, dans une embuscade similaire.
(Bassitat.net avec Pajhwok
Province de Kandahar (sud)
27-12
Un chauffeur (collaborateur) de camion pakistanais a été tué dans l’attaque d’un convoi composé de quatre camions-citernes, a annoncé un responsable afghan.
Le convoi devait ravitailler en carburant une base américaine établie dans le sud de l’Afghanistan.
Les trois autres chauffeurs ont été blessés.
(Bassitat.net avec The News)
27-12
Des soldats de l’Isaf, ont ouvert le feu sur un véhicule qui s’approchait de leur convoi, a rapporté un porte-parole de l’Isaf.
Un enfant a été tué par les tirs des soldats. La tuerie s’est produite à deux kilomètres de l’aéroport de Kandahâr qui ‘abrite’ de très nombreux soldats de l’Isaf.
(Bassitat.net avec Tolo TV)
Province de Khost (sud-est)
26-12
Au passage d'un convoi de la police afghane et de l'Isaf, une bombe a explosé, tuant au moins trois policiers et en blessant deux autres.
(Bassitat.net avec AP)
28-12
Jeudi soir, des résistants ont attaqué à la mitrailleuse lourde et au lance-roquettes un poste de police dans la province de Khôst, au sud-est de l’Afghanistan, a affirmé vendredi Mohammad Ayoub, chef de la police provinciale.
Appelé en renfort, un hélicoptère d’attaque de l’Isaf, la Force internationale d’assistance à la sécurité, a pilonné les positions des assaillants, tuant au moins 3 d’entre eux, a expliqué le chef de la police.
(Bassitat.net)
Khôst
28-12
Au moins sept résistants ( ?) qui été tués jeudi soir dans l’attaque du bazar de Khalbasat, dans le district de Bak, au sud-est de l’Afghanistan, a annoncé le gouverneur de la province.
Trois autres ont été blessés, a-t-il précisé.
Dans les combats, qui ont impliqué des soldats de l’Armée nationale afghane, de la coalition internationale et des policiers, six échoppes ont été brûlées et d’autres ont été pillées par la vingtaine d’assaillants, a affirmé le gouverneur.
Certains résistants ont réussi à regagner le Pakistan, a-t-il ajouté.
(Bassitat.net avec Pajhwok
30-12
L’explosion d’une bombe sur le bord d’une route des environs de la ville de Khôst a fait un mort, un mendiant âgé de onze ans, et quatre blessés, dont deux policiers.
L’incident s’est produit vendredi vers 11h00 heure locale.
(Bassitat.net avec AP, Pajhwok et Tolo TV)
Province d'Oruzgan (sud de l'Afghanistan)
22-12
Vendredi l'explosion d'une bombe au passage d'un véhicule de la police afghane a tué cinq policiers à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de Tarin Kôt, chef-lieu de la province d'Ourouzgân, au centre de l'Afghanistan.
(Bassitat.net avec AP)
Province de Paktikâ (sud-est)
25-12
Des combats opposant des résistants aux forces de police ont fait deux morts et sept blessés dans les rangs des iésistants, a annoncé gouverneur de la province Akram Khapalwak.
Les combats se sont déroulés dimanche soir dans les districts de Barmal et de Gomal, le long de la frontière avec le Pakistan, a-t-il précisé. Deux policiers( seulement ?) ont également été blessés lors de ces affrontements.
(Bassitat.net avec Xinhua
3-2 L'Afghanistan en chiffre : Guerre appelée "Enduring Freedom déclenchée en octobre 2001

Civils tués : ? + 2.183
Civils blessés : ? + 1.446 (chiffres trop bas)

Résistances afghans tués : : ? + 1.482
Résistances afghans blessés : ? + 1385 (chiffres trop bas)
Résistances afghans arretés : : ? + 725
Militaires Occupant tués : 683
Militaires Occupant blessés : ? + 736 (chiffre invraisemblablement bas...)
Suicides : ? + 20
CIA tués : : 4

Soldats /policiers tués : ? + 2.596
Soldats gouvernementaux Blessés : ? + 3.030 (chiffres trop bas)
Collaborateurs tués + armée pakistanaise) : 602
Collaborateurs Blessés : ? + 350
Collaborateurs disparus : ? + 14

Les chiffres indiqués sont vérifiés par le recoupement des chiffres des pertes communiqués par la résistance & les médias occidentaux & Bassirat.net
6 Les Brèves
Ndlr : PS : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
Marc
6-1 Des commandants de la résistance échappent toujours aux forces internationales.
24-12
Après la mort de Akhtar Mohammad Osmani, trois commandants en chef, ainsi que leur responsable final Omar, échappent toujours aux ‘forces internationales’ et continuent de mener la résistance en Afghanistan.
a) Figure mythique de la lutte antisoviétique, Jalaluddine Haqqani est considéré comme le numéro deux après le mollah Omar.
Agé d'environ 57 ans, ce commandant originaire de la province de Paktia (sud-est), ancien ministre des Frontières et des Affaires tribales sous le régime des talibans, dirige les opérations dans la région orientale, frontalière avec le Pakistan.
b) Dadullah, gé d'une quarantaine d'années, a été nommé par la Choura Rabari à la tête des opérations militaires pour tout le sud du pays après la mort de son prédécesseur Hafez Abdour Rahim, tué fin 2003 dans un raid US
c) Obaidullah Akhund, ancien ministre de la Défense sous le régime des talibans, est présenté par les Usboys comme "très proche" d'Oussama ben Laden (originaire d'Arabie saoudite) et de Omar dont il serait "l'émissaire permanent". Il a dirigé de nombreuses batailles sur le front du nord à la fin des années 1990.
d) Enfin, allié de circonstance contre les "croisés", l'ancien Premier ministre (1993) Gulbuddine Hekmatyar joue un rôle important dans l'est du pays, où son mouvement, le Hezb-i islami, est bien implanté.
Ce Pachtoune originaire du nord du pays a été l'un des commandants importants de la lutte contre les Soviétiques (1979-1989), pour laquelle il avait reçu un soutien des Pakistanais, mais surtout des Américains.
(avec Sylvie BRIAND de l’Afp).
6-2 Un officier aurait été chassé pour avoir abandonné ses troupes.
Toronto
Un sous-officier d'une unité des Forces armées canadiennes basée en Afghanistan aurait été renvoyé au Canada après avoir été présumément impliqué dans un incident que certains de ses subalternes qualifient de désertion.Le Globe and Mail a interviewé quatre membres du Premier Bataillon du Régiment royal Charles Company qui se sont plaints d'avoir été abandonnés par leur sous-officier alors qu'ils étaient soumis à un intense bombardement de l'ennemi, le 3 septembre dernier, dans le district afghan de Panjwaii.
Quatre militaires canadiens avaient laissé leur vie lors de ces combats.L'un des militaires interrogés, le Caporal Ward Engley, affirme que le sous-officier l'a laissé en pature face à la mort, préférant se réfugier derrière un mur. Le Lieutenant Jeremy Hitz ajoute que le sous-officier a même quitté un site de combat alors que deux de ses soldats venaient de se faire tuer
Le journal n'identifie pas le sous-officier soupçonné et n'indique pas s'il a fait l'objet d'une enquête ou s'il a été accusé en cour martiale. Après son retour au Canada, il a quitté les Forces armées canadiennes, semble-t-il.L'opération militaire du 3 septembre avait été décrite par les autorités militaires comme ayant été l'une des plus intenses depuis le début de l'engagement des troupes canadiennes en Afghanistan en 2002.
En plus des quatre soldats qui ont péri, neuf autres (voir note de la redaction) ont été blessés pendant les affrontements.L'attaque canadienne avait débuté à l'aube avec un assaut lancé par des blindés légers dans ce qui est considéré comme un bastion de la résistance.
Les insurgés avaient contre attaqué avec des armes légères et des lance-grenades.L'opération Méduse, ainsi baptisée par les forces de l'OTAN, regroupait alors la plupart des quelque 2200 troupes canadiennes participant à la mission de l'OTAN dans la province de Kandahar.
vendredi 29 décembre 2006
Presse Canadienne
Ndlr ; dans le journal N° 62 nous notions :
03-09Quatre soldats canadiens ont été tués et 6 canadiens ont également été blessés, dimanche dans des combats.
"Et il y a des signes que les troupes de l'Isaf dans cette zone délogent les résistants avec plus de 20 tués", a dit le commandant au cours d'une conférence de presse.
(C'est le premier bilan donné par l'Isaf depuis le lancement de l'opération)
(AFP 10h02)
7 Dossiers
7-1 Point de vue de Mohammed Daud Miraki : Des armes US de destruction massive pour le génocide perpétré froidement contre les Afghans.

Après avoir dit «nous allons les enfumer», Bush junior a mis sa promesse à exécution en faisant de la vie des enfants non encore nés une réalité inatteignable et de celle des nouveaux-nés une réalité insupportable, ce qui revient à condamner le peuple afghan et ses générations futures à une mort programmée.

«Après que les Américains eurent détruit notre village et tué nombre d’entre nous, nous avons perdu aussi nos maisons et n’avons plus rien à manger. Nous aurions néanmoins supporté ces tourments et nous en serions même accommodés si les Américains ne nous avaient pas tous condamnés à mort. Mais voyant mon petit-fils défiguré, j’ai compris que mes espérances étaient perdues à jamais, contrairement au désespoir nourri sous le régime barbare russe, bien que j’y aie perdu mon fils aîné Shafiqullah. Maintenant, je sais que nous sommes part du génocide invisible auquel les Américains nous ont condamnés, d’une mort tranquille à laquelle je sais que nous n’échapperons pas.» (Jooma Khan de la province de Laghman, mars 2003)

Ainsi s’est exprimé un grand-père afghan en deuil au sujet de l’éradication de sa famille et d’autres familles par les Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés. Un autre Afghan qui voyait venir sa mort a dit:

«J’ai reconnu cette mort lente, mais inéluctable, en voyant du sang dans mon urine et en ressentant de fortes douleurs aux reins et des difficultés respiratoires inédites. Dans ma famille, beaucoup se sont plaints d’être perturbés et des femmes enceintes ont subi de fausses couches, alors que d’autres ont mis au monde des enfants handicapés.» (Akbar Khan de la province de Paktika, février 2003)

La mort silencieuse frappe dans les familles et parmi les amisChaque jour, la mort incessante poursuit son œuvre funeste en Afghanistan. Quotidiennement, chacun constate que la mort frappe silencieusement dans sa famille et parmi ses amis, envisage sans espoir et avec horreur le prochain enterrement. Ce meurtre perpétré sans distinctions contre le peuple afghan se poursuit tandis que ceux dont les impôts financent les armes monstrueuses et qui occasionnent donc ce génocide font comme si tout était en ordre. Les images insupportables des mourants – dont les corps ne correspondent pas à leur âge, car ils ont aspiré tant de poussière d’uranium que leur morphologie osseuse en a été affectée – restent dans la mémoire des survivants, qui attendent avec effroi que leur heure sonne. Les femmes enceintes appréhendent la naissance de leur enfant, craignant de voir un bébé non en bonne santé, mais victime de malformations. Ainsi, la «libération» proclamée par les Etats-Unis n’aboutit qu’au meurtre sans distinctions des faibles et des désarmés, incapables de se défendre. En fait, il n’est pas possible de se défendre contre ces armes de destruction massive, car les particules d’oxyde d’uranium (poussière engendrée par le choc d’uranium contre une cible) restent au sol et dans l’eau, recouvrant la surface de la végétation pendant de nombreuses générations.

Si une bombe des Etats-Unis ou d’un de leurs alliés est tombée sur une ville ou un village afghans, le pays et ses habitants sont devenus un héritage meurtrier. Cet arrêt de mort se distingue de tous les autres parce que la région et ses générations futures sont condamnées à un génocide inéluctable. La tragédie est accentuée par la menace imparable, invisible, qui pèse sur chacun sans distinctions. De plus, la menace se terre au centre de l’existence, contaminant l’eau, le pays et ses habitants.

Les bombardements continuent
Le temps indiquera l’ampleur effective de la catastrophe. En raison des révélations sur la quantité et les types d’armes utilisées en Afghanistan, le pire n’a pas encore été atteint. Les avions de combat américains AC-130, A-10 (avions de combat terrestre comme les A-130) et les bombardiers B-52 (employés également pour soutenir les combats au sol et pour bombarder avec précision) bombardent quotidiennement les villes et les vil-lages afghans dès qu’une unité américaine de combat se heurte à de la résistance. Non seulement la mort se poursuit continuellement, mais chaque cargaison d’uranium appauvri est un nouveau clou dans le cercueil du peuple afghan.

En 2002, la masse considérable des munitions et armes lancées par les avions des Etats-Unis a accru les problèmes de santé à un rythme vertigineux. La situation est complètement différente de celle que les Irakiens ont connue après la première guerre du Golfe: des années s’étaient alors écoulées jusqu’à ce que des accidents de naissance, des malformations et d’autres problèmes de santé se soient produits. Cela reflète le grand nombre d’armes à l’uranium utilisées en Afghanistan, ce que de nombreux chercheurs, tels Dai Williams en Angleterre, le docteur Durakovic du Centre de recherches médicales sur l’uranium (UMRC) au Canada et le docteur Marc Herald aux Etats-Unis, ont déjà dénoncé. En outre, divers médias de renommée internationale comme «Le Monde diplomatique», «The Guardian» [le quotidien pakistanais de langue anglaise], «Frontier Post», la BBC, CBC, «al-Jazzera» ont traité des types d’armes dirigées contre des buts afghans, que ce soient des villages, des villes ou des réseaux de cavernes. Selon la BBC du 10 avril 2002, plus de 6600 bombes JDAM [Joint Direct Attack Munition, bombes dirigées au laser] ont été larguées sur l’Afghanistan. En octobre 2002, le «Boston Globe» écrivait:

«Contrairement aux armes plus anciennes, la nouvelle génération de celles-ci se distingue par des nouveautés dans la fixation de la hauteur de l’objectif et dans le pilotage par satellite. Les bombes dirigées au laser ont déjà fait leurs preuves en Afghanistan. Jusqu’en février [2002], les commandeurs ont largué 6600 de ces bombes. Les stocks ont diminué au point d’obliger à accroître la production dans une fabrique du Missouri.»

Jusqu’en octobre 2002, après une année d’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, plus de 10 000 tonnes de bombes ont été larguées sur le sol afghan (Socialist Worker Online, 11 octobre 2002). Que l’on s’imagine le bain de sang et la contamination causés par cet acte barbare! Un autre article, rédigé par Kate Randal, estimait le nombre de bombes à 12 000: «Depuis que les Etats-Unis ont commencé leur guerre contre l’Afghanistan, le 7 octobre [2001], ils y ont largué plus de 12 000 bombes. Selon le Pentagone, 60% de ces bombes étaient pilotées avec précision au moyen de satellites ou de rayons laser. Néanmoins, nombre de ces bombes, larguées de B-52 et d’autres bombardiers à quelques milliers de mètres d’altitude, ont dérivé et frappé des objectifs civils (WSWS, 29 décembre 2001).

Un an après le 11 septembre, Matt Kelley de Associated Press a dressé une statistique des munitions américaines de la manière suivante: «Les avions des Etats-Unis et de leurs alliés ont effectué plus de 21 000 vols au-dessus de l’Afghanistan, larguant plus de 20 000 projectiles. Environ 60% de ceux-ci – soit la part la plus importante de toutes les guerres jusqu’à maintenant – étaient pilotés avec précision.»

Le 10 avril 2002, le «Guardian» s’est exprimé de la même manière: «Durant les six derniers mois, plus de 22 000 armes allant des missiles de croisière aux bombes aérosols lourdes ont été larguées sur le pays. […] Les pilotes américains ont lancé plus de 6600 bombes guidées par satellite ou par rayon laser. […] Une bombe ou fusée sur quatre que les Etats-Unis ont larguées sur l’Afghanistan devrait avoir manqué son objectif.»

Les nouvelles générations d’armes contre des objectifs durs dont les ogives sont faites de métal dense ont contribué fortement à la contamination du sol, de l’eau et de la population.

Les systèmes d’armes suivants ont été utilisés pour bombarder le pays le plus pauvre de la planète, l’Afghanistan:

Les informations sur les brevets relatifs à nombre de ces armes révèlent l’emploi de métaux à forte densité, qu’il s’agisse d’uranium appauvri, non appauvri ou de tungstène. Ce dernier est moins probable, car il est plus cher et plus difficile à travailler. Le tungstène coûte davantage que l’uranium appauvri, pléthorique. L’industrie mondiale de l’uranium dispose de un million de tonnes d’uranium appauvri, qu’il y a lieu d’éliminer. Il est malaisé de travailler le tungstène, 1,75 fois plus dur que l’uranium et dont le point de fusion est de 3422°, alors que celui de l’uranium est de 1132°. De surcroît, l’uranium appauvri a un taux de combustion efficace, puisqu’il brûle fortement à l’air. Bombe incendiaire, il peut faire exploser la munition dans des chars d’assaut ou enflammer des dépôts souterrains d’armes et de carburants et détruire des gaz de combat chimiques ou biologiques. L’UMRC souligne ainsi les propriétés de l’uranium, appauvri ou non:

Comment les américains avouent eux-mêmes …
«Comme le DOD [ministère de la défense des Etats-Unis] le reconnaît lui-même, le métal qui répond le mieux à toutes ces exigences est l’uranium et les alliages d’uranium. En tant que premiers éléments d’alliages, le titan et le tungstène s’y prêtent moins bien. L’uranium appauvri et non appauvri a des caractéristiques structurelles uniques et ses propriétés chimiques permettent le mieux de détruire des objectifs enfouis profondément dans des abris bétonnés, d’atteindre des objectifs divers empêchant la pénétration de munition dans un secteur ou l’y maintenant et de percer des cibles protégées par une combinaison de céramique et de métaux.»

«L’uranium peut être travaillé pour s’affûter soi-même de manière à conserver sa pointe mais à livrer à la cible le matériau de l’ogive, ce que ni le titan ni le tungstène ne sont en mesure de faire. Grâce à la technologie de la métallurgie et à la nano-technologie, la structure du matériel de l’uranium peut être remodelée de façon à obtenir un certain choix de propriétés balistiques, tels des effets de métaux liquides, de haute pression, de température et de plasma cinétiques, thermiques et inflammatoires. L’uranium est un métal très simplement à disposition, bon marché à extraire et se trouvant en stocks surabondants des ministères de l’énergie et de la défense des Etats-Unis, ainsi que des entreprises d’armement.»

En raison de ces propriétés militaires avantageuses et de son coût peu élevé, l’uranium est préféré au tungstène. Si l’on en est conscient, les informations suivantes peuvent encore apporter quelque lumière sur la structure de ces armes axées sur l’UA. Compte tenu de la supériorité de l’uranium sur le tungstène, les explications du tableau des brevets américains (voir page de droite) devraient balayer tous les doutes à propos de la composition mortelle des armes qui ont fait de l’Afghanistan un pays inhabitable à l’abandon.

Dai Williams a dressé ce tableau, qui peut être consulté sur le site www.eoslifework.co.uk/u23.htm#USpatreport .

Comme le montre la citation suivante, les Etats-Unis ont modifié leurs munitions depuis 1997 en utilisant du métal à forte densité et en accroissant ainsi leur force de frappe: «Depuis 1997, les Etats-Unis ont modifié leurs obus et leurs bombes guidées par rayon laser et ont réarmé. En 1999, ils ont testé les prototypes de ces bombes dans les montagnes du Kosovo, mais en un volume beaucoup plus considérable en Afghanistan. Le réarmement consistait à remplacer les ogives conventionnelles par des ogives de métal lourd à forte densité. Calculant le volume et le poids de ce métal mystérieux, on aboutit à deux possibilités de conclusion: il s’agit soit de tungstène, soit d’uranium appauvri.» («Le Monde diplomatique», mars 2002)

«La charge explosive de l’UA contenu dans les systèmes de bombes déversés sur l’Afghanistan peut peser jusqu’à une tonne métrique et demie (comme dans les perce-abris de béton de Raytheon – GBU-28).» («Le Monde», mars 2002)

L’Uranium Medical Research Center (UMRC) a confirmé également l’utilisation d’armes de la nouvelle génération: «Des recherches indépendantes et des documents de programmes de développement d’armes de l’OTAN et des Etats-Unis auxquels le public a accès laissent entendre ou indiquent directement que des programmes de développement d’armes relatifs à des matériaux non fissibles (non thermonucléaires), UA compris, restent en cours. Les sources comprennent: les laboratoires de recherche militaire ainsi que les programmes de recherche & développement par sous-contrat; the US Science Based Stockpile Stewardship Program; the Federation of American Scientists; les rapports de soldats licenciés ainsi que les rapports annuels et la réclame d’entreprises d’armements indépendantes. Les avertissements sanitaires prodigués au personnel de l’opération Liberté immuable (OLI) par les forces armées américaines soulignent la présence de matières de contamination radioactives et recommandent aux troupes de prendre des mesures de protection. Dans le cadre de l’OLI, les unités de planification, les unités spéciales et les équipes chargées d’inspecter les places après leur bombardement ont reçu des instructions de protection contre l’irradiation, des détecteurs de rayons et des équipements de protection aussi bien avant que depuis l’occupation de l’Afghanistan.»

Le texte continue ainsi: «Le projet DBHT (Deeply Buried Hard Target – cible dure profondément enfouie) des Etats-Unis avait pour objectif de développer des armes permettant de détruire des stocks et des centres de fabrication d’armes biologiques, atomiques et chimiques d’Etats «filous»; selon l’US Strategic Military Plan et l’US Nuclear Posture Review, il entend utiliser de nouvelles catégories d’armes en Afghanistan et dans d’autres pays. Il était connu que les développements d’armes et les expériences de ce programme devaient être accélérés afin d’être à disposition pour une intervention éventuelle en Irak. La Maison blanche et le Pentagone ont souvent parlé du développement et de l’utilisation de fission nucléaire, de bombes sismiques détruisant des abris bétonnés et des cavernes, dotées d’un faible rayonnement et non axées sur la fission nucléaire. Dans leur construction, ces armes nécessitent des carcasses de fort lestage mais de faible diamètre pour pouvoir pénétrer profondément dans la terre et traverser des protections militaires renforcées, carcasses qui sont assez robustes pour supporter des accélérations considérables avant d’atteindre la profondeur où elles détoneront.»

L’UMRC souligne la différence entre ces armes et celles de la première guerre du Golfe: «Cette nouvelle génération d’armes et les objectifs pour lesquels elles sont conçues impliquent des caractéristiques et des fonctions particulières. Elles sont construites de manière à pouvoir se frayer elles-mêmes leur chemin et à traverser des objectifs particulièrement renforcés. Elles doivent aussi pouvoir détruire de 14 à 20 pieds [de 4 à 6 mètres] de béton massif. Contrairement aux corps de pénétration d’UA utilisés durant la première guerre du Golfe, qui devaient défaire des blindés, ces nouvelles ogives seraient utilisées avec une charge particulièrement explosive et/ou sous forte pression, avec charge creuse et détonation à retardement.»

L’aviation militaire des Etats-Unis recourt fortement, outre aux bombes et fusées, aux avions de combat AC-130 pourvus de canons 25 mm GAU-12 Gatling (1800 tirs par minute) à munition à l’UA, ce qui contribue à la contamination de l’environnement et à la misère des pauvres afghans. En outre, les troupes américaines au sol s’appuient fortement sur le «tueur de blindés» A-10, qui emploie des balles d’uranium appauvri de 30 mm. Ces deux systèmes contribuent quotidiennement à la misère des gens.

La catastrophe s’abattra sur de nombreuses générations d’enfants, de femmes et d’hommes habitant l’Afghanistan. Le docteur Michael H. Repacholi de l’Organisation mondiale de la santé écrit: «Les armes à feu répandent l’UA (uranium appauvri) en fines particules qui peuvent être aspirées, avalées avec la nourriture ou rester dans l’environnement.»

Il ajoute: «Les enfants risquent beaucoup plus que les adultes d’être contaminés par la nourriture et par l’eau s’ils reprennent leurs activités normales dans une région en guerre, car l’activité de la main à la bouche déployée lors de jeux empreints de curiosité aboutit à un prélèvement important d’UA à partir du sol contaminé». (The Laissez Faire City Times, vol. 5, n°44, 29 octobre 2001).

Lors d’une conférence de presse du ministère de la défense, le docteur Ross Anthony de la Rand Corporation s’est exprimé ainsi au sujet de l’UA: «Les reins sont la partie du corps la plus fortement en péril.» (The Laissez Faire City Times, vol. 5, n° 44, 29 octobre 2001).

Steve Fetter et Frank von Hippel ont écrit dans le Bulletin of the Atomic Scientists (1999): «Les doses de radiation à l’uranium appauvri auxquelles sont exposées les soldats ayant absorbé de cette substance peuvent être pénibles […]. La terre sur laquelle passent les particules d’uranium appauvri serait couverte d’une mince couche de poussière d’UA. Le vent et l’activité humaine feraient s’élever ultérieurement une partie de cette poussière en tourbillons. […] Sous la forme d’une couche de poussière d’UA, les munitions pourraient se déposer sur les céréales, être mangées par les hommes ou par les animaux mangés plus tard par les hommes. […] Toutefois, des estimations grossières incitent à penser que le risque de cancer causé par la consommation de produits contaminés serait moins grand que celui dû à l’aspiration.»

Ce qui se traduit par davantage de malformations, de maladies et de morts parmi les pauvres Afghans. Comme je l’ai indiqué dans l’un de mes rapports antérieurs (www.rense.com/general35/perp.htm), s’il a fallu cinq ans en moyenne pour que diverses malformations apparaissent après la première guerre du golfe, les Afghans ont commencé à se plaindre de différentes maladies quelques semaines déjà après le premier bombardement. La seule conclusion qui s’impose est que l’ampleur des armes basées sur l’uranium utilisées en Afghanistan est beaucoup plus considérable que celle enregistrée en Irak pendant la première guerre du golfe. Ce fait est confirmé par les nouvelles selon lesquelles, durant les cinq premiers mois du bombardement, 6600 bombes guidées par rayon laser ont été larguées sur l’Afghanistan, ce qui rend l’ampleur de la contamination par uranium beaucoup plus considérable que celle de l’Irak pendant la première guerre du Golfe.

L’apparition de problèmes sanitaires importants a suscité le désir d’en savoir plus parmi les scientifiques du monde entier et accru leurs soucis à propos de l’emploi d’uranium appauvri. Le Centre médical de recherches sur l’uranium (UMRC) a été le premier à entreprendre un travail scientifique consistant en deux voyages à Dschalalabad et à Kaboul. Voici les résultats provisoires de cet examen:

- La mesure de la concentration d’uranium dans les prélèvements d’urine de civils afghans relève un degré inhabituellement haut d’uranium non appauvri. Elle traduit une concentration d’uranium atteignant de 4 à 20 fois celle d’une population normale, ce qui dépasse de 400 à 2000% celle des études de contrôle et des données de base d’une population normale à propos de la concentration de nanogrammes d’uranium par litre d’urine dans un prélèvement de 24 heures.»

- «Les taux isotopiques de l’uranium contaminant mesurés dans la population civile de l’Afghanistan montrent qu’il ne s’agit pas d’uranium appauvri. Les isotopes d’uranium trouvés dans l’urine de la population civile afghane sont de l’uranium non appauvri.»

- «L’UMRC a examiné l’origine possible de cet empoisonnement. Les résultats de l’analyse radiologique de l’urine sont confirmés par des mesures radiologiques dans les ruines et fragments d’armes des lieux cibles et des cratères provoqués par les bombes de l’OEF (opération Liberté immuable).»

- «L’équipe de l’UMRC qui a mené l’enquête sur le terrain a rencontré plusieurs centaines de civils présentant des symptômes aigus et des symptômes considérés comme s’accentuant, chroniques, de contamination interne par l’uranium, y compris les problèmes congénitaux de nouveaux-nés. Il est dit à propos de chacun que ses symptômes coïncident avec la date du bombardement et qu’ils ne s’étaient pas manifestés avant le bombardement.»

- «Suivant la pratique habituelle, les mesures radiologiques de tous les spécimens d’urine indiquent l’ampleur de chacun des trois isotopes de l’uranium apparaissant naturellement (U-234, U-235 et U-238). Ces quantités sont mesurées comme une fraction de l’uranium qui se trouve dans un prélèvement d’urine de 24 heures. Les taux isotopiques de l’uranium contenu dans l’urine prélevée en Afghanistan correspondent, à l’évidence, à de l’uranium non appauvri (UNA).» (UMRC Preliminary Findings from Afghanistan & Operation Enduring Freedom, www.umrc.net/AfghanistanOEF.asp)

Les collaborateurs de l’UMRC communiquent ce qui suit à propos de l’UNA: «Il est vrai qu’il s’agit d’uranium pur, extrait des montagnes dans la phase qui précède la production de barres de combustible ou d’armes, et qu’il est bien meilleur marché que l’UA. La diffusion du gaz et le processus centrifuge qui aboutissent à l’enrichissement de l’uranium nécessitent tant d’énergie électrique qu’il faut recourir à certaines sources de production d’énergie – certains réacteurs n’ont été construits que pour mettre en marche le processus d’enrichissement. Ce sont également des technologies chères sur le plan de l’exploitation et de la capitalisation. Produit accessoire du processus d’enrichissement, l’UA est donc, par définition, beaucoup plus cher par tonne, puisqu’il doit être produit en phase d’enrichissement.»

Après avoir procédé à des prélèvements d’urine et de sol dans des lieux avoisinant Kaboul et Dschalalabad ainsi que dans d’autres endroits, l’UMRC a effectué des analyses scientifiques détaillées de ces prélèvements et a publié ses résultats le 21 mai 2003 sur le site www.umrc.net/AfghanistanOEF.asp:

- Les résultats de l’UMRC publiés en mai 2003 révèlent une assez large expansion de la contamination de l’homme et de son environnement dans la population civile afghane et confirment les résultats auxquels l’équipe avait abouti en novembre 2002 à Dschalalabad.

- Dans la région de Dschalalabad: de nouvelles valeurs de référence fondées sur des prélèvements et contrôles effectués récemment ont corrigé vers le haut les valeurs d’uranium, qui correspondent à 45 fois les valeurs normales.

- De nouvelles études reposant sur des examens biologiques ont révélé que, dans la région de Spin Gar (Tora Bora) et à Kaboul, l’empoisonnement par l’uranium avait atteint une ampleur se montant jusqu’à 200 fois la valeur de référence de la population non exposée.

- La surface de l’eau, les champs de riz et les bassins de canalisation touchant aux domaines bombardés et les entourant ont des valeurs élevées d’uranium qui atteignent jusqu’à 27 fois la valeur normale.

- Dans quelques prélèvements d’urine, le laboratoire a identifié des valeurs d’uranium 236 faibles, mais encore peu probantes; un nouvel examen est en cours, qui doit déterminer l’origine métallurgique de l’uranium, compte tenu de «l’uranium naturel commercial» contenant des barres de combustible recyclées qui proviennent de réacteurs.

- Les analyses de prélèvements du sol et de ruines prélevés dans des cratères creusés par des bombes lors de l’OLI ainsi que dans des lieux pris comme objectifs aboutissent à des valeurs d’uranium de 3 à 6 fois plus fortes que la normale.

- Les valeurs mesurées sur les surfaces du sol dans le voisinage des secteurs bombardés et dans la direction du vent de l’épicentre sont presque 3 fois plus élevées que les valeurs de référence.

- Les données prélevées sur place et celles de laboratoires prouvent que des échantillons contenant une part accrue d’uranium, des problèmes sanitaires de la population et le moment auquel celle-ci était exposée aux armes coïncident dans l’espace et dans le temps avec l’opération Liberté immuable.

Quand, me conformant aux découvertes de l’UMRC, j’ai chargé deux groupes d’observateurs sur le terrain de passer au peigne fin l’Afghanistan de l’Est et du Sud-est ainsi que Kaboul pour constater les effets de l’uranium sur la population, ils ont observé une situation effroyable. Ils ont examiné des secteurs étendus de tout l’Afghanistan. La contamination principale se trouve dans les régions de l’Est, du Sud-est, du Sud et du Sud-ouest, qui sont dominées par les Pashtouns. Les Etats-Unis et leurs alliés ont recouru à plus de 1000 tonnes d’uranium non appauvri et appauvri (la plupart proviennent de canons A-10 et AC-130 Gatling) contre le peuple afghan sans défense.

D’après les observateurs sur le terrain, le centre de la contamination est Tora Bora, la ligne de front de Bagram au nord de Kaboul, Shaikoot, Paktia, Mazar-i-Sharif et la ligne de front de Kundoz.

Données enregistrées par des observateurs sur le terrain
En raison de la contamination, des bébés naissent avec des malformations ou sont handicapés mentalement. De tels cas ont été observés dans les localités de Paktia, Nangarhar et Bagram, ainsi que dans le Mazar-i-Sharif et dans le Kundoz. Comme indiqué déjà dans mon dernier rapport, l’équipe d’observateurs a constaté de nouveau que, lors des bombardements effectués à Tora Bora, à Shaikoot et sur la ligne de front de Bagram, un grand nombre d’armes de protection anti-aériennes et de mitrailleuses avaient fondu.

Pendant le bombardement de Tora-Bora, de la ligne de front de Bagram, de Kundoz et de Mazar-i-Sharif, on a remarqué de nombreux soldats Talibans dont le sang coulait de la bouche, du nez et des oreilles. D’autres Talibans, déjà rentrés dans leur village, ont vomi du sang et avaient du sang dans leurs selles. Par la suite, nombre d’entre eux sont décédés.

A la suite du bombardement du village de Kuram, dans le district de Surkhraod, Nangarhar, ce village a été complètement détruit et nombre d’êtres humains sont morts sans blessures visibles. Après le bombardement de Khost, les secouristes ont observé des blessures de la peau. Ceux qui en souffraient ont vu leur état empirer, puis sont décédés.

Dans le district du Pachir Wa Agam, près du domaine cible de Tora-Bora, des femmes ont été frappées d’une maladie mortelle. Quelques mois après le bombardement, il a été constaté que des femmes de cette région s’excitaient à propos d’un rien, que cette excitation s’accélérait et aboutissait finalement à un effondrement mortel (observateurs sur le terrain de l’Afghan DU & Recovery Fund).

Mon équipe a signalé également que de nombreux enfants sont nés privés de certains membres, de leurs yeux, ou victimes de tumeurs venant de la bouche et des yeux. Si les déclarations de témoins et photos suivantes ont été recueillies en Irak, elles reflètent aussi l’état analogue de victimes afghanes. Elles montrent la situation effroyable dont souffre des enfants en Afghanistan comme en Irak.

Le père d’un des enfants de Paktia disait au sujet de son fils: «Voyant mon petit garçon avec ses effroyables tumeurs rouges, je me suis dit: Pourquoi les Américains comprennent-ils si difficilement qu’ils sont haïs dans notre pays? Si je faisais la même chose à un enfant d’une famille américaine, celle-ci aurait le droit de m’arracher les yeux. J’aimerais dire aux Américains qu’ils vivent leur vie de luxe au prix de la destruction de notre peuple.» (Assadullah, février 2003)

Le père d’une des victimes à Kundoz, dont la femme avait mis au monde un bébé victime de fortes malformations et qui ne ressemblait guère à un enfant, a dit à notre équipe de recherche, à Kaboul:

«Ma femme était enceinte, et nous nous réjouissions de la naissance de notre deuxième enfant. Le jour de l’accouchement, ma femme se sentait mal et disait qu’elle éprouvait des douleurs dans le bas ventre. Quand le bébé vint au monde, on pouvait à peine le considérer comme un être humain. C’était comme si quelqu’un l’avait battu, puis avait recouvert son corps de farine. Mon pauvre enfant semblait avoir été roulé dans une corbeille de farine. Lorsque ma femme vit le bébé, elle subit un choc. Cinq heures plus, elle était morte.» (Zar Ghoon, décembre 2002)

En parlant à l’un des chercheurs sur le terrain, un homme de Tora Bora perdit la maîtrise de soi, cria et demanda: «Que veulent encore les Américains? Ils nous ont tués, ils ont transformé nos nouveaux-nés en êtres déformés, ils ont fait de nos champs des cimetières et détruit nos maisons. Pour couronner le tout, leurs avions volent au-dessus de nos têtes et font pleuvoir des balles. Nous n’avons rien à perdre, nous les combattrons comme nous avons combattu le monstre précédent [l’ancienne Union soviétique].» (Sa’yed Gharib, avril 2003)

La plupart des êtres humains frappés de divers problèmes de santé sont morts; d’autres souffrent d’une maladie ou d’un non fonctionnement des reins, de confusion mentale, d’affaiblissement du système immunitaire et de douleurs aux articulations.

Je désire terminer ce rapport en citant une victime des bombardements américains: «Dites aux Américains que nous ne sommes pas des idiots. Vos mots et actions sont ceux du Méchant. Nous n’avons pas d’avions comme vous, mais nous avons ce que vous n’avez pas, à savoir des principes et une éthique. Nous ne ferons jamais aux enfants américains ce qui ressemblerait peu ou prou à ce que les Américains ont fait à nos enfants et à nos familles. Vous gagnerez peut-être quelques combats, mais nous l’avons déjà emporté dans le grand combat, celui du droit moral.» (Nurullah Omar-Khail, mars 2003) •
Mohammed Daud Miraki
Source: Mdmiraki@ameritech.net, (Traduction Horizons et débats)
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=DAU20061114&articleId=3857
7-2 Point de vue de Roland Marounek : Afghanistan : Retour sur une supercherie.
L'OTAN est en passe de réussir une remarquable reconversion médiatique, en se présentant comme "force de paix", force dévouée au service de la liberté, des droits de l'homme et de la démocratie, les trois mots-fétiches de notre temps. Une offensive médiatique insistante impose l'image d'une OTAN humanitaire, venant interrompre un génocide imaginaire au Kosovo, rétablissant la paix entre les communautés bosniaques qui avaient été armées par les membres mêmes de l'OTAN : en quelque sorte on présente à l'opinion l'image d'une OTAN remplaçant la force des Nations Unies, mais en mieux, plus efficace, mieux équipée, avec plus de moyens et d'unité de décision. Pas un machin trop multilatéral impuissant, rien que des démocraties agissant pour le bien.
A cet égard, l'implication de l'OTAN en Afghanistan est un cas d'école, tant pour la façon dont elle s'est déroulée, la rhétorique humanitaire avec laquelle on nous fait avaler cet embourbement militaire, que pour ce que cela nous peut apprendre des missions 'de paix' meurtrières à venir (Irak, Liban, Soudan…).
Le projet états-unien en Afghanistan
Peu de monde au sein du mouvement pour la paix n'a protesté lorsque les USA ont attaqué et envahi l'Afghanistan en 2001. Vu la réputation déplorable des Taliban et l'émotion soulevée par les attentats de 2001, il semblait très difficile de les défendre.
Les raisons d'envahir l'Afghanistan ont été présentées en gros de la façon suivante :
Pour réagir aux attaques contre le World Trade Center et le Pentagone du 11 septembre 2001, le gouvernement US devait, en état de légitime défense, attaquer les Taliban.
L'Afghanistan était le centre du terrorisme mondial et hébergeait son chef absolu. Il fallait que l’Occident fasse bloc contre la menace terroriste islamique, qui avait ses racines en Afghanistan.
Seule la stupéfaction provoquée par le nouveau Pearl Harbour - comme disait anticipativement Dick Cheney - peut peut-être expliquer pourquoi tant de monde a accepté aussi docilement cette vision des choses, en refusant de noter de simples évidences.
D'une part, et c’est le moins que l'on puisse dire, la version officielle du 11 septembre manque de consistance, les preuves de l'implications de Ben Laden et de l'hypothétique Al-Qaida se font attendre; on voit encore moins le lien avec les Taliban. D'autre part, la vision d'une structure maléfique unique, coordonnant tout le terrorisme dans le monde, avec à sa tête un personnage démoniaque, sort droit des comics et des films US. Que tant de gens 'sérieux' cautionnent de bonne foi cette fantaisie est déroutant. Enfin, il est certain que l'invasion de l'Afghanistan était préparée depuis des mois. « Au cours des 18 derniers mois, la CIA a travaillé avec les tribus et les seigneurs de la guerre au sud de l'Afghanistan, et des unités de la Special Activities Division ont contribué à créer un vaste nouveau réseau dans le bastion des Taliban », écrivait le Washington Post en novembre 2001, en même temps que des rapports étaient publiés, montrant que des menaces de guerre contre l’Afghanistan avaient été proférées dès juillet 20011.
Dans les faits, le terrorisme ne s’est évidemment pas arrêté avec l'invasion, au contraire. Plus personne ne parle de la capture de Ben Laden. Les histoires de laboratoires souterrains hyper-sophistiqués d'armes chimiques et biologiques dissimulées au fond des grottes afghanes étaient complètement bidon. Vous souvenez-vous des schémas présentés très sérieusement à la télévision ? L'Afghanistan était, et reste, un des pays les plus pauvres de la planète.
En septembre 2000, un an avant les tours, le groupe composant le Project For A New American Century (PNAC) sortait un rapport où on peut notamment lire :
Les États-Unis sont l'unique superpuissance. (…). La stratégie fondamentale a pour but de préserver et d'étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans l'avenir…. [La tâche de l'armée est] de prévenir la montée d'une nouvelle puissance rivale, de défendre les régions clés de l'Europe, de l'Asie de l'Est et du Moyen-Orient…. Il faut prévoir que l'Asie de l'Est deviendra une région d'importance croissante.… Le renforcement militaire US en Asie est la clé pour parer à la montée de la Chine.2
Quelques mois plus tard, les membres du PNAC se retrouvaient au pouvoir, et l'Asie Centrale subissait une invasion en règle. Cela n'a rien à voir ni avec 'Al Qaida', ni avec les Taliban, ni avec une prétendue lutte contre le terrorisme, qui serait bien curieusement inefficace. Cela a très précisément à voir avec ce qui est écrit noir sur blanc : la préservation de la puissance US et le contrôle des ressources énergétiques.
Le résultat concret de l'invasion, ce n'est pas la capture de Ben Laden, ou la fin du terrorisme, mais quatre bases permanentes à proximité de l’Iran, de la Chine et en direction de l’Asie Centrale, sans compter les installations secrètes et les zones interdites d’accès, et les bases US à l'intérieur même de l'ex-URSS
Quelle que soit la rhétorique dans laquelle on l'enveloppe, le rôle de l'OTAN en Afghanistan ne pourrait fondamentalement n’être rien d’autre que subordonné à l'objectif global états-unien.
Images d'Epinal
« Les Américains ont chassé les Mauvais qui opprimaient le peuple et singulièrement les femmes, et ont mis les Bons au pouvoir. L'Occident doit à présent protéger l'Afghanistan du retour des Mauvais, sans quoi ce pays retomberait dans le chaos et la misère. »
Une partie de l'histoire récente de l'Afghanistan est curieusement déformée. Au mieux, certains militants anti-guerre pensent qu'après que les USA aient aidé les Taliban contre les Soviétiques, les Taliban se sont retournés contre leur protecteur. En quelque sorte, 'les USA ont joué avec le feu, et ont malheureusement nourri les terroristes qui allaient les frapper’.
Cette théorie cautionne en passant la sincérité de la lutte actuelle des USA contre le terrorisme. Mais elle comporte une erreur factuelle importante.
Les USA ont dès 1979, avant l'intervention soviétique, financé, armé et entraîné les éléments les plus rétrogrades de la société afghane, les chefs religieux, des chefs de tribus inquiets de leurs privilèges, de manière à faire capoter l'expérience socialiste. Brzezinski l'a reconnu tout à fait ouvertement dans une interview en 19983. Les autorités afghanes et leur soutien soviétique se sont retrouvés confrontés à des milices islamistes rétrogrades, mais puissamment armées et équipées. Les hélicoptères soviétiques tombaient sous les fameux Stingers. Les efforts de développement et d'émancipation ont été effectivement brisés.
On peut mesurer à quel point l'Occident est préoccupé du sort du peuple afghan à cette réponse de Brzezinski : Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ?
Parmi les ‘combattants de la liberté’, Burhanuddin Rabbani, qui allait être le président de l'Afghanistan à la chute du pouvoir socialiste en 1992, et qui est aujourd'hui membre du parlement. Il s’agit d’un religieux originaire du Nord-Est, docteur en loi islamique, fondateur de l’Islamic Society of Afghanistan, l'une des multiples factions de la 'résistance' au pouvoir socialiste. Le commandant Ahmed Massoud était responsable de la branche militaire de ce parti.
En 1992, les fondamentalistes prennent le pouvoir. Le nouvel Etat islamique afghan rétablit la Charia. Parmi les membres du premier gouvernement en tant que ministre adjoint des Affaires Extérieures, il y a un certain Hamid Karzaï, financier depuis 1979 de la rébellion islamique.
De 1992 à 1996, c'est une succession de guerres atroces entre chefs de guerre rivaux, de luttes ethniques et de massacres de populations. Des bombardements aveugles sur des zones habitées par des civils font de nombreuses victimes et causent d'importantes destructions. Comme les enquêtes conduites par Human Rights Watch l'ont montré, plusieurs factions qui composeront plus tard l'Alliance du Nord se rendent coupables de nombreux viols lors des combats dans les quartiers de Kaboul. En février 1993, environ 500 Hazaras, essentiellement des femmes et des enfants, furent méthodiquement massacrés dans le quartier Ashraf Mina de Kaboul par les troupes de Sayyaf et Massoud4.
Les Taliban (‘étudiants en religion’), en tant que force organisée, n'existent absolument pas en ce moment. Ils n'apparaissent qu'en 1994, et reçoivent alors un soutien certain de la population lasse des massacres et de la corruption. La plupart des autres factions islamiques se regroupent alors dans la fameuse Alliance du Nord.
En mars 1995, les forces de la faction opérant sous les ordres du Commandant Massoud se livrent à des viols et des pillages, après avoir pris le quartier Karte Seh de Kaboul, à majorité Hazara, à d'autres factions. Selon un rapport du Département d'État états-unien publié en 1996 à propos des droits de l'homme pendant l'année 1995, les troupes de Massoud ont systématiquement pillé toutes les maisons et violé des femmes. Voilà pour les exploits du chéri des médias européens.
Quelques jours avant l'invasion de l'Afghanistan, le 6 octobre 2001, Human Right Watch lance l'avertissement suivant : « Les USA et leurs alliés devraient s'abstenir de coopérer avec ces chefs dont les brutalités remettent en question leur légitimité en Afghanistan. (…) Les divers partis composant l ’Alliance du Nord ont un triste bilan d'attaques de civils, entre la chute du régime de Najibullah en 1992 et la conquête de Kaboul par les taliban en 1996 »5.
Les anciens chefs de guerre fondamentalistes qui ont mis le pays à feu et à sang sont ceux-là même qui se retrouvent aujourd'hui ministres, députés, sénateurs, gouverneurs, sous la protection otanienne. Les déclarations vertueuses de l'OTAN sur son engagement en faveur de la liberté et contre le fondamentalisme prennent une curieuse allure une fois qu'on réalise cela. Le développement, l'émancipation des femmes, la sécularisation de la société dans la nouvelle République Islamique d'Afghanistan, non seulement n’ont pas grand-chose à envier à l’ère des Taliban, mais semblent représenter un objectif peu crédible étant donné le profil des personnes maintenues au pouvoir par l'OTAN. La seule amélioration tangible, c'est qu'on n'en parle plus trop dans nos médias. Maintenant il faut ‘sauver le Soudan’.
L'OTAN comme force armée des Nations Unies ?
Après l'invasion de l'Afghanistan, et la mise au pouvoir par les USA des leaders de l'Alliance du Nord, les Nations Unies adoptent en décembre 2001 la résolution 1386 établissant une force internationale pour "appuyer la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan en créant un environnement sécuritaire à Kaboul et ses environs", la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF).
Cinq ans plus tard, cette force est devenue une force de l'OTAN complètement engagée dans la guerre US dite "Liberté Immuable". En mars 2007, un dernier pas devrait être franchi avec la mise sous commandement unique de l'ISAF et des forces états-uniennes.
Comment a-t-on pu laisser sans broncher s'opérer ce glissement d'une force de maintien de la paix de l'ONU, en force d'occupation et de combat de l'OTAN ?
L'OTAN est une force de pays occidentaux, pays qui ont des intérêts bien particuliers dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne sont pas nécessairement convergents avec ceux du reste du monde. En aucun cas, il n'aurait dû être question de confier à l'OTAN une mission des Nations Unies. L'exemple afghan, et précédemment celui de la Yougoslavie sont des pas essentiels vers le démantèlement des principes des Nations Unies et du droit international. Du système multilatéral instauré à la fin de la Seconde guerre mondiale, on régresse vers l'acceptation formelle du droit du plus fort.
Ce premier pas annonce les suivants, la ‘Communauté Internationale’ déjà synonyme médiatique de ‘Union Européenne + USA’, le devenant de fait 'officiellement' avec son bras armé otanien chargé de faire respecter l'ordre partout dans le monde au profit des intérêts des multinationales occidentales.
« La sécurité énergétique, la libre circulation des produits énergétiques et la protection des voies de transport sont une partie du concept de l'Otan », déclare Jaap de Hoop Scheffer, le Secrétaire général de l’Alliance6. Peut-on en effet imaginer le système impérialiste actuel sans ce flux de ressources énergétiques et de matières premières en direction et au profit des pays occidentaux ?
Le masque humanitaire de l'OTAN
C'est au prix d'une argumentation spécieuse que l'Alliance atlantique prétend inscrire sa guerre afghane dans sa justification officielle, à savoir la protection des pays de l'Atlantique Nord. En bref : "le Terrorisme est la principale menace contre l'Europe, l'Afghanistan risque de redevenir la source du Terrorisme si les Taliban reviennent au pouvoir, donc lutter contre les ‘Taliban', c'est protéger l'Europe".
En réalité, les médias s'embarrassent assez peu de cette justification. Il suffit de présenter la mission de l'OTAN comme une œuvre de bienfaisance, de reconstruction et de développement. Dans la plus pure tradition coloniale finalement.
Et pourtant depuis plusieurs années, les travailleurs humanitaires dénoncent les activités militaro-humanitaires de l'OTAN comme dramatiquement contre-productives : « Les gens ne font plus la différence entre humanitaires et militaires, et cela remet en cause notre neutralité et indépendance », vient encore de déclarer le chef de la mission afghane de l'ONG française Action contre la Faim7. Comment espérer en effet que la résistance à l'occupation ne fasse la distinction entre 'vrai' humanitaire et force d’occupation portant le masque humanitaire ?
Evidemment, les patrons de l'OTAN et nos propres gouvernants en sont parfaitement conscients : cette supercherie humanitaire n’est qu’une couverture, au même titre que l'œuvre civilisatrice de la colonisation, ou en d'autres temps le sauvetage des âmes des Amérindiens.
L'occupant qui s'appuie sur des chefs de guerre dociles et corrompus s'aliène inexorablement une partie de plus en plus large de la population qui ne voit nullement son sort s'améliorer. Les émeutes de mai dernier à Kaboul, lorsque les Etats-uniens ont tiré dans le tas, ont révélé au monde l'ampleur du ressentiment de la population.
L'OTAN et les USA s’attaquent à la résistance - à laquelle ils accolent systématiquement l'étiquette 'Taliban' - avec les seules armes qu'ils maîtrisent parfaitement, les bombardements massifs. L'étendue des ‘dégâts collatéraux’ est maquillée par l'affirmation que tous les morts seraient des Taliban.
En septembre dernier, pendant que des représentants de l'OTAN claironnaient qu'elle avait tué entre 500 et 1500 Taliban dans son offensive, un vieux paysan déclarait à une agence de presse canadienne que 26 membres de sa famille, hommes, femmes et enfants, étaient morts au cours des bombardements. L'OTAN avait émis des avis d'évacuation à la population dans les jours précédant le début de l'offensive, tout ce qui restait pouvait donc être massacré à l'aise. Le gouvernement avait averti que "quiconque errait hors de la route principale pouvait être abattu comme suspect d'être Taliban"8.
Lutte contre le terrorisme ? Bombe après bombe, la terreur occidentale est en train de produire consciencieusement le terrorisme à venir. Les exactions des forces occupantes, le fait que l'Afghanistan sous supervision occidentale s'enfonce dans la misère, n’auront à terme d'autre effet que de gonfler les rangs des prétendus 'terroristes'. La poudre aux yeux de ‘l'humanitaire’ et de ‘la démocratie’ ne changeront rien à cette réalité : l'intervention occidentale est une partie du désastre en Afghanistan.
Roland Marounek
1. http://www.wsws.org/francais/News/2001/decembre01/20nov01_guerreafghan.shtml2. "Rebuilding America's Defenses, Strategy, Forces and Resources for a New Century", A Report of The Project for the New American Century, September 20003. Le Nouvel Observateur , 20 janvier 19984. en.wikipedia.org5. http://www.rawa.org/na_fr.htm6. AFP, 1/11/20067. AFP, 3/11/20068. http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=3165
8 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net
8-1 Pierre Piérart : Halte aux armes à l’uranium appauvri !
Pour rappel l'uranium appauvri est produit au cours de l'enrichissement de l'uranium naturel qui contient à peu près 99,28 % de l'isotope 238 et 0,72 % de l'isotope fissile 235. Au cours de l'enrichissement de l'uranium en isotope 235 on obtient une fraction importante d'uranium appauvri qui ne compte plus que 0,2 % de l'uranium fissile et donc 99,8 % d'uranium 238.
Les effets biologiques de l'uranium appauvri sont minimes quand il est sous forme d'objet utilisé dans le civil ou sous forme de perforateur dans les obus. Il devient extrêmement dangereux quand, après l'explosion, il est pulvérisé en très fines particules ou nanoparticules inférieures à 10 mµ.
Lors de la guerre de l'Irak en 1991, 940 mille obus et 14 mille bombes, représentant 400 tonnes ont été utilisés ; en Bosnie 11 mille obus, représentant 3,3 tonnes ; en Serbie 31 mille obus, représentant 9 tonnes ; en Afghanistan, dans les années 2001- 2002, entre 800 et 1000 tonnes; en Irak, dans les années 2003- 2004, entre 1800 et 2800 tonnes. Ces fines particules sont extrêmement toxiques car elles pénètrent dans les poumons sous forme insoluble où elles émettent un rayonnement alpha extrêmement cancérigène. La partie soluble assez rapidement éliminée par le rein est également toxique pour cet organe.
L'impact de ces armes a pu être évalué après 1991 dans la région de Basrah. Les résultats, basés sur un registre local, sont les suivants : en 1988 on comptait, pour 100 mille habitants, 11 cancers ; en 1998 on en comptait 75 ; en 2001 - 116 et en 2002 - 123 toujours pour 100 mille habitants (données du Dr. Jawad Al- Ali).
On estime que le stock de fluorure d'uranium appauvri dans le monde est d'environ 1 million de tonnes. Actuellement 740 mille tonnes de ce type d'uranium sont stockées dans trois sites américains : à Paduca dans le Kentucky, à Portsmuth dans le Ohio et à Oak Ridge dans le Tennessee.
Pierre Piérart
N.B. Pour une information plus détaillée, voir : « Toxicité et écotoxicité de l'uranium appauvri » par Valery S. Petrosian - INES - Newsletter n° 54 décembre 2006.Voir également la Coalition Belge : Halte aux armes à l’uranium – dont le CSO fait partie. Sites http://www.motherearth.org/ et www.icbuw.org/en
8-2 Roland Marounek : Contre-Sommet de l'OTAN à Bruxelles.
Ce 25 novembre, à quelques jours du Sommet de l'OTAN à Riga, une soixantaine de personnes se sont réunies à Bruxelles pour participer à un "contre-sommet" organisé par le Forum Voor Vredesactie et Bombspotting. Au programme notamment, la mise en lumière des glissements progressifs de l'OTAN vers une puissance militaire globale, et l'instrumentalisation de l'humanitaire, la confusion des genres, catastrophique sur le terrain, dans le but de poursuivre cet objectif. Comme l'a rappelé remarquablement le représentant de Forum Voor Vredesactie, la mondialisation possède un volet militaire, et l'OTAN est l'un des bras armés de cette mondialisation au profit de l'Occident.
De façon significative, les représentants officiels contactés par les organisateurs ont tous décliné l'invitation. Le but des organisateurs (et des participants) était de mettre en lumière ce qui est caché, de ne pas laisser la politique de l'OTAN être déterminée au dessus de nos têtes. Sommes-nous bien en démocratie ?
Dans l'après-midi, des activistes de Suède, Grande-Bretagne, Pays-Bas, France, Espagne et Belgique ont présentés les actions concrètes qu'ils menaient dans leur pays contre le transport des armes US vers l'Irak et Israël, les bases militaires, ou les armes nucléaires, et ont appelé à se coordonner, à créer un réseau. "Nous devons nous préparer ensemble pour empêcher la prochaine guerre".
Roland Marounek
9-0 Guantanamo
Au jour le jour
23-12
Mubarak Hussain Bin Abul Hashem, 32 ans et Bangladais qui à été rapatrié il y a une semaine après avoir passé cinq ans en prison dans la base américaine de Guantanamo, a été emprisonné à son retour chez lui, a indiqué une source policière.
Il a été placé vendredi en état d'arrestation pour un mois pour "activités contre l'Etat",. Il doit rester en détention pendant un mois, a indiqué une source policière sous couvert de l'anonymat.
Son père, Abul Hashem, un important dignitaire, a assuré de l'innocence de son fils, déclarant que sa vie avait été "détruite" par cinq ans de vie en prison.
Un autre Bangladais reste détenu à Guantanamo.
(ats / 23 décembre 2006 10:28)
9-2 Provinces Afghanes
Carte cliquer dans l'image : http://en.wikipedia.org/wiki/Image:AfghanistanNumbered.png
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